L’Évangile est-il une bonne nouvelle pour les homosexuels ? Tel était le sujet débattu lors de l’Assemblée Générale du Réseau FEF le 25 janvier 2014.
Ce hors-série de Réseau FEF infos présente l’ensemble des interventions faites ce jour-là.
Le ton oral des conférences a été conservé pour rapporter le plus fidèlement possible le contenu des conférences.
Introduction
Le thème de notre réflexion est bien sûr d’une actualité brûlante. La manière dont la problématique est posée, « l’Évangile est-il une bonne nouvelle pour les personnes homosexuelles », nous situe d’emblée dans une perspective sotériologique. Il s’agira donc de voir comment les doctrines chrétiennes de la création, du péché et de la rédemption, s’appliquent dans ce cas particulier qu’est l’homosexualité.
Le sujet est complexe ; on peut l’aborder de différents points de vue. On ne peut pas tout dire à la fois. Donc dans cette conférence, je me limiterai à un point de vue biblico-théologique. Je ferai quelques remarques en passant sur la pastorale, mais cela ne sera pas mon angle principal d’attaque. Les considérations sur l’accompagnement pastoral des personnes homosexuelles compléteront et nuanceront utilement mon approche.
Le plan que je vais suivre est le suivant. Je partirai d’un constat : celui du diagnostic biblique sévère à l’égard de la pratique homosexuelle. Cette constatation nous situera d’emblée dans le cadre de notre problématique : l’Evangile est-il une bonne nouvelle pour les personnes homosexuelles compte tenu de la forte condamnation dont l’homosexualité est l’objet dans l’Écriture ?
Je signalerai alors ce qui me parait une mauvaise piste à arpenter, à savoir différentes stratégies mises en oeuvre pour anesthésier ou atténuer la force de la condamnation biblique allant jusqu’à légitimer la pratique homosexuelle. Je proposerai alors quelques éléments de réflexion permettant d’expliquer la posture biblique à l’égard de la pratique homosexuelle, puis je consacrerai le reste de l’exposé à une réflexion sur le péché et la rédemption en lien avec l’homosexualité.
Sévérité du diagnostic biblique
Le lecteur de l’Écriture ne manquera pas de constater que chaque fois que l’Écriture aborde la question de l’homosexualité, c’est pour condamner de manière claire cette pratique.
C’est pourquoi, la question peut véritablement se poser: l’Évangile est-il une bonne nouvelle pour les personnes homosexuelles. La personne homosexuelle qui lirait les textes bibliques ou qui considérerait l’attitude des Églises à l’égard de l’homosexualité, ne pourra-t-elle que conclure que l’Évangile n’est finalement pas une bonne nouvelle pour elle dans la mesure où il annonce sa condamnation ?
Considérons brièvement les textes :
En Lv 18,22 et 20,13 : l’homosexualité appartient à un catalogue de vices parmi les plus répréhensibles spirituellement : inceste, adultère, sacrifices d’enfants, bestialité. Ceux qui pratiquent ce genre d’actes sont passibles de mort, ce qui choque profondément nos contemporains – non seulement la peine de mort en tant que telle, mais l’idée même que l’homosexualité ou l’adultère soit passible de mort.
La pratique homosexuelle est considérée en Lv 18 comme une to’evah, une abomination, une confusion ; je reviendrai plus tard sur ce terme.
Dans le Nouveau Testament, la même sévérité se retrouve (mais pas de jugement de mort) : l’homosexualité apparait dans un catalogue de vices en 1 Tm 1,9ss et en 1 Co 6, 10ss, elle est considérée comme un péché qui exclut du royaume de Dieu.
Le texte de Rm 1 est particulièrement frappant. Le vocabulaire utilisé est significatif :
v. 24 : atimazô latimazw) : déshonorer, avilir,
v. 26 : pathê atimias (pa,qh avtimi,aj) : désir mauvais, avilissants ; passions infâmes,
v. 27 : aschêmosunên (avschmosu,nhn) : infamie.
Cependant, tous ne partagent pas cette lecture négative de l’Écriture. Différentes stratégies sont mises en oeuvre pour atténuer voire anesthésier la dénonciation biblique et légitimer l’homosexualité.
Stratégies « anesthésiantes »
On affirme que les auteurs bibliques avaient en vue essentiellement des modèles pervertis d’homosexualité : viols, prostitutions, pédérastie ou exploitations sexuelles (sur les esclaves en particulier)1, débauche sexuelle.
On ajoute parfois que Paul dénoncerait les relations sexuelles improductives ou encore les hétérosexuels qui ont des relations homosexuelles, contredisant ainsi leur propre nature2.
Le péché des habitants de Sodome ne serait pas l’homosexualité, mais le viol ou encore la transgression du devoir sacré de l’hospitalité envers les étrangers.
L’interdit du Lévitique ne concernerait que l’homosexualité « sacrée ». Il s’agirait de prostitués sacrés que l’on trouvait dans les cultes cananéens.
On considère que l’homosexualité d’aujourd’hui serait un phénomène totalement différent : la relation homosexuelle d’aujourd’hui est faite de consentement mutuel, de soins, de tendresse, d’amour, de fidélité, etc.
En outre, les auteurs bibliques, ne possédant pas les outils scientifiques (génétiques) ou psychologiques d’aujourd’hui, ne savaient rien de l’orientation sexuelle: l’homosexualité est pour la Bible, essentiellement une pratique, un comportement et non une orientation. Ainsi, la Bible ne serait pas vraiment pertinente dans le débat ; d’ailleurs, Jésus n’a rien dit contre l’homosexualité, alors qu’il a dénoncé bien des péchés, dont la fausse spiritualité pharisaïque.
On ajoute en outre que l’amour est la loi suprême de l’éthique et par conséquent interdire à vie la satisfaction de leur désir à ceux qui ont une orientation homosexuelle, c’est manquer totalement de compassion.
Les plus extrémistes osent parfois présenter comme homosexuels « pratiquants » certains personnages bibliques : David et Jonathan ; Naomi et Ruth ; et même, Jésus et Jean, le disciple bien-aimé.
Mais les textes bibliques se limitent-ils à des formes particulières d’homosexualité (prostitution sacrée, viols, pédérastie, débauche) comme on l’affirme ?
Il faudrait du temps pour faire une étude exégétique plus complète et plus fine. Je renvoie aux livres de R. Gagnon3 et T. Schmidt4 qui font le travail de manière convaincante5. Je ne peux m’y atteler dans le cadre de cet exposé.
Je voudrais néanmoins signaler qu’il ne serait pas juste de penser que l’idée d’une relation d’amour entre homosexuels est purement moderne et n’existait pas dans l’antiquité et que par conséquent les auteurs juifs ou chrétiens n’avaient que des images négatives sur lesquelles baser leur jugement sur l’homosexualité.
On trouve au contraire dans la littérature gréco-romaine des affirmations qui mettent l’amour homosexuel, en tout cas dans la relation éducative, au-dessus de l’amour hétérosexuel6.
Paul ne devait pas ignorer qu’il existait des personnes dont le désir sexuel était orienté exclusivement vers des personnes de même sexe. D’ailleurs en Rm 1, il parle de « désirs » et de « passions » (v. 27). Ce qui n’atténue en rien son jugement à l’égard de l’homosexualité.
Je voudrais aussi dire un mot sur un autre argument souvent évoqué : Jésus n’a rien dit contre l’homosexualité.
Selon certains, le silence de Jésus à propos de l’homosexualité, son accueil des pécheurs et l’accent qu’il mettait dans sa prédication sur l’amour, permettent de conclure qu’il n’aurait certainement pas condamné l’amour homosexuel authentique, fidèle et responsable.
Mais on peut estimer que si Jésus n’a rien dit explicitement contre la pratique homosexuelle, c’est parce qu’il n’a pas eu l’occasion, au cours de son ministère, de rencontrer des personnes ouvertement homosexuelles et de les appeler à la repentance. Il n’a rien dit explicitement contre l’homosexualité comme il n’a rien dit non plus explicitement contre d’autres pratiques sexuelles comme l’inceste ou la pédophilie (qui sont de véritables fléaux dans de nombreux pays), les relations sado-masochistes, la zoophilie ou la bestialité.
Cependant, dans le contexte du judaïsme du premier siècle, il est très improbable que Jésus aurait adopté une position fondamentalement différente de celle de ses contemporains, quand on considère son approche à l’égard de la loi mosaïque et sa posture à l’égard de l’adultère. Il fait appel notamment à Gn 1,27 et 2,24 dans une discussion sur le divorce (Mc 10, 1-12) : cela montre qu’il avait bien intégré le modèle monogame hétérosexuel exclusif.
En outre, contrairement à une certaine pensée populaire, la lecture de l’Évangile nous révèle que la position de Jésus sur d’autres questions d’éthique sexuelle était généralement plus rigoureuse que celles de la culture juive environnante. Il faut donc déconstruire, comme le fait Gagnon, le « mythe du Jésus sexuellement tolérant ». On notera qu’en Mc 7,21ss, Jésus affirme que « c’est du coeur de l’homme que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les débauches (porneiai), les meurtres… » : il n’est pas impossible que le mot porneiai (pluriel), vise la liste de conduites sexuelles mauvaises de Lv 18 et 20 (et donc inclut l’homosexualité).
Certes, et cela n’est pas sans conséquence pour nous au niveau de la pastorale et de l’attitude concrète que nous devons avoir à l’égard des personnes homosexuelles, Jésus a fréquenté et souvent partagé la table de ceux qui étaient considérés comme ayant une mauvaise vie (Mc 2,15s ; Mt 21,31s ; Lc 7,36ss ; Jn 7,53-8,11 ; Jn 4,27).
D’ailleurs, on pourrait faire remarquer que si Jésus fréquentait librement des personnes qui commettaient des péchés liés à la sexualité, il fréquentait aussi des péagers, des personnes qui exploitaient économiquement les autres (cf. Lc 18,9-14 ; 19,7). Or dans un certain discours « religieusement correct », il est permis de fréquenter les pécheurs sexuels mais non ces derniers !
Mais le dire de Jésus, « le fils de l’homme est venu sauver ceux qui étaient perdus », s’applique à tous : à la fois à ceux qui ont des problèmes d’ordre sexuel qu’à ceux qui exploitent les pauvres.
Une autre stratégie fréquente pour atténuer la portée de la dénonciation biblique, qui se retrouve parfois parmi des évangéliques, c’est le nivellement des différents péchés.
On entend parfois dire que l’homosexualité est un péché parmi d’autres, ni moins grave ni pire que les autres, et que de toute façon, nous sommes tous pécheurs. Ainsi, « la pratique de l’homosexualité (serait) une manifestation parmi d’autres, de la rébellion de l’humanité » ; elle n’est a priori pas « pire » que les autres actes mentionnés (en Rm 1 ou 1 Co 9 ou 1 Tm 1,10) ». On dénonce parfois, surtout du côté de ceux qui ont une fibre pour l’éthique sociale, une crispation évangélique sur les péchés d’ordre sexuel. On fait remarquer que dans notre hiérarchie des péchés, les péchés sexuels, dont l’homosexualité, occupent une place très haute; alors que l’Écriture fustige aussi l’orgueil, l’égoïsme, l’avidité, la cupidité (qui est une idolâtrie). Je reviendrai sur cette question ultérieurement
Quelle est la spécificité du péché homosexuel selon l’Écriture ?
En Rm 1, Paul ne dit pas que l’homosexualité est un péché parmi d’autres. Au contraire, il s’appuie plutôt sur la réaction attendue face à ce péché particulier, qu’il considère comme contre-nature et particulièrement avilissant, pour mettre en lumière la gravité de l’aliénation humaine.
Il met en valeur deux thématiques. D’abord le caractère « contre-nature » de l’homosexualité, ensuite son affinité avec l’idolâtrie.
On a beaucoup discuté de l’usage du mot « naturel » ou de l’expression « contre-nature » en Rm 1. Pour certains, la nature se réduit aux conventions sociales et l’expression « contre-nature » désignerait la pratique de relations homosexuelles par des hétérosexuels (il s’agirait donc de formes perverties et non « inverties » d’homosexualité).
Mais plus vraisemblablement, Paul renvoie aux caractéristiques anatomiques de l’homme et de la femme et à l’ordre créationnel. « Contre-nature » signifie qu’il s’agit d’un renversement de ce que Dieu a institué par voie de création.
En Rm 1, l’usage de thèleiai (leurs « femelles ») plutôt que gynai (femmes) et plus loin au v. 27 arsenes (mâles) plutôt que andres (hommes) suggère une allusion à Gn 1,27 : arsen kai thelu epoiesen autous : mâle et femelle il les fit. La plupart des traductions en rendant femmes et hommes voilent ainsi le lien avec le début de la Genèse pour le lecteur.
Lorsque Lv 18,22 qualifie l’homosexualité de to’evah : « abomination, confusion », cela pourrait évoquer le tohu-bohu du commencement de la Genèse, c’est à dire le chaos qui a précédé l’action créatrice de Dieu.
En créant, Dieu sépare, introduit des différences : entre le jour et la nuit, les eaux d’en haut et celles d’en bas, la terre et la mer, le mâle et la femelle. En Lv, l’homosexualité est considérée comme un retour au tohu bohu ; il s’agit d’un brouillage des différences, comme le dit l’éthicien catholique Xavier Lacroix, « elle est à la différence sexuelle ce que l’inceste est à la différence générationnelles »7.
L’homosexualité est présentée comme une abomination parce que cette conduite implique une confusion des genres par une violation de la complémentarité anatomique et procréative du mâle et de la femelle : c’est donc un rejet du modèle de Gn 1-2 qui définit la volonté divine pour l’être humain.
En Rm 1,26, Paul en appelle à l’observation empirique car il considère que le monde créé par Dieu continue à refléter -malgré le péché de l’homme – les marques de la volonté du créateur. Il faut par conséquent se méfier de l’anti-naturalisme contemporain. L’anatomie est aussi médiatrice de vérité et ne peut pas tromper si facilement. L’anatomie ne dit certes pas tout, mais il faut quand même la prendre en compte.
Ce n’est pas parce qu’un désir est ressenti qu’il est pour autant naturel. En effet, beaucoup d’émotions humaines (colère, jalousie, envie, convoitise,…) vont à l’encontre de l’intention divine, et ne peuvent pas être considérés comme bons, naturels (compris au sens de créationnels), simplement parce qu’ils sont ressentis. Paul attribue ces impulsions pécheresses à la chute d’Adam (cf. Rm 5).
On peut avancer la thèse selon laquelle le fait (c’est-à-dire ce qui existe) peut aider à discerner la norme dans la mesure où il s’inscrit dans le projet créateur. Le créateur laisse percevoir quelque chose de son dessein, quelque chose de sa volonté pour sa créature, précisément dans la confection du monde. Le monde, dans son agencement, malgré l’irruption du péché, révèle d’une certaine manière, la volonté de Dieu et son plan pour l’humanité.
L’anatomie humaine et la procréation fournissent donc des indications claires (et non ambiguës) quant à l’intention divine en matière de sexualité. D’autant plus que le créateur nous a confirmé son intention par un commandement : l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme. L’homosexualité est, de ce point de vue, une to’evah.
L’homosexualité ne peut être considérée comme une variante naturelle de la sexualité comme si la question était du même ordre que le fait d’être droitier ou gaucher. Comme le remarque Xavier Lacroix, refuser l’asymétrie entre homosexualité et hétérosexualité, c’est être indifférent à la différence sexuelle elle-même.
De nos jours, on a tendance à vouloir relativiser, par différentes théories, la différence sexuelle, étant donné la pluralité de ses expressions culturelles et on met davantage l’accent sur la possession de la commune humanité.
On peut certes concéder que la différence n’est pas identique à l’altérité (Lacroix). Les personnes homosexuelles diront qu’elles ne nient pas la différence sexuelle. Elles peuvent entrer dans des relations profondes avec des personnes du sexe opposé. Mais en tant qu’homosexuelles, elles n’expérimentent pas cette différence d’une manière génitale ou sexuelle.
Cependant, il faut maintenir que la différence sexuelle n’est pas identique aux autres différences. C’est la première et la plus universelle ; et selon la Genèse, elle est constitutive de l’humanité. Dieu ne crée pas les humains selon leur espèce (comme le reste des animaux mais en tant que mâle et femelle. La différence sexuelle est la seule différence constitutive de l’humanité pour le créateur. Mâle et femelle se réfèrent radicalement et irréductiblement l’un à l’autre. Une personne seule ne contient pas en elle-même, l’entièreté de l’être humain. Je ne peux me comprendre qu’en référence à et à la différence de l’autre part de l’humanité à laquelle je n’appartiens pas. l’homme ne peut se comprendre que vis-à-vis de la femme et vice versa.
Cette différence fondamentale nous précède. Elle imprègne corps et langage : elle demeure constante malgré ses formes d’expression culturelles différentes. Comme l’a écrit Emmanuel Lévinas : la différence sexuelle est la différence qui décide clairement des différences8.
Si Paul choisit l’homosexualité et l’idolâtrie comme péchés types, « paradigmatiques » pour mettre en lumière la culpabilité et la dépravité des païens c’est parce qu’ils représentaient les exemples les plus clairs de la suppression consciente de la révélation de Dieu dans la nature par les païens.
En Rm 1, Paul veut en effet montrer que l’homosexualité illustre bien le refus de l’homme de glorifier le créateur, en procédant à une distorsion de l’ordre créationnel.
C’est l’éclairage théologique que Paul apporte sur l’homosexualité. Il y établit un parallèle symbolique avec l’idolâtrie.
L’homosexualité, c’est l’amour du semblable, le déni de l’altérité, tout comme l’idolâtrie est, sur le plan spirituel, amour du semblable, du même ; adoration de la créature au lieu du créateur.
En résumé, l’homosexualité est ce qui, dans les relations entre humains, illustre le mieux le renversement que représente l’idolâtrie dans le rapport des hommes avec Dieu. Car de même que dans l’idolâtrie l’homme manifeste tout autant son besoin que son rejet de l’Autre en se fabriquant des dieux à sa ressemblance, dans l’homosexualité, l’homme exprime tout autant son désir que son refus de l’autre en se tournant vers celui qui lui ressemble.
Le raisonnement de Paul est donc essentiellement théologique ; il ne reprend pas l’argumentation des moralistes de son temps et il se distancie de la vision du monde paienne.
En effet, comme le montre bien Jacques Buchhold9, on peut aussi analyser l’homosexualité comme un paradigme social. Derrière l’homosexualité se joue quelque chose de plus profond. En Grèce ou à Rome, ce qui était considéré comme une infamie c’était, non le caractère homosexuel de la relation amoureuse, en tant que tel, mais conformément à l’idéal de virilité de ces sociétés, le fait de se comporter de manière passive dans la relation sexuelle, c’est-à-dire comme une femme. La faute morale étant la mollesse, la passivité, le fait de se placer dans la position dominée.
Un enfant pouvait être passif, « chevauché » ; un esclave le pouvait également. Mais il était indécent pour un citoyen de se retrouver dans une telle situation, comme l’a bien montré, l’historien spécialiste de l’antiquité, Paul Veyne.
Le discours de Paul n’est donc pas conformiste. Paul ne va pas utiliser la même vision du monde, ni les mêmes arguments pour contester l’homosexualité ; pour Paul, l’important, c’est le respect de l’hétérosexualité, comme ordre ou comme norme créationnel.
Or de nos jours, on assiste à un véritable changement mais aussi à une certaine continuité quant à la vision du monde.
Le changement vient du fait que de nos jours, l’homosexualité ne peut être admise qu’entre adultes consentants. Le péché par excellence c’est la pédophilie. Ce qui était jadis accepté est devenu l’infamie actuelle et ce qui était infamie chez les Grecs est largement admis. Donc l’échelle des valeurs a changé. Les valeurs actuelles sont la liberté individuelle, l’égalité des droits, le refus de toute forme de discrimination. La seule limite étant la protection de l’enfance.
La continuité vient du fait que l’homosexualité est considérée par Paul comme un péché signifiant de son temps, révélateur de l’état d’esprit, de la vision du monde de son temps : l’idolâtrie. L’homosexualité revêt finalement la même fonction aujourd’hui : elle est comme un paradigme, comme l’expression de la revendication de la liberté individuelle dans le refus de Dieu, qui s’exprime par le refus de l’ordre créationnel.
Développement sur le péché
Jusqu’à maintenant, j’ai parlé de l’homosexualité comme d’un péché. C’est bien la manière théologique d’appréhender la question.
L’homosexualité est péché dans la mesure où la pratique homosexuelle ne se conforme pas à la volonté de Dieu, à sa loi, qui s’inscrit aussi dans l’ordre créationnel.
Ce discours théologique peut sembler avoir peu de pertinence dans nos sociétés sécularisées.
Dans la sphère publique, on estime qu’il faut avancer d’autres types d’arguments pour être entendu. La référence à Dieu et à sa loi est, pour nos sociétés sécularisées, de l’ordre du privé, de l’intime, des valeurs personnelles, etc.
D’autres trouveront exagéré de qualifier de péché ce qui est de l’ordre du différent (un gaucher n’est pas pécheur) ou de la peccadille.
En outre, on considère que parler de péché, c’est d’emblée adopter le langage du jugement, du blâme, de la condamnation.
Cependant, les chrétiens ne peuvent pas se conformer totalement aux standards et aux références de la société. Au minimum ad intra, le discours doit être celui de la référence à Dieu, à sa loi, à sa création, aux lois créationnelles, à la volonté de Dieu pour sa créature.
Or, de ce point de vue, la pratique homosexuelle ne peut qu’être abordée sous l’angle du péché.
Le péché est une catégorie d’abord théologique. Le même acte commis peut être qualifié de crime (langage juridique) ou d’immoralité, mais en terme théologique, on parlera de péché. En ce sens, le péché diffère de la faute morale. Une faute morale est aussi un péché. Mais un péché n’est pas forcément perçu par tous comme une faute morale. L’incrédulité par exemple est dénoncée comme un péché dans l’Écriture. Mais, on ne la considèrera pas comme une faute morale. Le péché est donc une catégorie religieuse ou théologique: on pèche contre Dieu ; on transgresse sa loi. « Connaître le bien et le mal », d’ailleurs, c’est la prétention à l’autonomie, à décider soi-même, ce qui est bien et mal, plutôt que de le recevoir de Dieu.
Cela montre que nous devons préciser la notion de péché. Éviter de confondre la notion biblique du péché avec la compréhension d’une vision plus sécularisée.
Le péché est une pieuvre avec de nombreux tentacules : il se manifeste dans tous les domaines de l’existence humaine : dimension individuelle, mais encore au niveau des structures mentales, de la vision du monde, de l’intelligence (aspect noétique), des schémas de pensée, des cultures.
Le péché a bien sûr une dimension individuelle : le lieu par excellence du péché c’est la disposition, l’orientation, les options fondamentales (CF. le phronema de la chair, contraire à Dieu; Rm 8,56).
Les états et dispositions permanents ne sont pas moins « péché » que les actes ponctuels par lesquels ils se manifestent.
Mais il faut aussi mettre en valeur les dimensions sociales, structurelles du péché. Les structures collectives de l’existence humaine sont aussi marquées par le péché : les cultures, les institutions, etc. Il faut prendre garde à l’individualisme de notre culture qui exalte la liberté individuelle et qui oublie la notion de péchés sociaux, auxquels nous participons tous.
On retrouve la thématique biblique du monde (1 Jn 2,15ss). Cette catégorie nous propose une réflexion sur le péché en tant qu’il constitue un nouveau milieu vital, une réalité transindividuelle qui investit la volonté personnelle.
Les conditions sociales jouent aussi leur rôle dans la genèse et la manifestation des tendances homosexuelles : un discours plus favorable, un climat de pensée plus tolérant, banalisant voire encourageant, facilitera le passage à l’acte, soit de la personne qui se sent attirée par des personnes de même sexe, soit pour celle qui veut « tenter » l’expérience10.
Ce péché est-il pire que les autres ?
Nous avons vu qu’en Rm 1, l’homosexualité était sollicitée de manière paradigmatique comme une manifestation de l’idolâtrie du temps ; et que le discours homosexuel d’aujourd’hui est une manifestation d’un climat de pensée, d’une vision du monde opposée à Dieu et anti-naturaliste.
Certains chrétiens ont tendance à niveler les péchés. Ils précisent bien que, l’homosexualité, comme tout péché, tombe sous la condamnation divine, mais qu’il n’est pas pire que les autres et qu’il ne faut donc pas le stigmatiser.
Il y a une part de vérité dans cette affirmation, mais il ne faut pas l’absolutiser.
En effet, tout péché tombe sous la condamnation divine et est mû par le rejet de Dieu, de sa loi. Certains péchés que nous tolérons facilement sont fermement fustigés dans l’Écriture (orgueil, égoïsme, cupidité, etc.).
Mais l’idée d’une échelle à plusieurs degrés entre des péchés plus ou moins graves est bel et bien attestée dans l’Écriture (par ex Ps 19.14 : « Préserve moi aussi des gens arrogants, qu’ils ne dominent pas sur moi ! Alors je serai intègre, innocent de toute transgression grave » ; Jn 19.11 : « Jésus dit à Pilate: celui qui me livre commet un plus grand péché ») : Jésus parle de la paille et de la poutre ; et cette échelle correspond aussi à de tels degrés au sein de la loi (Mt 23.23)11.
Comme le fait remarquer Wayne Grudem (Théologie Systématique, p. 551), si leur conséquence en matière « pénale » est la même (Rm 6,23), certains péchés ont des conséquences plus néfastes que d’autres, car ils déshonorent Dieu davantage ou causent davantage de torts à nous-mêmes, aux autres, à l’Église. C’est ici que la distinction entre le reatus culpae et le reatus poenae prend son sens. Tout péché entraîne une dette contractée devant la loi de Dieu et a des conséquences pénales (reatus poenae), mais le retentissement n’est pas le même, en matière existentielle, ecclésiale, communautaire, sociale, etc (reatus culpae).
Donc si tout péché entraine la condamnation divine, tout péché n’est pas identique pour autant, en termes de perception, de conséquences (individuelles, collectives), d’implication quant à la relation avec Dieu.
Le péché associé spécifiquement à l’homosexualité, et sa gravité, n’est pas facilement reconnu de nos jours, à cause précisément de cette dimension noétique du péché que je signalais. En effet, selon le raisonnement commun : deux personnes s’aiment, ont des relations sexuelles, on ne voit pas en quoi un mal serait commis. Des homosexuels peuvent n’éprouver aucun sentiment de culpabilité. Et d’ailleurs on considère que c’est de cela qu’il faut les libérer.
Mais c’est la reconnaissance de la Seigneurie de Dieu, de son projet créateur, de ses normes, qui permettent de comprendre l’usage qui convient de faire de notre sexualité. Le discours justifiant l’homosexualité est alors témoin du rejet du Créateur, de sa loi, de son ordre créationnel.
La gravité du péché dépend des conditions subjectives (clarté du savoir) ; par conséquent, on ne peut établir une échelle valable partout et pour tous. Dieu seul pèse les fautes à leur juste poids.
Mais il est clair qu’il ne faut pas confondre la culpabilité (réelle, objective, qui existe comme une dette devant Dieu quand on transgresse sa loi) et le sentiment de culpabilité, qui peut être sain ou pathologique (cf. 2 Co 7).
Différences entre tendances, « orientation », conduite et discours
Certains subissent la condition d’homosexuelle, d’autres l’acceptent et la revendiquent fièrement.
Mais une situation n’est pas identique à une détermination. Une orientation n’est pas suffisante pour justifier un comportement.
On pourrait tout autant dire que le mâle hétérosexuel est par nature polygame et adultère. Dans beaucoup de cultures, il est normal qu’un homme ait plusieurs partenaires sexuels.
On pourrait aussi dire que nous sommes nés violents.
En éthique chrétienne on ne peut pas simplement partir de ce qui est pour aboutir à ce qui doit être. Il y a création, chute, rédemption.
Néanmoins, on peut, avec Xavier Lacroix, distinguer entre tendances, conduites, discours12.
Avec les tendances, signale Lacroix, nous sommes en amont des conduites et a fortiori en amont de la liberté ou de la décision.
Les conduites quant à elles, ne se réduisent pas au « comportement », mais impliquent la façon d’assumer (ou non) sa responsabilité, la prise de position par rapport à ses tendances et pulsions. C’est la réponse du sujet aux forces qui s’exercent sur lui.
Il faut aussi considérer les discours prononcés sur ces tendances ou conduites : on les interprète d’une certaine manière, en fonction de sa vision du monde, pour dénoncer ou justifier.
La Bible suggère bien une différence entre la disposition, le désir, les intentions et l’action d’une personne (conduite). Elle distingue entre brûler et pécher, entre tentation et péché.
Quant à l’orientation homosexuelle, on peut faire le parallèle avec la maladie. Elle affecte l’identité comme toute maladie grave d’ailleurs. La maladie, en général, fait partie du cortège du mal qui a envahi la vie humaine à la suite du péché.
Il en est de même, analogiquement, de l’orientation homosexuelle (je ne dis pas que l’homosexualité est une maladie). Elle peut être considérée comme le symptôme d’un monde déchu, comme d’autres formes de handicap, sans nécessaire culpabilité personnelle.
La prescription divine ne fait pas de doute cependant : la personne dont le désir sexuel se porte vers quelqu’un du même sexe qu’elle, doit s’abstenir d’en chercher l’accomplissement, exactement comme la personne hétérosexuelle non mariée.
Rédemption
Il faut donc qualifier l’homosexualité de péché. Cela permet de souligner qu’elle s’inscrit en rupture par rapport à l’ordre de Dieu et la vocation de la sexualité humaine à ses yeux.
Mais qualifier l’homosexualité de péché, c’est surtout la placer sous le signe de l’espérance.
Le coeur de l’Évangile, ce n’est pas le péché, mais c’est l’annonce du pardon des péchés (en 1Co 6, après avoir dénoncé certains péchés, Paul rappelle aux Corinthiens qu’ils les pratiquaient, mais qu’ils ont été lavés, rachetés, purifiés, sanctifiés).
Donc l’homosexualité n’est pas une fixation irréversible, imperméable à l’Évangile, fermée à la rédemption ; rejetée hors du champ d’action de la grâce.
La régénération s’applique au niveau des dispositions, des pensées, de la vision du monde. C’est ce que représente le mot « coeur ». L’Esprit nous régénère, il change nos dispositions, notre façon de considérer le monde, notre vision du monde. Ce qui nous conduit à une prise de distance à l’égard de certains discours.
D’un point de vue biblique, on ne peut pas accepter l’homosexualité comme un mode de vie alternatif et légitime.
Mais on ne peut pas non plus, adopter une posture pharisaïque qui se satisferait d’une condamnation brutale du pécheur, identifié à et enfermé dans son péché.
Le message de l’Évangile à l’égard de l’homosexualité est non pas un message de complaisance, d’acceptation inconditionnelle, mais de grâce.
La libération homosexuelle proposée dans les milieux pratiquants, n’a rien à voir avec celle de l’Évangile. Car pour eux, la libération de l’homosexualité, c’est l’affranchissement de tout sentiment de culpabilité afin de s’accepter tels qu’ils sont (et du jugement de réprobation, considéré comme intolérance, dont ils ont souffert) et d’afficher leur fierté sexuelle.
Le message de l’Évangile invite à ne pas confondre déculpabilisation et pardon. L’Évangile propose le pardon (c’est mieux que la déculpabilisation). Coupable, mais pardonné. C’est l’Evangile de la justification par la foi.
Dans la pastorale de la grâce, il faut aussi être conscient du déjà et du pas encore. Des difficultés de la sanctification. La libération promise demeure objet de foi pour la personne homosexuelle. Il faut se méfier des théologies triomphalistes.
L’Église fait partie de l’Évangile.
L’Église a aussi un rôle à jouer : dans la proclamation de l’Évangile (dans la façon d’évangéliser) et aussi dans l’accompagnement. Les chrétiens devraient accompagner les personnes homosexuelles dans leurs combats, luttes, voire même chutes. L’Église est le lieu de la proclamation du pardon et de la mise en oeuvre du pardon.
En outre, le discours de l’Église devrait insister non seulement sur la création (l’ordre créationnel) mais encore sur l’eschatologie. Le mariage est une bonne chose, certes, mais ce n’est pas l’unique voie pour l’homme. Nous devrions repenser, chez les évangéliques, notre théologie du célibat et revaloriser le célibat, en ne le percevant pas seulement comme un manque ; surtout dans cette société où l’on revendique la pratique sexuelle comme un droit fondamental.
C’est notre eschatologie qui nous permet de valoriser le célibat : nous resterons hommes et femmes (donc sexués), dans le monde nouveau mais nous ne ferons pas usage de la sexualité, nous serons chastes et célibataires. Or l’eschatologie est un dépassement de l’état paradisiaque édénique.
Le discours chrétien, pourrait ainsi mettre l’accent sur la sexualité du second Adam, accomplissement de l’humain, vers lequel nous cheminons en tant que chrétiens.
La vérité eschatologique permet d’ajouter le célibat au mariage comme figure du plein accomplissement de l’humain ce que le seul paradigme édénique ne permet pas forcément.
L’utilisation trop exclusive du paradigme édénique pourrait faire perdre de vue le fait que l’accomplissement de l’humain se trouve dans une communauté d’hommes et de femmes où la complémentarité des sexes, se vit dans une mixité communautaire et non exclusivement dans le mariage et la pratique de la sexualité.
Alain NISUS,
professeur de théologie systématique
à la Faculté de Théologie Evangélique de Vaux-sur-Seine
NOTES
1 La traduction de la TOB de 1 Co 6,9 et 1 Tm 1,10 reflète ce point de vue : en traduisant les mots malakoi et arsènokoitai par « efféminés » et « pédérastes », on suggère que c’est cette forme de pratique homosexuelle, si prisée par les Grecs, qui est la seule condamnée par le NT.
2 cf Boswell, Christianity, Social Tolerance, and Homosexuality : Gay People in Western Europe from the Beginning of the Christian Era to the Fourthteenth Century, Chicago, 1981, (Il cite Augustin, De nuptiis et concupiscentia I 1.20). Ce ne serait pas l’homosexualité au sens moderne qui serait condamnée en Rm 1,26, concept inconnu du monde antique, mais des pratiques sexuelles non procréatrices. On considère encore que le péché contre nature dans la tradition chrétienne désigne tout usage de la sexualité à des fins non procréatrices, cf. Rémy Bethmont, « Homosexualité, loi naturelle et rapport à l’accomplissement eschatologique de l’humain : Réflexions sur un aspect négligé du débat anglican sur l’homosexualité », Istina 58, 2003, p. 190.
3 Robert A. J. Gagnon, The Bible and Homosexual Practice. Texts and Hermeneutics, Nashville, Abingdon, 2001.
4 Thomas Schmidt, L’homosexualité. Perspectives bibliques et réalités contemporaines ; « Terre Nouvelle » Cléon d’Andran / Mulhouse, Excelsis / Grâce et vérité, 2002.
5 Disons néanmoins quelques mots à propos du fait que Paul condamnerait seulement les formes perverties d’homosexualité. Il est vrai que la forme la plus commune dans le monde gréco-romain était la pédérastie (avec des jeunes esclaves dans le monde romain ou des jeunes dans une situation éducative, dans le monde grec). Dans la Grèce antique, la relation homosexuelle était rarement une relation d’égalité, mais de domination, dans le cadre d’un système d’éducation pédophilique quasi institutionnalisé. Quant à Rome, Paul Veyne fait remarquer « qu’avoir des relations sexuelles avec un esclave, était innocent mais il était monstrueux de la part d’un citoyen d’avoir des complaisances servilement passives ». Mais en Rm 1, Paul ne se limite pas à cette forme. On remarquera qu’il dénonce aussi le lesbianisme. Le v. 27 établit un contraste non entre relations homosexuelles basées sur l’exploitation de jeunes garçons et les relations homosexuelles amoureuses, mais entre les conduites hétérosexuelles et homosexuelles. Les personnes font ce que leur corps n’a pas été créé pour faire (anatomie et physiologie). Paul n’envisage pas une situation d’exploitation, mais il parle de passions, de désirs, de réciprocité donc. D’ailleurs le consentement mutuel n’impliquerait pas pour Paul la bonté morale de l’acte.
De même, en 1 Co 6,9, il prononce un jugement tant sur les mâles efféminés qui jouent le rôle passif/ réceptif dans la relation homosexuelle (malakoi) que sur les partenaires actifs (arsenokoitai).
6 d. Plutarque, Dialogue sur l’amour 750 B-751B, 752B-C ; Platon, Le Banquet 189C-193D.
7 Xavier Lacroix, « Une parole éthique recevable par tous ? Approche philosophique », in X. Lacroix (ed.), L’Amour du semblable. Questions sur l’homosexualité, Paris, Cerf, 1995, p. 150s.
8 cf. Xavier Lacroix, op. cit., p. 152.
9 Jacques Buchhold, « L’homosexualité, les données du Nouveau Testament et leur contexte », Cahiers de l’école pastorale, HS 4, 2002.
10 L’attention moderne aux déterminismes sociaux, psychologiques, biologiques et génétiques rend la question plus ardue sur la responsabilité de l’homme dans le péché. Puisque l’on trouve de nos jours, à côté de l’affirmation de la liberté individuelle, une insistance sur le fait qu’on est plus victime que coupable. Mais le problème de la liberté, de la responsabilité de l’individu se pose. Il est clair que si l’on opte pour une explication de type déterministe (génétique, histoire personnelle, etc.), on reconnait moins facilement la responsabilité. Cependant, les militants homosexuels eux-mêmes refusent cette logique. Que se passera-t-il si on détectait l’hormone ou le gène homosexuel chez un foetus ?
Il est clair qu’admettre la part de responsabilité ou comportement homosexuel (le passage à l’acte), c’est lui rendre la possibilité de reconnaitre comme péché, faute morale, et rendre possible aussi le dépassement.
11 Je ne peux pas m’attarder en détail sur ce point, je renvoie à H. Blocher, La doctrine du péché et de la rédemption, p. 38.