L’actualité regorge de faits divers dramatiques au sujet de l’enfance maltraitée, exploitée, violée ou délaissée.

     Le texte qui suit, issu d’un souvenir personnel, nous invite à ne pas nous contenter de l’indignation pour seule réponse à ce problème de société, mais à nous laisser interpeller par Dieu au plus profond de notre coeur.

     Quel est ce bruit de sabots ? Il s’éloigne… se rapproche… s’évanouit… puis reprend. Après un instant de suspense et un juron bien tonnant, un chant vacillant s’élève dans le petit chemin breton.
     Vite, sortons, ne ratons pas le spectacle ! Fanch, la « vedette » du village, donne son spectacle, et gratuitement !

     Assis aux premières loges, sur le muret d’une cour, l’enfant regarde avec fascination les élucubrations de Fanch et son combat contre l’ennemi invisible. Fanch, comme il est drôle, il fait rire les enfants de l’école sur le chemin du retour, même ses propres enfants rient, d’ailleurs que pourraient-ils faire d’autre ?

     Mais Fanch n’est pas toujours ainsi, l’enfant admirateur le sait fort bien. A jeun, Fanch est incapable de telles démonstrations publiques, mais l’alcool le métamorphose en personnage volubile, éloquent, drôle. L’enfant spectateur croit comprendre que le remède à la timidité qui étouffe déjà sa vie se trouve au fond d’un verre.

     « Quand je serai grand, je serai comme Fanch », décide-t-il. Ces paroles, malheureusement pour lui et pour son entourage, vont devenir réalité.

     L’apprentissage ne sera pas bien difficile, pour cela point besoin d’école ou de talent, quelques pièces sonnant assez souvent sur le comptoir d’un de nos nombreux bistrots et l’enfant deviendra une « vedette », comme Fanch.

A qui la faute

    A qui la faute ? Fanch fut aussi un enfant, et qui peut dire ce que croisa son regard innocent ? Les spécialistes constatent que les enfants témoins ou victimes de sévices reproduisent bien souvent le schéma des horreurs qu’ils ont eux-mêmes subies.

     Mais il n’y a pas que les ivrognes, les violents, les voleurs, les suicidaires ou les obsédés qui impriment leurs images dans le cerveau des enfants. Il y a aussi les hypocrites, les orgueilleux, les vaniteux et les bien-pensants qui produisent soit des imitateurs, soit des révoltés, des blasés ou des opportunistes sans scrupules. Le pharisien (bigot) n’a souvent rien fait de répréhensible par la loi, mais… mais il a dégoûté des dizaines, des centaines, des milliers, des millions de personnes de la religion qu’il pratique.

La puissance d’un regard

    Aurions-nous le même comportement dans certaines situations si nous savions qu’un enfant nous observe ? Sachons que l’enfant peut être là sans que nous ne le voyions, assis sur un mur, à l’encoignure d’une cour, ou anonyme dans le flot des passants, ou encore à l’affût de curiosités, le nez collé à la vitre de sa chambre. Cet enfant aux yeux perçants, Jésus l’amena pour croiser du regard ses disciples en folie, car « il s’éleva entre les disciples une discussion il s’agissait de savoir lequel était le plus grand parmi eux. Jésus, qui connaissait les pensées qu’ils avaient dans leur coeur, prit un enfant par la main, le plaça à côté de lui et leur dit : Celui qui accueille cet enfant en mon nom m’accueille moi-même, et celui qui m’accueille, accueille aussi celui qui m’a envoyé. Car celui qui sera le plus petit parmi vous, c’est celui-là qui est grand. » (Evangile de Luc, 9:4648 Trad. Le Semeur)

Accueillir le regard innocent

     Le regard de Dieu sur notre vie est comparable, dans une certaine mesure, à celui de l’enfant. Celui qui ne refuse pas la simplicité perspicace du regard de l’enfant n’a pas à fuir non plus devant celui de Dieu, mais il doit l’accueillir. Seul un regard innocent peut détecter le mal dans nos agissements inconscients. Alors que l’enfant perd très vite son innocence, Dieu, au contraire, conserve la sienne intacte.

     Le regard de l’enfant nous invite à mettre nos désirs, nos ambitions ou nos pulsions au diapason avec la volonté de notre Créateur.

Retrouver le regard de l’enfant

     Si le regard de l’enfant a été troublé et son âme souillée par notre exemple, ne fuyons pas l’oeil de Dieu sur notre conscience car notre fuite serait un scandale de plus et une occasion de chute supplémentaire pour l’enfant spectateur de notre déchéance.

     Seul un changement dans notre vie peut guérir le traumatisme d’un regard innocent. Cette transformation, Dieu nous l’offre. Son Fils Jésus-Christ est venu sur la terre pour annoncer le changement aux hommes et le rendre possible par la puissance du pardon des péchés acquis à la croix par son sacrifice. Ce pardon et ce changement transforment notre vie dès l’instant où nous laissons Jésus-Christ éclairer nos zones d’ombre et lui demandons grâce pour nos fautes. L’apôtre Jean écrit que certains ont refusé le regard de Jésus sur leur vie, mais d’autres cependant « l’ont accueilli, ils ont cru en lui. A tous ceux-là, il a accordé le privilège de devenir enfants de Dieu. Ce n’est pas par une naissance naturelle, ni sous l’impulsion d’un désir, ou encore par la volonté d’un homme, A qu’ils le sont devenus, mais c’est de Dieu qu’ils sont nés. » (Evangile de Jean, 1:12 13 Trad. Le Semeur)

     N’attendons pas que le regard d’un enfant se fige d’horreur ou s’allume d’un appétit malsain, avant de demander à Dieu de purifier notre coeur et de nous décider à changer de comportement.

     Car « si nous prétendons être sans péché, nous vivons dans l’illusion, et la vérité n’habite pas en nous. Si, au contraire, nous avouons nos péchés, il est fidèle et juste et, par conséquent, il nous pardonnera nos péchés, et nous purifiera de tout le mal que nous avons commis » (1ére épître de Jean, 1:8-9 Trad. Le Semeur)

« O Dieu,
face à ton regard
ou à celui d’un enfant, je reconnais que
de tout péché
je ne suis pas innocent.
Je te demande de pardonner
le mal que j’ai commis,
de purifier mon cœur
et de m’animer de ton Esprit,
pour marcher dans tes voies. »

Le jour où tu croises le regard d’un enfant
Imagine que Jésus le tienne par la main,
Laisse-les te scruter au dehors et au dedans
Et arrête-toi un instant le long du chemin.

N’aie pas peur de ces globes aux rayons lumineux
Qui dévoilent les ombres de ton monde intérieur.
Ni l’enfant ni Jésus envers toi ne sont haineux,
Ne te vexe pas si ce regard te semble rieur.

Il t’invite simplement à partager la joie
De la clémence et de l’innocence retrouvées.
Si ta conscience sous leur lumière rougeoie,
Va vers la croix par la foi t’abreuver.

Voici, l’enfant à juger n’a pas encor appris
Et Jésus sur le trône blanc n’est pas encor assis.
Jusqu’à présent dans ton état tu t’es complu,
Mais aujourd’hui, ne laisse pas fuir le salut.

Si ton regard ne supporte pas celui de l’enfant,
Comment pourra-t-il tenir devant celui de Dieu ?
Sinon en répondant à l’invitation du Maître,
Qui dès alors par son amour te fera renaître.

Tiré du Bulletin Evangélique
« Vent d’Espoir » N°26, Oct. 95,
avec son aimable autorisation.