Le comité national avait souhaité que l’assemblée générale 2009 trace de manière précise les orientations de la FEF comme courant spirituel. Deux temps forts ont ponctué cette assemblée: l’examen de l’identité de la FEF et l’échange sur la confession de foi. En voici un écho.

Le président donne l’orientation

Extrait du rapport moral de Dany Hameau, personnellement en charge du chantier de l’évolution de la FEF: «À l’ère du CNEF, le souci n’est pas de savoir comment la FEF va survivre mais bien plutôt comment la FEF doit évoluer ! Il est évident que la FEF est une famille spirituelle d’Églises dont le futur ne manque pas d’avenir ! La reconfiguration du paysage évangélique nous offre au moins les 2 opportunités suivantes : incarner clairement et paisiblement notre identité au sein du CNEF d’une part et d’autre part, discerner de nouvelles missions spécifiques à notre identité, non pourvues par le CNEF mais jugées nécessaires à nos associations. Suite à la décision de l’AG 2008 d’ouvrir de nouveaux chantiers internes à la FEF, plusieurs pistes ont été répertoriées : la formation, la réflexion théologique, l’évangélisation, le recrutement, la nécessité d’optimiser nos moyens et nos compétences en les mutualisant…

Il nous a semblé nécessaire de réaffirmer les valeurs fortes aux quelles nous croyons et qui constituent l’essence même de notre identité: d’une part, en redéfinissant de manière positive et spécifique les contours du courant spirituel incarné par la FEF; d’autre part, en actualisant notre confession de foi.

L’année 2009 permettra de finaliser la mise à jour de nos documents fondamentaux. L’AG 2010 devrait voir l’adoption d’une nouvelle confession de foi, de statuts et règlement intérieur remaniés. » 

L’identité de la FEF

Lors de la rencontre, en mai 2008, du comité national de la FEF avec les présidents d’unions d’Églises et les délégués régionaux, une demande a été unanimement et fortement exprimée: pouvoir se définir sans complexe et positivement en rédigeant une formulation commune de notre identité de courant spirituel FEF. Un groupe s’est mis au travail pour répondre à cette demande. Il a proposé un texte, présenté lors de l’AG. Celle-ci a d’ailleurs suggéré quelques modifications prises en compte dans le texte ci-joint. Ce dernier pourra être encore amendé au cours de 2009 voire actualisé au cours des années. Il est conçu pour être un outil de communication: court, clair, positif. Il ne peut donc avoir la même précision que la confession de foi par exemple. 

Une confession de foi complétée et actualisée Pour reprendre les propos d’un participant à l’AG 2008, la FEF se montre adulte en osant maintenant établir des rapports avec les autres branches du monde évangélique tout en étant sûre de ce qu’elle incarne comme valeurs et choix théologiques. Voilà l’état d’esprit qui a présidé dans le travail entrepris pour préciser et compléter la confession de foi de la FEF.

Il nous faut aussi tenir compte de l’évolution du contexte du monde évangélique mondial et, pour la part qui nous revient, en prévenir les dangers : c’est dans ce sens qu’on a évoqué l’actualisation de la confession de foi.

Pour mieux comprendre l’orientation de ce travail, lisez attentivement l’introduction ci-jointe à la présentation de la confession de foi. Sylvain Romerowsky, président de la commission théologique de la FEF et Professeur à l’Institut Biblique de Nogent sur Marne, l’a présentée à l’assemblée avant d’entamer l’échange.

Cette confession de foi revisitée est à disposition de toutes les associations membres de la FEF: nous les invitons à l’examiner de près et à formuler toute suggestion utile au secrétaire général de la FEF (c.diedrichs@lafef.com) avant le 1er juin prochain. 

L’étape suivante: quelles missions pour la FEF

L’identité de la FEF étant précisée, il reste à mettre sur le métier la question des missions de la FEF. Ce questionnement, salutaire pour toute association, vise à vérifier d’une part si les missions actuelles correspondent aux besoins dans un contexte qui a évolué, et si, d’autre part, d’autres missions ne sont pas devenues nécessaires sans pour autant vouloir empiéter sur celles des unions d’Églises.

Cette réflexion n’a pu débuter en AG: elle commencera plutôt par l’envoi d’un questionnaire à tous les membres de la FEF, en distinguant trois groupes qui pourraient émettre des besoins différents : les unions d’Églises et leurs Églises locales, les Églises dites indépendantes, les œuvres. Elle se poursuivra lors d’un séminaire avec les présidents d’unions d’Églises et les délégués régionaux, les 27 et 28 mai prochains, pour déboucher sur une présentation lors de l’AG 2010. 

Clément Diedrichs,
Secrétaire général de la FEF (en 2010)

 

Identité de la Fédération Évangélique de France

A – La Fédération Évangélique de France regroupe des Églises protestantes évangéliques de type professant1
qui croient et enseignent que l’on devient chrétien en répondant positivement et personnellement à l’offre de salut en Jésus-Christ. Le baptême de croyants fait suite à la conversion et témoigne de l’engagement à rechercher la sanctification, dans la communion et la consécration au sein de l’église locale.

B – Ses membres sont de fervents défenseurs de l’inspiration et de l’autorité de la Bible, autorité souveraine en matière de foi et de vie,
dans le respect de sa diversité interne et du contexte historique de la révélation. Ils sont attachés au sens premier des déclarations bibliques. Ils souscrivent aux grands symboles qui définissent la foi chrétienne comme le symbole dit des apôtres et celui de Nicée-Constantinople, et adhèrent aux grands principes de la Réforme, tout en reconnaissant une légitime diversité de points de vue sur des sujets de moindre importance.

C – Ils prônent une éthique établie sur les principes bibliques,
et fondent leur réflexion et leurs pratiques sur l’Écriture sainte.

D – Ils croient à la primauté de l’Écriture sur l’expérience et à la cohérence nécessaire entre la manifestation du fruit de l’Esprit et l’exercice des différents dons spirituels et ministères.
Le baptême du Saint-Esprit est indissociable de la nouvelle naissance et se manifeste par la recherche de la sainteté, l’amour pour le Seigneur et pour les frères. La plénitude du Saint-Esprit, accessible à chaque enfant de Dieu, découle de la foi et de l’obéissance à la Parole de Dieu. Ils souhaitent promouvoir une spiritualité vivante, centrée sur la personne du Dieu trinitaire, qui maintienne l’équilibre entre la raison et les émotions, la doctrine et la pratique.

E – Ils reconnaissent que de nombreux chrétiens partagent tout ou partie de ces convictions.
Ils croient qu’il est souhaitable d’entretenir des relations respectueuses avec des institutions ou des personnes qui ne les partagent pas, tout en tenant leurs distances à l’égard du relativisme doctrinal et éthique et de projets œcuméniques institutionnels incompatibles avec leurs principes. 

Version proposée par le Comité National de la FEF du 9 décembre 2008 et amendé lors de l’assemblée générale du 31 janvier 2009.

 


NOTE

1 La FEF regroupe plus largement des Unions d’Églises, des Églises locales et des œuvres.

 

Pourquoi une nouvelle confession de foi pour la FEF?

Cette Église est une colonne qui proclame la vérité, un lieu où la vérité est fermement établie (1 Tim. 3 : 15b – Version Semeur).

Pourquoi une nouvelle confession de foi pour la FEF ? Il a semblé que nous devions pouvoir affirmer, positivement, ce que nous croyons, les doctrines mais aussi l’éthique, qui sont les convictions évangéliques, qui définissent notre identité en tant qu’évangéliques, de façon plus développée. On est notamment frappé de constater que nous avions jusqu’ici un texte élaboré sur l’œuvre du Saint-Esprit et que d’autres doctrines au moins tout aussi importantes ne recevaient qu’un traitement limité. Nous avons donc voulu intégrer les affirmations sur l’œuvre de l’Esprit dans la confession de foi et développer davantage les autres articles. S’est aussi imposée la nécessité d’un texte solide et suffisamment précis pour faire face aux périls qui menacent.

Aux XIXe et XXe siècles qui ont vu l’essor du mouvement évangélique, il s’est surtout agi pour nous évangéliques d’affirmer nos positions sur la base de l’Écriture et de les défendre face au catholicisme et au libéralisme qui nous sont extérieurs. Les choses sont désormais en train de changer très rapidement. Lorsque Paul était en route pour Jérusalem, il s’est arrêté à Milet, y a fait venir les responsables de l’Église d’Éphèse et leur a tenu un discours qui devient pour nous aujourd’hui d’une brûlante actualité :
Veillez donc sur vous-mêmes et sur tout le troupeau de l’Église que le Saint-Esprit a confié à votre garde. Comme de bons bergers, prenez soin de l’Église de Dieu qu’il s’est acquise par son sacrifice. Je le sais: quand je ne serai plus là, des loups féroces se glisseront parmi vous, et ils seront sans pitié pour le troupeau. De vos propres rangs surgiront des hommes qui emploieront un langage mensonger pour se faire des disciples. Soyez donc vigilants (Actes 20 : 28-31)!

Pour comprendre ce qui est en train de se passer dans notre monde évangélique, on peut recommander les ouvrages de Mark Noll et de David Wells1 . Dans No Place for Truth, D. Wells considère l’état du monde évangélique aux États-Unis dans les années 80. Et il le voit comme un lieu où il n’y a plus de place pour la vérité (contrairement à la conception de l’Église énoncée par Paul en 1 Tim. 3), emporté par le raz-de-marée de l’ultra-modernité. Ce qu’il décrit ressemble fort à ce que l’on peut observer en partie en France aujourd’hui.

Dans un livre qui traite des évangéliques post-conservateurs et de l’Église émergente, Ronald Gleason écrit: «Depuis quelques décennies apparaissent des signes indiquant que ce qui se nomme mouvement évangélique s’est engagé sur une voie qui le mène lentement à une mort certaine2 ».

On peut trouver que c’est exagéré, qu’il ne faut pas généraliser. Mais si l’Église est une colonne qui proclame la vérité, un lieu où la vérité est fermement établie, là où il n’y a plus de place pour la vérité, il n’y a plus d’Église. Là où la saine doctrine ou l’éthique biblique sont battues en brèche, il n’y a plus d’évangéliques dignes de ce nom.

Alors je voudrais vous laisser cette pensée. Il est formidable, il est enthousiasmant de bâtir des ponts! Mais lorsque les digues cèdent sous la poussée des eaux, les ponts ne résistent pas bien longtemps. Lorsqu’on veut bâtir des ponts, il faut s’assurer de la solidité des digues, et les consolider si besoin est. C’est là la raison d’être de la confession de foi qui vous est proposée. Ce n’est cependant qu’un élément, car on ne peut pas tout dire, ni tout résoudre, par une confession de foi.

D’après David Wells, bien des Églises dites évangéliques ont encore une confession de foi évangélique, mais celle-ci ne joue plus aucun rôle dans leur pensée et leur vie. Je souhaite, j’espère, je demande à Dieu que notre confession de foi ne soit pas un simple texte administratif auquel on adhère par formalité, mais qu’elle prenne toute sa place dans le bon combat pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes et consignée dans la Bible, seule autorité absolue, et qui possède cette autorité dans toutes ses parties.

Que Dieu vienne à notre secours, en Jésus-Christ notre Seigneur, et par son Esprit! 

S. Romerowski,
président de la Commission théologique de la FEF en 2010
(extrait du discours d’introduction à l’échange sur la proposition de confession de foi lors de l’AG du 31 janvier 2009).

 


NOTES

1 The Scandal of the Evangelical Mind, Grand Rapids, Eerdmans, 1994.

2 No Place for Truth, Or Whatever Happened to Evangelical Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 1993; Losing our Virtue : Why the Church Must Recover its Moral Vision, Grand Rapids, Eerdmans, 1998; Above all Earthly Powers: Christ in a Postmodern World, Grand Rapids, Eerdmans, 2005; The Courage to Be Protestant; Grand Rapids, Eerdmans, 2008.

3 «There are, and have been for at least a couple of decades now, signs that what has come to be known as ‘evangelicalism’, has been dying a slow but certain death» (Gary L.W. Johnson & Ronald N. Gleason, ed., Reforming or Conforming? Post-conservative Evangelicals and the Emerging Church, p. 166.