Saynète de Noël en 5 actes
Personnages :
Louis Guérard
Monique Guérard, sa femme
Raymond et Léa Batoux
Leurs enfants Lydia, 19 ans
Martial, 18 ans – Armelle 16 ans
Thomas Vertel, le Pasteur
Des figurants, les clients du café
ACTE I
PERSONNAGES :
Louis et Monique Guérard, les tenanciers du café.
Raymond Batoux et Lydia, sa fille. Des clients.
DECOR :
L’intérieur classique d’un café. Au fond, une étagère avec des bouteilles, des verres, etc. Un comptoir, quelques tables. Aux murs des gravures publicitaires concernant des marques d’apéritifs.
CIRCONSTANCES :
Le patron va d’une table à l’autre, sert des clients, essuie des verres.
(Facultatif) Un fond musical.
En scène, au début, les clients, Louis et Raymond, puis Lydia et Monique
Un client : (Il appelle le patron) Hé patron, deux pastis !
Louis : Voilà… voilà…
2e client : Et moi, une bière.
Lydia : (Elle entre et se dirige vers une table où un homme ivre somnole. Parfois, il relève la tête et regarde vaguement autour de lui.) Papa, je suis venue te chercher.
Raymond : Va-t-en ! C’est pas ta place ici. (Il recommence à dormir).
Louis : La revoilà, celle-là !
Un client : Fous la dehors ! Elle va encore nous parler de son Jésus et ça nous porte malheur !
Lydia : (Elle s’adosse au mur et les regarde) Pourtant, je ne fais de mal à personne. J’attends seulement mon père en silence, sans le moindre bruit.
Un client : Justement ! C’est ça qui nous dérange ! Pourquoi tu ne piques pas une colère comme les autres bonnes femmes qui se pointent de temps en temps ?
Lydia : Parce que le Dieu que je sers est un Maître doux.
Louis : Ton Maître ! Ton Maitre ! Tu nous fais rire. (Il hausse les épaules).
Un client : Pourquoi tu t’intéresses tellement à ton ivrogne de père. Regarde-le.
(Mimiques de Raymond).
Lydia : Quand je le regarde, je vois quelqu’un que le Seigneur aime et pour lequel il a donné sa vie. (Monique entre).
Un client : Elle t’a cloué le bec ! T’as pas grand chose à répondre à ça…
Monique : Tu nous dis des bonnes paroles, ma petite, mais ce matin, ton père a touché sa paie et il est plus saoûl que jamais.
Lydia : Oh I vous savez, Madame, il y avait deux bandits sur la croix. Ce n’étaient pas des petits saints, mais, parce que l’un des deux a reconnu qu’il était un type fini, perdu, et qu’il a eu le courage de demander pardon pour ses crimes, Jésus lui a ouvert la porte du Paradis. Mon père n’est pas pire que ce bandit !
Monique : Lydia, tu as sans doute raison, mais ça me fait mal de te voir essayer de ramener ton père dans le droit chemin sans réussir à rien.
Un client : D’abord, ta place n’est pas dans un bistrot, une fille jeune et propre comme toi. Rentre à la maison, va…
Monique : Laissons-la tranquille, elle ne nous gêne pas, et elle pense que c’est son devoir d’agir de cette façon-là.
Louis : Toi, arrête de faire du sentiment. Moi, je suis de l’avis contraire ! Je dis qu’elle nous gêne. Une fille qui prêche dans un café, ça ne plait guère aux consommateurs. Que son père aille boire ailleurs, si on ne veut pas fermer la boutique !
Un client : Hé patron ! Arrête tes discours ! Une tournée pour cette table ! Y fait soif, ici !
Louis : D’accord, j’arrive. (Il sert les clients, puis s’adresse à Lydia) Ecoute, ma petite ! Je sais qu’avec toi, on n’aura pas le dernier mot. Tu vas rester là, sans bouger, jusqu’à ce que ton père se décide à partir. Une fille comme toi, ça fait fuir la clientèle.
(A Raymond) Allez, ouste ! Dehors, l’ivrogne !
(Il aide Raymond à quitter sa place).
Raymond : T’as pas le droit… C’est pas humain…
Lydia : Viens, Papa. Tu seras mieux à la maison.
(Raymond part lentement, trébuchant, appuyé sur sa fille.)
Un client : C’est fou de perdre son temps avec un père pareil.
2e client : Tu as entendu ? Elle a dit que le Seigneur l’aime. Si seulement ma fille m’avait dit ça un jour.
(Louis revient. On entend un crissement de pneus et le fracas d’un accident.)
Monique : Oh! Un accident ! C’est le Raymond ! ll a dû passer sous une voiture… (Brouhaha. Louis entrouvre la porte).
Louis : Mais, c’est la fille qui est blessée ! Lui, il est encore debout !
RIDEAU
ACTE 2
PERSONNAGES :
Léa, Armelle et Martial Batoux. Louis Guérard. Un client.
DECOR :
La salle à manger de la famille Batoux.
CIRCONSTANCES :
Au début, Léa, Martial et Armelle discutent.
Martial : (Il va et vient, il est en colère) Enfin, Maman, tu avais la possibilité de quitter Papa, il y a une quinzaine d’années. Pourquoi ne l’as-tu pas fait ? Notre jeunesse a été gâchée par ses saoûleries.
Armelle : Oh! Martial, ne gronde pas Maman ! En ce moment, Lydia est à l’hôpital, sur la table d’opération, et toi, tu cries !
Martial : Oui, je crie ! On aurait pu avoir une autre vie sans… sans…
Léa : (Doucement) Sans quoi, mon fils ?
Martial : Sans ta douceur. Pardonner, toujours pardonner, ça rime à quoi dans notre société !
Armelle : Lydia aussi a choisi de pardonner. Hier, nous devions commencer les achats de Noël. Elle a préféré rejoindre Papa. Elle a fait de son mieux, comme d’habitude.
Martial : Drôle d’habitude… et tu vois le résultat !
Armelle : Et Papa, qui a disparu… J’ai peur pour lui.
Martial : Ah non ! Tu ne vas pas te mettre à le plaindre, il nous a fait assez de mal !
Armelle : Je ne le plains pas vraiment bien que ce soit pitoyable. Mais, ce que je ne veux pas c’est que tu accuses Maman comme tu le fais. C’est profondément injuste.
Léa : Je m’efforce de te comprendre, Martial. Au fond, tu m’en veux de vous avoir imposé ton père.
Martial : Exactement ! Quelle est l’image de notre famille : Lydia, une fille super qui passe sous une voiture pour ramener à la maison un père alcoolique, et toi, une mère que le travail a usée…
Armelle : (Hors d’elle) Martial, tu dis des horreurs ! Avec l’aide du Seigneur, Maman a maintenu la vie de famille. Tu aurais donc voulu qu’elle divorce ?
Martial : Pourquoi pas ?
Armelle : Alors, prouve-moi que tes copains dont les parents ont divorce sont des gars heureux !
Léa : Du calme, mes enfants.
Martial : Si seulement j’avais eu un frère au lieu d’être entouré de trois femmes qui prêchent la douceur, l’amour et le pardon ! J’vous préviens, le vieux n’a pas intérêt à se trouver sur ma route en ce moment! (ll sort en claquant la porte).
Armelle : (Elle se jette dans les bras de sa mère) Oh ! Maman ! Il est devenu fou, ou quoi ?
Léa : Ma chérie, il est surtout révolté et malheureux.
Armelle : Certainement.
Léa : Armelle, je n’ai plus le temps de m’attendrir sur les états d’âme de chacun. Je pars très vite prendre des nouvelles de Lydia.
Armelle : (Elle mesure ses mots) Maman, tu sais, il ne faut pas tenir compte des reproches de Martial, c’est le désespoir qui lui fait dire des mots blessants. Tu nous as élevés honorablement malgré le… le… défaut de Papa. Ça n’a pas du être facile tous les jours pour toi.
Léa : J’ai sans doute fait des erreurs, mais j’ai voulu le meilleur pour vous. (Elle met son manteau et se prépare à sortir) Tenons-nous en aux paroles de Jésus qui a dit : « Efforçons-nous de rejeter sur lui tous nos soucis, car lui-même prend soin de nous ».
Armelle : C’est consolant de pouvoir être apaisés par de si belles promesses en un moment pareil.
Oh ! Si seulement le rêve de Lydia pouvait se réaliser à Noël !
Léa : Quel rêve ?
Armelle : C’est un rêve tellement beau pour notre famille… mais irréalisable si Dieu ne fait pas un miracle.
Léa : Alors, fais confiance au Seigneur. Au revoir, ma chérie. Tu gardes la maison, et si ton père revient…
Armelle : Ne te fais pas de souci, Maman. Je m’en occuperai.
(Quand sa mère est sortie, Armelle se met à genoux et elle prie).
« Seigneur, tu vois notre famille désunie. Le péché a fait des ravages chez nous, mais tu as dit que la victoire qui triomphe du monde, C’est notre foi. S’il te plait, réponds à la requête de Lydia qui avait formé un souhait particulier pour Noël, et… mon père, si c’est ta volonté, guéris-la. Amen! »
(Le téléphone sonne).
Allo… Ici Armelle… Ah, c’est vous, Madame Guérard ! Non, nous n’avons pas de nouvelles. Ma mère est partie à l’hôpital. Nous avons tous du chagrin, mais nous ne voulons pas perdre de vue que le Seigneur Jésus a permis cela. Même si nous n’y voyons pas très clair, Lui, il est au courant. Il ne nous délaissera pas… Oh, non, ne vous faites pas de reproches… Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ? Si vous recommenciez votre vie, vous ne voudriez plus tenir un café ! Vous voudriez repartir à zéro… Oui ! Oui, tout est possible !
(On frappe à la porte).
On frappe à notre porte. Je dois raccrocher. Merci de votre appel, et je vous donnerai des nouvelles de Lydia dès que ma mère sera de retour. Au revoir !
Louis : (Il est énervé.) Bonjour Armelle. Oh, si vous saviez quelle nuit de cauchemar j’ai passée ! Est-ce que c’est grave ? Est-ce qu’elle a été opérée ?
Armelle : Nous ne savons pas encore.
Louis : Tu comprends, Armelle, si je ne les avais pas fichus à la porte, ta soeur ne serait pas à l’hôpital. J’ai des remords. Et ton père, savoir où il a disparu ? Tu vois pas qu’il ait eu l’idée de se jeter à l’eau ? Sans en avoir l’air, sa Lydia, il l’aime bien.
Armelle : Monsieur Guérard, ne dramatisez pas !
Louis : Tout le village est contre nous, maintenant.
Armelle : C’est terrible aussi pour vous. J’aimerais vous consoler en vous disant que, malgré ce drame, « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » !
Louis : Ah…. toi aussi, tu causes comme ta soeur ?
Armelle : Oui, parce qu’un jour nous avons dit oui au Seigneur.
(On frappe).
Un client : (Il est essoufflé) Patron, venez vite ! Son frère est allé chercher un copain à lui. Ils sont en train de saccager votre bistrot. Il dit qu’il veut venger sa soeur.
Armelle : Oh, non ! La violence… toujours la violence !
Le client : J’cours au commissariat. (Il ressort).
Louis : Quel malheur ! Quel malheur ! Et ma pauvre femme ? (Il est pris de panique) Armelle, excuse-moi, mais il faut que je la rejoigne.
(ll part).
Armelle : L’hôpital… la police… Et mon père que personne n’a retrouvé… Seigneur, ne nous abandonne pas !
RIDEAU
АСТЕ З
PERSONNAGES :
Armelle, Léa, Thomas Vertel.
DECOR :
Toujours la salle à manger des Batoux.
CIRCONSTANCES :
Au début, Armelle et Léa sont en scène. Plus tard, Thomas Vertel.
Une voix : C’est le soir de la même journée. Armelle a été avertie par téléphone de l’hôpital, que sa soeur a été opérée.
Armelle : Tu dis qu’on lui a amputé une jambe ! Mais, c’est affreux ! Et son avenir ? Ma pauvre soeurette… (Elle pleure).
Léa : (Elle entoure l’épaule de sa fille) Soyons fortes, ma chérie ! C’était certainement la seule solution. Malgré tout, cela aurait pu être pire. Avec une prothèse, elle marchera presque normalement, a dit le chirurgien.
Armelle : Tout de même, je ne m’imagine pas ma grande soeur infirme !
(Léa s’assied. Elle montre des signes de lassitude).
Quelle journée ! Nous ne pourrons jamais l’oublier !
Léa : J’ai du me rendre au commissariat, à cause de Martial. Les dégâts ne sont pas trop importants. Je crois que Martial va en être quitte pour la peur et une sérieuse note de frais !
Armelle : C’est triste, Maman. Notre famille se disloque !
Léa : Ne te décourage pas, ma chérie. Aussi longtemps que nous marcherons par la foi et non par la vue, il y aura de l’espoir pour nous cinq. Est-ce que nous avons des nouvelles de Papa ?
Armelle : Non, aucune ! Maman, j’aimerais que tu m’expliques pourquoi il s’est mis à boire. Quand j’étais petite, il ne buvait pas. J’ai conservé le souvenir d’un papa gentil et juste. Que s’est-il passé ?
Léa : Il boit pour oublier qu’il tourne le dos à Dieu. Il a connu l’Evangile, mais a toujours refusé de se tourner vers le Seigneur. Sa résistance le rend malheureux, alors il endort sa souffrance avec l’alcool.
Armelle : On pourrait appeler ça, la souffrance de la désobéissance.
Léa : En quelque sorte, oui.
(On frappe à la porte. Armelle va ouvrir).
Armelle : Oh, Monsieur Vertel, vous êtes la personne dont nous avions besoin. Votre visite nous réconforte. (Elle lui serre chaleureusement les mains).
Léa : Merci. Merci d’être venu. Asseyez-vous !
Thomas : Une rude journée, n’est-ce pas ? Mais il parait que l’heure la plus sombre de la nuit est celle qui précède l’aurore.
Armelle : Alors, j’aimerais que l’aurore ne tarde pas à se lever.
Thomas : Le but de ma visite est de vous rassurer sur le sort de votre mari. Dans son désarroi, il a eu l’idée de se réfugier chez nous.
Léa : Dieu soit loué ! (Elle pleure. Mimiques.) Il est vivant !
Armelle : (Avec affection) Oh, ma petite mère, les nerfs te lâchent, hein !
Thomas : Après toutes ces émotions, c’est bien compréhensible. Mais, j’ai une bonne nouvelle pour vous. Un jour, j’ai dit à Raymond : « Quand tu voudras t’arrêter de boire, je te donnerai un coup de main. Viens à la maison ». Il s’en est souvenu. Ma femme et moi, nous allons tout mettre en oeuvre pour l’aider dans ce combat. Nous avons pensé que le mieux était de le garder avec nous. L’accident a dû le dégriser et, maintenant, il est en souci pour vous tous.
Armelle : Mon père, il lui faut une double désintoxication, celle de l’âme et celle du corps. Ça va être une rude entreprise !
Thomas : Nous en sommes tous là, Armelle. Nous ne valons pas bien cher. Mais ne perdons jamais de vue que Dieu nous aime tous… à Lui, rien n’est impossible !
Léa : Comment allez-vous procéder avec mon mari ?
Thomas : Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, il va vivre chez nous aussi longtemps qu’il le faudra. Il partira chaque jour de la maison pour se rendre au travail. A sa façon, il vous aime tous, mais il est faible. Il ne veut revenir chez vous que lorsqu’il sera certain d’être devenu sobre. Il se méfie de lui-même.
Armelle : (Avec conviction) Il a bien raison. Il ne va pas rester trop longtemps sans s’intéresser à ce qui est arrivé à Lydia, j’espère ?
Thomas : Demain, j’irai le chercher après sa journée sur le chantier, et nous irons la voir ensemble à l’hôpital. Il est rempli de honte à son sujet.
Léa : Si cette honte est salutaire, si cette honte est pour son bien, alors je remercie mon Sauveur.
Thomas : (ll se lève et sort sa Bible.) Je vais vous lire un verset avant de vous quitter, dans le livre d’Esaïe, chapitre 30, verset 15 : « C’est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c’est dans le calme et la confiance que sera votre force. »
(il prie) « Seigneur Jésus, nous venons te remercier, de ce qu’un jour, toi, le Juste, tu t’es livré pour nous, injustes. Nous te louons, parce que nul n’est tombé trop bas pour toi. Ton amour manifesté a la croix sauve le plus pauvre type d’entre nous. Tu nous as prévenus que nous aurions des tribulations dans le monde, mais tu nous as aussi prévenus que tu étais notre Avocat et que tu plaidais pour chacun d’entre nous, auprès de Dieu, ton Père et notre Père. Seigneur, en ton nom, interviens afin de restaurer la famille entière, et d’en consoler chaque membre. Merci, ô notre Dieu, de ce que tu vas faire. Nous comptons sur ton soutien et sur ta grâce. Amen ! » (ll serre la main de Léa) Merci pour votre attitude de foi !
Armelle : Dans deux mois, c’est Noël. Croyez-vous qu’il sera revenu parmi nous ?
Thomas : Qui sait ? (ll part).
RIDEAU
ACTE 4
PERSONNAGES :
Lydia, dans un fauteuil roulant, une jambe repliée sous elle, puisqu’elle est unijambiste.
Martial
DECOR :
Toujours la salle à manger des Batoux.
CIRCONSTANCES :
Le frère et la soeur discutent.
Lydia : (Elle regarde le calendrier) Tiens ! Ça fait juste un mois que j’ai eu l’accident en sortant du café des Guérard…
Martial : Le bon Dieu et moi, il y a longtemps que nous sommes déconnectés : mais quand j’ai vu la terreur folle que j’ai inspirée à la Monique du café, je me suis dit que j’avais dégringolé bien bas. Faire peur aux gens, ce n’est pas un but dans cette vie. Je voulais seulement te venger.
Lydia : Martial, la Bible dit : « Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés » De plus, le Seigneur dit aussi « A moi la vengeance, à moi la rétribution ! ».
Martial : Oh, Lydia, tu me coinces encore. Je ne peux pas l’envoyer sur les roses, avec une jambe raccourcie. Et puis, il y a d’autres choses qui me coincent dans cette maison.
Lydia : Quoi, par exemple ?
Martial : Ce que le Pasteur est en train de faire avec le vieux. Oh, pardon, avec Papa. Deux fois, j’ai guetté le père à la sortie de son travail, il était propre, correct et se tenait bien droit. On va peut-être commencer à vivre comme des gens normaux. S’il n’y avait pas ton fauteuil roulant…!
Lydia : A l’heure actuelle, je pourrais me trouver dans le coma ou paralysée pour la vie. Ce n’est qu’une question de temps. Quand ma jambe sera cicatrisée, je porterai une prothèse. Je ne raterai même pas mon année d’études, puisque mes cours me sont maintenant envoyés par correspondance.
Martial : Lydia, tu m’étonneras toujours !
Lydia : Toi aussi, tu vas t’étonner toi-même, un de ces jours, quand tu seras sur la bonne voie.
(Le téléphone sonne, Martial va répondre).
Martial : Allo… Oh, c’est vous, Monsieur Guérard ? Oui, oui, je l’ai remarqué. Votre bistrot est fermé pour cause de maladie, c’est affiché… Ah !… c’est votre femme ?… Elle est en déprime ?… Elle voudrait parler à Lydia ? Ça ne va pas être facile, si vous dites que votre femme n’est pas en état de venir ! Attendez une minute, je vais voir ce que ma soeur en pense. (Il pose le téléphone et se dirige vers sa soeur).
Lydia : J’ai compris : Monique voudrait que j’aille la voir. Eh, bien, petit frère, tu vas m’y conduire !
Martial : (Il explose) Quoi ! Tu veux que je traverse tout le village avec cette brouette ! (il montre la chaise roulante) Et tu as vu la distance ?
Lydia : Ça nous fera prendre l’air et de plus cette femme a grand besoin d’être visitée.
Martial : C’est si urgent ? On ne peut pas attendre qu’Armelle ou Maman soit rentrée ?
Lydia : Il y a longtemps que Madame Guérard s’ouvre, peu à peu, à l’Evangile. Elle ne m’a jamais houspillée quand j’attendais Papa au café. Ce serait formidable si elle se tournait vers le Seigneur !
Martial : (Il grommelle, mécontent) Bon… bon… bon… Comme tête de mule, tu es réussie ! Mais tu as de la chance…
Lydia : Pourquoi ?
Martial : Oui, tu as de la chance, parce que tu es ma soeur et que je te trouve super. (Il se dirige vers le téléphone : ) Dites à votre femme que nous arrivons. Oh, Louis, vous ne pleurez pas, tout de même ! (Il raccroche, va vers Lydia, et commence à pousser la chaise roulante. En haussant les épaules, il dit : ) Ce gros dur de Louis, il pleure comme une fille.
Lydia : (Amusée) Moi, je connais un gros dur dont le coeur se ramollit et qui pousse une chaise roulante.
Martial : Oh!!!
RIDEAU
ACTE 5
PERSONNAGES :
Tous, mais ils arriveront à des moments différents.
DECOR :
Le café est transformé en une grande salle accueillante et claire. A droite, le coin salle à manger, à gauche, le coin salon, avec fauteuils, commode, etc. Au fond, le texte « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ».
On a conservé un petit bout du comptoir, sur lequel on a disposé soit la crèche, soit un sapin de Noël.
ACCESSOIRES :
Eléments décoratifs, outils, marteau, etc.
CIRCONSTANCES :
C’est le soir du 24 décembre. Entre les répliques, les acteurs s’occupent à décorer la salle, ou à mettre la table en vue du repas de Noël.
Monique : (Elle s’adresse au public. Elle est seule en scène).
Vous ne le reconnaissez plus, mon bistrot. Complètement changé. S’il a été transformé en une salle accueillante, c’est parce que mon coeur a été transformé. Voilà deux ans que Lydia vient chercher son père ou lui tenir compagnie pour l’empêcher de boire. Jamais elle n’a perdu patience. Quand même, un pareil entêtement de coeur, ça ne vous laisse pas indifférent ! Et cet accident terrible ! Quelle peur j’ai eue ! Alors, je me suis dit : « Monique, tu ne peux pas continuer à vivre sans Dieu. Tu ne peux pas continuer à faire boire des hommes et à ravager des foyers avec l’alcool. Il faut que tu apprennes à connaître ce Jésus qui fait la joie de Lydia et de sa maman ».
J’ai dit oui au Seigneur qui a quitté les cieux et qui a donné sa vie pour moi. Pour venir à la croix, il faut aussi venir à Bethlehem, à l’étable, là où Dieu s’est fait petit enfant. C’est pourquoi aujourd’hui nous fêtons notre premier vrai Noël.
Louis : (Il entre à son tour et montre sa femme).
Si vous croyez qu’elle m’a laissé en paix, eh bien vous vous trompez… Depuis que le Jésus de Lydia lui a complètement chaviré le coeur, je n’ai plus eu de repos : « Louis, il faut te tourner vers Jésus-Christ ! Il n’y a pas d’autre chemin, c’est grave, tu sais… Louis, il ne faut pas aller en enfer ! » qu’elle me répétait. Une heure après elle me chantait un autre refrain : « Depuis que j’ai donné mon coeur à Jésus, je ne peux plus voir ces ivrognes attablés sous mes yeux. Louis, je ne peux plus leur servir d’alcool, il va falloir arrêter notre commerce ».
Ou bien, elle pleurait dans la cuisine et me marmonnait : « Louis, ça ne va plus. Mon coeur est tourmenté. Il sera calme comme une eau tranquille quand tous les buveurs du secteur ne défileront plus ici ».
Ça m’a tellement travaillé la tête que je tombais à mon tour en déprime. Alors, j’ai voulu vérifier quelque chose. Je suis allé trouver le Raymond chez le Pasteur. Ce que ma femme me racontait, ça me suffisait pas, c’était très important pour moi d’entendre un autre son de cloches.
Monique : Pendant deux semaines entières, mon mari a disparu mystérieusement chaque soir, à la même heure. Il ne disait rien et je me faisais du souci, surtout que je me retrouvais seule avec les ivrognes et les joueurs de cartes habituels qui disaient des âneries devant leur litron.
Louis : Pendant quinze jours, j’ai regardé Raymond vivre sa nouvelle vie et ça m’a convaincu. J’me suis dit : « Si Jésus suffit pour Raymond, il doit suffire aussi pour moi ».
J’ai pas pu faire autrement que de dire oui au Seigneur. Voilà pourquoi, ce soir, c’est notre premier Noël de … enfin… de citoyens libres.
Monique : On vous explique tout ça pour que vous compreniez la situation et que vous sachiez que notre bistrot ne sera plus jamais un bistrot, mais un endroit où Jésus se sentira bien.
(On frappe, Raymond, Martial et Lydia entrent. L’un des deux hommes pousse la chaise roulante. Raymond est complètement changé. Il est habillé convenablement et il se tient droit. Salutations d’usage).
Martial : Salut, la compagnie !
Lydia : Bonsoir. Joyeux Noël, mes amis !
Louis : Joyeux Noël ! Entrez donc…
Raymond : Léa et Armelle nous suivent. Elles ont demandé que nous vous aidions à préparer ce Noël.
Martial : (Il regarde autour de lui) Hou… quel changement ! Bravo ! Vous avez réalisé un exploit en transformant ce café. C’est plutôt gai et accueillant.
(Pendant cette scène, les participants vont et viennent, ils continuent à décorer la pièce ou à mettre la table).
Monique : Martial, explique-nous comment tu es enfin arrivé à croire en Jésus !
Martial : Vous feriez mieux de me demander les raisons qui m’empêchaient de croire en Lui.
Louis : Ça se pourrait que je devine. Tu avais honte de celui-là ! (Il montre Raymond).
Martial : Plus que ça ! Je le haïssais de toutes mes forces.
Raymond : Il faut dire que je l’avais mérité.
Martial : La douceur, le pardon des offenses prêchés par ma mère et mes soeurs, ce n’était pas mon truc. La loi du plus fort, la politique du coup de poing, ça m’allait mieux.
Monique : Je n’ai jamais vu la violence régler les problèmes des pauvres types qui ont défilé dans ce café depuis des années. Au contraire, la violence a toujours aggravé leur drame personnel.
Raymond : Et les stupidités que nous étions capables de dire ! Et ces heures perdues… J’en ai honte, maintenant.
Lydia : En fait, ce soir, c’est la joie, parce que nous commémorons la venue de Celui qui peut nous sauver. De plus, Jésus, le Puissant, le Riche, a accepté de se faire pauvre.
Raymond : C’est ça, la victoire de la vie, elle est souvent du côté des petits, de ceux qu’on ne remarque pas.
Louis : Hé, gars ! Ça me fait plaisir de t’entendre parler comme quelqu’un qui a toute sa tête.
Martial : Oh, pas seulement la tête ! Nos coeurs aussi ont été nettoyés. Hein, Papa ? (Il lui donne une tape amicale).
Lydia : Remarquez bien que si Jésus est venu dans l’humilité, sa compassion n’était jamais de la faiblesse. Il a dit aux pharisiens de son temps : « Malheur à vous, hypocrites ! » ou bien, il a chassé avec le fouet les commerçants rapaces du temple.
Martial : Tu vois, ça me plaît, un Dieu ferme avec le péché et tendre avec le pécheur qui se repent.
(Armelle et Léa arrivent, les bras chargés de fleurs, de houx, etc).
Léa : Joyeux Noël à tous !
Monique : Joyeux Noël !
Armelle : J’ai l’impression que notre Seigneur fait de l’humour, ce soir !
Martial : Ah, bon ? Et pourquoi,
Armelle : Dans un ancien bistrot, fêter la naissance du Sauveur sans une goutte d’alcool, c’est amusant, non ?
Léa : Hum… Plutôt… C’est aussi mon opinion !
Raymond : En tout cas, je ne pourrais pas me retrouver en votre compagnie, si vous ne m’aviez pas pardonné, vous tous.
Armelle : Oh, Papa, les choses anciennes sont passées. La Bible dit que nous sommes de nouvelles créatures.
Raymond : Même si quelqu’un dans la famille l’a payé très cher ? (Geste d’affection pour Lydia).
Lydia : Oui, Papa, même cela. Mais le Christ Jésus l’a payé tellement plus cher que moi !
Léa : Lydia, il parait que tu avais formé un souhait spécial pour ce Noël ?
Lydia : (Tout le monde écoute.) Oui, un grand souhait ! J’avais demandé au Seigneur que toute ma famille soit sauvée, qu’elle réponde à l’appel de la croix. Jésus est allé plus loin que mon voeu puisque Monique et Louis lui ont aussi donné leur vie !
Monique : Et je prie afin que cette maison devienne un lieu où d’autres familles feront la paix avec le Sauveur du monde.
Armelle : (Elle s’avance au milieu de la scène.) J’ai écrit un petit poème pour cette occasion. Nous allons vous le lire :
Familles en péril, familles désunies,
Regardez à Jésus qui seul change les vies.
En venant à Noël, si fragile et si doux,
Ne l’oubliez jamais, Il va mourir pour vous.
Lydia : (Elle s’avance au milieu de la scène) Et voici la suite :
Familles, qui peinez sous un poids de souffrance,
Bethlehem est déjà le lieu de l’espérance,
Le rendez-vous d’amour, joyeux et solennel,
Où l’homme repentant rencontre l’Eternel.
Léa : (Elle s’avance également.) Et maintenant, la fin du poème :
Familles qui voulez partager sa victoire,
Le Fils ressuscité vous prendra dans sa gloire,
Quand au bout du chemin,
après tous vos combats,
Au paradis du Père, Il vous tendra les bras.
Après la dernière strophe, le pasteur et quelques jeunes entrent. Tous les participants chantent un cantique de Noël.