(Les chiffres de ce texte se rapportent aux paragraphes du « Catéchisme de l’Eglise Catholique »)

     Les jeunes gens de la ville de Leicester, en Grande Bretagne, (et dont j’étais), se moquaient gentiment dans les années d’après-guerre des termes latins des armoiries de cette ville qu’arboraient les vieux trams : « semper eadem » (=toujours le même). Ils désiraient l’arrivée des trolleys sur leurs rails de fer mal alignés. Mais « semper eadem » : trams et rails étaient inusables.
Nous pourrions tamponner ce catéchisme de ces mêmes termes : semper eadem. Au fond, rien n’a changé. Le Magistère romain conserve les mêmes (fausses) doctrines, bâtit toujours sur les mêmes (faux) dogmes et, par conséquent, reste la même (fausse) église, proclamant toujours : « Hors de l’Eglise, point de salut »1. Ceci malgré quelque 3000 citations de la Bible et mention faite surabondamment du Saint-Esprit. Que les intégristes de Mgr Lefebvre soient encouragés, et que les évangéliques qui dialoguent avec l’Eglise romaine soient avertis.

Origine de l’ouvrage

Le 25 janvier 1985, Jean-Paul II a convoqué une assemblée extraordinaire du Synode des évêques afin de marquer le 20e anniversaire de la clôture de Vatican II. Le but était de souligner le résultat positif de ce concile, mais aussi de voir comment les décisions prises alors pourraient être encore mieux exécutées. Au cours de cette assemblée, les Pères du Synode ont exprimé le souhait que soit « rédigé un compendium de toute la doctrine catholique tant sur la foi que sur la morale ». C’est ce que nous trouvons dans ce catéchisme, dont la rédaction a été confiée à douze cardinaux et évêques, présidés par le cardinal Joseph Ratzinger.

Contenu

La façon dont le contenu de ce volume de près de 700 pages est présenté suit d’assez près celle de certains catéchismes précédents.
– La première partie traite d’abord de la Révélation de Dieu (laquelle révélation d’ailleurs n’est PAS pour les catholiques l’Ecriture Sainte seule) et est complétée par un commentaire du Credo.
– La deuxième partie, « La célébration du mystère chrétien », explique surtout les sept sacrements de l’Eglise romaine.
– Tandis que la troisième partie présente « La vie dans le Christ »
C’est ce grand chapitre de l’ouvrage qui se rapporte à l’éthique et à la justice sociale. En sa deuxième section nous trouvons un commentaire des dix commandements dont certains paragraphes sont excellents. Cependant les dix commandements sont toujours mal énumérés : le premier et le second sont comme soudés ensemble et le dixième est encore scindé en deux. « Tu ne feras point d’image taillée » est donc cité, mais habilement contourné. La sculpture du serpent d’airain (voir Nombres 21:8-9) est donnée afin de justifier les images taillées ou idoles. Evidemment, la référence biblique de 2 Rois 18:4 n’est pas mentionnée ! (Nous nous demandons pourquoi le catéchisme n’a pas essayé de justifier le veau d’or, qui pourtant représentait l’Eternel ! Exode 32:4-6). Le catéchisme veut nous faire croire que ce commandement n’est lié qu’à l’ancienne alliance et que, pour ce qui concerne les idoles, « en s’incarnant, le fils de Dieu a inauguré une nouvelle économie des images » (2129-2132). Quelle exégèse ahurissante !
– La quatrième partie du livre concerne la prière chrétienne, « comme moyen de vivre dans une relation vivante et personnelle » avec Dieu. Pour vivre cette relation, la prière à Marie est présentée ipso facto comme en faisant partie intégrante (2558, 2673-2676).

Tromperie

Malgré les 3000 textes bibliques cités dans ce catéchisme – ce qui ferait croire que l’Eglise catholique se fonde continuellement sur la Bible pour tout ce qu’elle croit – nous devons constater que parfois, pour soutenir telle ou telle croyance, la Parole de Dieu est « faussement » citée. Ainsi est donnée à certaines doctrines romaines l’apparence de fondement biblique alors qu’il n’en est rien. Certes, dans un ouvrage de ce genre il n’est pas question de faire systématiquement de l’exégèse biblique pour soutenir toute doctrine énoncée. Pourtant, puisque Jean XXIII avait assigné aux pères conciliaires de Vatican II la tâche « de mieux expliquer le dépôt précieux de la doctrine chrétienne » aux fidèles et à tous les hommes de bonne volonté, le lecteur s’attend à ce que ce catéchisme fasse référence à la Bible et que les versets bibliques soient cités dans leur contexte. Force nous est de constater qu’il n’en est pas toujours ainsi.
Peut-être le plus frappant exemple de ces « fausses » citations est en rapport avec la doctrine romaine concernant Marie. Toutefois, le travail est très subtilement fait. Dans le paragraphe 492, nous avons cette forme de tromperie que nous prenons à titre d’exemple. Il y en a d’autres du même genre. Les quatre paragraphes 490-493 portent comme titre : « L’immaculée Conception » et le texte d’expliquer que l’Eglise catholique croit que Marie avait été rachetée dès sa conception.
Pour confirmer cette hérésie, nous lisons dans le paragraphe 492 que cette « sainteté absolument unique » dont elle est « enrichie dès le premier instant de sa conception » lui vient tout entière du Christ : elle est « rachetée de façon éminente en considération des mérites de son Fils ». Plus que toute autre personne créée, le Père l’a « bénie par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ » (Eph. 1:3). Il l’a « élue en Lui, dès avant la fondation du monde, pour être sainte et immaculée en sa présence, dans l’amour » (verset 4). Or, ce texte de l’apôtre Paul, adressé aux Ephésiens, se rapporte à toute l’Eglise de Jésus-Christ, incluant les croyants d’Ephese. Le citer donc, en le féminisant, comme s’il avait été écrit au sujet de Marie, c’est mentir ; c’est tromper le lecteur. Nous refusons une telle supercherie. Elle est d’autant plus grave que le catholicisme a en son sein d’excellents théologiens. Et ce n’est pas l’érudition qui leur manque.

Conclusion

Certains évangéliques osaient-ils espérer que des changements de doctrine allaient être présentés dans ce nouvel ouvrage ? Qu’ils se détrompent… Pour toujours. Car pour Jean-Paul II l’Ecriture Sainte n’est point la seule « autorité souveraine en matière de foi et de vie ». Elle ne le sera d’ailleurs jamais. Aussi son Eglise romaine reste pour lui la seule « vraie » église qui véhicule le salut aux hommes. Malgré l’ouverture aux autres religions (syncrétisme) et à la chrétienté en général (oecuménisme), réaffirmée encore dans ces pages, nous devons conclure que cette ouverture n’a été conçue que pour faciliter l’entrée de toute la chrétienté dans le giron de l’Eglise romaine (816,839-843). De par les structures de ce système religieux, ainsi que de par la conception que l’Eglise catholique a d’elle-même, il ne saurait, malheureusement, en être autrement. Semper eadem…

Pierre WHEELER

N.B. Nous reconnaissons qu’un grand nombre de catholiques sont sceptiques concernant plusieurs fausses doctrines explicitées dans ce catéchisme. Aussi, dans l’espoir de les aider davantage, certains évangéliques ne veulent pas se couper d’eux et ainsi collaborent parfois avec « Rome ».
Cependant, notre rôle n’est-il pas d’encourager les catholiques, nés de nouveau, à se séparer de l’Eglise romaine, à l’instar, justement, des premiers chrétiens juifs qui devaient se séparer du Judaïsme ? Que ces catholiques éclairés, donc mal à l’aise dans le catholicisme, se lèvent au nom de la vérité biblique et l’honnêteté, pour suivre Jésus « hors de la porte » (Hébreux 13:12-13).


NOTE

1 Cette parole est à la fois explicitée et modifiée dans le catéchisme même, au paragraphe 846 : « …ceux qui refuseraient soit d’entrer dans l’Eglise catholique, soit d’y persévérer, alors qu’ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient être sauvés ».