Un rapprochement est en discussion entre deux unions d’Églises membres du Réseau FEF !
Vision-France et France-Mission apprennent à mieux se connaitre dans le but éventuel de faire du chemin ensemble. Des étapes jalonnent ce parcours.
Les 7 et 8 octobre derniers, les corps pastoraux de Vision-France et de France-Mission se sont réunis en pastorale commune à Orsay, en région parisienne. Pierre Calvert nous livre ses impressions sur cette première rencontre où le vocabulaire nuptial a été employé à toutes les sauces.
Une première ! La pastorale commune France-Mission/Vision-France
Les amateurs de films Bollywood auront déjà vu de nombreuses scènes du genre. Un jeune homme et une jeune femme sont réunis dans un salon. Timidement, ils essaient d’ouvrir des pistes de conversation, chacun
essayant, comme il peut, de découvrir cet autre qui, selon l’avis de ses parents, ferait éventuellement pour lui un conjoint convenable. « D’où venez-vous ? Que faites-vous dans la vie ? Préférez-vous les vacances à la mer ou à la montagne ? » Pour savoir si on est compatibles, il faut bien commencer par se présenter.
En venant à cette pastorale commune « Vision-France/France-Mission », rassemblant les plein-temps des deux unions, je m’attendais à vivre des moments de ce genre. Dans la réalité, il y avait beaucoup moins de crispation et de timidité que dans la fameuse scène bollywoodienne. Les « parents » (les directions des deux unions !) avait déblayé efficacement le terrain, ciblé les questions prioritaires à traiter et préparé des moments de communion et de convivialité entre les deux « époux » potentiels. Du coup, les deux jours se sont déroulés dans une belle ambiance d’amour
fraternel ; d’autant plus qu’on a pris soin de nous rappeler que rien n’est encore joué. L’objectif de la rencontre était bien d’explorer la possibilité d’une fusion entre les deux unions – l’emploi abondant du vocabulaire nuptial n’a laissé guère de doute là-dessus. Mais, premièrement nous ne sommes qu’au début du processus et deuxièmement la conclusion de celui-ci n’a rien d’inévitable. Du point de vue des pasteurs de FM et de VF, comme de leurs Églises locales, il s’agit bien d’un mariage arrangé, mais nullement d’un mariage forcé.
Au total, nous étions 65 pasteurs dont 51 de France Mission et 14 de Vision France, écart qui correspond grosso modo à la différence de taille entre les unions. Nous avons démarré la rencontre par un temps de louange, accompagné d’une méditation biblique de Patrice Alcindor. Il nous a rappelé que le but ultime de nos unions d’Églises, comme de nos vies individuelles, est d’exalter la gloire de Dieu (Ps 47). Si donc, nous sommes intéressés par un rapprochement de nos deux unions, il ne faut pas que notre première motivation soit de rechercher des économies financières, mais bien de faire avancer le royaume de Dieu et de magnifier sa gloire.
Ensuite, nous nous sommes plongés dans la discussion d’une série de thèmes jugés prioritaires pour évaluer la compatibilité de nos deux unions : la structure des unions, la théologie de l’Église, la théologie des ministères et en particulier celle du ministère féminin.
A chaque fois, après une courte présentation de la situation actuelle, nous nous sommes répartis en petits groupes, mélangeant représentants de FM et de VF pour échanger nos idées et opinions.
Tout cela est important – la compatibilité théologique et institutionnelle. Mais la rencontre avait aussi pour ambition de permettre aux deux corps pastoraux de mieux se connaître personnellement. Pour cela, il y avait bien entendu les temps de repas, partagés dans la simplicité du réfectoire du monastère, mais aussi des petits jeux et des temps de partage et de prière. Ainsi, j’ai découvert que tous les membres de mon petit groupe savaient compter jusqu’à dix dans au moins trois langues et que tous avaient perdu des points de permis. Le chemin de l’unité passe aussi par là …
Heureusement, jeudi matin, JeanGeorges Gantenbein, président de Vision-France, est venu relever le niveau avec une étude dogmatique et historique sur le thème de l’unité – unité à la fois donnée et à rechercher. Trop souvent négligé des théologiens protestants évangéliques, ce thème est pourtant bien présent dans les Écritures. Jean-Georges nous a encouragés à situer les discussions, parfois un peu techniques, sur un rapprochement des deux associations dans la grande perspective de l’unité de la trinité, mise en avant par Jésus dans sa prière sacerdotale (Jean 17).
Pour conclure la pastorale, nous avons pris ensemble la Cène (« Puisqu’il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps » 1 Cor 10.17) et partagé nos impressions finales. Certains, enthousiastes, ont cru voir les deux corps pastoraux tomber amoureux l’un de l’autre. D’autres, guère moins positifs, ont néanmoins conseillé la prudence pour ne pas brûler les étapes du processus. Tout en gardant l’objectif du mariage, ne vaut-il pas mieux parler de « période de fréquentation », plutôt que déjà de « fiançailles » ?
PIERRE CALVERT,
PASTEUR FRANCE-MISSION