«Nous avons regardé comment la vie des Burkinabè était faite et nous avons constaté que la misère se lisait partout sur les visages. Les gens n’avaient pas deux repas par jour. Les fléaux que sont la pauvreté, la faim, la maladie, le chômage menaçaient. En tant que chrétiens, nous nous sommes sentis interpellés : « il faut faire quelque chose » ! Dieu travaille par des hommes et nous ne pouvions pas nous asseoir et croiser les bras. Mon épouse et moi avons créé une association que nous avons nommée «Action grâce divine». C’est l’action que la grâce de Dieu nous donne de faire et nous pensons que, de cette manière, nous pouvons aider – un tant soit peu – à vaincre ce fléau qu’est la pauvreté».
Ces quelques mots ne proviennent ni d’un équipier du SEL, ni d’un missionnaire, ni d’un observateur occidental découvrant la pauvreté d’un pays en développement.
Ce sont les paroles d’un chrétien burkinabè nommé Fidèle Lompo qui raconte comment il s’est lancé dans une action sociale – dont le microcrédit est un aspect central – dans son propre pays.
M. Azale, Directeur d’un centre d’accueil de parrainage en Éthiopie, raconte quant à lui : «Lorsque j’ai commencé à travailler au centre, j’ai été ému par ce que j’ai vu chez ces enfants. J’ai fait la promesse de les aimer comme mes propres enfants et de faire tout mon possible pour leur assurer un bel avenir…» Il ajoute : «Nous prions pour les parents, pour les enfants et pour la localité. Le Seigneur est fidèle».
Des partenaires chrétiens locaux
![]() Fidèle Lompo |
![]() M.Azale, Directeur d’un centre d’accueil de parrainage en Éthiopie |
L’un des principes d’action du SEL consiste à soutenir le travail de chrétiens des pays du Sud, comme Fidèle Lompo ou Zewdie Azale, qui se mettent au service des pauvres au sein d’une structure chrétienne locale. Cette structure peut être une association chrétienne locale (comme «Action grâce divine») ou un centre d’accueil rattaché à une Église locale (dans le cas du parrainage).
Le choix de travailler avec des organisations locales appelées partenaires locaux reflète la conviction du SEL que les personnes du pays sont particulièrement bien placées pour réaliser les activités de développement local. Le choix de travailler avec des partenaires chrétiens de l’ensemble des dénominations protestantes évangéliques reflète le désir de soutenir une action sociale. S’inscrivant dans un cadre spécifiquement chrétien avec la confiance que les partenaires du SEL sauront vivre et témoigner de leur foi d’une manière appropriée à leur contexte.
Privilégier des actions menées en partenariat avec des structures chrétiennes locales est aussi un moyen de souligner l’incroyable vitalité de nos frères et sœurs des pays du Sud. Ils sont actifs en faveur des pauvres à l’intérieur de la communauté chrétienne et également au sein de leur village, de leur quartier ou parfois à l’échelle de leur région ou de leur pays. Le SEL est souvent impressionné par la motivation et la consécration qu’ils manifestent dans leur service envers les pauvres, les enfants et ceux qui sont dans le besoin. S’il peut être légitime de venir travailler à leurs côtés, le choix du SEL est plutôt de renforcer leurs capacités d’action, et donc leur témoignage chrétien.
Une démarche de responsabilisation
L’objectif des actions des partenaires du SEL n’est pas de laisser les personnes et les populations qui en bénéficient dans une situation de passivité. C’est un piège à éviter que de considérer qu’une personne pauvre n’est bonne qu’à recevoir de l’aide. La loi biblique relative au grappillage et au glanage associe la solidarité de celui qui laisse les nécessiteux profiter du produit de sa vigne ou de son champ au travail exigé de la part de celui qui est dans le besoin. Bel exemple de responsabilisation ! Pour le parrainage, cela se traduit par exemple dans l’effort des équipiers des centres d’accueil pour que les enfants puissent voler de leurs propres ailes une fois devenus grands. À partir de l’âge de 12 ans, les enfants sont amenés à entrer dans une démarche intitulée «Mon projet pour demain», qui les aide à préparer leur avenir. Il s’agit à la fois de leur permettre de rêver, mais aussi de se donner des objectifs à atteindre d’une année sur l’autre. Shaira, une adolescente thaïlandaise, raconte : «j’aime faire Mon projet pour demain. Le remplir me fait rêver. Je suis enthousiasmée à l’idée de devenir enseignante».
Elle voudrait s’occuper spécifiquement d’enfants qui viennent de familles brisées et les aider à s’en sortir comme cela a été le cas pour elle. Lorsque quelqu’un qui bénéficie du parrainage (ou en a bénéficié dans son enfance) est capable de faire profiter quelqu’un d’autre de ce qu’il a reçu, c’est un succès ! Dans un projet de développement qui équipe un village d’un forage pour l’approvisionnement en eau potable, un bon exemple de ce que peut être une démarche de responsabilisation des bénéficiaires sera la mise en place d’un comité de gestion du forage, composé de villageois, qui veillera à ce que ceux qui utilisent le forage versent une petite cotisation qui permettra de l’entretenir et de réparer la pompe en cas de panne.
Des actions variées sur le terrain
Les partenaires du SEL agissent dans des domaines variés pour lutter contre la pauvreté. Relevons les grandes catégories d’actions.
Des projets de développement communautaires
Menés en partenariat avec des structures chrétiennes locales, les projets de développement concernent en particulier les cinq domaines suivants : l’eau et l’assainissement (aménagement de sources d’eau, forage de puits, construction de toilettes, formation aux règles élémentaires d’hygiène) ; l’agriculture (formation et achat d’équipements) ; le soutien alimentaire (projets Ticket-Repas destinés principalement aux enfants) ; la santé (soins, médicaments de base, sensibilisation et prévention) ; le microcrédit.
Chaque année, le SEL soutient une centaine de projets de développement et suit leur déroulement. Le bon usage des fonds envoyés sur le terrain est vérifié et des visites sont effectuées. Mais ce sont les partenaires qui élaborent et mettent en œuvre les actions financées.
Des programmes de parrainage d’enfants
Depuis 1982, le SEL a choisi de travailler avec Compassion International pour le parrainage d’enfants vivant dans la pauvreté.
Le SEL se reconnaît dans les valeurs et les objectifs de cette organisation internationale :
– Une action de solidarité centrée sur le Christ et qui vise à témoigner de Son amour pour les plus vulnérables dans les pays en développement ;
-une action ciblée, pour le développement d’un enfant à la fois, en prenant en compte ses besoins physiques, économiques, sociaux et spirituels ;
– une action menée avec des partenaires sur place, en collaboration avec l’Église locale, visant à libérer durablement les enfants des chaînes de la pauvreté. Si l’organisation est internationale, le centre d’accueil auquel les enfants se rendent est relié à une Église locale. Le personnel qui s’occupe des enfants est composé de chrétiens du pays. L’action des partenaires sur place consiste en un soutien scolaire, un enseignement chrétien, un suivi médical et alimentaire, des activités sociales et culturelles. La contribution mensuelle du parrain est de 28 euros par mois.
Des actions de secours d’urgence
En cas d’urgence humanitaire, le SEL intervient auprès des populations démunies dans les zones où se trouvent ses partenaires ou d’autres ONG chrétiennes avec lesquelles il collabore. Depuis 2004, un réseau nommé Integral, dont le SEL fait partie, s’est mis en place : il regroupe 18 organisations chrétiennes des pays du Nord et permet une réponse coordonnée en cas d’urgence humanitaire.
Le SEL en quelques mots
Le SEL se présente comme une association protestante de solidarité internationale qui vise à améliorer les conditions de vie de personnes et de populations en situations de pauvreté dans les pays en développement. Il a été créé en 1980 par l’Alliance Évangélique Française.
Outre les actions de développement et de secours d’urgence soutenues sur le terrain, le SEL met aussi des ressources à la disposition des Églises en France (voir l’article «Passer à l’action avec le SEL») et sensibilise au commerce équitable ; il soutient le Défi Michée (créé en France par l’Alliance Évangélique Française et le SEL).
DANIEL HILLION RESPONSABLE DES RELATIONS AVEC LES ÉGLISES AU SEL www.selfrance.org
Les recherches scientifiques sur l’efficacité du parrainage sont rares, malgré le nombre d’enfants concernés et l’importance des fonds utilisés1. Bruce Wydick, professeur d’économie et d’études internationales à l’université de San Francisco, a imaginé de mener une étude comparative de différentes organisations de parrainage. Mais une seule a accepté d’y participer : Compassion International (le réseau de parrainage dont le SEL fait partie). L’équipe de Bruce Wydick s’est finalement concentrée sur des adultes parrainés durant leur enfance par Compassion et les a comparés à des personnes n’ayant pas bénéficié du programme. Les recherches ont porté sur six pays (Bolivie, Guatemala, Inde, Kenya, Philippines et Ouganda). 1 860 anciens enfants parrainés ont été interrogés. L’équipe a également étudié leurs frères et sœurs non parrainés, ainsi que d’autres personnes de leur localité ou de localités plus éloignées n’ayant pas été parrainées dans leur enfance. Des données ont été récoltées auprès de plus de 10 000 personnes en tout. Les résultats, publiés en avril 2013 dans le prestigieux Journal of Political Economy, montrent les «impacts positifs importants et statistiquement significatifs du parrainage d’enfants sur la durée de scolarité des études primaires, secondaires et supérieures, et sur la probabilité d’obtenir un emploi une fois adulte, ainsi que sur la qualité de cet emploi». L’étude de Bruce Wydick montre que le parrainage se révèle être un facteur d’égalisation. Son effet est plus important là où les besoins sont les plus grands. Les bénéfices du parrainage en matière d’éducation sont plus importants dans les pays africains qu’ailleurs. Ainsi, en Ouganda, la moyenne est de 2,4 années de plus à l’école pour un enfant parrainé. Wydick raconte : «Je regardais les résultats concernant l’effet de Compassion en matière d’éducation en Ouganda : je fixais les statistiques sur mon écran pour vérifier que je voyais correctement. ‘’C’est… incroyable ! ’’, fut tout ce que je pus marmonner. […] Vous pouviez retourner ces données dans tous les sens, mais elles ne pouvaient que montrer des effets très importants et statistiquement significatifs…». 2 Le cœur de l’étude de Bruce Wydick, cependant, porte sur des enfants parrainés entre 1980 et 1992. Or depuis cette période, le contenu des programmes de parrainage de Compassion s’est amélioré. Il est donc permis d’espérer que l’impact du parrainage – démontré par l’étude – est encore plus important aujourd’hui ! 1 Toutes organisations de parrainage confondues : plus de 9 millions d’enfants ; environ 3,2 milliards de dollars par an. 2 Cf. Bruce Wydick, “Want to Change the World ? Sponsor a Child”, in Christianity Today, June 2013, p.22 |