(Suite de l’article paru dans Info-FEF N°74)
LES CROYANCES ESSENTIELLES
Monisme/Panthéisme/Universalisme
Tout ce qui existe provient d’une seule source d’énergie divine. Tout ce qui existe est Dieu, Dieu est tout ce qui existe. De là l’idée que l’homme est divin. La divinité n’est pas à rechercher dans des textes, ou dans les cieux. Elle est à trouver en nous-mêmes.
Puisque tout est Dieu, il n’existe qu’une réalité, difficile à cerner, mais abordable de tout côté. Aucun chemin n’est exclusif.
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Le karma / la réincarnation
Les actes bons ou mauvais forment un passif ou un actif que l’on appelle le karma(n). A la fin d’une vie, le karma détermine les punitions ou les récompenses attribuées à chaque individu, pour ses prochaines vies. Il se réincarnera immédiatement (pour les Tibétains), après 49 jours (Druzes), selon un cycle de 144 ans (Rosicruciens) ou de 1000 à 1400 ans (Théosophes). Mais l’homme meurt et renaît plusieurs fois afin de se purifier et mûrir.
Cette pensée est de plus en plus à la mode. Les témoignages en sa faveur se font nombreux
« Ce qui me fait adhérer à l’idée de la réincarnation, explique Laurent, 31 ans, responsable du marketing dans une société agro-alimentaire de l’Isère, c’est la notion de justice qui y est attachée. Nous nous réincarnons en fonction de nos existences antérieures. Si nous avons commis beaucoup d’actes négatifs, nous nous réincarnerons nécessairement dans une condition difficile. A l’inverse, si nous faisons le bien, nous aurons une existence future prospère et heureuse. Sans adhérer à aucune religion, je suis croyant, et c’est la seule explication rationnelle que je vois pour expliquer les inégalités fondamentales qui existent dès la naissance entre les hommes. »21
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LES OBJECTIFS
L’éveil intérieur
La réalité est diffuse, difficilement saisissable. La vie a pour objectif de réaliser un éveil intérieur qui conduira à l’illumination. De nombreuses techniques sont proposées, de la drogue à la méditation transcendantale, en passant par le yoga ou les cercles de discussions ésotériques. Basarab Nicolescu de nouveau
Le mental crée des problèmes, des énigmes, de la complexité, comme une distance entre l’homme et la nature, l’homme et la réalité. Le mental remplace sans cesse des énigmes par d’autres énigmes, et l’on peut imaginer ce processus continuant jusqu’à la fin des temps. Mais à un autre niveau, celui de l’expérience intérieure, s’il y a rencontre de soi-même avec soi-même, il n’y a plus d’énigme : il y a tout simplement la lumière éblouissante, inoubliable, de l’Evidence absolue. 22
A mon sens, ce n’est pas un éveil, mais un endormissement de la volonté consciente pour un échange de valeurs, une influence des pensées et de l’esprit. Ces transformations ne sont pas neutres. Elles peuvent être dangereuses, comme le témoigne cet adepte des NS
Les éveils de kundalini « sauvages » ou « accidentels » sont bien connus. Ils surviennent de façon telle que la compréhension ne suit pas toujours et que les plus grands désordres psychiques peuvent s’ensuivre. Mais c’est vrai que celui qui a eu les yeux ouverts, ne serait-ce qu’une fois, ne peut plus jamais oublier. Il sait ce que le commun des hommes ne sait pas. Et il est prêt à faire face au monde entier pour le défendre. 23
L’éveil initiatique est dangereux. C’est une porte ouverte sur un monde ténébreux, dont le chef se présente en vêtements de lumière (voir 2 Cor. 11.14)
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Le soin du corps
Le corps reçoit une attention dévouée, notamment par le biais des médecines douces. Celles-ci sont une vitrine alléchante pour la pensée des NS. Je ne veux pas dire que ces médecines soient nécessairement mauvaises. J’observe seulement que bon nombre d’entre elles font l’apologie des NS, et y conduisent parfois. Comme le remarque Willaime
On passe insensiblement […] de la cure des corps à la cure des âmes et inversement. C’est pourquoi l’on peut hésiter à parler de religieux à propos de certains de ces mouvements. 24
L’oecuménisme total
Ils oeuvrent avec intensité pour rapprocher les religions humaines. Ils organisent des congrès oecuméniques pour tenter de définir les points communs et de construire une plate-forme commune à toute religion. Ils croient à l’évolution de toutes les spiritualités vers cette plate-forme commune.
L’Eglise a à apprendre des bouddhistes et des hindouistes, du Confucianisme et du Taoïsme, et de l’Islam et du Judaïsme. Elle a à apprendre. 25
Un site internet faisant la promotion du Nouvel Age
La religion universelle peut se visualiser comme une montagne, parcourue par de nombreux sadhanas (voies spirituelles) qui mènent au sommet. Certaines sont plus difficiles que d’autres. Il n’y a pas de chemin parfait. Tous les chemins mènent au sommet. Ils anticipent qu’une nouvelle religion contenant des éléments de toutes les fois actuelles évoluera et sera généralement acceptée dans le monde entier.
Notre scientifique ésotérique évoque la convergence de toute spiritualité par l’expérience intérieure
L’attitude trans-religieuse est tout autre chose : elle laisse la liberté pour chacun de choisir sa voie, sa religion, son identité. Il s’agit de reconnaitre qu’il y a un point de convergence à jamais intangible par les mots, mais un point de convergence quand même, et tangible par une expérience intérieure 26
Cette convergence vise ainsi la création d’une seule foi…
L’entraide planétaire
Les intellectuels poussent les dirigeants politiques à créer un gouvernement mondial. Cette période, cet Age Nouveau, est parfois appelé Nouvel Ordre Mondial, ou encore l’Ere du Verseau. Un sociologue américain, mort en 1990, déclarait
La destinée de l’humanité, après sa période préparatoire de longue haleine de séparation en séparation, va enfin devenir unifiée… Cette unité est sur le point d’être politiquement réalisée dans un gouvernement mondial qui unira nations et régions d’une manière qui dépasse leur capacité individuelle 27
Cette mondialisation est dans l’ère du temps. Plusieurs essais d’unification planétaire (économique ou politique) ont eu lieu depuis la deuxième guerre mondiale. Le désir d’en finir avec la guerre et l’injustice, de répondre aux problèmes écologiques, à la faim dans le monde, engendre une passion pour la construction d’une unité planétaire. Cette envie (louable mais si dangereuse car éloignée des peuples) est partagée par les responsables des NS, qui apportent ici et là une contribution significative à l’ensemble.
COMMENT ABORDER LES ADEPTES DES NS ?
On peut schématiser en répartissant les adeptes en trois catégories, et adapter l’approche en conséquence.
L’initié
C’est un homme dont la foi aux NS se fonde non sur un dogme ou une doctrine lue dans les livres, mais sur un vécu profond qui a bouleversé sa vie. Cette initiation pourra être une ‘Expérience de Mort Imminente’ (l’individu est laissé pour mort, se voit visiter l’au-delà, et reçoit divers enseignements 28), une sortie du corps lors d’une méditation transcendantale, ou sous l’effet de drogue, une rencontre avec des esprits ou des anges. La liste n’est pas exhaustive.
Il est stérile d’argumenter sur le terrain de la réalité de l’expérience. Plus intéressant est celui de la source de l’expérience. Toutes les expériences ont-elles la même valeur ? Certaines peuvent-elles être manipulées par des éléments spirituels négatifs ? Comment distinguer entre des influences spirituelles positives et des influences spirituelles négatives ?
L’intéressé
Il a tout lu sur la question – ou presque ! Il campe au pied des rayons ésotériques des librairies, et est prêt à traverser la France pour entendre une célébrité du milieu s’exprimer sur la spiritualité orientale. Il n’a rien vécu de fort, mais pressent qu’il y a là réponse au sentiment de désordre qu’il connaît dans son coeur.
C’est le terrain le plus propice à l’annonce de l’Evangile, car cet homme est en recherche. Pour peu qu’il trouve un chrétien respectueux (la perception du moindre orgueil disqualifiera le messager), il sera prêt à dialoguer. L’un des points les plus importants est la question du péché. Or la compensation du mal selon le karma est injuste et déresponsabilisante ; le mal actuel sera toujours justifié par celui d’hier – et donc inévitable. D’autre part, on ne saurait aider ceux qui souffrent – ils doivent payer. Enfin, comment oser croire que le bien paierait le mal ? Faire le bien, c’est normal, pas méritoire !
L’innocent
C’est un homme qui croit ce que la mode enseigne ! Il n’a ni vécu un événement fort, ni réfléchi à la question. La réincarnation ? Ça l’arrange !
Mais il ne faut pas aller plus loin. On retombe sur des pistes classiques de l’annonce de l’Evangile.
Pour tous
L’amour. Ce que les chrétiens vivent (parfois), peu de gens le connaissent. S’aimer entre chrétiens, aimer ceux qui affirment des choses si aberrantes, est un devoir. Une nécessité. Lorsque j’étais attaché aux NS, je trouvais les conceptions de mon ami protestant tellement obsolètes. Mais son écoute, l’amour de ses amis, ont eu raison de mes préjugés.
Le péché. Il faut oser à nouveau dire clairement que le bien et le mal sont réels et distincts. La lecture des dix commandements, ou de Matthieu 5 sont des tuteurs utiles pour prendre conscience du sérieux et de l’étendue du mal.
L’Evangile. La grâce du Christ est un « scandale », une occasion de chute, pour les adeptes des NS. Leur système favorise l’orgueil (puisqu’on parvient par soi-même aux hautes sphères spirituelles). L’Evangile exige l’humilité. Des versets tels que Héb. 9.27 ou Jean 14.6 peuvent « dynamiter » les coeurs endurcis pour les conduire à l’amour de Dieu. Proclamer l’Evangile, même si on ne peut le démontrer, c’est largement suffisant pour que la semence croisse sous l’influence du Saint Esprit.
« Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun » (Col. 4.6)
Florent Varak & Patrick Luthert
NOTES
22 Nicolescu, Op. cit., p. 41-42.
23 Alain Chevillat, « Carnet de Route » Terre du Ciel oct-nov. 95. p.11.
27 Lewis Mumford, Transformations, 1956, p. 142.
28 Voir F. Varak, La réincamation, Villeurbanne ; Editions CLE, 1994, pour une évaluation de ces phénomènes.