On m’a demandé récemment de donner un enseignement sur le thème des obsessions et des péchés invétérés dans la vie d’un chrétien. Tout au début, je me suis posé la question de savoir si ces problèmes devraient figurer dans la vie d’un « vrai » chrétien. Il en est de même pour les questions de possession démoniaque. Cela m’a poussé à me livrer à une réflexion sur la vraie conversion, car avant d’essayer de résoudre certaines difficultés dans la vie d’un chrétien, il faut être sûr que la personne est vraiment chrétienne, c’est-à-dire née de nouveau.
Donc, le premier pas vers la liberté consiste à découvrir si la personne est réellement convertie. Mais, vous allez contester : « Qui sommes-nous pour décider si quelqu’un est converti ou non ? Pouvons-nous nous permettre de parler de vraies et de fausses conversions ? Le Saint-Esprit seul peut discerner cela ». Ceci est une certitude, et pour cette raison il est donc important qu’il y ait eu une nouvelle naissance par l’Esprit de Dieu. Il existe le danger qu’une personne, au moyen de sa bonne volonté, « fabrique » soit sa propre conversion, soit celle de celui qu’elle essaie d’amener à la foi en Christ.
Qu’est-ce qui caractérise la vraie conversion et quels sont les dangers d’en créer de fausses ? Quand quelqu’un prie pour accepter le Seigneur, on lui dit souvent : « Maintenant que vous avez pris cette décision d’accepter Jésus-Christ, vous appartenez à Dieu et vous êtes sauvé pour toujours ». En même temps, le conseiller cite des promesses de la Bible pour appuyer cette déclaration. Mais cela veut dire que l’assurance du salut est basée en dernière analyse sur la parole d’un homme, sur ce que le conseiller a dit à la personne qui vient de « se décider pour Christ. Normalement, on essaie de résoudre des questions concernant le salut, car une telle décision est suivie de doutes que l’on essaie de régler en citant des versets bibliques. Ces doutes sont considérés comme des attaques de l’ennemi auxquelles il faut résister, et non comme de possibles indications que quelque chose ne va pas. Lorsque de tels doutes surviennent, on se demande rarement si la personne avait réellement accepté Christ dès le début.
Le salut de vient pas de notre acceptation mais de notre foi, comme l’affirme clairement la Bible.
Notre problème tient au fait que la prière d’acceptation est souvent traitée par elle-même, comme la formule signifiant conversion. La foi inclut l’acceptation de Christ, mais le simple fait d’avoir prié pour accepter Christ ne veut pas dire que la personne a mis automatiquement sa confiance en Lui.
Une vraie conversion est toujours le travail du Saint-Esprit. Vraie conversion égale naissance nouvelle (Jean 1:12-13). Recevoir Christ signifie être né, « non de la volonté de l’homme, mais de Dieu ». En Jean 3, Jésus explique que «ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Le Seigneur dit clairement qu’il faut naître de nouveau. Le travail de l’Esprit se résume à la conviction du péché (Jean 16). La vraie conviction n’est pas tout simplement être conscient d’avoir péché, ni une constatation évidente que tout le monde a péché. Il ne s’agit pas d’être un petit peu « inquiet » ou même « très inquiet » à cause de ses péchés. C’est l’angoisse d’être perdu. Cela signifie une compréhension certaine qu’on a péché non seulement contre des personnes, mais contre Dieu.
La preuve définitive de la nouvelle naissance est le témoignage du Saint-Esprit. Une vraie conversion se manifeste aussi par une faim spirituelle et un désir de plaire à Dieu, ce désir étant motivé par l’amour, et non par l’intérêt personnel. C’est seulement si la personne veut absolument obéir à la volonté de Dieu au moment d’accepter Christ (je ne parle pas ici de la désobéissance ultérieure), que l’on peut parler d’une vraie conversion, parce que Jésus nous dit en Matthieu 12 que ses frères, ses soeurs et sa mère sont ceux qui font la volonté de son Père. Mais assez souvent, une personne est prête à obéir à Dieu dans tous les domaines de sa vie sauf un seul, et c’est seulement quand elle a cédé à Dieu dans ce domaine-là ainsi qu’en toutes choses, qu’il y a un changement complet de direction dans sa vie. La personne sait alors qu’elle Lui appartient. Nous ne pouvons pas venir à Christ en disant (ou pensant) « Que Ta volonté soit faite la plupart du temps et dans beaucoup de domaines de ma vie, sauf dans ce domaine-là »… quel que soit le point sur lequel nous ne sommes pas prêts à céder.
Une fausse assurance est donnée quand un conseiller intervient et court-circuite le travail du Saint-Esprit lorsque ce dernier est en train de convaincre la personne de péché. Nous pouvons être sûrs que Dieu ne rejettera ni n’abandonnera la personne qui est en route vers Lui, même si cette personne n’est pas « convertie » d’emblée. Le Saint-Esprit continuera de travailler le coeur de la personne jusqu’à sa conversion et Lui seul sait à quel moment lui donner l’assurance du salut. Nous, par contre, nous nous montrons souvent trop pressés. Habitués comme nous le sommes dans notre société actuelle aux repas minute, aux résultats immédiats et aux formules toutes faites pour réussir, nous avons cherché à opérer de la même manière en ce qui concerne la conversion ; elle est souvent devenue une formule ou une méthode stéréotypée qui pourrait être résumée ainsi : l’Evangile est prêché, une personne répond à l’appel, elle prie pour accepter Christ et un conseiller satisfait lui assure que maintenant elle est un enfant de Dieu. Mais est-elle vraiment un enfant de Dieu ?
Nous avons une tendance à réduire la conversion à l’acceptation intellectuelle de la vérité ou simplement à une réponse sentimentale à la prédication de l’Evangile. Mais la conversion touche la personne entière son intelligence (car elle doit comprendre l’Evangile), sa volonté et ses émotions. Non pas l’une indépendamment de l’autre, mais toutes les trois ensemble. Lorsque le processus a lieu sans la conviction du péché, les gens sont amenés à Christ sans aucune conscience de leur état de pécheur : ils peuvent même refuser de reconnaitre qu’ils ont péché, sauf peut-être dans le sens très général du fait que tout le monde a péché. Leur assurance du salut est basée sur une « prière de décision », souvent récitée par le conseiller et répétée par la personne. Quand le doute intervient, des versets bibliques sont cités pour rassurer la personne et la convaincre de sa position en Christ (ces versets étant censés rassurer un vrai chrétien). Mais ils sont employés par des hommes, il ne s’agit pas ici de l’Esprit de Dieu qui parle directement au coeur. Ce n’est pas à nous de décider qui est enfant de Dieu ou pas. Comme nous l’avons dit ci-dessus, Dieu seul le sait.
Les résultats de cette pratique sont démontrés par le fait généralement reconnu que parmi ceux qui ont pris une décision pour Christ, seulement un petit pourcentage continue effectivement sa marche de chrétien ou semble manifester des signes de vie spirituelle.
Par ailleurs, une compréhension profonde de la grâce et de la miséricorde de Dieu est nécessaire, en ce sens que Christ est mort pour nos péchés. Il faut bien saisir cela et se l’approprier par la foi, afin d’expérimenter la nouvelle naissance, qui est caractérisée par la présence de l’Esprit de Dieu dans la vie de la personne convertie. Je crois qu’il est extrêmement difficile, voire impossible, pour quelqu’un de croire, si un problème d’occultisme passé ou présent n’a pas été réglé. Jésus a expliqué ce principe à plusieurs reprises : « Toute maison divisée contre elle-même ne peut subsister » (Mat. 12:25)… « Nul ne peut servir deux maîtres » (Mat. 6:24)… et Paul continue : « Vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur et à la table des démons » (1 Cor. 10:21). Puisque l’on peut décrire la vie chrétienne comme une marche avec Christ, il ne paraît pas possible, en même temps, de marcher avec des démons ou de leur tenir compagnie.
Je doute que celui qui a été mêlé à des pratiques occultes puisse effectivement se convertir en Christ sans régler ses problèmes d’occultisme. La personne doit reconnaitre qu’elle s’est introduite d’une manière active dans le camp de l’ennemi, que ce soit par ignorance ou en toute connaissance de cause. Lorsqu’on remplit incorrectement une déclaration d’impôts, une erreur honnête est moins grave que l’escroquerie intentionnelle, mais c’est un délit quand même. Il en est ainsi en ce qui concerne l’occultisme. C’est une offense grave d’avoir collaboré avec l’ennemi par ignorance, ou pire encore, par choix délibéré. La personne coupable doit le reconnaitre, le confesser et demander le pardon de Dieu. Il est impératif de renoncer à toute activité occulte antérieure, aussi bien qu’à toute occasion future de s’y mêler pour résoudre un problème ou un autre.
Si l’on me présente un chrétien possédé par un démon, j’aurai de sérieux doutes quant à la conversion de cette personne. Se repentir et régler les péchés antérieurs, y compris l’activité occulte, sont des démarches essentielles dans le processus de la conversion. Si l’activité occulte n’a pas été réglée au moment de la « conversion », si la personne est laissée vulnérable à l’activité satanique, dans ce cas pouvons-nous dire qu’il y a eu une vraie conversion de son être tout entier ?
Que dire donc des réunions d’évangélisation où le prédicateur demande aux gens de s’avancer pour recevoir Christ ? Ces réunions ont une certaine valeur car il y aura sûrement des personnes qui comprendront l’Evangile, qui seront convaincues de leurs péchés, et qui viendront à Christ par la foi. Là il n’y a absolument aucun problème. D’autres se réveilleront aux réalités spirituelles, mais ne seront pas encore vraiment prêtes à recevoir Christ. Il faudra un conseil sage pour aider ces gens à avancer sur le chemin de la conversion et attendre qu’elle se produise ultérieurement. Inviter les gens à s’avancer peut aider à découvrir de telles personnes, mais ne les poussons pas à prendre une décision prématurée et ne les comptons pas parmi les convertis lors de nos statistiques ! Bien entendu, nous désirons de tout coeur voir ces personnes se convertir, et c’est là le danger; car nous risquons de ne pas les traiter ni les conseiller comme Dieu le fait. Parmi ceux qui sont venus à Jésus pendant qu’ll était sur terre, tous n’ont pas été « acceptés » par Lui dans le sens de Lui appartenir. Il en a renvoyé quelques-uns chargés de leur tristesse. Mais il vaut mieux renvoyer quelqu’un en compagnie de sa tristesse et convaincu qu’il est perdu, que de lui dire qu’il est enfant de Dieu alors qu’il ne l’est pas.
Je ne veux pas laisser supposer que ceux qui prennent une « décision » ne sont pas sincères, ni que les prédicateurs et conseillers ne désirent pas ce que Dieu désire. Il n’est pas question de tromper les personnes, mais plutôt d’un manque de compréhension de la manière dont le Seigneur amène quelqu’un à la nouvelle naissance. Essayer de produire « mécaniquement » une conversion ressemble à déclencher un accouchement prématuré, où l’on risque de tuer l’enfant, ou bien, s’il arrive au monde avant terme, il peut être handicapé ou souffrir plus tard de problèmes graves parce qu’on l’aura fait naître avant l’heure. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas aider les gens à naitre de nouveau en Christ. Nous devons le faire, au bon moment et de la bonne manière, travaillant sous la direction du Saint-Esprit, afin que la naissance spirituelle d’un être humain vienne de Dieu : c’est la seule façon de commencer une vie de chrétien en bonne santé.
Assurons-nous toujours que nos « convertis » ne sont pas « fabriqués en série » mais qu’ils sont vraiment nés de nouveau, et donc libérés de tous les liens du passé !
Willy BRANDLE