Le premier mariage entre personnes de même sexe a eu lieu le 29 mai à Montpellier, 11 jours après la promulgation de la loi «Taubira». La France est le 14ème pays à avoir emboîté le pas.
Même si nous avons exprimé des réserves à manifester le 26 mai, cela ne signifie pas que nous estimions cette loi équitable. Non seulement un virage «anthropologique» a été réalisé, balayant un consensus de plus de deux millénaires, mais avec cette loi, une boîte de pandore a été ouverte. Sous peu, il ne serait pas étonnant que la PMA (Procréation Médicalement Assistée) et la GPA (Gestation Pour Autrui) soient acceptées pour les homosexuels. En effet comment concevoir un «mariage» en interdisant d’avoir des enfants ? Le Conseil Constitutionnel réuni le 17 mai a approuvé la loi «Taubira» tout en ne reconnaissant pas, pour l’instant, le «droit à l’enfant» aux couples de même sexe. Mais la cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en février 2013 a condamné l’Autriche pour traitement discriminatoire, en refusant de prendre en compte la demande d’une femme désirant adopter l’enfant biologique de sa compagne. La situation est différente, des années risquent de passer avant que la CEPH ne puisse être saisie pour un procès concernant la France, mais ne soyons pas naïfs.
RÉFLEXION SUR L’ACCUEIL
Il est incontestable que des abus ont eu lieu dans le regard porté sur l’homosexuel. Jésus nous a enseigné, à travers le récit de la femme adultère, que nous devons exercer la miséricorde sans réduire l’exigence de la volonté de Dieu : «Je ne te condamne pas non, va et ne pêche plus» (Jean 8.11). Ce verset nous fait réfléchir sur l’accueil que nous devons développer dans nos Églises face aux personnes qui ont fait d’autres choix moraux que nous, face aussi aux blessés de la vie et à ceux qui sont sous des puissances d’aliénation. L’étude du comité d’éthique protestante évangélique est à ce propos très pertinente1.
OÙ VA NOTRE SOCIÉTÉ ?
Ce que la Bible appelle parfois «le monde» n’a pas ou peu de place pour Dieu : «Car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde» (1 Jn 2.16). Nous ne sommes donc pas vraiment étonnés en tant que chrétiens de certaines dérives. De plus, nous savons que notre société est en marche dans une direction que dévoile la révélation biblique. La description des «derniers temps» par Paul, fait ressortir le puissant désir d’émancipation par rapport à toute loi divine : «Sache que dans les derniers jours surgiront des temps difficiles. Car les gens seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, rebelles envers leurs parents, ingrats, sacrilèges, insensibles, implacables, médisants, sans maîtrise de soi, cruels, ennemis du bien, traîtres, emportés, aveuglés par l’orgueil, amis du plaisir plus que de Dieu ; ils garderont la forme extérieure de la piété, mais ils en renieront la puissance. Éloigne-toi de ces gens-là» (2 Ti 3.1-2).
CE QUI NOUS ATTEND
L’exemple des Pays-Bas nous fait réfléchir. Douze ans après cette loi autorisant le mariage homo, la société, de manière générale, ne tolère plus les personnes qui expriment leur désaccord dans ce domaine. Les officiers d’état civil ont eu pendant dix ans la possibilité de refuser de marier un couple homosexuel, mais depuis deux ans, on «démissionne» ces personnes comme l’écrit Luc Chambon, enseignant homosexuel dans ce pays, dans Rue89 du 21 janvier 2013.
QUE FAIRE ?
Les paroles inspirées de Paul aux Philippiens prennent une nouvelle dimension : «Faites tout sans maugréer ni discuter, pour être irréprochables et purs, enfants de Dieu sans défaut au milieu d’une génération perverse et dévoyée, dans laquelle vous brillez comme les lumières du monde, en portant la parole de la vie» (Phil 2.14-16). Faut-il prendre part aux manifs à venir ? Tout en reconnaissant qu’il peut y avoir certaines associations ponctuelles fructueuses avec des personnes de «bonne volonté» (par exemple lors des manifs de janvier et de mars 2013), je pense néanmoins que nos efforts devraient se concentrer davantage sur notre désir de vivre l’Évangile et de porter la parole de vie. C’est par cet Évangile que nous annonçons la puissance de salut, de libération, de restauration pour quiconque croit (Ro 1.16).
REYNALD KOZYCKI
EX-PRÉSIDENT DU RÉSEAU FEF
décédé en juillet 2016