Croire en la parole de Dieu, c’est d’abord la comprendre. L’enfant est à l’âge ou l’on ne comprend pas tout et pourtant le message de la grâce de Dieu – que l’adulte parfois complique à loisir – lui est parfaitement accessible. « Le Royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent » dit l’Evangile.

C’est pourquoi il ne faut pas craindre d’enseigner la Parole de Dieu aux enfants. Il y va du salut de beaucoup.

1. IMPORTANCE DU SUJET

Une personne sur trois dans le monde est un enfant.
L’Eglise saura-t-elle discerner l’urgence de la tâche auprès de ce tiers de l’humanité ?

Dans le domaine de l’éducation, le monde nous devance. Il prend de plus en plus conscience de ses responsabilités vis-à-vis de l’enfant. Preuve en est la Déclaration des Droits de l’Enfant1 : « Les hommes et les femmes de toutes les nations reconnaissent que l’Humanité doit donner à l’enfant ce qu’elle a de meilleur et affirment leurs devoirs sur les points suivants : 1. Protection, 2. Aide, 3. Contribution au développement de l’enfant sur le plan matériel, moral et spirituel, 4.Assistance en cas de famine, de maladie, de déficience quelconque, d’inadaptation, d’abandon, 6. Secours en temps de détresse (priorité à l’enfant !), 7.Développement de ses qualités pour le service du prochain. »
Transposé sur le plan de la foi, ce programme ne laisserait aucun chrétien au chômage.

Les pédagogues s’entendent aussi sur le fait que l’avenir de l’adulte ne dépend en grande partie des premières années de sa vie. Les premières notions inculquées à l’enfant sont celles qu’il exploitera toute sa vie. Le prodigieux effort des enseignants pour aider les petits déjà à assimiler les connaissances qui croissent aujourd’hui à une vitesse vertigineuse, doit stimuler les chrétiens à l’action. « L’histoire de l’humanité prend de plus en plus la tournure d’une course entre l’éducation et la catastrophe. » Cette parole de H. Wells est plus actuelle que jamais, en particulier pour l’Eglise.


Les pays totalitaires.
Là, l’éducation commence dès l’âge le plus tendre, sans aucun scrupule de conditionnement ! Toute action des chrétiens auprès des enfants est considérée comme de la « propagande » et devient passible de sévères sanctions. Un chef d’un de ces pays a déclaré : « L’enfant de 5-6 ans se laisse modeler à notre gré : de 8-9 ans, il s’agit de le courber; de 16-17 ans, il faut le briser… » Si l’importance et l’impact de l’éducation sont reconnus par les gens du monde, par les pédagogues et par les adeptes d’idéologies totalitaires, elle est aussi soulignée avec force par Dieu. Qu’il suffise de se rappeler quelques textes bibliques: « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre, et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas » (Prov. 22:6). « Prenez à coeur toutes les paroles que je vous conjure aujourd’hui de recommander à vos enfants » (Deut. 32:46-47). « Pères,… élevez vos enfants en les instruisant selon le Seigneur » (voir aussi Ps. 78:5-7). Il s’agit donc d’un impératif qui n’est pas laissé à la libre appréciation de chacun.

2. CONDITIONNEMENT

Etre conditionné, c’est subir de l’extérieur ou de l’intérieur des pressions telles qu’on agit et émet des opinions sans que ce soit le fruit d’une réflexion ou d’un choix personnels. Les dictateurs, on le sait, sont des virtuoses du conditionnement.
Le conditionnement de l’extérieur. Les enfants de nos pays occidentaux subissent aussi d’innombrables pressions du monde extérieur : les exemples familiaux, l’école, l’irruption du monde des adultes dans leur vie d’enfants grâce à la télévision, la radio, les illustrés, le cinéma.

Le conditionnement de l’intérieur. Dans l’enfance, les images se fixent dans l’inconscient d’une manière indélébile. C’est à partir de ces éléments de base que l’adolescent, et plus tard l’adulte, vivra les nouvelles situations. A une époque ou le matérialisme athée conditionne les enfants au point de les détourner de Dieu, c’est une ruse diabolique que de jeter le discrédit sur l’éducation chrétienne et la proclamation de la Bonne Nouvelle du vrai Christ, l’Evangile étant dans le monde « éternelle semence de la liberté ».

Les détracteurs de l’éducation religieuse des enfants. On y distingue les incrédules, les négateurs du monde spirituel… Il y a les victimes d’un enseignement confondant morale et vie nouvelle par le Saint-Esprit. Il y a encore les gens bien informes de la doctrine évangélique, mais qui n’ont pu vérifier dans la vie des chrétiens de leur entourage la vérité de l’enseignement reçu, quoi leur dire, sinon les exhorter à se nourrir eux-mêmes du bon pain de l’Evangile, afin de donner envie aux enfants d’y goûter à leur tour.

3. L’EVANGILE POUR LES ENFANTS !

L’Evangile est remarquablement adapté à l’enfant. Pour entrer dans le Royaume, le Seigneur demande aux adultes de redevenir comme des enfants, de retrouver leur humilité qui accepte de tout recevoir.

L’enfant est créé pour la joie. Or, l’Evangile est la bonne nouvelle par excellence, capable de produire la joie la plus vraie, la plus pure, la plus durable.

L’enfant a besoin d’amour.
Aujourd’hui, les foyers offrent de moins en moins la sécurité affective indispensable à son développement harmonieux. Or, l’Evangile lui fait découvrir l’amour éternel du Père qui assume toujours toutes ses responsabilités à notre égard, cet amour qui nous enveloppe avant même que nous en prenions conscience.
L’enfant a besoin de vérité.
Lorsqu’on lui raconte une histoire, il commence par poser la question: « Est-ce qu’elle est vraie ? » Or, l’Evangile est incarné en Celui qui a dit : « Je suis la vérité » et qui nous est révélé dans l’Ecriture, la Parole vivante du Dieu de Vérité.
L’enfant a besoin d’autorité sinon il vit dans l’angoisse. Face à l’éclatement de la cellule familiale, à la démission paternelle, il est plus que jamais nécessaire de restructurer l’image des parents tels que Dieu les veut, en particulier l’image du Père. Dans la pensée de Dieu, père et mère devraient être les premiers évangélistes des enfants. On ne saurait donc les évangéliser sans chercher parallèlement à atteindre les parents. Le Diable s’évertue à disloquer la famille. L’Evangile, lui, rétablit des relations selon Dieu au sein de la trinité familiale : père-mère-enfant. Enfin, l’enfant a besoin d’activité. Or, l’Evangile n’a rien de statique. C’est une vie, une marche, un combat. Si l’enfant est entrainé dans cette action, non seulement il ne sera pas conditionné négativement, mais il se trouvera lui-même capable, le temps venu, d’assumer ses responsabilités d’adulte. Jésus-Christ fait de nous des êtres responsables.

N’oublions pas, cependant, que la meilleure nourriture est indigeste si elle est mal apprêtée. Il faut avouer qu’en dénonçant notre manière d’annoncer l’Evangile aux enfants, la critique parfois frappe juste. Soyons conscients des dangers qui nous guettent. Tout d’abord, la tentation d’impatience, qui consiste à exercer une pression sur l’enfant, dans le désir de récolter des fruits immédiats. Pour aider Dieu à ouvrir une âme d’enfant, nous risquons d’être très maladroits et de causer un tort irréparable.
Un autre danger est une profession de foi prématurée, basée sur une connaissance incomplète. Enseigner et évangéliser sont les deux faces d’un même ministère qui ne sont ni à opposer, ni à séparer, ni à confondre, mais qui doivent se compléter. Evangéliser sans être enseigné, c’est être guetté par la superficialité, c’est risquer de tomber dans le moralisme. Mettons encore en index.
• Un langage infantile.
• Un message simpliste qui se réduit à quelques vérités sans cesse rabâchées.
• Les appels trop souvent répétés, car la familiarité engendre le mépris.
• Les faux appels qui jouent sur le sentiment de la peur. La conversion n’est pas un point d’arrivée, mais le point de départ d’une marche à deux, où tout reste à découvrir et à apprendre. Mettons moins l’accent sur l’expérience à faire que sur les faits de la rédemption.
C’est Dieu qui sauve !
Le salut n’est pas une oeuvre que l’enfant doit accomplir en se convertissant, parfois pour faire plaisir à celui qui lui parle ! Ne tombons pas non plus dans le travers contraire qui consiste à ne jamais donner l’occasion de répondre personnellement à l’appel du Seigneur.

QUELQUES FAITS

• L’Ecriture affirme que le Seigneur veut – et peut se révéler au petit enfant déjà, qu’ll entretient des relations avec lui, qu’ll lui adresse la parole et l’écoute (Gen. 21:17; 1 Sam. 3:8-9; Ps. 8:3; Mat. 11:25: Marc 10:14; 2 Tim. 3:15). Jé. sus parle de « ces petits qui croient en moi ». La parabole de la brebis perdue de Matthieu 18:2, 6, 10-14 se rapporte particulièrement aux enfants.

• De très nombreux chrétiens ont fait le premier pas dans la vie chrétienne avant l’adolescence. Que d’enfants convertis dans une mission d’évangélisation ou dans un camp ont aujourd’hui fondé un foyer chrétien ou sont engagés dans le service de Dieu !

• Bien souvent des personnes reviennent au Seigneur après avoir délaissé dans l’adolescence ce qu’ils ont appris pendant l’enfance.

Lorsqu’une conversion n’est pas une simple décision de suivre le Seigneur, mais une oeuvre de régénération par le Saint-Esprit, c’est-à-dire lorsqu’elle est réelle, elle est durable. Dieu se plait à achever ce qu’ll a commencé.

PRIERE

• Que Dieu suscite une armée d’évangélistes et d’enseignants d’enfants, des hommes et des femmes connaissant l’Evangile de la grâce, qui en vivent et qui soient capables de mettre la vérité à la portée des enfants de telle manière que l’enseignement reçu par l’enfant d’aujourd’hui soit reconnu valable par l’adolescent et l’adulte de demain.

• Que Dieu réveille Son Eglise, afin que se multiplient les foyers chrétiens ou les enfants pourront grandir dans des conditions spirituelles normales, ayant sous les yeux l’incarnation de l’Evangile dans la vie de ceux qui les aiment.

• Que Dieu donne aux croyants la vision de devenir des « parents spirituels de remplacement » pour les enfants qui grandissent dans des foyers non chrétiens.

Si chaque chrétien prenait ici en France l’engagement de contacter plusieurs enfants pour leur parler du Sauveur, quelle brèche dans les rangs de l’Ennemi ! Qui se mettra au travail ? Ainsi, nous n’aurons pas seulement réfléchi à la question de l’évangélisation des enfants et de l’enseignement, mais répondu personnellement au dernier ordre du Ressuscité d’annoncer la Bonne Nouvelle à toute la création… c’est-à-dire aussi à tous les enfants de la création.

Tire d’un texte de C.-L. Benoit
Avec l’aimable autorisation de « Matthania Infos »


NOTES

1. Déclaration de Genève, publiée en 1957


LE PERE CHRETIEN ET SES ENFANTS

Méditez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.

Un riche père chrétien, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents;
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit, mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Méditez votre Bible, votre meilleur atout :
Lisez, fouillez, priez, ne laissez nulle place
Où votre oeil ne passe et ne repasse ».

Le père mort,
            les enfants vous relisent les Testaments.
De çà, de là, partout ; si bien qu’au bout d’un temps
Ils en prirent avantage.

D’argent ? – Point de caché ! Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que l’Evangile est un trésor.

Daniel BATEJAT

(Avec la complicité involontaire de Jean de la Fontaine
« Le Laboureur et ses enfants »)