Gardienne du Traité, la Commission européenne veille à la bonne application de la citoyenneté comme à la promotion de valeurs et de pratiques citoyennes. Pour ce faire, elle redéfinit les droits et les devoirs de chacun des Etats membres, avec la volonté de contribuer à l’épanouissement de citoyens européens autonomes, solidaires et responsables. La citoyenneté de l’Union donne aux ressortissants des États membres des droits et renforce la protection de leurs intérêts. Outre le droit de circuler, séjourner, s’installer, travailler, étudier, voter, être éligible, bénéficier de la protection consulaire… figure le droit de pétition devant le Parlement européen et le droit de faire appel au médiateur européen pour examiner les cas de mauvaise administration de la part des institutions et organes communautaires.
« J’encourage donc, en tout premier lieu, à faire des requêtes, des prières, des supplications et des actions de grâce pour tous les humains, pour les rois et pour tous ceux qui occupent une position d’autorité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et en toute dignité. Cela est beau et agréé de Dieu, notre Sauveur, qui veut que tous les humains soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité  » (1 Timothée 2:1-4. NBS).

L’Écriture affirme massivement la responsabilité des chrétiens qui ont reçu mandat d’intercéder pour les autorités qui les gouvernent. Une telle exigence souligne notre devoir incontournable d’assumer notre double citoyenneté : si nous sommes avant tout « citoyen de la cité céleste » (Colossiens 3:1-4; Hébreux 11:13-16; 1 Pierre 2:11), nous ne devons pas pour autant négliger les charges inhérentes à notre citoyenneté terrestre. En somme, nous devons bel et bien assurer sur les deux tableaux à la fois, sans manquer à nos devoirs d’administré payant ses impôts, d’électeur participant aux débats d’enjeu local, régional, national ou européen. ou de citoyen s’intéressant aux affaires de la cité comme aux questions de société et d’actualité. Déjà en son temps, Jérémie n’appelait-il pas ses compatriotes à rechercher le bien de la ville où le Seigneur les avait déportés ? D’autant que leur bien-être dépendait de celui de la cité où ils résidaient (voir 29:7).

L’exhortation biblique à la prière pour les autorités nous amène à nous poser plusieurs questions:

  • Quelle image avons-nous de la société dans laquelle nous vivons?
  • Quel regard posons-nous sur l’Église de Jésus-Christ, le pouvoir qu’elle détient et l’enjeu qu’elle représente, à l’échelle cosmique et universelle?
  • Quelle vision avons-nous de la souveraineté et de la puissance de Dieu sur les nations, les événements de l’histoire et les inconvertis, notamment ceux qui exercent le pouvoir?
  • Quelle conception avons-nous de la puissance de la prière?

Le défi est lancé : nous devons aligner notre point de vue sur celui de la Parole de Dieu et sur le Dieu de la Parole.

Vision de la société

Du temps d’Ézéchiel, l’état du pays dans lequel il vivait était au plus bas. Sans vouloir risquer un parallèle rigoureux entre la situation du temps d’Ézéchiel et la nôtre, disons que, dans un réquisitoire sévère contre Jérusalem (22:23-31), l’Éternel dénonce de graves irrégularités qui motivent inéluctablement (à moins de trouver un intercesseur!) le bien-fondé du jugement à venir:

  • Les prophètes conspirent de manière scandaleusement égoïste pour porter atteinte aux biens et aux personnes (verset 25). Ils cachent et sous-estiment la gravité du péché, induisent le peuple en erreur tout en prétendant être inspirés par le Seigneur (verset 28);
  • Les prêtres violent la loi de Dieu, ne font pas la différence entre ce qui est pur et impur aux yeux de Dieu, qu’ils déshonorent en méprisant sa volonté (verset 26);
  • Les dirigeants du peuple sont comparés à des loups déchirant leur proie et profitant de leur statut (verset 27);
  • Dans de telles conditions, les gens du peuple ne font pas mieux : actes de violence et de racket exploitation des plus démunis, violation des droits de l’homme (verset 29).

Manifestement, la situation morale et spirituelle de la société, de la classe dirigeante et du pouvoir religieux exigeait, devant Dieu, la médiation d’un intercesseur disposé à plaider pour la survie du peuple et de la nation : « J’ai cherché parmi eux quelqu’un qui construise un rempart et qui se tienne debout sur la brèche, devant moi, en faveur du pays, afin que je ne le détruise pas, mais je n’ai trouvé personne » (verset 30).

Dans notre société et dans le quartier où nous vivons : quelles situations personnelles, familiales, sociales, ecclésiales, régionales ou nationales devraient nous amener à affirmer notre foi et notre citoyenneté, en réagissant au moyen de la prière? Quels sujets préoccupants devrions-nous transformer en sujets de prière?

L’enjeu de l’Église

N’aurions-nous pas tendance à minimiser ou à sous-estimer l’enjeu que représente l’Église, à l’échelle cosmique et universelle, dans la dimension de l’éternité? Dans Ephésiens 3:8-10, Paul brosse un tableau magistral de la place qu’occupe l’Eglise dans le projet de Dieu, qu’il dévoile aux perdus. Bien que le message de l’Évangile soit destiné en premier lieu aux êtres humains, les créatures invisibles ne peuvent rester insensibles à la proclamation de la Bonne Nouvelle. « Par cette mise en lumière, les autorités et les puissances dans le monde céleste peuvent connaitre, par le moyen de l’Église. les aspects infiniment variés de sa sagesse » (verset 10. Semeur). John Stott commente ce texte en soulignant que :

  • L’Histoire est le théâtre où se déroule l’action;
  • Le monde constitue l’estrade sur laquelle l’Eglise joue son rôle: Les membres de l’Eglise universelle sont les acteurs;
  •  Dieu en personne a écrit le scénario dont Il est producteur et metteur en scène.
  • Et les spectateurs ? Ce sont les principautés et les pouvoirs dans les lieux célestes ! Ils assistent ainsi au spectacle du salut des pécheurs intégrés au corps de Christ et cela a de quoi les interpeller et attirer leur attention sur la puissance de Dieu et l’étendue de sa grâce.

Une telle vision n’est-elle pas de nature à nous motiver et à nous mobiliser dans la prière, dans notre engagement au sein de l’Église locale et dans l’évangélisation?

Impact de la prière

La souveraineté de Dieu embrasse tous les champs de l’existence : de la sphère privée jusqu’au domaine public, national et international. Dieu a le pouvoir d’influer sur les nations, sur les événements de l’histoire comme sur les inconvertis qui exercent le pouvoir (Proverbes 21:1). Bien des exemples bibliques et historiques sont là pour le prouver.

Samuel considérait qu’il aurait gravement manqué à son devoir s’il avait cessé de prier pour son peuple : cela équivalait à un péché contre Dieu (1 Samuel 12:23). Si en certaines circonstances, la patience de Dieu avait atteint son point de non-retour lorsqu’aucune médiation ou intercession n’était encore envisageable (Jérémie 7:16, 11:14, 14:11, 15:1, Ézéchiel 14:14, 19), à plusieurs reprises dans l’Écriture, le Seigneur s’étonne de devoir sévir et sanctionner le péché, faute d’intercesseurs qui auraient pu épargner le peuple. (Ésaïe 59:16:63:5, Jérémie 5:1, Ézéchiel 22:30).

Deux exemples bibliques remarquables soulignant les effets de l’intercession sont à mentionner : Abraham intercédant pour que le juste ne soit pas sanctionné de la même façon que le coupable à Sodome (Genèse 18:20-33) et Moise plaidant que Dieu fasse grâce à son peuple obstiné (Exode 32:7-14).

L’une des meilleures façons d’assumer notre double citoyenneté ici-bas consiste à exercer notre foi en intercédant. Intercéder, en demandant au Seigneur le renversement de situation. Il en est capable! Intercéder en faveur des décideurs et des personnalités influentes de la politique, de l’économie, de la culture, des médias, de l’art, de l’éducation, de la police, de la justice… Intercéder en faveur des autorités européennes, nationales, régionales, municipales…

Ce qu’il y a d’extraordinaire dans les exemples d’Abraham et de Moise, c’est que Dieu a su prendre la parole des hommes au sérieux. Saurons-nous, de la même manière, prendre la Parole de Dieu au mot?

Dany Hameau, (ex) président de la FEF