Les notes suivantes ont été prises lors d’une journée d’échange du diaconat de l’AEEI, d’après un exposé de Christa GUTH. Christa GUTH, infirmière, a longtemps exercé en milieu hospitalier, puis en qualité d’infirmière libérale. Depuis quelques années, elle est secrétaire de I’UEMP (Union Evangélique Médicale et Paramédicale), association qui organise des visites aux malades dans les hôpitaux et un accompagnement auprès des mourants, et qui est un témoin de Jésus-Christ auprès des soignants.
Accompagner, c’est se joindre à une personne pour aller là où elle va.
Christa nous donne l’exemple de Jésus qui s’approche des disciples qui se rendent à Emmaüs, et qui se joint à eux pour faire la route (Luc 24:15).
Le plus bel exemple de l’accompagnement est la parabole du Bon Samaritain (Luc 10:30-37). Son action s’est déroulée en quatre temps :
– Il vit l’homme blessé
Le regard que nous posons sur le malheur des autres manifeste ce que vaut notre amour.
– Il en eut compassion
Ce qu’il fait montre qu’il ne s’agit pas seulement d’un sentiment de pitié.
– Il s’approcha de lui
On ne peut aimer de loin; même si on ne peut rien faire, il faut s’approcher du malheureux
– Il pansa ses plaies
Il met à la disposition du malheureux son matériel de secours et il accomplit pour lui des gestes d’amour : il le touche.
Quelles sont les différentes situations dans lesquelles se trouve le malade ?
* Il peut être à la maison où il est entouré de sa famille, de ses objets familiers.
* Il peut être à l’hôpital.
* Il peut être non chrétien.
* Il peut être chrétien.
Ces différentes situations provoquent des réactions différentes face à la maladie et à la souffrance.
Christa nous parle plus particulièrement du malade à l’hôpital : il arrive avec sa souffrance ; il prend conscience de sa fragilité ; il se pose des questions sur sa mort ; il est vulnérable, à la merci de sentiments contradictoires et de ses peurs, ses valeurs changent brutalement.
Son hospitalisation produit un phénomène d’introversion qui le conduit à différentes attitudes :
– l’égocentrisme : plus rien d’autre que son cas n’existe. Il désire que toute l’attention de son entourage soit portée sur lui.
– un sentiment de solitude : le malade se plaint d’être « le seul » dans sa situation. Personne ne le comprend.
– un état de régression : il ne sait plus rien faire, il est complètement dépendant des autres ; des infirmières, du personnel soignant, de sa famille.
– l’agressivité : le malade peut, à cause de son état, en vouloir au monde entier et déverser sa rancoeur sur son entourage. L’angoisse le rend exigeant et intolérant.
D’autre part, nous devons toujours nous rappeler que :
– la souffrance d’un être lui est propre
– elle est unique, incommunicable
– la souffrance d’un être humain est toujours au singulier, jamais au pluriel.
Le visiteur doit toujours se souvenir que Dieu est souverain. Quel que soit l’état de ce malade, il ne doit jamais oublier qu’une personne, aussi déformée, aussi repoussante qu’elle puisse être à première vue, est la créature de Dieu.
Dans le récit de Matthieu 9:1-7, nous voyons que Jésus a compassion de l’homme paralytique. Il voit en lui d’abord un pécheur, qui a besoin de son pardon (Mat. 9:2). Jésus l’enjoint de prendre courage et lui pardonne ses péchés.
Dieu connaît toute chose. Il est souverain. Nous ne devons jamais l’oublier !
Comment accompagner un malade ?
Avant toute visite, il est nécessaire de se préparer dans la prière.
Nous devons impérativement écouter ce que Dieu a à nous dire, pour être capable de donner par la suite.
« Le Seigneur, l’Eternel, m’a donné une langue exercée, pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu. Il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, pour que j’écoute comme écoutent les disciples. » (Es. 50:4-5) Je dois voir le malade comme Dieu le voit, une personne qui a besoin d’être sauvée et secourue.
Que dois-je dire ou faire lors d’une visite à un malade ?
Tout d’abord, il est préférable de faire les visites à deux. Une personne peut prier pendant que l’autre parle.
Je dois apporter la Parole de Dieu. Les circonstances sont différentes et il me faudra peut-être attendre longtemps avant de pouvoir le faire. Christa nous parle d’un jeune homme pour lequel il a fallu attendre un an et demi avant qu’il accepte qu’on lui parle du Seigneur.
La Parole de Dieu, contrairement à ce que nous pourrions croire, touche :
– des malades gravement atteints
– des malades qui souffrent
– des malades inconscients.
Nous devons toujours nous rappeler que c’est l’audition qui s’arrête en dernier.
Une personne dans le coma réagit à tout ce qui se passe autour d’elle, entend toute parole, bonne ou mauvaise.
Christa nous parle d’un jeune homme de 20 ans, transformé en « plante verte » à la suite d’une erreur de manipulation d’une pompe à oxygène. En entendant le texte biblique, ses larmes coulaient.
– des malades à l’esprit dans la confusion peuvent réagir d’une façon inattendue à la Parole de Dieu.
Christa nous raconte que la chorale dont elle fait partie avait chanté dans un service de gériatrie. Une vieille femme démente, qui passait son temps à s’arracher les cheveux et à se donner des coups, s’était jointe au cantique entonné, cantique un peu ancien qu’elle avait certainement appris dans son enfance. Lorsque le cantique fut terminé, elle recommença à s’arracher les cheveux…
Ma première motivation de visite doit être l’amour pour la personne visitée, quel que soit son état (Job 6:14).
Quelquefois, la personne visitée ne peut pas parler.
« En allant visiter quelqu’un, je me rappelle aussi que Dieu m’a donné deux oreilles pour écouter et une bouche pour parler, mais il sera toujours vral qu’en parlant, on plaît quelquefois, alors qu’en écoutant, on plait toujours. » (M. Klopfenstein – Les Cahiers de Christ Seul) |
Le seul contact qu’on puisse avoir avec elle est le regard. Ne négligeons pas ce moyen de communiquer l’amour de Dieu. Ne pas craindre de toucher la personne malade. Ce contact physique est réconfortant et très rassurant. Christa nous met en garde autant que possible lorsqu’il s’agit d’une personne de l’autre sexe.
LA PRIÈRE
Si je veux avoir un ministère efficace, je dois avoir une vie de prière avant, pendant et après la visite. C’est ainsi que je pourrais m’identifier avec le malade et lui apporter les paroles de sagesse dont il a besoin.
Cette vie de prière est particulièrement nécessaire lors de l’accompagnement d’un mourant.
Une personne, même mourante, a besoin d’espérance. Nous n’avons absolument pas le droit de tuer le désir de guérir et de vivre, même contre l’évidence de la fin prochaine. L’angoisse est un sentiment mortel. Le malade, quel que soit le stade de la maladie, a besoin de paix intérieure. Pourquoi ne pas lui proposer de prier avec lui ? On est quelquefois surpris de sa réaction de soulagement et de son empressement à accepter.
L’accompagnement d’un mourant est un autre stade du ministère. La personne a un sentiment atroce de solitude. Dans notre civilisation aseptisée, très souvent les gens meurent dans une immense solitude à l’hôpital. Ils ont aussi très peur qu’on les laisse souffrir et ne le supportent pas. Il arrive qu’un mourant veuille savoir où en est sa maladie. Il faut beaucoup de sagesse pour pouvoir lui répondre. Tout l’art consiste à oser lui parler du Seigneur, à lui communiquer des paroles de paix, d’amour, de chaleur, et à d’oser ce qu’on peut dire ou ne pas dire. Mais dans tous les cas, il est impératif de respecter le malade et de l’aborder avec tact et discrétion.
La règle d’or se trouvera toujours dans la prière pour cette personne. Il n’est pas nécessaire non plus de beaucoup parler. Il faut savoir garder le silence quelquefois, avoir une communication non verbale, communiquer des émotions plutôt que des paroles.
Ce sont quelques pistes pour un ministère de visites aux malades. Notre système hospitalier est d’une très grande qualité sur le plan médical et technique, mais il est impératif de ne pas oublier que le malade est un être humain avant tout, qui traverse un moment difficile de sa vie, peut-être le dernier.
C’est pourquoi, ce ministère peut être si important pour annoncer le salut et apporter la paix !
A.D.
(Avec l’aimable autorisation de « Nouvelles » bulletin d’information et de liaison du diaconat AEEI, N 3)
« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos… » |
Tu sais que je vieillis !
Prière écrite par une religieuse anglaise du XVII siècle et trouvée à la cathédrale de Canterbury.
Seigneur, tu sais mieux que moi que je vieillis,
et qu’un jour je ferai partie des « vieux ».
Garde-moi de cette fatale habitude
de croire que je dois dire quelque chose
à propos de tout et en toutes occasions.
Débarrasse-moi du désir obsédant
de mettre en ordre les affaires des autres.
Rends-moi réfléchie mais non maussade,
serviable mais non autoritaire.
Retiens-moi de réciter sans fin des détails,
donne-moi des ailes pour parvenir au but.
Scelle mes lèvres sur mes maux et douleurs,
bien qu’ils augmentent sans cesse
et qu’il soit de plus en plus doux,
au fil des ans, de les énumérer.
Il me paraît dommage de ne pas utiliser
toute ma vraie réserve de sagesse,
mais tu sais, Seigneur…
que je voudrais garder quelques amis.
Je n’ose pas te demander d’aller
jusqu’à prendre goût
au récit des douleurs des autres,
mais aide-moi à les supporter avec patience.
Je n’ose pas te réclamer une meilleure mémoire,
mais donne-moi une humilité grandissante
et moins d’outrecuidance
lorsque ma mémoire se heurte à celle des autres.
Apprends-moi la glorieuse leçon
qu’il peut m’arriver de me tromper.
Garde-moi.
Je n’ai pas tellement envie de la sainteté :
certains saints sont si difficiles à vivre !
Mais une vieille personne amère est assurément l’une des inventions suprêmes du diable.
Rends-moi capable de voir ce qu’il y a de bon
là où on ne s’y attendait pas
et de reconnaître des talents chez des gens où on n’en voyait pas.
Et donne-moi la grâce de le leur dire… Amen.