« La multiplication des Églises : levons les obstacles »

Par Daniel Liechti, animateur de la commission Implantation d’Églises Nouvelles de la FEF.

À l’occasion du séminaire RÉMOP 2002, des groupes de travail ont prolongé et approfondi leur réflexion sur le thème général proposé. Il s’agissait de partager les idées et les expériences de chacun pour permettre d’identifier les obstacles à la multiplication des Églises évangéliques en France. Ensuite, il était souhaité que chaque groupe propose des démarches et des moyens pour surmonter les obstacles constatés.

Plusieurs dizaines de pasteurs ou missionnaires de diverses Unions et Missions travaillant dans le domaine de l’implantation d’Eglises ont ainsi livré le fruit de leurs partages sous la forme de constatations et de propositions concrètes. Pour plus de clarté, la réflexion s’est articulée autour de trois pôles que nous reproduisons dans ce texte : obstacles théologiques et spirituels, obstacles sociologiques, obstacles pratiques et stratégiques.

LEVER LES OBSTACLES THÉOLOGIQUES ET SPIRITUELS

Nous constatons :

  • que l’image de Dieu est souvent déformée ou que le mot « Dieu » n’est pas clairement défini. Par ailleurs, les offres spirituelles sont très nombreuses et diverses.
  • qu’il y a une certaine connaissance du christianisme, nourrie par une multitude d’informations souvent contradictoires, au détriment de celle du christianisme biblique.
  • que pour nos contemporains, il n’y a plus de certitudes : ni sur le monde, ni sur la société et ses responsables politiques, ni sur l’Église, ni sur Dieu lui-même.

Nous proposons :

  • de persévérer à semer et à proclamer l’Évangile avec sensibilité, tout en sachant que ce message sera perçu par beaucoup comme intolérable, voire scandaleux.
  • d’implorer Dieu pour qu’ll nous aide à avoir une foi cohérente, afin que nos actes soient conformes à nos paroles.
  • de communiquer à nos Églises la vision de l’évangélisation de toutes les nations, qui est la responsabilité de tous les croyants, chacun devant être prêt à en payer le prix.

 

LEVER LES OBSTACLES SOCIOLOGIQUES

Nous constatons :

  • que le modèle judéo-chrétien de la famille n’est plus normatif, d’où l’émergence de modèles différents favorisant l’individualisme.
  • un rejet des institutions et de l’autorité, conduisant à une instabilité de la société, privée de points de repères fixes.

Nous proposons :

  • d’enseigner les Écritures en invitant à vivre de manière cohérente et authentique.
  • de répondre aux besoins des personnes que nous accueillons par des services adaptés (pour familles monoparentales, etc.)
  • d’annoncer le « métarécit » de Dieu, capable de donner le cadre et le véritable sens à la vie.

 

LEVER LES OBSTACLES PRATIQUES ET STRATÉGIQUES

Nous constatons :

  • que la plupart des Eglises existantes ne fondent pas d’Églises-filles par manque de foi, de vision ou par crainte de ne pas en être capables.
  • qu’une focalisation sur l’essaimage comme unique méthode d’implantation ainsi que la méconnaissance d’autres stratégies éventuellement mieux adaptées aux petites Églises, freinent leur multiplication.
  • que le poids des structures et des charges parfois exagérées risquent de bloquer l’implantation d’Églises-filles.

Nous proposons :

  • de sensibiliser les membres d’Églises au salut des âmes et à la prière en faveur de l’implantation d’Églises nouvelles.
  • que les personnes chargées de l’enseignement dans les Églises et les Instituts théologiques communiquent par la théorie et leur exemple l’importance de l’implantation d’Eglises nouvelles.
  • de veiller à ce que le travail d’implantation à partir des Eglises existantes soit mené de front, tout en veillant à poursuivre leur propre édification.
  • que des Églises proches géographiquement mettent en commun leur potentiel pour fonder ensemble des Églises-filles en profitant de la diversité des dons.

Les ateliers de discussion et d’approfondissement lors de REMOP ont mis en évidence premièrement que les responsables d’églises ainsi réunis veulent aller de l’avant et être conquérant pour le Seigneur. C’est réjouissant. En effet, la France a besoin de plusieurs milliers d’Églises locales supplémentaires pour que l’Evangile soit partout « incarné » et visible.

Ils ont ensuite démontré que les obstacles n’étaient pas toujours là où on croyait nombreux sont malheureusement les obstacles « internes » dans nos Églises. Il ne faudrait pas les tolérer comme une fatalité, mais au contraire les combattre vigoureusement et courageusement.

Enfin, ils ont confirmé que l’Église répondait à de nombreuses aspirations de l’homme d’aujourd’hui cadre au sens de l’existence, souci d’une foi authentique et librement choisie, accueil de l’individu dans sa diversité, pour ne nommer que celles-là. Il faut donc persévérer dans l’implantation d’Églises nouvelles, certes par la foi et dans l’obéissance à l’appel du Seigneur valable en toutes circonstances, mais aussi en saisissant aujourd’hui avec audace les opportunités du temps présent.

Daniel Liechti