Si l’homosexualité existe depuis toujours, la période actuelle fait partie de celles où cette forme de sexualité est non seulement développée mais aussi manifestée au grand jour. Nous croyons que la Bible est claire pour caractériser la pratique homosexuelle comme un péché. Mais nous croyons également qu’elle est explicite quant à l’accueil inconditionnel des personnes en recherche du Christ, dans nos Églises. Nous avons demandé à Philippe Auzenet, spécialiste de cette question, de nous faire part de ses connaissances et de son expérience.

L’Église locale : lieu d’accueil ou ghetto?

L’Église locale est-elle le lieu où les gens sont les bienvenus quels que soient leurs péchés ? La peur, les préjugés, le légalisme, la super-spiritualité, l’esprit de jugement et d’intolérance, le désir d’aligner immédiatement les personnes selon le droit fil de la Parole de Dieu prennent-ils le pas sur l’esprit de grâce et de miséricorde, le discernement rempli d’amour, l’acceptation inconditionnelle et patiente du vécu des personnes que Dieu nous confie?

Au début de notre conversion, combien de temps avons-nous pris pour que Dieu arrive à enlever de notre vie intérieure certains péchés récurrents de type sexuel, idolâtre, ou occulte ? Des mois, des années ? Dieu nous a-t-Il fait des reproches quotidiens en nous menaçant de mesures disciplinaires lorsque nous avons continué à vivre dans la pratique du péché ? Nous connaissons la réponse, la plupart d’entre nous.

Heureusement Dieu nous a signifié: « Je t’aime tel que tu es ». C’est précisément cet amour qui nous a vaincu ensuite. Comme dans le cas de la femme adultère, Jésus dit: «Va et ne pèche plus » et non «Ne pèche plus et va». La différence est fondamentale. Jésus fait confiance à la femme et lui dit: «À cause de l’amour que je te porte, à cause de notre rencontre de qualité, tu n’as plus besoin de pécher maintenant, tu as trouvé ton maître! ». Voilà un enseignement fondamental pour l’accueil et le suivi des personnes homosexuelles dans l’assemblée locale.

Expérience personnelle

Dieu m’a vraiment formé à l’accueil de personnes homosexuelles lorsque je me suis trouvé pour la première fois en relation avec un couple homo, par messagerie internet. L’un était chrétien évangélique. Il venait de se marier avec un homme, dans les pays nordiques où cela est autorisé. Le Seigneur m’a montré de ne lui faire aucun reproche. Je l’ai écouté durant des mois, je l’ai renvoyé à lui-même et à sa responsabilité devant Dieu. Je l’ai aimé de l’amour de Dieu, en lui signifiant toujours que je respectais son vécu, que je n’avais pas le droit de me mêler de ses actes et de sa vie privée, même en tant que pasteur. Cela l’a fait beaucoup réfléchir et a provoqué une conviction de péché. «Enfin un pasteur qui ne me force pas, qui me tolère et m’aime au point de m’écouter jusqu’au bout! ».

Une année après, alors que je n’avais plus de nouvelles de lui, il m’envoie un mail avec une photo jointe: c’était lui et sa femme! Il avait quitté son homme et Dieu lui avait envoyé une chrétienne à qui il a tout raconté et qui s’est bien occupée de lui… au point de penser au mariage!

Il y a une grande différence entre le suivi des personnes homosexuelles en dehors de l’Église locale et à l’intérieur de celle-ci. Mais l’état d’esprit doit toujours demeurer le même: « Je t’aime tel que tu es ! tu es le bienvenu! prends tout ton temps pour réfléchir sur ta vie et entrer dans les bonnes décisions ! Je suis à ton service si tu veux une aide et être entouré d’amour pur ! ». Comme dans toute vie communautaire, la vie dans l’Église locale a ses règles, sa culture, sa discipline. Ainsi un alcoolique qui vient troubler les réunions publiques en arrivant éméché à chaque réunion, invectivant son entourage, se verra être discipliné et interdit parfois d’accès aux réunions car il trouble l’ordre public. C’est bien normal. Mais s’il ne trouble pas les réunions, il a libre accès ! et c’est à la communauté de le supporter tel qu’il est, de manière à ce qu’il rencontre Dieu. Il en est de même pour les personnes homosexuelles.

Comment leur parler ?

Entre 5 et 7 % de la population française est homosexuelle. 40 % vivent dans les grandes villes. Les couples homo durent 7 ans en moyenne.

Il est important que nous sachions accueillir ces personnes d’une manière inconditionnelle. Si nous refusons de le faire, comment ces personnes pourront-elles être aidées, entourées, restaurées ? Comment seront-elles évangélisées ? Comment ces personnes se sentiront-elles à l’aise dans nos assemblées, si dès qu’elles assistent à nos réunions nous les braquons, en les criblant de questions ou d’interdictions :

– «Vous le savez peut-être, mais Dieu guérit l’homosexualité? »

– «La Bible dit que ceux qui sont homos n’iront pas au Ciel. »

– «Sodome et Gomorrhe, le feu et le souffre, l’homosexualité est un des péchés les plus graves, c’est une abomination! »

– «Ne revenez plus à nos réunions, ou alors séparez-vous d’avec votre partenaire d’abord. »

Ce n’est pas en retirant de force à l’alcoolique sa bouteille que nous allons lui faire rencontrer Dieu et susciter un changement… mais c’est en lui témoignant authentiquement qu’il peut trouver mieux que sa bouteille! De même, nous devons accueillir toute personne homosexuelle comme une personne comme les autres, car elle l’est! Nous n’avons pas le droit de l’assimiler à sa sexualité, ni à ses actes, car Dieu ne le fait jamais. Il s’adresse à l’être tout entier… et l’aime sans condition.

Sachons séparer le péché du pécheur. Dieu condamne la pratique de l’homosexualité, pas la personne homosexuelle ou qui a des attirances homosexuelles. Elle n’a souvent pas choisi d’être ce qu’elle est et le subit parfois avec douleur, voire comme un martyre dans certains cas.

Qu’est-ce que l’homosexualité ?

L’apparition des premières pulsions homosexuelles se produit souvent dès l’âge de 11 ans, en sixième. Cependant, à tout âge, certaines personnes peuvent découvrir qu’elles éprouvent une forte attirance sentimentale, amoureuse et sexuelle, de préférence ou exclusivement pour les personnes de leur sexe, et passent à l’acte: on dit qu’elles sont «homosexuelles ».

Toutefois, comme l’hétérosexualité, l’homosexualité ne se réduit pas à un simple comportement sexuel. Elle implique un ensemble d’attitudes, de valeurs et de préférence dont la seule véritable justification se trouve dans les rapports affectifs et sentimentaux.

Le psychiatre J. Marmor suggérait la définition suivante, qui semble assez appropriée: «peut être considérée comme homosexuelle une personne qui, durant sa vie adulte:

– manifeste une préférence pour des personnes de son propre sexe;

– est érotiquement (sexuellement) attirée par ces personnes ;

– et a habituellement (mais pas nécessairement) des relations sexuelles avec une ou plusieurs de ces personnes ».

David Field, dans son livre sur l’homosexualité1 , distingue deux sortes de personnes homosexuelles : celles2 qui n’ont jamais eu d’attirance sexuelle envers une personne du sexe opposé et seraient donc victimes d’un renversement de leur instinct sexuel et celles qui ont été hétérosexuelles et se sont détournées de leurs dispositions naturelles à un moment donné de leur existence.

En France, 80 % des jeunes homosexuels mènent une double vie et assument mal leur homosexualité, 10 % environ des homosexuels refoulent totalement leur homosexualité, 5 à 10 % seulement sont bien dans leur peau. 20 % seraient des hommes mariés3.

Différentes sortes d’homosexualité

Il existe différentes formes d’homosexualité, dont certaines ne signifient pas que l’on soit homosexuel si l’on en vient à passer à l’acte. D’autre part, le vécu homosexuel n’est pas le même si l’on se situe dans une grande ville comme Paris ou en province voire en zone rurale. Il n’est pas non plus le même selon l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, la culture ou la religion à laquelle on appartient.

La bisexualité est le fait de personnes qui ont habituellement une relation sexuelle aussi bien avec un homme qu’avec une femme. Elle est plus répandue qu’elle ne le laisse paraître et parfois même à la mode dans certains milieux. Elle est pratiquée par des hommes mariés la plupart du temps. De nombreux pharaons affichaient leur bisexualité ouvertement et souvent les reines d’Égypte étaient bisexuelles. La plus réputée demeure Néfertiti, femme d’Akhenaton et belle-mère de Toutankhamon.

L’homosexualité accidentelle survient durant l’enfance ou l’adolescence, parce que le jeune se laisse entraîner par les pratiques de ses copains : il n’a pas de désir homosexuel réel mais passe à la pratique. Il peut assumer assez bien ce qui lui arrive ou au contraire en ressortir traumatisé. Dans ce cas il aura besoin d’être écouté et rassuré lors d’entretiens.

Plus grave est l’homosexualité subie et forcée sous forme d’attouchements sexuels, brimades sexuelles ou viols. La personne aura obligatoirement besoin d’être reconnue et traitée en psychothérapie. Cette forme laisse souvent des traces psychiques et physiques difficilement supportables et qui demeurent actives dans le temps. Comme dans le cas d’une hétérosexualité subie et forcée, il va sans dire que les auteurs de tels faits doivent être interpellés, sanctionnés par la justice et pris en charge psychologiquement afin de prévenir les phénomènes de récidive.

L’homosexualité passagère est celle qui est pratiquée volontairement par certains adolescents à une période de leur vie où ils se cherchent et goûtent à tout. Ils traversent des périodes de test, de rébellion sexuelle et morale face aux normes. Cette sorte d’homosexualité ne constitue qu’une expérience transitoire qui ne devrait laisser que peu de traces.

L’homosexualité de circonstance est liée à une promiscuité exclusivement masculine et au manque de femmes : internat, colonie de vacances, armée, marine, séjour en prison – dans une cellule où s’entassent souvent plusieurs jeunes hommes sur une superficie totale de 9 m². Une autre forme de sexualité étant rendue impossible, des rapports homosexuels «de circonstance» peuvent avoir lieu, plus ou moins choisis. Quand les femmes redeviennent plus accessibles, ces pratiques diminuent. Le risque toutefois, pour une personne qui passe par là, c’est que le temps puisse favoriser l’installation définitive de cette forme de sexualité et la rende indispensable par la suite.

Dans cette homosexualité de circonstance, il faut aussi classer la prostitution homosexuelle, liée soit à la pauvreté – ce qui est le cas dans certains pays sous-développés -, soit au désespoir, soit au choix d’en faire une activité lucrative d’une manière temporaire.

L’homosexualité refoulée est intériorisée et comprimée volontairement tel un ressort, par un individu. Elle n’est pas regardée en face ni intégrée mais inhibée, ce qui constitue un facteur essentiel. Elle est présente chez celui qui, pour différentes raisons, n’a pas voulu l’extérioriser à cause d’angoisses, de dénis, de la honte, de références morales ou spirituelles, de peurs pour sa réputation, sa famille etc. La plus pernicieuse dans nos milieux est l’homosexualité refoulée dès l’adolescence «au nom de Jésus », pour plaire à Dieu. Elle ressortira, même après la conversion et provoquera bien des incompréhensions entre la personne et Dieu.

L’homosexualité refoulée peut parfois mettre une personne en danger, car il suffit de circonstances soudaines pour que celle-ci ressorte et explose: une épreuve, une déception relationnelle, des problèmes sexuels avec le partenaire du sexe opposé, une attirance imprévue envers un collègue de travail pratiquant l’homo ou la bisexualité.

De même que l’hétérosexualité refoulée, l’homosexualité refoulée et comprimée durant des décennies peut être à l’origine de viols ou d’attouchements sexuels subits, ainsi que d’un goût immodéré pour la pornographie compulsive. Une voie possible pour s’en sortir : arriver à parler fréquemment à une personne de confiance pour aborder le sujet, l’intégrer et le gérer. Suivre une psychothérapie le cas échéant.

L’homosexualité structurelle est celle qui a toujours existé chez une personne depuis sa plus tendre enfance. Certains pensent qu’elle serait génétique, d’autres qu’elle serait le fait d’une étape psychologique manquée durant la première enfance: mauvaise identification du genre, de l’identité sexuelle, blocage de la personnalité au stade narcissique etc.

L’homosexualité réactionnelle se produit après un facteur déclenchant: déception sentimentale avec une personne du sexe opposé – épreuve émotionnelle difficile – désir de découvrir une autre sexualité – phase dépressive suivie d’une régression affective ou sexuelle… Elle ne s’installe pas définitivement, mais doit être prise au sérieux.

Enfin, signalons aussi des cas d’homosexualité occasionnelle dans les milieux snobs ou «branchés », pour qui ce genre de relation représente un «must ».

Le vécu intérieur de la personne homosexuelle

«Pourquoi me condamne-t-on à une éternité de souffrance parce que je suis ce que je suis ? » (Jean-Étienne) Face à une telle souffrance, la nécessité d’une écoute et d’un suivi personnalisés, avec des entretiens réguliers durant quelques années s’impose.

La plus grande crainte d’un jeune, lorsqu’il découvre sa préférence homosexuelle, est non seulement liée à son mal-être intérieur personnel grandissant – il ne se sent pas comme les autres et cela l’angoisse – mais aussi au fait d’être jugé négativement, d’être rejeté. Il est vrai que des plaisanteries douteuses de toutes sortes sur les homosexuels fusent encore à tout moment et dans tous les milieux. Il s’en suit pour certains une honte et un rejet de leur être, lorsqu’ils découvrent leurs penchants homosexuels qu’ils pensent ne pas pouvoir réprimer ou réorienter. «Non, pas ça, pas moi! ».

Mais il y a davantage: pour certains, le choc est tellement important lorsqu’ils découvrent la vérité sur eux-mêmes à ce sujet, qu’ils peuvent adopter pour s’en sortir des attitudes intérieures destructrices (voir encadré). Le Docteur MacKellar souligne la sensibilité particulière des personnes homosexuelles : «La plupart des homosexuels sont remarquablement sensibles. Ils sont affectés bien plus profondément que d’autres par les circonstances et les influences de la vie. Ils ressentent la tristesse et les joies des autres personnes plus intensément. Souvent, on les trouve dans les professions sociales ou artistiques de la société (la politique, les arts, la médecine, les lettres, le théâtre) et rarement dans les professions de secteurs techniques. La conséquence la plus dramatique de cette sensibilité est le besoin impérieux et douloureux que les homosexuels ressentent pour l’affection profonde et l’amour. Le paradoxe réside dans le fait qu’ils n’obtiendront jamais cet amour car ils ne pourront s’entourer de femmes ou d’enfants, qui sont généralement les personnes qui nous affectionnent le plus4 . »

Que peut faire l’Église locale ?

Lors de mes interventions dans les Églises locales, je constate que la plupart des chrétiens et serviteurs de Dieu sont désemparés devant les cas d’homosexualité. Les conseils que je donne peuvent se résumer de la façon suivante. Il est normal que vous soyez désemparés car l’homosexualité n’est pas seulement un problème de pratique sexuelle mais aussi

d’identité. La personne homosexuelle a vécu un grand manque de père (pour les garçons) ou de mère (pour les filles) et a compensé par des relations homo-sensibles, puis homo-sensuelles, puis homo-sentimentales, puis homosexuelles dans le temps.

Nous n’avons pas le droit de rejeter ces personnes, de les montrer du doigt et encore moins de les forcer à changer, de leur interdire l’accès à l’Église, même pour protéger le témoignage et les membres. On ne le fait d’ailleurs pas envers les personnes ayant une problématique dans leur hétérosexualité.

Aimons-les, ne les assimilons pas à leur sexualité et mettons-les au travail comme les autres, pour servir dans l’Église

Permettons à une personne de notre assemblée de se former à l’accueil et à l’accompagnement des personnes homosexuelles. Le but n’est pas de les accompagner vers un mariage hétérosexuel mais qu’elles avancent spirituellement tout en travaillant leur identité entière. Certaines resteront célibataires, d’autres évolueront par libre choix vers une restauration de l’identité hétérosexuelle. Acceptons qu’une information soit faite dans le groupe de jeunes (et même dans l’Église tout entière), sur le thème de la sexualité. Des personnes concernées par l’homosexualité pourront ainsi mettre en place le plus tôt possible une démarche auprès de personnes spécialisées dans ce domaine pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Il s’agit d’un véritable défi pour l’Église: briser la peur et accueillir inconditionnellement. Nous devons répondre au désir du Seigneur de se révéler dans le cœur de tout être humain, quels que soient ses problèmes. Dans la mesure où nous aimons comme Dieu aime, nous accueillerons les personnes homosexuelles avec grande joie dans nos assemblées. Souvenons-nous de la parole de Jésus: «les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu» (Matthieu 21:31). Prenons-en vraiment acte.

Connaître le vécu intérieur des personnes homosexuelles pour mieux les aimer

Quand elles sont troublées par leur orientation sexuelle, les personnes homosexuelles peuvent adopter les attitudes intérieures suivantes :

une victimisation définitive (« Je suis victime de mon homosexualité, je ne pourrai jamais changer; je suis victime des autres ou des événements.). Il y a bris intérieur, sentiment d’être victime d’une intrusion que l’on n’a ni choisie ni mesurée. C’est un choc psychologique et physique terrible.

– un sentiment de deuil (« Je dois renoncer à l’hétérosexualité, je ne pourrai pas vivre comme tout le monde, me marier et avoir des enfants »). Un état de morbidité peut même s’installer, avec des pulsions masochistes et de vengeance. La personne flirte parfois avec le deuil et la mort.

– le déni et le doute (« Je ne suis pas comme ça, ce n’est pas vrai, c’est passager. En fait je suis hétérosexuel »). Le déni ou le doute peuvent durer plusieurs années, jusqu’au moment où la réalité s’impose. En attendant, la personnalité s’est comme fragmentée partiellement, certains secteurs n’ont pas pu opérer un mûrissement nécessaire.

– la colère et le sentiment d’injustice («Pourquoi moi, que m’a-t-on fait? C’est injuste. Pourquoi Dieu m’a-t-il créé comme ça? »). Cette colère est souvent secrète et refoulée, elle ronge la vie intérieure. Elle s’accompagne de sentiments de rébellion et peut conduire à la marginalité.

– le marchandage (« Je vais procéder de telle et telle manière et ça va partir »). Ce marchandage conduit parfois au désespoir et au suicide, lorsque le sujet s’aperçoit que tous ses efforts sont vains.

– le sentiment d’impuissance et la désorganisation (« J’arrive difficilement à changer la situation… il n’y a peut-être aucune issue pour moi, je suis sans force et impuissant devant ce problème ; comment vais-je me réorganiser? ». Le sentiment d’impuissance tend à faire entrer dans un état dépressif. Plus rien n’a de goût, la vie est désorganisée et brisée.

– le rejet et la dévalorisation de soi (« Je suis un raté, c’est n’importe quoi, je n’ai plus qu’à me cacher complètement des autres et à m’enterrer vivant »). Le rejet produit une dévalorisation. Il bloque le processus de maturation de la personnalité et favorise par la suite la rigidité du caractère et le côté fuyant (détachement émotionnel de protection).

– la honte (« Je ne peux pas en parler, mon drame doit demeurer secret toute ma vie, je l’emporterai dans mon cercueil »). C’est le sentiment pénible et douloureux d’être diminué à cause de moqueries et d’une crainte de ne pas être à la hauteur de l’attente des autres, d’être déshonoré devant eux. La honte favorise la duplicité, la dissolution de l’identité, la détresse.

– la résignation et le fatalisme (« Je suis comme cela, je le resterai toute ma vie, il ne faut attendre aucune évolution. Qui pourra m’aider? Qui me dira la vérité sur ce que je ressens? »). Ce fatalisme peut devenir d’autant plus grand qu’il y a fréquentation du milieu homo, qui bien souvent ne croit pas à un changement possible lorsque l’on s’affirme homosexuel.

– l’angoisse puis la dépression («Ma vie n’a pas de sens, je ne pourrai pas me marier et avoir des enfants, ma vie est fichue »). 40 % des personnes pratiquant l’homosexualité ont des problèmes de dépression. L’avenir paraît bouché, la vie sans intérêt, alors les angoisses, la peur s’installe, puis un état dépressif, parfois même une véritable dépression nerveuse.

– la culpabilité (« Si j’avais su! j’aurais certainement pu éviter ça, je suis certainement responsable. »). L’auto-accusation s’installe, puis la culpabilité. La culpabilité et le rejet engendrent la timidité et l’isolement social. Au niveau spirituel, cette culpabilité peut être accentuée par une lecture fondamentaliste et légaliste de certains versets de la Bible. Elle peut l’être également par une confusion entre l’homosexualité et les personnes la pratiquant. Ces confusions peuvent entraîner un rejet non seulement de toute religion, mais de toute relation entre les êtres créés et leur Créateur. Cela éloigne alors les personnes concernées de toute mise en éclairage de leurs besoins fondamentaux mais aussi de la réinitialisation de leur identité profonde. Cela donne lieu à l’émergence régulière de pensées du type «Dieu m’a créé comme cela, Il ne m’aime pas » ou « Je ne peux pas changer et comme cela ne semble pas souhaité par Dieu, donc je me coupe de lui et des chrétiens ».

– la haine de la société et de l’Église (« Ils ne comprendront jamais rien, je les déteste »). Cette haine de la société est accentuée par l’homophobie ambiante et le fait qu’en arrière-fond, la société ne considère pas réellement les personnes pratiquant l’homosexualité comme des personnes à part entière.

– le désir de mourir («Autant quitter cette vie, elle est trop dure »). Beaucoup de jeunes pratiquant l’homosexualité font une tentative de suicide, la plupart ont entre 16 et 20 ans. Ils veulent cesser de souffrir et de se cacher à vie, en cherchant à entrer dans la mort.

Philippe Auzenet,
pasteur itinérant, auteur du livre «Parler de l’homosexualité» aux éditions du Jubilé/Le Sarment – www.philippe-auzenet. com. 
Fondateur et animateur de l’association «Oser en parler », pôle chrétien qui traite des problèmes de sexualité – www.oserenparler.eu – contact@ oserenparler.com


NOTES

1 Homosexualité, qu’en dit la Bible, David Field, Éditions Trobisch.

2 David Field les appelle: les « invertis » ?

3 Homosexualité masculine pourquoi ?, Écologie humaine, 1998, SOFRES 1997 pour Le Nouvel Observateur «Les Français et l’homosexualité» repris par Têtu, octobre 2000.

4 in Idea, n° 4, Avril 1993, Dr Calum MacKellar