Les représentants des diverses unions d’Églises évangéliques viennent de confirmer en janvier dernier le principe d’une institutionnalisation du Conseil National des Évangéliques de France.
Le calendrier retenu prévoit une validation définitive des règles de fonctionnement (statuts, règlement intérieur, etc.) et le positionnement de chaque union et œuvre par rapport au CNEF dans les premiers mois de 2010 en vue de la mise en place officielle de celui-ci en juin de la même année.
La FEF au sein du comité représentatif du CNEF
Le CNEF, tout en évoluant donc de la plateforme vers un organe structuré et représentatif, reste essentiellement un rassemblement d’unions d’Églises. Ce choix souligne la volonté de laisser le leadership évangélique aux Églises. L’échelon de l’union semble offrir le plus de garanties pour associer efficacement les Églises locales aux décisions et actions du CNEF. Des représentants des unions qui se réunissent deux fois l’an pour les réunions plénières peuvent ainsi co-décider et relayer les informations directement aux Églises. Les diverses œuvres et associations spécialisées n’en sont pas exclues, au contraire: un pôle spécifique vient d’être créé à leur intention à côté des quatre pôles ecclésiaux.
La FEF, qui est plus qu’une union d’Églises, ne sera pas à proprement parler membre du nouveau CNEF à l’instar d’une union. En tant que l’un des quatre grands courants spirituels ecclésiaux, son rôle sera bien plus important et déterminant que celui d’une union. En effet, il est statutairement assuré que la FEF continuera à disposer de trois sièges au sein du Comité Représentatif, l’organe de direction composé des quinze personnes élues par leur courant respectif. Ainsi, elle sera aussi à l’avenir très présente et pèsera directement sur toutes les décisions importantes quant à l’orientation et aux activités du CNEF.
Une nouvelle grande étape, un peu délicate, vient d’être franchie
En décidant, lors de la dernière réunion plénière, après des échanges intenses et constructifs, le principe de la mise en place d’une structure officielle à la quasi-unanimité (35 voix pour sur 36), les représentants des unions ont confirmé leur volonté de faire du CNEF la principale voix du protestantisme évangélique «en vue d’une meilleure visibilité et lisibilité» de celui-ci.
Auparavant, il a fallu trouver une bonne solution pour quelques unions présentes dès la genèse du projet en 2001 mais ne souhaitant pas, pour diverses raisons, s’engager à l’avenir en tant que membres à part entière. Il a ainsi été défini un statut «d’union associée», réservé aux Églises présentes depuis l’origine, statut permettant de manifester un accord global avec le CNEF mais avec une implication réduite.
Le CNEF avait déjà dû surmonter d’autres obstacles depuis son lancement. Rappelons-nous que le fait même de réunir à son début des unions d’Églises qui n’avaient pas toutes l’habitude de se côtoyer, et c’est un euphémisme, était un vrai défi.
En 2007, une autre étape décisive avait été franchie. Les bureaux de l’Alliance Évangélique Française et de la FEF avaient pris conscience que le projet du CNEF risquait de stagner à cause de la multiplicité d’instances évangéliques « représentatives ». Pour plus de visibilité, il ne suffisait pas de rajouter le CNEF aux structures existantes, bien au contraire. Ce fait constituait non seulement un handicap dans les rapports avec les autorités et les médias, mais entraînait aussi un gaspillage de capacités humaines et matérielles, sans parler du risque de contre-témoignage. Il a donc été envisagé, de façon assez audacieuse, de transférer les activités et les missions de l’AEF sur le CNEF, ainsi que celles, parmi les missions de la FEF, qui contribuent au bien commun des évangéliques, notamment en terme de représentation auprès des autorités et de relations avec les médias.
Les deux principaux enjeux actuels sont la structuration juridique et l’organisation départementale, voire locale
Il ne faudrait ni sous-estimer ni surestimer le CNEF. Il est un échafaudage au service de la construction du royaume de Dieu. En ce sens, nous l’accueillons comme une grâce de la part du Seigneur. Le CNEF est avant tout un instrument à la disposition des Églises pour favoriser la mise en évidence de l’unité foncière des enfants de Dieu, la complémentarité du témoignage évangélique ainsi qu’une représentation à la hauteur de nos réalités. Selon le calendrier prévu, il s’agit pour les différentes unions d’Églises et œuvres de mettre à profit l’année 2009 pour faire circuler les informations et documents sur le CNEF. Il est souhaitable que l’ensemble des Églises locales puisse avoir une bonne connaissance du projet. Il serait regrettable que le CNEF soit perçu comme une réalité lointaine, réservée à quelques responsables nationaux. Les textes de base (charte, déontologie, statuts et RI provisoire) sont à la disposition des unions et de leurs Églises. Il est donc important de les étudier, de les amender éventuellement avant leur validation finale.
Il est également recommandé de prendre dès à présent des initiatives pour préparer la mise en place de lieux de rencontres et d’échanges CNEF (pastorales, etc.) au niveau départemental voire local. Très prochainement seront mis à la disposition des modèles de charte/règlement intérieur pour les différentes déclinaisons du CNEF. Il ne s’agit pas d’imposer partout des groupes CNEF ni d’en prévoir une organisation CNEF urbi et orbi, mais de proposer aux responsables d’Églises sur le terrain de profiter du CNEF comme d’un outil.
Quant aux unions membres de la FEF, il est souhaitable qu’elles soient nombreuses à intégrer le CNEF en tant que membres, dès son lancement officiel en 2010, afin que notre courant spirituel soit bien représenté et favorise, par les équilibres mis en place, une bonne marche médiane et représentative de l’ensemble du protestantisme évangélique français.
Daniel Liechti,
Vice-président de la FEF et membre du comité représentatif du CNEF