7 jours pour la France
(Du 11 au 17 octobre 2009)
La prière, un engagement !
Nous avons abordé ces dernières années la semaine de prière pour les autorités sous différents angles. Le devoir, l’ordre, la foi… sont de bons arguments, en principe, pour mobiliser l’assemblée locale en vu de l’intercession. Cependant nous constatons de manière générale peu d’enthousiasme pour nos réunions de prières. Les chrétiens manqueraient-ils de principes ?
Je voudrais vous parler d’engagement !
Prier pour les autorités trouve plusieurs motivations. Notre frère Martin Slabbekoorn développera cela dans la méditation qui suit. Mon approche, «complémentaire et redondante», sera de proposer la prière comme un engagement.
Si prier pour ceux qui nous gouvernent a pour effet de vivre en paix, alors nous jouirons de liberté et d’espaces afin d’annoncer Christ, la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu.
En résumé quand je prie pour les «autres » je prie aussi en particulier pour que je puisse m’engager dans la mission qui est donnée à chacun, à savoir : parler de l’œuvre de mon Sauveur.
Retrouver des principes…
Qu’est-ce qu’un principe? D’après le dictionnaire, il s’agit d’une proposition première active, primitive, originelle! C’est aussi une cause agissante, qui motive et pousse à l’action, à la réaction.
Le Robert continue: un principe c’est une règle, un modèle solide, une référence commune.
Prier est un bon principe, une bonne règle, un postulat de départ dans la vie chrétienne, une référence solide… qui impliquera (qui devrait impliquer !) une réaction, un passage à l’acte.
Cette année nous prierons pour les autorités car nous voulons passer à l’acte, être des témoins. Témoins de l’œuvre de Dieu, témoins dans un monde qui a tant besoin des réponses, réponses que nous avons trouvées en Christ. Nous prierons pour avoir la liberté d’être des rapporteurs des promesses solides données par Dieu dans la Bible.
Je vous souhaite à chacun, de retrouver la motivation missionnaire dans vos églises, afin que la prière nous mette en mouvement !
Quand je prie pour les autorités, je prie aussi pour moi !
N’oubliez pas de m’envoyer vos avis et votre expérience de la semaine d’intercession ou de votre aménagement pratique de la prière pour les autorités tout au long de l’année.
Des modèles de lettres pour inviter vos autorités locales seront disponibles sur le site Internet et commandez les signets qui seront autant de piqûres de rappel pour ceux qui le glisseront dans leur Bible.
J. Athia,
animateur de l’opération 7JPLF
Pourquoi je prie pour le Président de la République ?
Dans I Timothée. 2: 1, nous sommes invités à prier pour « toute sortes d’hommes » : la prière de l’Église est en principe une prière vaste et large, avec un regard vaste et large. Dans la pratique, il est évident que la prière de l’Église sera forcément limitée par les informations dont elle dispose.
D’où d’ailleurs notre devoir de rester ouvert sur le monde et de nous informer activement, sans attendre les modes qui frappent à nos portes : la prière chrétienne est appelée à être une prière qui n’exclut personne – pas plus que Dieu n’exclut personne.
Or, s’il faut prier pour tous les hommes, Paul mentionne au v. 2 une catégorie tout particulièrement: les rois et « tous ceux qui sont au pouvoir ».
Les Églises l’ont fait depuis toujours, parfois hélas en amalgamant la foi et la politique, mais souvent aussi dans le droit fil de ce texte: aux Pays-Bas, la prière pour la famille royale a depuis longtemps fait partie des cultes de bien des Églises réformées et évangéliques. Dans l’Église d’Angleterre, c’est le cas également, bien entendu. Et ces dernières années, les Alliances Évangéliques des différents pays du monde qui préparent la Semaine de Prière Universelle en janvier y mentionnent habituellement la prière pour les hommes et les femmes politiques.
Il n’est peut-être pas inutile que je rappelle ici très brièvement le rôle des autorités d’après le Nouveau Testament (1 Pierre 2 et Romains 13). Dans Romains 13: 2-5, Paul nous donne une double raison pour que nous obéissions aux autorités humaines : d’une part, si l’autorité est dérivée de Dieu, la soumission fait partie des devoirs religieux. D’autre part, l’autorité existe pour promouvoir le bien et pour punir le mal, et ainsi contenir les conséquences du péché. Ce double rôle, punir le mal et récompenser le bien, détermine à la fois le rôle des autorités et la limite de leur légitimité: un pouvoir qui récompense le mal et punit le bien est de ceux dont les apôtres disent: « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5: 29).
Ce très bref rappel nous montre tout de suite que pour nous chrétiens, si nous devons être reconnaissants d’avoir un État de droit et si nous devons nous soumettre à son autorité, cette autorité ne sera jamais pour nous absolue. En effet, selon la Parole de Dieu, Dieu seul a autorité absolue et personne d’autre! Comme le rappelait le pasteur Robert Somerville, notre autorité, dans quelque domaine que ce soit (nation, famille, Église, travail….) sera donc toujours limitée. Et enfin, l’autorité humaine est aussi toujours attachée à une tâche spécifique: l’être humain reçoit autorité POUR (telle ou telle tâche), et non pas SUR (telle ou telle personne).
Ce qui est intéressant dans notre texte, c’est justement de lire que l’apôtre ajoute une finalité, un but à la prière pour les autorités : il dit (v. 2) «Afin que nous puissions mener, à l’abri de toute violence et dans la paix, une vie qui exprime, dans tous ses aspects, notre attachement à Dieu et qui commande le respect ». D’autres versions sont plus brèves. Je cite la TOB: «afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité. » C’est certainement plus proche du grec original, mais il pourrait faire penser que nous prions pour être tranquilles, alors que le vrai but de la prière pour les autorités politiques est évidemment plutôt que nous menions une vie qui honore Dieu (la BS dit «qui exprime notre attachement à Dieu») et qui soit digne (BS «qui commande le respect »). La vie «calme et paisible» indique celle qui n’est troublée, ni de l’extérieur, ni de l’intérieur.
Bien sûr, celui qui prie doit se situer dans la ligne droite de la volonté de Dieu, telle que le Notre Père aussi nous l’enseigne. Nous prions donc aussi parce que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (v. 4), toutes sortes d’hommes, donc y compris des gens haut placés. Et pour cela, bien sûr, Paul rappelle qu’il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ, qui a offert sa vie en rançon, comme prix de rachat, comme prix de libération pour les êtres humains qui sont dans l’esclavage du péché (vv. 5-6).
Sans doute les deux motifs de la vie paisible et le désir divin du salut sont-ils liés, et le professeur Henri Blocher dans une étude de ce passage voit deux liaisons possibles. D’une part, la prière pour les autorités politiques devrait demander qu’elles exercent leur ministère (le mot est utilisé dans Rom. 13 pour le rôle de l’État !) d’une bonne façon, au bénéfice de tous : les autorités ont pour mandat de veiller à la paix civile et de garantir les libertés dont la liberté religieuse. Dans ce sens, ils fournissent un cadre dans lequel l’Église, elle, peut poursuivre sa tâche d’évangéliser le monde entier.
Nous prions donc pour les autorités politiques afin qu’aucun trouble ne perturbe le témoignage de l’Église «au moment voulu» (v. 6), c’est-à-dire aujourd’hui, dans le temps de la grâce offerte à toutes et à tous.
D’autre part, une seconde liaison possible (et qui n’exclut pas la première) souligne que les hommes et les femmes politiques font partie de ces « tous » pour lesquels nous devons prier. Bien entendu, la prière politique est loin de faire toute la prière de l’Église: Paul nous exhorte à prier pour tous les hommes, dans un universalisme impressionnant !
Nous retrouvons là ce paradoxe qui caractérise aussi l’Ancien Testament, où l’élection du seul Abraham va de pair avec sa vocation d’être en bénédiction pour toutes les familles de la terre: en écrivant ainsi, je ne peux pas m’empêcher de prier que les descendants actuels d’Abraham puissent méditer cela, ce qui est aussi une façon de répondre à l’appel biblique de prier pour la paix de Jérusalem (Ps. 122: 6). Cependant, nous oublions parfois de prier pour les autorités politiques – encore que je suis heureux de pouvoir dire que dans nos Églises cela semble être moins le cas actuellement. Mais rien n’est acquis : la paix civile nous fait parfois négliger la prière pour les autorités, alors que Paul lançait son appel dans le contexte de l’empire romain qui persécutait les chrétiens activement, comme le font toujours et encore un trop grand nombre de pays dans le monde actuel.
Jean Chrysostome, le célèbre prédicateur du quatrième siècle, résume très bien le but principal de ce passage lorsqu’il dit: « Imite Dieu: s’il désire que tous les humains soient sauvés, il faut semblablement prier pour tous. S’il a désiré que tous soient sauvés, désire-le toi aussi; si tu le désires, prie pour cela. »
Je termine ces quelques réflexions par un témoignage plus personnel: dans mon autre métier, celui d’interprète qui travaille régulièrement au Parlement Européen, j’ai pu observer la solitude réelle des hommes et des femmes politiques. J’ai la forte impression que nos frères et sœurs ignorent très largement cette solitude. Parfois, la prière pour les autorités semble se cantonner à une prière pour notre paix à nous (dans la ligne de la première liaison citée plus haut), et on n’ose pas prier pour le salut de ceux dont on pense connaître beaucoup de choses par le biais des médias… C’est bien dommage, car la deuxième liaison nous invite à justement prier pour le salut de nos hommes et femmes politiques.
Tous les politiciens ne sont pas ce qu’en font une certaine presse (trop lue peut-être, ou surtout… trop crue ?) : c’est un véritable métier aussi, et un métier prenant si on veut bien l’exercer ! Je vois le temps qui doit être consacré à l’étude de «dossiers » : derrière ce mot abstrait se cachent nos vrais problèmes de société auxquelles les législateurs, nos élus, doivent essayer de trouver une réponse à leur niveau. Cela implique pratiquement beaucoup de choses : études de faits, études sociologiques, rencontres avec les personnes intéressées, avec des lobbyistes, avec des associations, des ONG… Et ensuite, travail d’analyse et de synthèse, discussions avec les membres des autres groupes ou partis politiques, tractations, parfois négociations, préparations de textes légaux, d’amendements, de pétitions… Tout cela, bien entendu, sans négliger sa vie de famille si possible, et en restant ancré dans la réalité de son électorat avec lequel il faut aussi entretenir des contacts, et sous la pression constante de la tentation de faire passer l’urgent (qui intéresse la presse) avant le nécessaire (si souvent différent) !
Pour en avoir observé un certain nombre, je pense que nos autorités, aux différents niveaux, depuis le maire jusqu’au Président de la République, et sans oublier les différentes institutions de l’Union Européenne, ont bien besoin de nos prières. S’ils sont chrétiens, c’est aussi une façon de les soutenir ! S’ils ne le sont pas, c’est encore une forme de soutien, en plus d’être tout simplement une obéissance à une recommandation biblique. Prions donc pour nos hommes et nos femmes politiques !
Martin Slabbekoorn,
pasteur de l’Église Évangélique Baptiste d’Illkirch-Graffenstaden (67)