Une loi est-elle nécessaire?
Le projet de loi sur l’euthanasie, présenté au Parlement Européen en avril 91 par le professeur Léon Schwarzenberg, cancérologue réputé et ancien ministre de la santé, amena les autorités politiques, médicales et religieuses à s’interroger à nouveau sur la question de l’euthanasie.
Une vieille pratique
Ce n’est pas seulement depuis le milieu de notre siècle que des associations humanistes luttent pour que l’homme puisse « mourir dans la dignité quand et où il veut. Platon, le philosophe grec, dans son projet d’Etat idéal « La République », et Thomas More dans son « Utopia » l’avaient déjà préconisé. Mais, depuis le début de ce siècle, l’humanité a vu apparaître une euthanasie évoluant vers l’eugénisme, comme l’Holocauste, sous le régime nazi, avec six millions de juifs et des milliers d’autres personnes, morts dans les fours crématoires.
Définition de l’euthanasie
Les défenseurs de l’euthanasie veulent que soit légalisé le droit de mourir « en douceur » Une « mort douce », telle est la signification première du terme, afin de ne pas souffrir. Ils précisent qu’il ne s’agit point d’eugénisme ou d’autres déviations mais du respect d’une volonté personnelle.
La pensée de vivre et de mourir sans souffrance est humaine : personne ne veut souffrir « inutilement », et nous appréhendons tous la douleur physique.
Euthanasie « passive » ou « active »
L’euthanasie dite passive consiste à ne plus rien entreprendre pour empêcher la mort (par exemple : débrancher les appareils maintenant artificiellement le patient en vie.
L’euthanasie active consiste à provoquer délibérément la mort « voulue en douceur » chez un patient, pour diverses raisons, à la demande de celui-ci et/ou de la famille, et/ou du corps médical.
Elle peut ainsi être volontaire (voulue par le malade), ou involontaire (le malade n’est pas consulté). La décision est prise par la famille et/ou par le corps médical. Elle peut être aussi non volontaire quand le malade voudrait continuer à vivre, mais que la famille et les médecins en décident autrement. Dans certains pays, comme les Pays-Bas1, ce type d’euthanasie est souvent pratiqué.
Le désir de maitriser sa destinée
Les associations prônant l’euthanasie se multiplient de nos jours. Elles existent dans presque chaque pays occidental. En France, l’association ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) est parmi les plus actives. Elle souhaite que ses membres rédigent une « déclaration de volonté » le « living will » des anglo-saxons comme les euthanasistes le font dans la plupart des états des USA. Dans cette déclaration de volonté, le déclarant nomme un proche chargé d’intervenir pour le faire mourir en douceur dès qu’il se trouvera dans une situation qu’il juge « indigne d’être vécue ». En France, cette « déclaration de volonté » ne s’impose pas au médecin car elle n’a pas de valeur juridique.
La vie et la mort nous appartiennent !
Telle est la philosophie de ceux qui réclament une loi sur l’euthanasie. Elle va de pair avec celle des associations féministes favorables à l’avortement : « un enfant quand et où je veux, et avec qui je veux ». Aussi le partisan de l’euthanasie proclame-t-il : « On m’a fait naître. Je décide donc de mourir quand je veux ».
Qu’en dit la Bible ?
La Bible annonce clairement que le Seigneur Jésus tient « les clés de la mort et du séjour des morts » (Ap. 1:8).
Dans Deutéronome 32:39, Dieu déclare : « Sachez donc que c’est moi qui suis Dieu, je fais vivre et je fais mourir… et personne ne délivre de ma main. »
Dans Ecclésiaste 8:8, nous lisons : « L’homme n’est pas maître de son souffle pour pouvoir le retenir et il n’a aucune puissance sur le jour de sa mort. »
Le sixième des dix commandements est formel: « Tu ne commettras pas de meurtre. » (Exode 20:13).
Si une euthanasie volontaire « réussit », Dieu l’aura permise. Mais, selon la Bible, les hommes pratiquant l’euthanasie pour décider un jour de leur mort ou de la mort de l’un de leurs proches, en porteront la responsabilité morale. Ils seront amenés en jugement pour leur acte. Tout projet de loi tendant donc à légaliser l’euthanasie, d’une manière ou d’une autre, est contraire à l’enseignement de la Bible !
Dérives et abus possibles
Connaissant combien le coeur de l’homme est « tortueux par-dessus tout » (Jér. 17:11), nous pouvons d’ailleurs facilement imaginer les possibles dérives et abus, suite à une légalisation de l’euthanasie.
Pour des raisons purement économiques, sociales ou personnelles, l’euthanasie sera pratiquée et la confiance dans le corps médical n’existera plus.
Or, les buts de la médecine sont :
Selon le serment d’Hippocrate, la médecine a un double objectif :
– faire tout son possible pour guérir le malade,
– faire tout son possible plus soulager le malade.
Quand le médecin ne peut plus pratiquer auprès d’un patient une médecine curative, son devoir est d’atténuer la douleur. Dans les cas de « phase terminale », ce sont donc les soins palliatifs2 qui doivent prévaloir. Et même si ces soins palliatifs risquaient parfois d’abréger la vie du malade, le processus naturel de la mort ne ferait que poursuivre son chemin. L’intention du médecin n’était pas d’abréger la vie du patient, mais de le soulager. La responsabilité du corps médical ne peut alors être mise en cause
Et le chrétien…
Le chrétien, qui a l’assurance de son salut, est absolument certain de son avenir : « …être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur » (Philippiens 1:23). Tout en souhaitant être auprès de son Sauveur, il devrait être « patient dans l’épreuve » Le Seigneur est près de ses enfants, même quand ils marchent dans la vallée de l’ombre de la mort (Psaume 23:4), et Il est avec eux. Les frères et soeurs de l’église sont aussi invités à soutenir ceux qui souffrent (Rom. 12:10-15). Le Seigneur appellera son enfant quand Lui-même le décidera.
Dr Béatrice Hatté, Pasteur Pierre Wheeler
Dépliant publié par la Commission d’Ethique de la FEF (05/98).
NOTES
1. Le journal « Ethics and Medecine » a publié un rapport dans lequel il est estimé que plus de personnes âgées meurent en Hollande par la pratique d’euthanasie involontaire que par l’euthanasie volontaire (voir Evangelical Times. Juillet 1992).
2. Soins palliatifs : soins qui visent à atténuer les symptômes d’une maladie sans agir sur sa cause.