Depuis la mise en place du projet Nouvelles Générations dans le cadre du réseau FEF www.nouvelles-generations.org, l’équipe est encouragée par les divers week-ends NG qui se sont déroulés en région parisienne et en région Rhône-Alpes, avec des perspectives dans de nouvelles régions. Ici et là, cette dynamique confirme la tendance décrite par de nombreux observateurs : une génération se lève et il appartient aux aînés de les accompagner, de les orienter et de les équiper pour le service.
Ces week-ends, développés en partenariat avec les Églises locales, sont ouverts à tous ceux qui commencent à se poser la question du ministère et qui désirent aller plus loin. Ces moments donnent l’occasion de recevoir :
- un enseignement biblique clair sur les ministères (au sens de services),
- des témoignages d’ouvriers impliqués dans des services rémunérés et non rémunérés,
- du conseil personnalisé pour aider chaque jeune à s’orienter vers le ministère qui lui est réservé et définir un plan de formation adapté.
L’une des particularités que j’aimerais relever dans cet article tient dans le fait que les responsables qui connaissent bien les jeunes sont invités à les accompagner, le tout sur recommandation de l’Église locale !
Ces rencontres ont révélé que nous avons affaire à une génération engagée qui manifeste une soif pour Dieu et qui se lève pour le service.
Serait-ce une réponse à la prière de toux ceux qui aspirent au réveil spirituel de notre pays ? J’en suis personnellement convaincu ! Répondrons-nous présents pour les accompagner ? Cela dépend de nous (en tant qu’aînés) et du prix que nous sommes prêts à payer !
En effet, une des demandes les plus fréquemment évoquées lors des weekends NG tient dans le désir des jeunes d’être accompagnés par des référents spirituels que nous définirons ici comme des mentors1 . Cette requête constitue une excellente nouvelle en ce sens qu’elle remet l’accent sur un modèle relationnel qui est au cœur de la Parole, que nous ne retrouvons pas seulement en 2 Timothée 2 : 2 mais au travers de nombreux autres modèles, de génération en génération. Il s’agit là d’une responsabilité qui nous appartient et à laquelle il nous faut répondre plus que jamais aujourd’hui.
Ce constat se confirme aussi dans ce que j’observe au travers des ministères parmi la jeunesse : partout où existe une dynamique jeunesse, des hommes et des femmes se sont levés pour relever le défi de la génération suivante, et le progrès des jeunes dans leur foi débouche régulièrement sur un désir et une volonté d’aller plus loin en étant accompagnés par leurs aînés.
Une génération se lève, où sont ses mentors ?
Dans les différentes visites d’Églises que je suis amené à réaliser, un constat me frappe : le manque global de leaders ou dans un langage plus adapté à nos réalités d’Églises, la pénurie d’aînés dans la foi prêts à payer le prix pour accompagner la génération suivante. Même si plusieurs hypothèses peuvent être avancées sur les raisons de ces défaillances (principalement par le modèle de société dans lequel nous baignons), force est de constater que la demande de mentors est supérieure à l’offre et il nous appartient aujourd’hui de relever le défi qui se pose à nous : accompagner ces nouvelles générations qui se lèvent !
Voici le résultat d’une étude provenant de «AGB Brüdergemeinden» (une coordination du mouvement de frères en Allemagne) qui m’a récemment été transmise par un collègue investi dans le travail jeunesse et l’enseignement.
En comparant le nombre de membres de 136 Églises entre 2003 et 2008, elle montre que 51 ont eu une croissance importante, 48 une stagnation et 39 une diminution des membres.
Dans le groupe des 51 Églises en croissance, toutes ont un travail parmi les enfants, les adolescents et les jeunes qui est vivant, dynamique avec un objectif clairement établi : investir sur les jeunes générations en les responsabilisant dans ce travail et en les incluant dans l’Église.
Dans les 31 Églises en décroissance, le travail parmi les jeunes a parfois été présent, mais a cessé de l’être : soit parce que les responsables ont arrêté pour raisons professionnelles, soit qu’ils n’ont pas été attentifs en passant la main à la préparation des nouveaux responsables ni à leurs dons individuels.
Si cette étude met en corrélation «dynamique jeunesse / croissance d’Église», elle révèle aussi la corrélation «formation de leaders / croissance d’Église». En 2012, restons-nous conscients de cet enjeu et restons-nous prêts à assumer cette responsabilité ? Nous sommes appelés à former des personnes en devenir et nous sommes ainsi associés à la croissance de l’Église.
Avant de devenir le mentor de Timothée, Paul a lui-même été accompagné par d’autres : nous en connaissons au moins un en la personne de Barnabas. Dans la Bible, nombreux sont les exemples relationnels de ce type appliqués de manières différentes. Mais la forme par excellence reste celle que Jésus a mise en œuvre avec ses disciples, devenant ainsi notre plus belle source d’inspiration ! Le rapport de Jésus à ses disciples rayonne de ce que nous sommes appelés à mettre en œuvre auprès des générations suivantes. En Christ, il devient évident que la transmission dépasse une simple affaire de fonction ! Cette responsabilité nous pousse à mobiliser une part considérable de notre temps, de notre énergie, de nos finances ou encore de notre attention…
Plus généralement, compte tenu de l’individualisme qui caractérise nos sociétés, et de ce fait, qui influence notre vie de chrétien, le mentorat se démarque radicalement du mouvement ambiant. Par opposition, il ressemble à une forme de sacrifice de soi et vise la croissance de l’autre dans sa foi, l’accueillant tel qu’il est dans son stade de développement. Le mentorat a cette caractéristique de «prendre soin de celui qui est en devenir» dans le cadre d’une relation privilégiée et de confiance. Nous ne pouvons en faire l’économie sous peine de passer à côté d’un mandat qui nous est confié.
Le développement du mentorat peut (re)devenir une réponse au défi de la relève qui se présente à nous dans les années à venir. Au travers de ces quinze dernières années passées dans le travail parmi la jeunesse et en m’appuyant sur les éléments que nous retrouvons dans la Parole, j’aurais tendance à affirmer qu’il n’existe pas de personnes en devenir sans accompagnants déterminés, il n’existe pas non plus de bons leaders sans mentors engagés ! Il nous appartient aujourd’hui de guider et d’encourager la génération qui se lève ; et que par elle, Dieu poursuive l’oeuvre qu’il a commencée en nous et en nos prédécesseurs.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire l’ouvrage coécrit par Martin Sanders et Alain Stamp, ‘’Former des leaders : le mentorat, l’art de l’accompagnement’’ aux éditions BLF.
THIERRY MIRONE
NOTE
1 Sanders, Martin. Stamp, Alain. Multiplier les leaders : Le mentorat, l’art de l’accompagnement. Éditions BLF, 2012