Après quelques décennies de croissance du nombre d’Églises protestantes évangéliques, le problème de la relève se pose de façon de plus en plus aiguë. D’une part les pasteurs et les implanteurs de la génération baby-boom approchent de la retraite. D’autre part un pourcentage non-négligeable de ces Églises a été fondé par des missionnaires étrangers. Dans ce contexte, le nombre d’étudiants inscrits dans les instituts bibliques et les facultés de théologie évangélique en France est loin d’être suffisant, surtout en ce qui concerne les étudiants d’origine française. Confronté à cet important enjeu dans ses multiples activités, David Brown a tout de suite été interpellé par le témoignage des Églises d’Australie qui ont pris ce problème à bras-le-corps. Il en a fait part à la FEF qui souhaite contribuer à relever ce grand défi dans le cadre de ses missions de courant spirituel spécifique. Elle a confié la coordination de ce projet à Pierre-Yves Wurtz, membre du comité national.
Quelles sont les causes de ce déficit au niveau de la relève ?
Elles sont multiples et touchent à plusieurs domaines de la vie de l’Église: le manque de finances pour soutenir les étudiants pendant leurs études de théologie, le défi d’embaucher un pasteur en assurant un salaire décent… Il faudrait éviter des réponses simplistes à la question du manque de candidats au ministère pastoral.
Néanmoins il semble qu’une autre raison, à peine perceptible, soit un grand frein quand on interroge les jeunes : ils ne pensent même pas que cette vocation puisse les concerner. Le ministère pastoral reste en effet pour eux assez mystérieux. Que fait le pasteur d’un dimanche à l’autre? En quoi consiste exactement le travail pastoral au quotidien? Comment devient-on pasteur ? Et puis le jeune qui commence à envisager ce «métier » risque de se poser bien des questions et… de ne pas avoir toujours des réponses encourageantes… Est-ce que j’aurais les dons et les compétences pour ce ministère? Puis-je gagner suffisamment bien ma vie pour y voir une éventuelle carrière, surtout si j’envisage de fonder une famille? Que penseront mes parents qui ont consacré de l’argent pour mes études si je change d’orientation aujourd’hui ?
Une découverte
Nous avons pris conscience au cours des derniers mois que les Églises évangéliques dans d’autres pays se sont trouvées confrontées à la même situation qu’en France et que certaines d’entre elles ont adopté une stratégie bien construite qui pourrait inspirer notre monde francophone. Leur stratégie vise à accroître le nombre de candidats qui se présentent pour une formation théologique et par là même le nombre effectif de ministères d’Église à l’issue de cette formation. L’un des plus intéressants est celui de l’Australie. On peut le représenter schématiquement de la façon suivante:
Ce sont les deux premières étapes qui sont véritablement innovantes. En France nous avons déjà des centres de formation efficaces et qui s’intéressent de plus en plus à l’entrée dans le ministère (4e année de stage, école pastorale…). Le problème central, me semble-t-il, se situe au niveau du recrutement – ou plutôt de la vocation de la personne et sa décision de se former.
1. Le défi
L’objectif est d’identifier les jeunes qui auraient le profil de serviteur, de leur présenter le «défi » de ce ministère à plein-temps, de les accompagner dans leur recherche de la volonté de Dieu par rapport à la vocation pastorale. Cela peut se faire de différents moyens, entre autres :
– par des documents explicatifs ;
– par des week-ends d’information sur le ministère;
– par des réseaux de candidats éventuels ;
– par l’accompagnement personnel dans la réflexion et la prière.
2. Le stage d’initiation
L’objectif est de proposer des stages pratiques auprès d’un pasteur pour tester la vocation de l’intéressé. Il est souvent préférable de vivre une expérience en situation réelle avant de s’engager dans une longue formation On évite ainsi la découverte tardive que l’on n’est pas fait pour le ministère… après 3 ou 4 années d’études.
L’aboutissement souhaité, bien entendu, c’est que le stagiaire se décide à entreprendre des études de théologie. Dans ce cas, la valeur ajoutée du stage, c’est qu’il profitera d’autant plus de ses études car il aura pris conscience des réalités du ministère. En revanche, si le stagiaire décide de ne pas poursuivre dans cette voie, ce qu’il aura vécu au cours de son stage lui permettra d’être mieux équipé pour servir au sein de son Église.
Comme vous l’imaginez la tâche est d’importance. Ce qui semble positif c’est qu’à différents niveaux, les responsables d’Églises et d’unions commencent à réaliser les enjeux de cette question. Pensant qu’il est de sa mission de contribuer à relever ce défi, la FEF s’est rapidement mise en route: une équipe sera opérationnelle à l’heure où vous lirez ces lignes.
David Brown,
pasteur de l’Église Protestante Évangélique de Paris-Villiers (France-Mission) et
Secrétaire général des GBU (Groupes Bibliques Universitaires) en 2010