3e partie : Notre relation avec les trois personnes de la Trinité

Après avoir abordé dans les deux premières parties de cette étude la question des relations entre les personnes de la Trinité, puis le sujet des appropriations trinitaires, nous considérerons dans ce dernier volet une question plus pratique : comment vivre notre relation avec Dieu en tenant compte des trois personnes de la Trinité, de leur rang et de leurs rôles distincts ? Nous aborderons essentiellement ici deux aspects : la question de la connaissance du Dieu trinitaire et celle de la prière.

Connaître le Dieu trinitaire

Notre relation avec le Dieu trinitaire commence par la connaissance de ce Dieu et elle en dépend. Le bien suprême pour le chrétien est de connaître Dieu, de connaître Christ, de connaître Dieu en Christ (Pr 2.5 ; Jn 17.3 ; Ép 4.13, Ph 3.8) et par l’Esprit. Aussi sommes-nous invités à grandir dans la connaissance de Dieu et de Christ (2 P 1.8 ; 3.18). Paul priait pour que les chrétiens grandissent dans la connaissance de Dieu par l’Esprit (Ép 1.17 ; Col 1.10). Dieu nous a donné à cet effet une intelligence et il prend soin de la renouveler lorsque nous venons à lui (Rm 12.2). S’il agit ainsi, c’est certainement pour que nous nous servions de notre intelligence pour le connaître. Certes, la connaissance véritable de Dieu ne peut se réduire à une activité intellectuelle. Elle est aussi relation avec lui. Mais il n’y a pas de connaissance réelle d’une personne sans un savoir sur cette personne. Et il en est de même pour la personne de Dieu, pour les personnes divines. C’est donc aussi par l’intelligence que nous connaissons Dieu (1 Jn 5.20). Et c’est par un travail de l’intelligence, renouvelée et éclairée par l’Esprit, que nous pouvons grandir dans la connaissance de Dieu (Ép 1.17-18 ; Col 1.9-10).

Telle est la raison d’être de la série d’articles que nous avons consacrés à l’exploration des relations entre les personnes de la Trinité et de leurs rôles distincts et par lesquels nous nous sommes aventurés sur des sentiers rarement fréquentés dans nos milieux. Une telle entreprise reste délicate, reconnaissons-le. On court le risque de se livrer à des spéculations qui vont au-delà de ce qu’il nous est donné de comprendre de l’être de Dieu. La théologie, et donc la connaissance de Dieu, ne peut cependant pas se borner à simplement répéter ce que l’Écriture dit tel qu’elle le dit. Elle s’élabore, non seulement en organisant et en systématisant l’enseignement biblique, mais aussi par le cheminement de la pensée dans les directions vers lesquelles l’Écriture pointe. Si Dieu nous appelle à grandir dans sa connaissance, à aller plus loin que le point où nous sommes parvenus, il est sain et saint de se livrer à ce travail de l’intelligence que nous tentons de mener dans ces trois articles. Nous avons indiqué à chaque étape quels textes bibliques pouvaient servir d’appui à nos réflexions, ou ceux qui tout du moins nous indiquent la direction à suivre. Nous avons aussi abondamment bénéficié du travail de réflexion mené par les générations passées. Il y a là des richesses apportées par les docteurs que Dieu a donnés à l’Église au fil des siècles et il serait coupable de faire comme si elles n’existaient pas. Sommes-nous parfois allés au-delà de ce qu’il nous est donné de comprendre de Dieu ? Que Dieu nous pardonne et nous éclaire si c’est le cas.

Le psalmiste priait : J’ai présenté à l’Éternel un seul souhait, mais qui me tient vraiment à cœur : je voudrais habiter dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie afin d’admirer l’Éternel dans sa beauté, et de chercher à le connaître dans sa demeure. (Ps 29.5)

C’est dans cet esprit que bien des théologiens du passé ont médité sur l’être de Dieu et les personnes de la Trinité. Bien sûr, le danger de ne le faire que par plaisir intellectuel existe. Mais méditer ainsi sur Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, pour progresser dans la connaissance du Dieu Trinitaire, pour admirer la Trinité dans sa beauté, dans le cadre d’une vie vécue avec Dieu, est une activité désirable qui débouchera normalement sur la prière et enrichira ainsi notre piété, notre relation avec le Dieu Trinitaire. C’est cette réflexion que nous avons souhaité encourager, stimuler et si possible aider.

Quelle relation aux trois personnes de la Trinité par la prière ?

La relation avec Dieu se vit en particulier par la prière. Nous nous intéresserons donc plus particulièrement à cette activité. Nous nous attacherons à l’enseignement du Nouveau Testament dans la mesure où c’est là que les distinctions entre les personnes apparaissent nettement en rapport avec la prière.

Qui prier ?

Nous pouvons prier le Dieu Trinitaire, sans distinguer les personnes. Dans le Nouveau Testament, les prières sont adressées au Père, parfois au Fils (Jn 14.14 ; Ac 1.24-25 ; 7.59 ; 9.21 ; Ap 5.8-12 ; 22.20), parfois aux deux ensemble (2 Th 2.16-17 ; Ap 5.13 ; 7.10). Car le Fils doit être honoré comme le Père (Jn 5.23). Jésus nous encourage à nous adresser au Père (Mt 6.9). Jésus lui-même priait le Père et le prie encore pour intercéder pour nous (Rm 8.34 ; Hé 7.25). C’est de loin la prière adressée au Père qui est la plus fréquente.

Prier le Père

À cet égard, il est regrettable que de nombreux chrétiens ne prient que le Seigneur Jésus-Christ sans jamais s’adresser au Père de manière distincte. Jésus est le chemin pour aller au Père (Jn 14.6). Il nous a ouvert l’accès au trône de la grâce sur lequel siège le Père (Ép 2.18 ; Hé 4.15-16). Il est donc dommage que certains s’arrêtent au Fils sans aller jusqu’au Père, sans cultiver leur relation avec le Père.

Nous déplorons parfois que certains de nos amis catholiques adressent leurs prières à Marie en pensant qu’étant une femme, elle sera plus sensible à leurs requêtes et plus prompte à en assurer l’exaucement. Mais ne risquons-nous pas de tomber dans un travers quelque peu semblable ? En nous imaginant que, parce que le Seigneur Jésus est un homme et a assumé notre condition terrestre, il sera plus compréhensif que le Père, plus sensible à ce que nous vivons et davantage disposé à nous venir en aide ? Il est vrai que l’expérience de vie terrestre de Jésus le dispose à compatir à nos faiblesses (Hé 4.15). Mais en vertu de l’unité entre le Père et le Fils, c’est aussi vrai du Père.

Surtout, Jésus nous a laissé une promesse : Ce jour-là, vous adresserez vos demandes au Père en mon nom. Et je ne vous dis même pas que j’interviendrai en votre faveur auprès du Père. Car le Père lui-même vous aime parce que vous m’aimez et que vous avez cru que je suis venu de lui. (Jn 16.26-27)

Quel puissant encouragement à adresser nos requêtes au Père ! C’est méconnaître profondément le Père que de s’imaginer que le Fils sera davantage disposé que lui à nous écouter et à nous exaucer. Le Père écoute nos prières, elles sont pour lui comme un parfum agréable (Ap 5.8 ; 8.3-4) et il est disposé à nous accorder de bonnes choses en réponse à nos prières (Mt 7.7-11).

Prier le Père par le Fils et au nom du Fils

Étant pécheurs, nous n’aurions pas par nous-mêmes accès au Père. C’est à Jésus-Christ que nous devons de pouvoir nous approcher du Père pour lui adresser nos prières, c’est grâce à l’œuvre accomplie par Christ. C’est donc en nous réclamant de Christ et de son œuvre que nous pouvons prier le Père. Y compris pour lui offrir notre reconnaissance. C’est pourquoi Paul écrivait qu’il remerciait Dieu par Jésus-Christ au sujet des chrétiens de Rome (Rm 1.8), ou encore, il exhortait ceux de Colosses à remercier Dieu le Père par le Seigneur Jésus (Col 3.17).

Jésus a enseigné à ses disciples à prier le Père en son nom (Jn 14.13-14 ; 15.16 ; 16.23) et Paul nous exhorte pareillement (Ép 5.20). Prier au nom de Jésus peut signifier prier en se prévalant de lui et de son œuvre, mais aussi comme si c’était Jésus lui-même qui présentait cette prière. H. Blocher écrit que cela signifie : «avec l’autorisation ou la délégation de pouvoir, avec un mandat provenant de la personne nommée et permettant de la représenter»1. On peut rapprocher l’expression «prier au nom de Jésus-Christ» de celle que Paul emploie pour chasser la femme ayant un esprit de Python : donner un ordre au nom de Jésus-Christ, c’est le donner avec l’autorité de celui-ci (Ac 16.18). Jésus promet à ses apôtres que, lorsqu’ils demanderont quelque chose en son nom, le Père le leur accordera (Jn 15.16 ; 16.23). On peut noter que Jésus déclare aussi que lui-même fera ce qu’ils auront demandé (Jn 14.14) : il exauce lui-même la prière prononcée en son nom. Précisons que les promesses d’exaucement inconditionnelles, dans ce discours, valent vraisemblablement pour les apôtres, que Jésus a choisis et établis pour leur mission particulière (selon Jn 15.16), et donc qu’elles s’appliquent dans le cadre de leur ministère apostolique spécifique. Nous avons pour notre part l’assurance que nos prières prononcées au nom de Jésus-Christ serons prises en compte, même si le Seigneur ne fait pas toujours tout ce que nous demandons

Prier le Saint-Esprit ?

Il est peu courant dans la piété de nos milieux d’entendre des prières adressées au Saint-Esprit. En revanche, nos recueils de chants contiennent bon nombre de chants constituant des prières adressées directement au Saint-Esprit.

Le Saint-Esprit est Dieu. Il est logique de penser qu’il est susceptible de recevoir nos prières à ce titre. Lorsque nous prions le Dieu trinitaire, nous nous adressons aussi à l’Esprit et c’est légitime. À propos de la prière adressée à l’Esprit de manière distincte cependant, diverses remarques peuvent être faites.

L’Écriture n’offre aucun exemple de prière adressée à l’Esprit en le distinguant des deux autres personnes divines. On cite parfois à cet égard le texte où Dieu charge Ézéchiel de s’adresser à l’Esprit (Éz 37.9-10). Mais il ne s’agit pas d’une prière humaine. Il s’agit d’une prophétie, c’est-à-dire d’une parole de Dieu transmise par un prophète. Il s’agit même d’un ordre que Dieu adresse à son Esprit par l’intermédiaire de son prophète. Et si Dieu se sert du prophète ici pour communiquer avec son Esprit, c’est pour porter à la connaissance de son peuple quelle mission il chargera l’Esprit d’accomplir en sa faveur.

On doit encore faire valoir les considérations suivantes. Jésus nous encourage à demander l’Esprit au Père (Lc 11.13). Jésus lui-même a demandé l’Esprit au Père pour ses apôtres (Jn 14.16). Il n’est dit nulle part de demander directement à l’Esprit de venir en nous ou d’agir en nous ou pour nous. Cela découle du fait que, comme le Fils d’ailleurs, l’Esprit ne fait rien de lui-même : c’est le Père qui l’envoie et qui définit ses missions, c’est le Fils qui le donne de la part du Père (Jn 14.16,26 ; 15.26 ; 16.7 ; Ac 2.33). En outre, selon Jésus, l’Esprit, subordonné au Père et au Fils, a pour rôle de glorifier le Fils et avec lui le Père (Jn 16.14-15) : l’Esprit semble se faire discret pour nous conduire à porter toute notre attention sur le Père et le Fils et à rendre notre culte au Père et au Fils. Il en sera de même jusque sur la nouvelle terre : dans la nouvelle Jérusalem, Dieu le Père et l’Agneau sont sur le trône ; nous «verrons face à face» le Père et l’Agneau et nous les servirons. Nous les servirons par l’Esprit qui jaillira du trône tel un fleuve pour nous abreuver (Ap 22.1-4).

On peut concevoir quelques raisons supplémentaires pour lesquelles l’Esprit n’attire pas l’attention sur lui-même : il s’agit de contrecarrer chez nous certaines tendances ou tentations. Tout d’abord, la tentation de l’illuminisme, cette attitude qui consiste à vouloir dépendre directement de l’Esprit en court-circuitant la Parole révélée «une fois pour toutes» (Jd 3). Nous l’avons souligné dans la deuxième partie de cette étude, le rôle de l’Esprit était de rappeler la Parole de Christ aux apôtres pour qu’ils en rendent témoignage (Jn 14.26 ; 15.26-27 ; 16.13-15) et son rôle est encore de nous conduire dans la vérité en nous faisant nous attacher à la parole apostolique, relais de la Parole de Christ (1 Jn 2.20-21,27 avec le v. 24). L’Esprit n’accomplit pas son œuvre sans la Parole du Fils qui vient du Père ; il agit au contraire avec et par cette parole. Il a donc pour rôle de nous tourner vers le Fils, et par le Fils vers le Père, et de nous faire nous attacher à la Parole que le Père a chargé le Fils de nous transmettre et qui a été consignée pour nous par les prophètes dans l’Ancien Testament et par les apôtres dans le Nouveau.

Ensuite, nous pouvons facilement céder à la tentation de voir en l’Esprit une puissance à notre disposition. En nous adressant directement à lui, nous pouvons plus facilement glisser vers une tendance à chercher à domestiquer la puissance de l’Esprit par la prière pour en user à notre convenance. L’invitation biblique à demander l’Esprit au Père et au Fils, plutôt que de nous adresser directement à lui, nous rappelle que c’est la volonté du Père et du Fils qui détermine l’action de l’Esprit et non la nôtre.

Il est encore frappant de constater que, dans l’Apocalypse, alors que des prières sont adressées au Père et au Fils (Ap 4.8-11 ; 5.9-14 ; 7.1012,15 ; 8.4 ; 11.16-18 ; 14.1-3 ; 15.3-4 ; 19.1-8 ; 22.20-21), aucune n’est adressée à l’Esprit. En revanche, l’Esprit est présenté comme priant avec l’Église (Ap 22.17). Et l’on touche ici sans doute à la raison principale pour laquelle l’Écriture n’encourage pas la prière adressée à l’Esprit distingué des deux autres personnes. Comme l’écrivait Bavinck : «Le Saint-Esprit habite en nous et parmi nous ; il en résulte que nos prières sont adressées davantage au Père et au Médiateur qu’à lui-même»2.

Le rôle approprié à l’Esprit est ici en cause. L’Esprit est en nous pour agir en nous, pour nous conduire, et en particulier pour conduire notre prière, pour nous apporter son secours alors que nous nous adressons à Dieu, au Père, ou au Fils. L’Esprit nous conduit à nous adresser à Dieu comme à notre Père (Rm 8.15 ; Ga 4.6). L’Esprit intercède en notre faveur (Rm 8.2627), mais d’une autre manière que le Fils.

Le Fils intercède pour nous à la droite du Père (Rm 8.34 ; Hé 7.25), tandis que l’Esprit intercède en nous. Au sujet de l’intercession de l’Esprit, deux interprétations sont possibles pour le texte concerné et les avis des spécialistes sont partagés. Certains considèrent que l’Esprit vient ajouter sa propre prière à celle du croyant pour intercéder pour lui. D’autres considèrent que l’intercession de l’Esprit n’est autre que la prière qu’il fait exprimer par le croyant. Selon la seconde option, Paul voudrait dire que, lorsque nous ne savons plus comment prier ou que prier, lorsque, par faiblesse, dans des circonstances douloureuses, nous ne sommes plus capables que de pousser des soupirs devant Dieu, c’est l’Esprit lui-même qui nous fait pousser ces soupirs. De la sorte, nos soupirs sont porteurs de la pensée de l’Esprit et ils ont ainsi un sens que Dieu comprend. Paul nous assure par conséquent que Dieu y répondra. C’est vers cette seconde interprétation que nous penchons (avec Calvin, Ch. Hodge, F.F. Bruce, John Murray).

Quoi qu’il en soit de ce point particulier d’interprétation, le Saint-Esprit est celui qui nous fait prier plutôt que celui que nous prions. C’est donc par l’Esprit que nous sommes invités à rendre notre culte à Dieu (Jn 4.23), et notamment à le prier (Ép 2.18 ; 6.18 ; Jd 20).

Prier pour demander l’Esprit

L’Esprit est aussi l’objet de notre prière, car c’est par l’Esprit que Dieu agit en nous. Ainsi, Jésus nous invite à demander au Père de nous donner l’Esprit, avec l’assurance que, tel un père humain qui donne à ses enfants la nourriture dont ils ont besoin, notre Père céleste exaucera notre demande (Lc 11.11-13). De même que l’enfant a besoin de recevoir quotidiennement sa nourriture de ses parents, nous avons besoin que Dieu nous accorde chaque jour le secours de son Esprit et qu’il renouvelle en nous l’œuvre de l’Esprit. Nous dépendons en effet de l’action de l’Esprit pour toute notre vie chrétienne. C’est l’Esprit qui renouvelle notre intelligence pour que nous recevions et comprenions la Parole de Dieu et que nous discernions la volonté de Dieu dans les circonstances qui sont les nôtres. L’Esprit nous transforme, agit sur notre vouloir et nous communique des énergies nouvelles pour que nous obéissions à cette Parole. Nous ne pouvons pas contrôler l’action de l’Esprit. Il n’est pas une puissance dont nous pourrions user à notre guise. Il agit quand et comme il le veut (Jn 3.8). Nous pouvons en revanche nous ouvrir à son action et cela se fait d’abord par la prière par laquelle nous exprimons notre dépendance par rapport à lui. C’est pourquoi Jésus nous invite à demander l’Esprit au Père.

Ainsi Paul pouvait prier pour les chrétiens et demander à Dieu le Père de les faire grandir en sagesse, par le Saint-Esprit, pour qu’ils connaissent de mieux en mieux Dieu le Père, son œuvre en Christ et sa volonté (Ép 1.16-23 ; Col 1.9-10). Il écrit encore à ceux d’Éphèse : Je demande au Père qu’il vous accorde, à la mesure de ses glorieuses richesses, d’être fortifiés avec puissance par son Esprit dans votre être intérieur. Et puisque, par l’Esprit, le Fils habite en nous, il ajoute, donnant ainsi un contenu trinitaire à sa prière : Que Christ habite dans votre cœur par la foi (Ép 3.15-17).

Prier correctement

Il est non seulement important de savoir qui prier, mais aussi de s’adresser correctement à la personne divine que nous prions. Or la confusion règne parfois dans l’esprit des membres de nos Églises qui ne savent pas faire la distinction entre les personnes de la Trinité. Ainsi entend-on parfois ce genre de prière : «Notre Père céleste, nous te remercions d’être mort pour nous sur la croix». Ou encore : «Seigneur Jésus, nous te louons parce que tu es pour nous un père». Ou bien, une prière adressée au Seigneur Jésus se termine par la formule : «Au nom de Jésus-Christ». Certes, Dieu entend et tient compte des prières mal formulées par des personnes peu instruites et maladroites. Mais il ne veut pas que ses enfants restent maladroits. Comme nous l’avons vu au début de cet article, il désire nous voir grandir en sagesse, en particulier dans sa connaissance. Apprendre à s’adresser correctement à Dieu fait partie de cette sagesse à acquérir. Ceux qui enseignent dans l’Église ont donc la responsabilité d’apprendre à leurs frères et sœurs en la foi à s’adresser correctement à Dieu. Et à plus forte raison, il est indispensable de former les présidents de culte pour qu’ils donnent sur ce point un bon exemple à l’assemblée. Cela implique non seulement d’apprendre aux croyants qui prier, mais encore de leur apprendre à ne pas confondre les personnes de la Trinité. C’est honorer Dieu que de le prier correctement.

En conclusion sur la prière, l’Écriture nous enseigne qu’il est approprié de prier le Dieu trinitaire, de prier le Père et le Fils, de prier le Père au nom du Fils, et de le faire par le Saint-Esprit qui habite en nous. Jésus nous invite aussi à prier le Père de nous donner l’Esprit.

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soit avec nous tous !

SYLVAIN ROMEROWSKI

Éléments de bibliographie, pour aller plus loin

Herman Bavinck, Reformed Dogmatics, vol. 2 : God and Creation, Grand Rapids, Baker, 2004.

Henri Blocher, «La Trinité, une communauté an-archique ?», Théologie Évangélique, vol. 1, n° 2, 2002, p. 3-20.

Henri Blocher, «Les appropriations trinitaires», Hokhma, n° 104, 2013, p. 41-55.

Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, Kerygma, Excelsis, 2009.

Yves Congar, Je crois en l’Esprit saint, vol. 3, Paris, Cerf, 1980.

Jean Decorvet, «Quelle place pour le Saint-Esprit dans la Trinité ? Une réflexion théologique sur la question du filioque», Hokhma n° 82, 2003, p. 1-24 et n° 83, 2003, p. 14-48.

Gilles Emery, La trinité : Introduction théologique à la doctrine catholique sur Dieu Trinité, Paris, Cerf, 2009.

Gilles Emery, La théologie trinitaire de saint Thomas d’Aquin, Paris, Cerf, 2005.

Charles Hodge, Systematic Theology, vol. 1, Introduction, Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 1979.

Thierry Huser, «Nos relations aux personnes de la Trinité dans notre vie de piété», Hokhma n° 104, 2013, p. 117-134.

A. Malet, Personne et amour dans la théologie trinitaire de Saint Thomas d’Aquin, Paris, Vrin, 1956.

Dennis Ngien, «Richard of St Victor’s Condilectus : the Spirit as God’s Co-beloved», Journal Européen de Théologie, XII, 2003 : 2, p. 77-92.


NOTES

1 «Pour une théologie de la prière», Théologie évangélique, vol. 5, n° 2, 2006, p. 99.

2 Herman Bavinck, Reformed Dogmatics, vol. 2 : God and Creation, Grand Rapids, Baker, 2004, p. 311.