Chers amis,
De la réconciliation accueillie comme une bénédiction inespérée en 2001 à la constitution du CNEF vécue comme une grâce désirée en ce jour, la route a été plutôt brève (une dizaine d’années, qu’est-ce au regard de l’histoire ?) et relativement aisée. Ceci ne veut pas dire qu’elle a été parcourue sans efforts, ni sans renoncements. Il me paraît utile de saluer ici la détermination sans faille de la Fédération évangélique de France et de l’Alliance évangélique française dans ce processus exigeant. Et plus encore leur volonté de transférer tout ou partie de leurs missions à la nouvelle entité pour que soit possible « de manifester l’identité et l’unité du protestantisme évangélique français et de renforcer son témoignage » (art. 2 « objet » des statuts). Je veillerai en particulier avec le comité représentatif à ce que le CNEF reprenne bien à son compte « la vision et les engagements de l’AEF » comme il s’y est engagé dans sa charte (au paragraphe « identité »). Il me paraît utile ici de signaler le rôle décisif joué par trois personnes impliquées dans la genèse du CNEF première formule, mais aujourd’hui en retrait pour cause d’évolution dans leurs responsabilités. Je veux parler de Claude Grandjean, ancien président de l’AEF, Dominique Ferret et Jacques Mouyon, respectivement ancien secrétaire général et ancien président de la FEF.
Si la route de la fondation du CNEF a été plutôt brève et relativement facile, il y a fort à parier que la route de sa construction sera longue et probablement difficile. Nous avons devant nous, sœurs et frères, une tâche à la fois exaltante et exigeante. Exaltante, parce qu’au-delà des quatre missions de concertation, information, représentation et animation de projets, c’est la cause de l’Évangile que nous voulons faire progresser dans notre pays. Nous ne nous donnons pas la main d’association par pur pragmatisme – l’union fait la force – ou par simple désir de visibilité – les médias font la renommée. Non, nous voulons par-dessus tout rendre un témoignage plus audible à l’amour de Dieu en Jésus-Christ pour que des hommes et des femmes en plus grand nombre puissent être sauvés. Et c’est cette mission qui est exigeante.
Pour y parvenir, nous devrons à mon sens réussir trois choses :
1. Bâtir des relations saines
J’entends par là que ce que nous avons commencé au niveau national, il faudra l’encourager au niveau régional et local. Dans certains endroits, il existe déjà de belles relations entre nos unions d’Églises et nos œuvres qu’il faut impérativement soigner pour qu’elles résistent à l’épreuve du temps et des difficultés. Ailleurs, tout est à faire. Ayant appris à vivre dans une relative indifférence, il faudra un changement de mentalité pour apprendre à collaborer. Dans quelques lieux enfin, il y a des contentieux plus ou moins lourds et plus ou moins anciens qu’il faudra apprendre à surmonter en mettant en œuvre l’esprit de réconciliation auquel invite l’Évangile. La route de la construction sera longue, mais elle en vaut la peine. C’est aussi dans le domaine des relations saines que je veux inscrire les contacts avec la Fédération Protestante de France. Il n’a échappé à personne que l’institutionnalisation du CNEF a suscité quelques tensions qu’il nous appartient autant que cela dépende de nous d’apaiser. Nous nous y emploierons en cherchant à développer une concertation utile comme l’annonce notre charte (au paragraphe « Mission »).
2. Coordonner nos efforts d’évangélisation
Il ne s’agit pas ici de viser la fusion, mais bien la complémentarité. Nos unions d’Églises sont toutes impliquées, avec des réussites diverses, dans l’implantation de nouvelles Églises. Le champ de travail est immense et il devrait y avoir de la place pour tous sans que nous nous « marchions sur les pieds ». Et pourtant la réalité, c’est que nos efforts sont mal répartis, vécus parfois comme des concurrences et pas toujours sagement entrepris. Il faut donc à la fois prendre le temps de nous parler, de nous encourager dans une mission qui reste difficile et de coordonner nos efforts pour que nos villes puissent entendre le message de l’Évangile et avoir en leur sein des communautés évangéliques vivantes.
3. Communiquer sagement
Au moment où les médias s’intéressent davantage aux évangéliques, il me paraît important de ne pas céder à la tentation d’une parole trop rapide ou d’une exposition médiatique trop intense. Mesure et à propos donneront plus de poids à des interventions qui chercheront moins à attirer l’attention sur nous qu’à faire entendre l’importance de l’amour de Dieu et la pertinence de sa Parole pour un monde en déroute. L’exercice sera sans nul doute périlleux, mais nous nous y risquerons car nous croyons que le Seigneur nous y engage.
Je termine cette allocution par mot plus personnel. Lorsque j’ai été approché pour assurer cette présidence, j’ai été à la fois surpris et honoré. Après un temps d’hésitation, j’ai accepté d’abord parce qu’il s’agit travailler en équipe avec les codirecteurs, le bureau et bien sûr l’ensemble du comité représentatif ; j’ai accepté ensuite parce que mes « patrons » – j’entends par là les directeurs de l’Institut biblique de Nogent et le Doyen de la Faculté libre de théologie évangélique – m’y ont encouragé ; j’ai accepté enfin parce que ma femme ne s’y est pas opposée même si les absences qu’imposent mes engagements constituent pour elle un vrai renoncement. Avec l’aide de Dieu, j’espère honorer la confiance qui m’est faite et réclame vos prières non seulement pour moi, mais aussi pour nous tous qui allons exercer des responsabilités en votre nom et pour le bien commun.
Étienne Lhermenault