Les actes de violence du monde entier sont pris en note par le Père céleste. En II Chroniques 28:9, nous lisons: « Vous les avez tués, avec une fureur qui est montée jusqu’aux cieux » Une autre version l’exprime en termes plus forts: « Vous les avez massacrés, avec une rage qui est montée jusqu’au ciel ». En Ezéchiel 28:16 et en Jonas 1:9, nous remarquons que rien n’échappe au regard de Dieu, quant à la violence. Notre vingtième siècle, avec les capacités actuelles de destruction, doit fortement attrister le Créateur.

1°) EN QUOI LES CHRÉTIENS SONT-ILS CONCERNÉS PAR L’ESPRIT DE COLÈRE ?

A – A cause du vieil homme qui veut toujours reprendre le dessus.

     Posons une question déplacée, pour laquelle il vaudrait mieux ne pas avoir de réponse : Quelle est, dans votre assemblée, la personne qui vous agace le plus ? Est-ce que d’une manière fulgurante, un visage ne s’est pas dessiné devant vous ? Et vous avez senti le rouge de la honte vous réchauffer les joues.

     Pendant combien de temps faudra-t-il supporter les manies du frère X… On sait d’avance ce qu’il va dire dans sa prière. Et la soeur Y… toujours la même… en quinze ans, elle n’a pas changé…

     Les divisions dans l’Eglise, d’où proviennent-elles ? Simplement des hommes et des femmes qui la composent. Les apôtres s’adressaient à des croyants, lorsqu’ils prononçaient les paroles suivantes : « D’où viennent les luttes, et d’où viennent les querelles parmi vous ? N’est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres ? » (Jacques 4:1). « Et d’abord, j’apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions… » (1 Corinthiens 11:18).

B – A cause des pressions du monde dans lequel nous vivons.

     – Nous sommes continuellement invités à revendiquer ou à contester. II nous faut crier contre le patron, contre les transports en commun, la sécurité sociale, le gouvernement, etc.

    – Les informations font défiler devant nos yeux des troupeaux de gens qui se plaignent, récriminent, parfois brûlent les voitures ou saccagent les vitrines. Nous, croyants, nous assistons à de tels spectacles et nous nous y habituons. En serions-nous arrivés au stade de hausser les épaules et de murmurer désabusés: « Encore une manifestation de violence… » Il est grave de devenir indifférents, car la colère, selon les Ecritures, c’est le début du meurtre. Est-ce que la semence du crime qui germe sur notre terre ne nous tracasserait plus ?

     – Certaines bandes dessinées dont nos enfants se délectent constituent un petit cours de contestation. Sous prétexte de ne pas les habituer à de vaines redites, très peu de nos enfants ont appris les paroles du « Notre Père », enseigné par le Seigneur. Mais ils connaissent très bien le geste de « dégainer le colt » ! Pour nous en persuader, observons certains de leurs jeux pendant dix minutes.

     – La revendication non contrôlée tue l’esprit de gratitude. Le visage des leaders politiques ou syndicaux cst rarement gai, leur expression reflète rarement la satisfaction des consciences paisibles.

2°) MAIS LE CHRÉTIEN DOIT-IL ÉTRE UN « MOU » ?

     Se boucher les oreilles et se fermer les yeux, est-ce la bonne méthode ? Se taire frôle souvent la lâcheté.

     Remarquons, en premier lieu que le verset d’Ephésiens 4:26 dit ceci : « Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ». Et dans le Psaume 4:5, nous lisons: « Si vous êtes fâchés, ne vous mettez pas en tort » (Version en Français courant). Donc, le croyant a un certain droit à une certaine colère, et c’est ce qu’il admet le moins. Il demandera pardon à un ami, pour un manque de tact, pour une parole de jugement, mais il avouera rarement s’être mis en colère. « Je parlais un peu fort, mais je n’étais pas fâché. Pensez donc, depuis mes années de marche avec le Seigneur, je suis au-dessus de ça, j’ai dépassé ce stade… » Ne pas reconnaître une colère, même intérieure, c’est en préparer d’autres plus fortes et peut-être déclencher le processus d’un ulcère d’estomac. Est-ce que nous tiendrions tant à notre image de croyant au caractère égal ?

     N’y a-t-il pas des années que je demande à mon Père céleste: « S’il te plaît, guéris-moi de mes impatiences » ? Ce voisin ou ce collègue qui m’irrite au plus haut point, ne serait-ce pas la réponse de Dieu à cette requête ? C’est la volonté de Celui qui m’aime le plus au monde, d’employer la cisaille du prochain pour m’émonder, et Celui qui dirige la cisaille c’est Dieu Lui-même. L’insupportable voisin n’est-il pas inclus dans son plan d’amour pour moi ? Est-ce que je ne le vois pas ?

     Il existe une colère d’amour, celle qui s’exerce à l’occasion d’une injustice ou d’une faute commise envers une autre personne. Une colère qui n’hésite pas à prendre des risques. Quand une poignée de gens déchaînés accusent un innocent, si nous nous mettons du côté de l’innocent, nous risquons de nous retrouver sur une civière. La Bible est très claire à ce sujet : « Tu ne suivras point la multitude pour faire le mal ; et tu ne déposeras point dans un procès en te mettant du côté du grand nombre, pour violer la justice » (Ex. 23:2).
Lorsque nous utilisons la « sainte colère » pour le bien d’autrui, nous pouvons devenir des agents de réconciliation entre deux ou plusieurs personnes qui se déchirent.

     Il ne faut pas uniquement se représenter Jésus comme un personnage humble et doux, prêt à tendre instinctivement la joue droite lorsqu’on le frappe sur la joue gauche, sauf quand il s’est volontairement livré aux coups, aux crachats et à l’indicible horreur de la croix, pour notre salut éternel. S’il dépendait entièrement de son Père pour toutes les décisions de son ministère, il usait d’une liberté inconditionnelle et absolue, parfois exprimée sans les fioritures de la courtoisie, à l’égard des hommes. Ecoutez-Le dire avec autorité : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites… » Voyez-Le prendre des cordes et faire un fouet, afin de chasser les marchands du temple : « Ma maison s’appellera maison de prière, et qu’est-ce que vous en avez fait ? Un repaire de brigands » (Matthieu 21:13 – Parole Vivante). En Marc 3:5, nous constatons que les religieux de l’époque s’opposaient intérieurement à ce que Jésus opère une guérison un jour de sabbat. Le Fils de Dieu promena son regard sur eux tous. Il fut indigné et navré de l’endurcissement de leur coeur. C’était surtout contre l’indifférence de ces hommes à l’égard de l’infirme que Jésus éprouvait un saint courroux. Il est important que notre réprobation soit dirigée contre les actions et non contre les personnes. Lorsque nos enfants ont fait une sottise, punissons-les pour ce qu’ils ont fait et non pour ce qu’ils sont. Si nos cris et nos coups résultent d’une crise de nerfs, ils ne produiront aucun fruit et, de plus, ils risquent de leur laisser des marques pour toute une vie. Notre « sainte colère » ne doit pas dégénérer en colère personnelle. La frontière entre les deux est si mince, qu’il nous faut constamment veiller sur nous-mêmes. Dans certains cas, une punition n’a pas besoin d’être immédiate et nous avons la ressource de prier avant de l’administrer.

3°) CONSÉQUENCES DES VICTOIRES NON REMPORTÉES SUR LA COLÈRE

     – Rappelons que, selon Matthieu 5:22, la colère est un péché. « Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre un frère mérite d’être puni par les juges, que celui qui dira à son frère ‘Raca !’ mérite d’être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira ‘Insensé !’ mérite d’être puni par le feu de la géhenne ».

     – La colère abîme notre santé. Rien ne dévaste plus l’organisme que des colères répétées et incontrôlées. Elles peuvent aboutir à des dépressions. « Celui qui veille sur sa bouche et sur sa langue, préserve son âme des angoisses » (Proverbes 21:23).

     – Elle nous rend amers et négatifs ; elle fait constamment ressortir, « chez l’autre » le détail qui va mal.

     – Elle entraîne la perte de la joie, à cause d’elle quelque chose est détruit dans notre relation avec Dieu. Les colères non réfrénées provoquent insensiblement un endurcissement du coeur. Impossible d’être heureux, en traînant pendant toute une vie des amertumes, comme le boulet au pied d’un forçat.

    Que dit la Bible à ce sujet :
« Le coeur content est un festin perpétuel » (Prov. 15:15).
« Nous rendons toujours des actions de grâces«  (1 Thess. 1:2).
« Je rends grâces à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur » (Rom. 7:25).
« Rendant grâces pour toutes choses à Dieu » (Ephés. 5:20).
« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur, je le répète, réjouissez-vous«  (Phil. 4:4).
« Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous » (Col. 1:24).
« Rendez grâces à Dieu en toutes choses » (1 Thess. 5:18).
« Vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens » (Heb. 10:34).
« Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ » (I Pierre 4:13).
« C’est une grande source de gain que la piété avec le contentement«  (I Tim. 6:6).

     Quel festival d’expressions joyeuses ! Quel magnifique antidote à la colère, que la lecture de la Bible !

     – La colère ne nous rend plus disponibles pour les autres. Au fil des jours, notre témoignage s’affaiblit. En Proverbes 15:1, il est écrit : « Une réponse douce calme la fureur, mais une parole dure excite les querelles ». Comment notre réponse sera-t-elle apaisante pour la personne que le Seigneur met sur notre chemin si nous sortons d’une colère contre quelqu’un, et si nous « bouillonnons » encore intérieurement?

     – De plus, le colérique se rend malheureux lui-même, il fait le vide autour de lui. Qui se plaît à fréquenter les éternels mécontents ?

4°) QUEL EST L’ENSEIGNEMENT DE JÉSUS ?

     – Dans son amour pour les perdus, il a essuyé la plus grande colère du monde, celle de Dieu Lui-même. Le Seigneur disait que toujours et partout il faisait ce qui était agréable à son Père. Il endura la Croix, pour lui être agréable. En Esaïe 53:10, nous lisons qu' »il a plu à l’Eternel de le briser par la souffrance ». Le plaisir de Dieu a été la souffrance et la mort de son Fils. Notre sensibilité n’y trouve pas son compte, et notre compréhension non plus. Pourtant, il fallait une victime, parfaite et innocente, pour la punition de nos péchés. A la Croix, Jésus alla jusqu’au bout de son amour pour nous. Il lui était impossible d’aller plus loin. Quel est le résultat pour nos vies, lorsque nous nous mettons au bénéfice d’un tel amour ? « Nous sommes donc maintenant considérés comme si nous avions toujours satisfait aux exigences de la justice divine. Du même coup, nous sommes devenus ses héritiers, promis à une vie qui ne finira jamais. Oui, telle est notre espérance ! » (Tite 3:7 – Parole Vivante). Connaissez-vous une position plus élevée ?

     Si notre chef de file, le Roi devant qui nous nous prosternerons, un jour a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes (Héb. 5:8), ne soyons pas étonnés de suivre le même chemin. Nous sommes si durs souvent que Christ nous forme par des brisements successifs, ces brisements qui extirpent de notre coeur naturel les égoïsmes, les jalousies, les colères et bien d’autres choses encore. Toutefois, notre parcours est accompagné de sa paix.

     – Jésus nous enseigne que la colère commence dans le coeur. « Quiconque hait son frère est un meurtrier » (I Jean 3:15).

     – La douceur de Christ n’est pas la douceur de la facilité qui ferme les yeux sur le péché – il a payé trop cher pour cela – et qui s’accommode d’un compromis avec le mal. Sa mort a ébranlé les bases de l’enfer et l’a vaincu. Lorsqu’il dit à la femme adultère : « Je ne te condamne pas… » une tendresse et un pardon infinis transparaissent dans ce fragment de phrase. Mais, il termine par une ferme injonction : « Va et ne pèche plus ! ».

     – Toutefois, il est le Maître de la bonté et de la douceur. Il a affirmé, en ce qui le concerne : « Je suis doux et humble de coeur » (Matthieu 11:29).

     – Pour les perdus, il va y avoir une colère du Seigneur. En Apocalypse 6:16 et 17, nous lisons: « Ils disaient aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous et cachez-nous loin de la face de celui qui est assis sur le trône et devant la colère de l’Agneau, car le grand jour de sa colère est venu et qui peut subsister ? »

SUR LE PLAN PRATIQUE, COMMENT RÉGLER LE PROBLÈME DE LA COLÈRE ?

A – Demander pardon.

     Le Seigneur ne se lasse pas de pardonner. Tim Lahaye, dans son livre « Comment vaincre la dépression ? » cite le cas d’un vieillard colérique qui devait demander pardon à Dieu et à sa femme, chaque jour, un nombre incalculable de fois. En une année, il était passé par une transformation complète. C’était un homme rayonnant. Les quatre mots : « Veux-tu me pardonner ? » contiennent une réelle humilité et contribuent à notre paix. Pardonner, c’est résoudre les problèmes d’une manière créative.

     – Si nous nous sommes mis en colère en pensée, demandons pardon à Dieu. Si nous nous sommes mis en colère contre quelqu’un, demandons pardon au Seigneur et à la personne.

B – Savoir que la colère n’est pas nécessairement mauvaise en soi……mais ne pas oublier :

     – que notre priorité doit rester l’amour. Si un père ne corrige pas son fils, l’aime-t-il vraiment ? Maints adultes de notre génération sont tellement désaxés pour n’avoir jamais été l’objet d’une colère aimante dans leur enfance.

     – que nous devons connaître nos limites. Si nous savons que notre « caractère court » va nous jouer un mauvais tour, retirons-nous un moment, avant que la discussion ne tourne à la violence. Un verset du livre des Proverbes illustre cette idée : « Retire-toi, avant que la dispute s’anime » (Prov. 17:14).

C – Reconnaître que nous sommes dans l’impossibilité de changer certaines situations.

     Se mettre en colère contre elles, concourt à détériorer notre relation avec Dieu et finit par nous plonger dans le désespoir. Il est possible que le Seigneur ne change jamais l’attitude et le caractère difficiles des personnes avec lesquelles nous vivons. Ne nous décourageons pas et prions. Un jour nous nous apercevrons qu’il nous a accordé la grâce de les accepter (II Cor. 7 à 9).

     Lorsque j’avais dix-huit ans, j’étais particulièrement impatiente. Il paraît que mon expression maussade reflétait clairement mes conflits intérieurs. Puis, selon II Corinthiens 5:17, je devins une nouvelle créature. Vers la cinquantaine, le Seigneur mit près de moi une collègue persécutrice. Elle tombait à bras raccourcis sur la moindre erreur professionnelle que je commettais et proclamait mon méfait dans tout le service. Et cela a duré à peu près quatre ans. Parfois, je devais m’échapper quelques minutes dans mon « lieu secret » pour prier et verser quelques larmes, puis je revenais apaisée.

     Un matin, j’entrais dans le service au moment où elle faisait une remarque cinglante, à laquelle je pris le temps de répliquer calmement. Je ne me souviens plus de ma réponse, mais elle s’exclama publiquement : « On ne la mettra donc jamais en colère ! » Et je pensai : « Pendant toutes ces années, c’était cela qu’elle recherchait ! Et je ne m’en étais même pas aperçue ».

     Lorsque la colère menace de nous tenir à nouveau prisonniers, confions-nous à un ami qui nous connaît bien, il priera avec nous pour la victoire. Cependant, rappelons-nous que notre meilleur ami ne nous comprend jamais à cent pour cent. Il y a toujours un point de notre combat qui lui échappe. Le seul ami véritable, c’est le Père céleste lui-même et c’est à Lui qu’il nous faut aller.

     Ne nous décourageons pas, selon Phil. 1:6, nous serons parfaits pour le rendez-vous d’En-Haut. L’école de Jésus-Christ est le seul endroit où l’examen final soit toujours réussi.

Andrée DUFOUR