« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17:3);

« Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion de son fils, Jésus-Christ notre Seigneur » (1 Corinthiens 1:9).

 

NUL NE PEUT EN DOUTER : l’essentiel ici-bas est de soigner la I qualité de notre relation personnelle avec Dieu, d’autant qu’elle se prolongera dans l’au-delà. Comme tout ce qui touche à nos relations personnelles, elle constitue le capital le plus précieux que nous ayons à gérer dès maintenant. Sur la planète terre, il n’est rien de plus sensible, de plus fragile, de plus exigeant mais aussi de plus gratifiant que les relations personnelles.

Le sujet est plus vaste qu’il n’y paraît car la relation avec Dieu englobe également l’amour du prochain. En effet :

« Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur, car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jean 4:20).

Le Seigneur désire entretenir une relation étroite et intime avec moi, au-delà de ce que je peux imaginer ou désirer. Le problème, et c’est là la grande différence par rapport à la relation conjugale, c’est que le Seigneur est parfait, irréprochable sur toute la ligne et qu’ll assure toujours et immanquablement la part du contrat qui lui incombe… Si problème il y a dans notre relation avec Dieu, nous ne pouvons qu’en être la cause !

La difficulté dans notre rapport avec Dieu repose en bonne partie sur le fait de notre incompréhension de sa personne. Dieu est pourtant beaucoup plus humain que nous l’imaginons et bien plus simple aussi : c’est nous qui compliquons les choses en Lui attribuant des sentiments qui ne sont pas les siens ou en lui prêtant des intentions qu’il ne partage pas. Encore une fois, notre lacune est d’ordre scripturaire et théologique : il nous faut redécouvrir la personne de Dieu – telle qu’elle transparaît en clair dans sa Parole – qui ne correspond pas toujours à l’image que nous nous en faisons !

Le sujet est relativement culpabilisant. En matière de communion avec Dieu, nous ne le savons que trop : la balle est dans notre camp, et nous pouvons toujours faire mieux et plus ! Comme toujours, certains culpabilisent trop, là où d’autres ne s’en font pas assez. L’essentiel est de rester objectif, en acceptant d’affronter la réalité bien en face. Reste que nous ne sommes pas toujours aussi nuls, ni aussi médiocres qu’on voudrait le faire croire, parfois. En prenant de l’âge et de l’expérience – et bien que la relation de cause à effet entre les deux ne soit nullement garantie – ne sommes-nous pas censés nous améliorer, à la manière du vin qui se bonifie en vieillissant ? N’avons-nous pas à coeur d’arriver – un jour – à donner le meilleur de nous-mêmes, bien qu’il n’existe aucun raccourci en la matière, l’essentiel étant de progresser, chacun à son rythme ?

Seulement, quand on est chrétien engagé, ou membre d’une équipe de responsables dans une église, et qu’à côté de cela, il faut concilier les exigences de la vie de couple, de famille, du travail, de citoyen.. le temps, l’énergie et la motivation qui restent pour soigner la qualité de sa relation avec Dieu se réduisent souvent en peau de chagrin… Et l’on a beau être « dans le ministère » depuis vingt ou trente ans, la question demeure tout aussi épineuse et toujours d’actualité.

En matière de relation personnelle et intime avec Dieu, il n’existe pas de raccourcis, ni de recettes toutes faites, d’autant que ce qui marche pendant un temps devra être repensé un jour ou l’autre. Ne soyons pas naïfs : si une relation se construit au présent, ses racines se plongent dans le passé, la question étant de savoir si elle a été posée sur une bonne base. Il existe tout au mieux des constantes, comme un ensemble de principes ou de pratiques taillés dans le bon sens, qui ont fait leurs preuves et qui pourront nous servir de critères pour nous évaluer. Ce thème, d’importance capitale, est plus risqué qu’il n’y paraît. Il comporte bien des embûches et des écueils à éviter qui nécessitent, dans un premier temps, une mise au point. Après quoi, nous soulignerons le fait que la piété concerne l’être humain dans son entier. Nous évoquerons ensuite la trinité, comme modèle de relation avec Dieu, puis les fondements de notre relation avec Dieu et nous terminerons par la croissance dans notre connaissance de Dieu.

DES ÉCUEILS À ÉVITER

LE CHEMIN EST PARSEMÉ D’EMBÛCHES. Citons-en quelques-unes rapidement, particulièrement présentes dans notre culture post-moderniste :

  • L’individualisme et l’anthropocentrisme : « Mon épanouissement personnel prime par-dessus tout et je dois tirer le maximum de profit dans ma relation avec Dieu, sur laquelle je mise tout. »

Dans notre société de consommation, la piété peut devenir une expérience recherchée car chargée sur le plan émotionnel et gratifiante sur le plan affectif. Seulement, ma relation personnelle avec Dieu ne doit jamais être considérée comme une fin en soi mais plutôt comme un moyen pour atteindre une autre fin. La personne de Dieu – et non ma relation avec Lui – représente la finalité ultime et l’objectif suprême. Il faut distinguer entre ce que nous faisons pour entretenir notre relation avec Dieu et la relation elle-même.

C’est en donnant qu’on reçoit et c’est en servant que nos besoins sont pourvus. Notre conception du salut et de la vie chrétienne est trop souvent subjective et « anthropocentrique ». Pour Paul au contraire, la croissance dans la maturité chrétienne concerne le corps de Christ dans son entier :

« Jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ » (Éphésiens 4:11-13).

Par ailleurs, Jésus nous a enseigné à prier de façon communautaire et non isolée le « Notre Père ».

Notre christianisme doit résolument demeurer « théocentrique » : c’est la personne de Dieu comme l’oeuvre de Jésus-Christ (plutôt que l’expérience que nous en faisons) qui doivent demeurer au coeur de « la centrale ».

  • Le piétisme (mal compris): « Ce qui compte le plus, devant Dieu, c’est mon rapport étroit avec Lui, plutôt que mon appartenance formelle à une institution humaine, même chrétienne, et de toute façon faillible. »

Un piétisme de mauvais aloi (Dieu merci, il en existe de bonne qualité !) peut rapidement dégénérer en opposant indûment l’expérience intime du croyant à l’Église en tant qu’institution censée garder le bon dépôt de la foi (1 Timothée 3:15). Or, l’expérience personnelle subjective ne doit jamais l’emporter sur l’adhésion à une confession de foi objective et normative, toute imparfaite qu’elle puisse être (certes, nos confessions de foi, aussi inspirées que possible ne peuvent jamais prétendre à l’infaillibilité scripturaire). Le danger est toujours présent : surévaluer l’expérience de l’intimité personnelle avec Dieu, au point de la déconnecter de la nécessité de l’engagement dans l’église locale et du service du prochain.

Dissocier la sanctification de la consécration ou privilégier la recherche de l’épanouissement personnel au détriment de l’engagement au service du prochain (alors que notre engagement devrait découler de notre sanctification), c’est mutiler gravement le message de l’Evangile !

  • Le mysticisme : « Toute expérience (nouvelle de préférence) de nature à entretenir ma communion avec Dieu est bonne à prendre et à tenter. »

Le mysticisme correspond à une attitude fondée sur l’intuition émotionnelle et un sentimentalisme religieux exacerbé, en quête de l’union intime avec Dieu, par le moyen de l’extase et de la contemplation. Le sujet cherche à s’anéantir dans l’abîme de l’essence divine. Il se heurte alors à l’écueil de l’intériorisation outrancière et donc de l’introspection maladive. 
En versant dans l’élitisme, ces deux attitudes (piétiste mal vécu et mystique) encouragent finalement le « séparatisme » : « C’est nous
les seuls vrais, les seuls purs et les vrais durs ! »

  • Le légalisme : « Regardez-moi : un vrai chrétien lit sa Bible au moins deux heures par jour et prie une heure au minimum. »

Le légalisme repose sur une conception gravement erronée de la personne de Dieu qui conforte l’hérésie de son amour (non plus inconditionnel mais) conditionnel. Le drame du chrétien légaliste est qu’il ajoute des exigences que ni le Seigneur ni la parole de Dieu n’imposent. Il tire même sa propre justice et se donne bonne conscience en les observant religieusement. En réalité, notre relation avec Dieu n’est pas quantifiable de cette façon-là : elle va bien au-delà d’un ensemble de règles, de codes ou de lois que I’on impose, à soi comme à son prochain, urbi et orbi

  • L’activisme : « Je suis tellement engagé au service de Dieu que je n’ai plus de temps ni d’énergie à consacrer à la qualité de ma relation avec Dieu. »

L’activisme nous fait lâcher la proie pour l’ombre et passer à côté de l’essentiel : on se préoccupe davantage de l’oeuvre de Dieu que de la personne de Dieu, alors que chacun sait (en théorie du moins) que ce que nous sommes devant Dieu importe davantage que ce que nous faisons pour Dieu !

Ce n’est pas le fait de s’engager ou d’assumer des responsabilités dans l’église qui entretiendra la qualité de ma relation avec Dieu mais c’est plutôt la qualité de ma relation avec Dieu qui déterminera la qualité de mon service.

  • Le cynisme ou, à l’opposé, le triomphalisme : Après vingt-cinq ans de vie chrétienne, on a déjà tout essayé : c’est pas du jour au lendemain qu’on va trouver de nouvelles solutions…» ; OU « Ma relation avec Dieu ? Tout va bien chez moi, je vous remercie, je ne vois pas pourquoi vous posez une telle question ! »

Dans la conjoncture actuelle, certains chrétiens succombent à la sinistrose endémique ambiante, au point de ne plus s’attendre à une quelconque amélioration de leur relation avec Dieu, tandis que d’autres, à l’extrême opposé, semblent être constamment au top », surfant en permanence au sommet d’une vague qui n’en finit jamais de déferler, au point de vous amener à les suspecter de dopage au moyen d’un nouvel anabolisant…

Nous avons besoin de réalisme pour pouvoir accepter que dans une relation, même des plus spirituelles, il existera toujours des temps forts et d’autres qui seront comparativement bien ternes… Il n’est qu’à méditer sur le long pèlerinage terrestre de notre père Abraham… Entre deux apparitions lumineuses ou deux interventions prodigieuses de l’Eternel en sa faveur – qui étaient comme de grandes rencontres au sommet entre Dieu et Abraham à marquer d’une croix dans l’almanach de l’époque… – notre vénérable patriarche devait marcher à vue, un pas à la fois, et attendre longtemps parfois que Dieu se manifeste à nouveau, faisant ainsi le long apprentissage de la marche par la foi… Probablement qu’en de nombreuses occasions, il aurait bien voulu, comme nous, entendre plus souvent la voix de Dieu d’une manière audible, ou voir son intervention d’une manière plus tangible et immédiate. Qui n’a jamais osé rêver de faire ce que Pierre avait proposé, après la transfiguration de Jésus et au moment de la douloureuse séparation (Luc 9:33) : pouvoir « héberge » Moise, Elie et Jésus sous une toile de tente, sur son propre terrain de camping afin de les garder tout auprès de soi…?

Ne soyons pas présomptueux au point d’oublier que même la nature vit au rythme des saisons. La végétation ne pourrait pas supporter la chaleur du plein été en plein hiver… Ne soyons pas insensés au point de nous imaginer que la saison morte de l’hiver est inutile, une funeste perte de temps… Notre vie chrétienne ne tiendrait pas le choc : d’une rencontre quotidienne avec Dieu dans un buisson ardent (Exode 3); d’une vision permanente en trois dimensions (de la sainteté de Dieu, de la gravité de mon péché et du besoin de ceux qui m’entourent : Esaïe 6); d’une vision comparable à celle que Daniel avait reçue, qui le rendit malade, stupéfait et interloqué pendant plusieurs jours (8:27)…

Dans une relation, on ne peut pas brûler les étapes : il faut donner du temps au temps et prendre le temps de digérer ce qu’on a déjà vécu pour pouvoir bien l’assimiler, avant de prétendre pouvoir aller plus loin. Et puis, chacun chemine à son niveau et connait, occasionnellement, un passage difficile, avec davantage de bas que de hauts… Il n’y a pas de honte à le reconnaitre et il n’est pas nécessaire de culpabiliser. Dans ces moments-là, l’exemple des autres est de nature à nous interpeller et à nous stimuler, de même qu’une lecture objective de la Bible.

PIÉTÉ DE L’ESPRIT ET PIÉTÉ DU CŒUR

« Garde ton coeur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie » (Proverbes 4:23).

AUTANT DANS L’ANCIEN que dans le Nouveau Testament, le mot coeur désigne l’homme intérieur dans son entier. La pensée hébraïque concevait l’homme comme un tout avec la somme de ses attributs physiques, intellectuels et psychologiques (personnalité, caractère, vie affective), le coeur correspondant au quartier général d’où les fonctions essentielles de l’individu procèdent. Dans le Nouveau Testament, le coeur comprend toutes les dimensions de la personnalité humaine avec sa dimension rationnelle : compréhension (Jean 12:40); pensées (Hébreux 4:12); intelligence (Romains 1:21); conscience (Actes 2:37), sa dimension affective (désirs : Matthieu 5:28; amour : Luc 10:27; inquiétude : Jean 14:1; chagrin: Romains 9:2), et sa dimension volontaire (décision et engagement : Romains 6:17, résolution : 2 Corinthiens 9:7; intentions : Hébreux 4:12).

Il importe d’éviter l’écueil primaire qui consiste à opposer artificiellement et inutilement la piété du coeur et celle de l’intellect. Cette curieuse façon de « saucissonner » l’être humain relève davantage de la philosophie platonicienne que de la révélation biblique ! Certes, et c’est un lieu commun, nous connaissons tous des personnes qui ont de la théologie ou de la religion mais sans aucune connaissance salvatrice de Dieu, comme nous en connaissons d’autres qui ont la foi du charbonnier, sans aucun bagage théologique mais qui jouissent d’une relation intime et profonde avec Dieu. L’expérience n’ayant jamais force de loi, l’important dans la piété est de considérer la réalité de façon globale : sous un angle à la fois objectif et subjectif.

La révélation biblique objective comporte un contenu théologique et dogmatique incontournable qui doit d’abord être appréhendé par l’intellect (2 Timothée 2:7; 2 Pierre 3:1-2) et dont il importe de prendre connaissance (Romains 10:14) avant de pouvoir le comprendre et y adhérer par la foi qui sauve. Notre intellect est un instrument qui doit être placé au service de la piété personnelle. Le Seigneur nous a dotés de facultés mentales avec lesquelles nous devons Le glorifier, de la même manière du reste qu’avec chaque partie de notre corps.

Nous en convenons tous : les épîtres de notre Nouveau Testament fixent la norme de la vie chrétienne. Un bref survol du vocabulaire utilisé par Paul, en rapport avec la nécessité et les agents de la sanctification dans la vie du chrétien, démontre aisément l’importance et le rôle de la composante mentale ou intellectuelle de l’individu. Notre intelligence a besoin d’être renouvelée et transformée pour pouvoir discerner la volonté de Dieu (Romains 12:2; Éphésiens 5:17; Colossiens 1:9) et cultiver la pensée de Christ (1 Corinthiens 2:16). Contrairement à ce que la mode ambiante prône – pour adorer Dieu en esprit et en vérité – nous ne devons surtout pas déconnecter nos facultés mentales, au risque de verser dans une forme inquiétante et dangereuse de mysticisme irrationnel (1 Corinthiens 14:14-15, 19).

Plutôt que de les opposer l’une à l’autre, l’Écriture concilie l’usage de nos facultés mentales avec la foi du coeur dans l’appréhension conceptuelle comme dans l’expérimentation personnelle de l’amour du Christ (Éphésiens 3:17-19), affirmant que la grâce de Dieu opère à la fois au niveau de l’intelligence et du coeur (Hébreux 8:10). Si l’intelligence est à mettre au service de la foi (Éphésiens 3:19; Philippiens 4:7), la foi vient également au secours de l’intelligence :

« C’est par la foi que nous comprenons que le monde a été formé par la parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit ne provient pas de ce qui est visible » (Hébreux 11:3).

Nous devons donc favoriser tout ce qui sera de nature à nous stimuler intellectuellement dans l’étude de l’Ecriture sainte. Toutes les choses sensées et réfléchies que les hommes de toi qui nous ont précédés ont écrit sur Dieu comme sur la Bible ne sont pas à négliger. Savoir pour quoi je crois ce que je crois et apprendre à penser juste pour vivre vrai correspondent à une démarche qui renouvellera ma vision de Dieu, de moi-même et des autres.

Nous devons lire la Bible d’abord pour nous-mêmes, et non par procuration en vue du message de dimanche prochain. Changer de version de temps à autre favorise une meilleure appropriation des textes classiques et connus : la formulation inattendue nous aide à redécouvrir l’éternelle nouveauté et la fraîcheur quotidienne de la Parole de Dieu. Un projet personnel à plus long terme peut être envisagé : établir sa propre concordance, ou son propre index de thèmes bibliques en cherchant une correspondance pertinente des textes bibliques avec la réalité quotidienne. Un bon commentaire d’exposition biblique (de John Stott par exemple, sur le Sermon sur la montagne, Galates, Éphésiens… parus en français) enrichit notre compréhension du texte biblique.

Lire de bons livres édifiants (quel est celui que vous avez lu dernièrement et que vous me recommandez chaleureusement ?), avoir des conversations sérieuses et profondes avec des gens qui vous font réfléchir et qui vous inspirent, tout cela est de nature à nous stimuler dans notre relation avec Dieu.

La prière, comme la louange, du reste, concerne notre être tout entier l’intelligence comme le coeur (1 Corinthiens 14:13-19). Ces deux exercices de la piété ne nous permettent pas seulement de nous adresser à Dieu mais ils lui donnent également le temps et le moyen de nous parler.

LA TRINITÉ, COMME MODÈLE DE NOTRE RELATION AVEC DIEU

LA QUALITÉ DES RELATIONS interpersonnelles au sein de la trinité est de nature à servir de modèle pour notre relation avec Dieu. La relation qui unit Jésus à son Père représente l’exemple parfait de la relation qui devrait exister entre un père et son fils. Le souci de notre Père est de développer avec nous, ses enfants, la même qualité de relation, basée sur les éléments suivants :

  • La communion, l’intimité et la convivialité : « Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connait, et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis » (Jean 10:14-15).
  • La loyauté, l’intégrité et la vérité : « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole » (Jean 17:6).
  • L’unité, l’harmonie et la complicité : «[…] Je prie […] afin que tous soient un; comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous… » (Jean 17:20-21).
  • La communauté des biens : « Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi » (Jean 17:10).
  • La confiance : « Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie » (Jean 17:1).
  • La dépendance, l’imitation et la ressemblance : « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire par lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait également » (Jean 5:19).
  • La liberté : « Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre; tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père » (Jean 10:17-18).

« Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or notre communion est avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ » (1 Jean 1:3).
De la qualité de notre communion avec Dieu découle la qualité de notre communion avec notre prochain : ce que nous vivons dans notre rapport au Seigneur, nous avons besoin, envie et plaisir à le partager avec notre prochain et à le reproduire dans notre relation avec lui.

LES FONDEMENTS DE NOTRE RELATION AVEC DIEU

IL EST BIEN ENTENDU que notre relation avec Dieu repose avant tout sur l’initiative du Père qui nous a prédestinés, l’oeuvre du Fils qui nous a rachetés et l’action de l’Esprit qui nous a régénérés et qui nous sanctifie. Voyons la part et la responsabilité du chrétien dans sa relation avec Dieu.

Pour entretenir une relation juste et significative avec Dieu, encore faut-il avoir une image juste et adéquate : de sa personne (son amour inconditionnel, sa sainteté insoutenable et sa justice implacable); de la réalité comme de la gravité de notre péché; de la personne et de l’oeuvre de Jésus-Christ.

Toute relation authentique avec Dieu doit s’entendre à l’intérieur de certains paramètres prédéfinis dans l’Écriture : il nous faut donc prendre la parole de Dieu au sérieux et nous soumettre à son autorité sur toute la ligne.

L’intimité d’une relation avec Dieu repose sur les trois grands piliers de la foi, de l’obéissance et de la repentance.

LA FOI

La vie chrétienne normale relève d’une démarche de foi à renouveler en permanence. Cela consiste à se considérer « comme morts au péché et comme vivants pour Dieu en Christ-Jésus » (Romains 6:11); à croire qu’il n’y a désormais « plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus, qui marchent non selon la chair mais selon l’Esprit » (8:1), à se savoir confortés à l’idée que « nous sommes enfants de Dieu héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ » (8:16-17) et à être convaincu que rien ni personne ne pourra jamais « nous séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus notre Seigneur » (8:38-39).

Du fait que le disciple de Jésus marche par la foi et non par la vue, il focalise son attention sur les choses invisibles et éternelles plutôt que sur celles qui sont visibles et passagères (2 Corinthiens 4:16-18).

Toute notre relation avec Dieu doit se concevoir sous le régime de la foi. C’est par la foi que nous devons :

  •  Nous approcher de Dieu (Hébreux 11:6) pour qu’il s’approche de nous (Jacques 4:8);
  •  Nous souvenir d’où nous sommes tombés pour pouvoir revenir à Lui dans la repentance (Apocalypse 2:4-5);
  •  Nous dépouiller des oeuvres des ténèbres (Romains 13:12);
  •  Nous revêtir du Seigneur Jésus-Christ (Romains 13:12-14).


L’OBÉISSANCE

« Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur ! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7:21).

Selon Marc 12:30-31, la volonté de Dieu consiste à aimer Dieu de tout son coeur de toute son âme, de toute sa pensée, de toute sa force et son prochain comme soi-même.

Nous sommes ainsi appelés à marcher d’une manière digne de la vocation qui nous a été adressée, en toute humilité, douceur, patience et amour les uns envers les autres (Éphésiens 4:1-3); pour lui plaire à tous points de vue, portant des fruits en toute sorte d’oeuvres bonnes et croissant ainsi dans la connaissance de Dieu (Colossiens 1 : 10).

L’Ecriture nous exhorte constamment non seulement à marcher dans la sanctification et dans la crainte de Dieu, mais surtout à progresser (1 Thessaloniciens 4:1 ; Colossiens 3:22; 2 Corinthiens 7:1).

D’après le Psaume 15, voici les qualités que le Seigneur exige de ceux qui veulent accéder à sa sainteté : la marche dans l’intégrité, la communication claire de la vérité, le contrôle de sa langue, le respect de la parole donnée, la bienfaisance envers le prochain, la séparation d’avec les méchants, le désintérêt financier, l’incorruptibilité…

LA REPENTANCE

La repentance constitue le point de départ de toute vie chrétienne authentique et demeure une nécessité permanente tout au long de la vie chrétienne : elle doit faire partie de notre mode de vie régulier. Elle résulte de l’action de l’Esprit de Dieu en nous qui nous fait prendre conscience de la nécessité d’un changement personnel : changement de disposition et d’attitude intérieures envers la personne de Dieu et son échelle de valeurs qui exigent un changement de mentalité.

Le brisement intérieur est une disposition spirituelle indispensable pour déclencher l’action du Saint-Esprit. Nous devons trembler à la parole de Dieu qui est comme un feu et un marteau qui brise le roc (Jérémie 23:29). Quel est le signe d’une repentance authentique ? « La pratique des oeuvres dignes de la repentance » selon Actes 26:20, c’est-à-dire l’évidence et la marque du fruit de l’Esprit.

La pratique de la repentance comme style de vie régulier découle d’une volonté délibérée à déclarer une guerre sans merci au péché (2 Corinthiens 13:5). « Repens-toi et pratique les premières oeuvres » (Apocalypse 2:5) : la repentance est le seul moyen de retrouver l’intimité perdue avec Dieu !

Si la repentance nous permet de jouir du pardon abondant de notre Père, nous devons savoir offrir avec la même générosité le pardon reçu à notre prochain (Matthieu 6:14-15; Éphésiens 4:32 à 5:2).

GRANDIR DANS LA CONNAISSANCE DE DIEU

LA PERSONNE DE JESUS – en laquelle nous devons trouver entière satisfaction et pleine suffisance – constitue la garantie et le code d’accès à un trésor insoupçonné : « Le mystère de Dieu, Christ, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Colossiens 2:3).

De notre relation avec Dieu, comme avec notre conjoint du reste, nous en retirons ce que nous sommes prêts à y mettre. Notre relation avec Dieu se développe à la hauteur et en proportion de notre sanctification personnelle, de notre vie sous la grâce, de notre consécration et de notre ardeur à combattre le bon combat de la foi.

SANCTIFICATION PERSONNELLE

La qualité de notre intimité avec Dieu découle de notre sanctification personnelle. Nous avons besoin de marcher dans la plénitude de l’Esprit pour pouvoir vivre à la hauteur de notre vocation et de notre statut en Christ : pour cela, il nous faut aligner notre condition sur notre position en Christ.

« O Dieu ! créé en moi un coeur pur, Renouvelle en moi un esprit bien disposé » (Psaumes 5:10);
« Puisque nous avons de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit en développant jusqu’à son terme la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Corinthiens 7:1);
« Recherchez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur » (Hébreux 12:14).
« Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Purifiez vos mains, pécheurs, et nettoyez vos coeurs, âmes partagées » (Jacques 4:8).

La purification au moyen du sang de Jésus conditionne notre libre accès à la sainteté de Dieu (Hébreux 10:22) et renforce l’amour fratemel (1 Pierre 1:22).

Lorsque nous nous montrons transparents devant Dieu, dociles et redevables au point de nous rendre vulnérables, nous pouvons prendre Dieu à témoin de notre bonne volonté et dire :

« Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur ! Éprouve-moi, et connais mes préoccupations! » (Psaumes 139:23).

Une relation authentique avec Dieu se reconnait à plusieurs critères qui ne trompent pas. « Je connais tes oeuvres, ton amour, la foi, ton service, ta persévérance et tes dernières oeuvres plus nombreuses que les premières » (Apocalypse 2:19). Nous devons cultiver les grandes vertus chrétiennes auxquelles les nombreuses exhortations des épîtres nous renvoient constamment : le fruit de l’Esprit (Galates 5:22); la foi, l’amour et l’espérance (1 Thessaloniciens 1:3); la vertu, la connaissance, la maîtrise de soi, la persévérance, la piété, la fraternité… (2 Pierre 1 :5-7): « En effet, si ces choses existent en vous et s’y multiplient, elles ne vous laisseront pas sans activité ni sans fruit pour la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ » (verset 8).

Selon 2 Pierre 1:4, pour devenir participant de la nature divine, il nous faut fuir la corruption qui existe dans le monde par la convoitise. Dans sa première épître, Jean énonce trois critères qui permettent d’établir un authentique disciple de Jésus :

  •  Le critère doctrinal ou théologique qui consiste à professer la double nature de Jésus : pleinement homme et pleinement Dieu, conjointement (4:2-3);
  •  Le critère moral ou éthique : le véritable enfant de Dieu obéit à la volonté de Dieu (2:3-6) et marche dans la lumière en acceptant d’appeler « péché » ce que la parole de Dieu appelle « péché » (1:5-10);
  •  Le critère social ou relationnel : le véritable enfant de Dieu aime son prochain comme lui-même (2:9-11; 4:7-21).

VIVRE DANS LA DIMENSION DE LA GRÂCE

« Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ » (2 Timothée 2:1); « Veillez à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu » (Hébreux 12:15). Vivre sous le régime de la grâce est une nécessité spirituelle qui demande un certain apprentissage et une certaine discipline puisque la grâce est à l’opposé de notre nature humaine qui nous ramène constamment sur le terrain de la loi (Galates 3:1-5, par exemple).

L’expérience de la grâce est impossible en dehors d’une relation personnelle avec Dieu et d’une expérience authentique avec Jésus-Christ : « Que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur »; «Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ» (2 Pierre 1:2; 3:18).

CONSÉCRATION

Notre consécration – ou notre soumission à la seigneurie de Jésus – reflète le degré d’amour que nous avons réellement pour Dieu et l’intimité de notre rapport avec Lui.

Notre amour pour Dieu se mesure à la soif de Dieu que nous démontrons. « Comme une biche soupire après des courants d’eau, Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu ! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant : Quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » (Psaume 42:1-2);
« C’est lui que moi je contemplerai, Que mes yeux verront, et non quelqu’un d’autre; Mon coeur languit au-dedans de moi » (Job 19:27).

La soif de Dieu s’étanche et s’entretient par la méditation de la Bible qui nous exhorte à croître dans la connaissance de Dieu (Colossiens 1:10). Nous devons nous mettre à son écoute malgré le brouhaha de la foule, d’autant que Dieu parle dans le silence et s’adresse à l’individu.

Ceux qui ont faim et soif d’autre chose que des nourritures terrestres sont citoyens à part entière du royaume de Dieu et la promesse est pour eux : « Ils seront rassasiés ! » (Matthieu 5:6). « Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu ! » (Matthieu 5:8). Le péché demeure le corps étranger qui nous empêche de voir Dieu tel qu’ll est.

Qu’en est-il de notre amour pour Dieu, comme de notre soit de Lui, après x années de vie chrétienne ou de ministère ? la consécration est un défi qu’il faut relever en permanence : d’où la nécessité de « demeurer en Lui » Pour demeurer en Lui, nous devons :

  • Garder sa parole : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:23; voir encore 8:31; 1 Jean 2:24).
  • Imiter l’exemple de Jésus : « Celui qui déclare demeurer en Lui, doit marcher aussi comme Lui (le Seigneur) a marché » (1 Jean 2:6); « Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour » (Jean 15:9-10).
  • Confesser Jésus-Christ en se soumettant à son autorité : « Celui qui confesse que Jésus est le fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu » (1 Jean 4:15).

Lorsque nous demeurons en Lui, Dieu demeure en nous et plusieurs résultats bienfaisants en découlent :

  •  Nous portons beaucoup de fruit (Jean 5:5);
  •  Nos prières sont exaucées (Jean 15:7);
  •  Nous sommes équipés pour vaincre la puissance de l’adversaire comme celle du péché (1 Jean 2:14).

La participation à la sainte cène correspond à un moyen de grâce qui nous permet de réaffirmer publiquement notre amour pour Dieu et notre allégeance à la seigneurie de Jésus (Jean 6:56).

Nous devons nous engager, mais en servant à l’intérieur des limites de nos dons et de l’appel reçu : la joie dans le service dépendra alors davantage de notre relation avec Dieu que du ministère exercé.

LE COMBAT DE LA FOI

Le disciple est engagé dans le bon combat de la foi contre la chair, le péché, le monde, le diable, les fausses doctrines… Il est censé prôner une échelle de valeurs qui tient compte des valeurs éternelles de son Dieu, adopter l’éthique du royaume de Dieu et incarner un style de vie qui donne envie. Il milite, dans sa vie personnelle, pour la pureté morale, le désintéressement matériel et financier, le contrôle de sa langue, la sobriété et l’équilibre personnel…

Il cherche à mettre de l’ordre dans ses priorités, ce qui n’est pas une mince affaire. Quelle importance ont réellement nos priorités, au regard de l’éternité ? Savoir renoncer à une opportunité pour pouvoir honorer une priorité demande assurément beaucoup de maturité !

Nous avons besoin de discipline personnelle pour cibler des priorités justes. Dans la prière que Jésus nous a enseignée (le Notre Père), figurent trois grandes exigences pour que nous puissions vivre une relation juste avec Dieu :

– la louange et l’adoration, qui nous permettent de reconnaître et d’apprécier l’excellence de la personne de Dieu à sa juste valeur ;
– L’inclination à pratiquer la volonté de Dieu;
– La réception du pardon de Dieu du fait de notre propre culpabili
té, qui doit logiquement donner lieu à l’offre du pardon envers le prochain qui nous a lésés. La puissance du pardon (reçu et offert) qui libère favorise la victoire sur le péché comme sur l’adversaire.

« Et même je considère tout comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ-Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai accepté de tout perdre, et je considère tout comme des ordures, afin de gagner Christ… Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances… » (Philippiens 3:8, 10).


Dany Hameau

Après avoir travaillé comme VRP, Dany Hameau s’est engagé dans le pastorat a Grenoble pendant 5 années. En 1984. Il a oeuvré au sein d’Opération Mobilisation France dont il a assumé la charge jusqu’en 1993. Depuis 1995, sous l’égide de l’Association « Janz Team ». Il assure un ministère de conférencier itinérant au service des églises. Également auteur et écrivain, il a déjà publié 14 ouvrages aux Éditions Farel, dont le dernier et tout récent « Lettres Ouvertes à des chrétiens blessés et à leurs pasteurs ». 
Dany HAMEAU père de 5 enfants, habite en région parisienne. Il a été membre du Comité National de la FEF pendant une dizaine d’années.