Les débuts Nicolas Kessely, originaire des bords du lac de Zurich, abandonne, à 22 ans sa quatrième année d’études à l’Institut Biblique de Chrischona à Bâle, pour venir remplacer un pasteur malade à Saverne (67). Stagiaire, il ignore tout du ministère. Durant cette année, Dieu lui accorde un fardeau pour les jeunes. Il lance, avec plusieurs amis, la « Mission pour la Jeunesse », dans le cadre des Églises de Chrischona qui deviendra par la suite « Spécial Jeunes ». L’objectif, permettre à des jeunes d’entendre l’Évangile pour devenir des disciples de Christ.

« Spécial Jeunes » organise de grandes évangélisations dans différents lieux dancing, salle des fêtes. Beaucoup de jeunes se donnent à Christ. On peut parler d’un réveil parmi la jeunesse. La première Église naît à Alteckendorf : des anciens sont nommés. L’évangélisation reste une priorité. Au début des années soixante-dix, celle-ci se prolonge dans les Vosges où des camps sont organisés durant l’été. En 1974, l’Église d’Alteckendorf y envoie ses premiers missionnaires. C’est le début d’un mouvement d’évangélisation lancé par le Seigneur. En 1977 naît « France pour Christ ». Après une analyse de la situation spirituelle des différents départements, celle-ci se fixe un objectif géographique : « Les régions dépourvues de témoignage évangélique dans les départements du Pas-de-Calais au Jura. » Et une stratégie à long terme :

– Proclamer l’Évangile dans des régions dépourvues de témoignage évangélique et conduire, grâce à Dieu, des âmes à Christ;
– Fonder des Églises;
– Mettre en place les structures qui permettront à ces Eglises de fonctionner; Garder avec elles une relation pour les conduire vers la maturité et la multiplication;
– Découvrir et former de nouveaux serviteurs de Dieu;
– Porter les Églises dans la prière.

NICOLAS KESSELY :

D’origine Suisse-Allemande, Nicolas Kessely œuvre en France dès les années 70. Pasteur et fondateur d’églises, il est un des fondateurs de l’association France pour Christ. https://www.missionfpc.fr/

Quelles grandes leçons retenues au cours de ces 25 années ?

« Il ne suffit pas d’évangéliser, il faut faire des disciples et implanter des églises. Au départ, nous n’avions pas de vision de l’Église locale. Nous avons réalisé petit à petit que l’Église est au coeur du plan de Dieu et que toute évangélisation doit conduire à l’implantation d’Églises nouvelles. La formation de disciples n’a de réalité que dans cette perspective. Le travail missionnaire part de l’Église pour aboutir à l’Église.

L’importance de l’équipe apostolique

Je n’ai pas choisi cette façon de travailler. Le Seigneur m’a donné des frères, préoccupés comme moi par l’évangélisation de la France. Longtemps avant de devenir une association missionnaire, nous avons fonctionné comme une équipe, solidaire dans le ministère, dans la pratique, comme pour les questions financières. Aujourd’hui travailler en équipe est notre choix ! Nous voulons éviter qu’un missionnaire soit seul. Accorder un collaborateur à ceux qui n’en ont pas.

Investir dans des vies

Il est important de nous donner, d’accompagner des personnes. Souvent nous sommes accaparés par nos projets. Voyons-nous les êtres, leurs questions, conflits, déceptions ? Parce que Jésus a pris des hommes à ses côtés durant trois ans, son oeuvre a connu cette formidable multiplication.

La collégialité

Un seul ne suffit pas! Au début, je me comportais comme un homme-orchestre. Je n’oublierai jamais la remarque de certains frères de l’Église d’Alteckendorf : « Nicolas, tu ne nous suffis plus ! » Le Seigneur avait prévu autre chose pour l’Église. Pas un homme à tout faire, détenteur de tous les dons, un Pdg « donneur d’ordre » Jésus a donné à l’Église des dons, des ministères qui permettent à tous les membres de servir. Et à une équipe de responsables de la diriger. Certains pourront s’engager à plein temps, mais pour n’être qu’un parmi d’autres !

L’Église n’est pas un but : elle a un but

L’Église glorifie la grâce de Dieu. Elle est la base pour que l’Évangile progresse. Elle est témoin dans sa région, sa sphère d’influence. Les non-croyants doivent la voir vivre. Ce témoignage s’inscrit dans la durée. Pourtant le danger est de s’installer. Elle risque de perdre son objectif. En revanche, l’équipe missionnaire risque de pousser l’Église dans l’action et de la conduire à fonctionner comme un missionnaire à plein temps, et de lancer des projets, dont les membres devront être les exécutants.

La multiplication

Pour quelles raisons négligeons-nous la multiplication ? Les groupes de jeunes conservent les mêmes responsables, jusqu’au jour où… ceux-ci quittent l’Église. Les responsables d’Église peuvent devenir à la longue irremplaçables, se fatiguer, s’épuiser. Tout à coup, l’Eglise doit choisir d’autres hommes, qui n’auront pas été préparés. Cette question se profile à l’horizon pour FPC, faute d’avoir multiplié, nous sommes confrontés à des impossibilités.

Affermir les croyants et les Églises locales !

C’était le fardeau de l’apôtre Paul et de son équipe. Nous avons idéalisé notre travail missionnaire. D’abord, nous avons pensé que l’implantation d’Églises irait bien plus vite. Il faut parfois quinze ans de lutte pour qu’une petite Eglise naisse. Plus tard, nous avons pris le temps de former ses responsables. Après le départ du fondateur, l’Église a parfois connu de graves crises ! Les responsables d’Églises et les missionnaires, deviennent alors la cible de critiques, de la calomnie ou de la médisance. Nous devons nous interroger sur l’origine de ces crises. Dans la concertation, nous cherchons à mieux définir la responsabilité de l’équipe missionnaire à l’égard des Églises implantées. Aujourd’hui, FPC compte 32 missionnaires et leur famille, 4 postes pionniers, 10 Églises en formation, 6 Églises majeures. Certaines sont désormais organisées en une « Alliance Pour Christ »

Tout au long de ces 25 années, c’est par grâce que des âmes se sont tournées vers Christ, que des Eglises sont nées, que notre mission a gardé le cap, malgré les difficultés et les embûches. Nous envisageons l’avenir et les défis qui l’accompagnent avec la grâce suffisante de notre Seigneur ! »

Alain Stamp