Après avoir brossé le tableau de la Babylone antique dans les trois premiers chapitres, l’auteur actualise Chapitre 4 du nouveau livre de Maurice Decker « DANIEL Vous verrez la différence ! – Edit. Barnabas.
La grande Babylone de l’Apocalypse
Dieu a jugé, condamné et fait disparaître cette ville orgueilleuse, saturée d’occultisme, violente et corrompue ! Mais l’esprit de Babylone, lui, s’est perpétué au fil des siècles, finissant par arriver jusqu’à nous et par contaminer progressivement la terre entière. « Pierre après pierre, les hommes ont construit une Babylone qui n’est plus faite de briques, comme l’était la première, mais d’idées, d’ambitions, d’esprit de conquêtes, d’intrigues, de passions. Une Babylone immense, démesurée, dantesque, qui prend les proportions de la planète… » (P. Gadina). C’est notre civilisation actuelle, dans sa totalité, qui épouse de plus en plus les traits de la Babylone antique. Présente dès les premières pages de la Bible, montant au zénith de sa puissance avant de s’enfoncer peu à peu dans les sables de l’oubli, ceci au coeur même de l’Ancien Testament, Babylone la grande resurgit curieusement sur la scène de ce monde dans les toute dernières pages du Nouveau Testament. L’apôtre Jean, exilé pour sa foi dans l’ile de Patmos, en mer Egée, en reçoit la révélation bouleversante qu’il décrit dans les chapitres 17 et 18 de l’Apocalypse. Voici comment il commence le récit de sa vision : « Je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes. Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait dans sa main une coupe d’or, remplie d’abominations et des impuretés de sa prostitution. Sur son front était écrit un nom, un mystère : Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. » (Apocalypse 17.3-5).
• La grande prostituée.
Dans ce chapitre 17. deux termes reviennent neuf fois pour désigner Babylone la grande : la prostituée, la femme impure. Elle y est présentée comme un puissant système religieux qui, pendant un temps, exerce sa domination sur le pouvoir politique en place. Ce dernier finit par se retourner contre lui et par l’anéantir. Il s’agit d’une religion unifiée à l’échelle mondiale, dans laquelle la chrétienté apostate se trouve aux premières loges. C’est l’Eglise visible infidèle, celle qui abandonne peu à peu son Seigneur pour se prostituer au monde et recevoir de lui en retour, l’approbation, les richesses et la gloire. C’est le christianisme des tièdes, plus préoccupé d’unité de façade que de fidélité à Jésus-Christ, plus soucieux de crédibilité au regard de l’autorité publique que d’obéissance à la volonté de Dieu révélée dans la Bible, sa Sainte Parole. Cet esprit de Babylone la grande rend un culte fervent à la puissance du nombre et dresse des autels aux divinités de la prospérité et du succès. Il se traduit par un engouement généralisé pour un syncrétisme séduisant englobant tous les grands courants religieux. Il milite au nom de la divinité « Tolérance » en faveur d’une cohabitation paisible de tous les hommes dans un vaste mouvement oecuménique mondial. Il marginalise progressivement, s’oppose de plus en plus et finit par persécuter ouvertement les véritables disciples du Christ vivant, qui refusent d’entrer dans ses vues et d’adhérer à son système. « La prostituée symbolise la religiosité unie à la mondanité, elle personnifie tout ce qu’il y a eu d’infidèle, d’hypocrite, d’idolâtre et de persécuteur dans le monde religieux depuis qu’il existe, mais particulièrement tel qu’il se présentera à la fin des temps. Babylone la grande, c’est le système mondial de confusion spirituelle, de convoitise hypocrite et de corruption ecclésiastique dans toute son horreur » (R. Pache)1.
• La grande ville.
Le chapitre 18 met davantage en évidence la crise dramatique et irréversible que connaît le monde économique et social de la fin des temps. Il est intéressant de constater que c’est l’expression la grande ville qui vient au premier plan pour désigner Babylone, à partir du verset 9 (le mot ville figure sept fois entre 17.18 et 18.21 alors que prostituée n’apparaît jamais). Le jugement soudain et spectaculaire de Babylone la grande, mère des prostituées et des abominations de la terre, évoqué dans les huit premiers versets du chapitre, a pour conséquence la faillite généralisée et l’effondrement de l’économie mondiale. La grande prostituée entraîne dans sa chute vertigineuse la puissance politico-commerciale avec laquelle elle s’était livrée à l’inconduite et au luxe. C’est l’heure tant redoutée de l’angoisse indicible, des larmes et du deuil pour tous les marchands et trafiquants de la terre.
Une étrange ressemblance !
Une lecture attentive de ces deux chapitres permet de relever d’étranges similitudes entre les caractéristiques de la Babylone apocalyptique et celles du monde dans lequel nous vivons actuellement. Bornons-nous à en énumérer quelques-unes sans nous livrer à de longs commentaires :
* Immoralité et corruption généralisées :
« C’est avec elle que les rois de la terre se sont livrés à la débauche, er c’est du vin de sa débauche que les habitants de la terre se sont enivrés (…) Elle tenait dans sa main une coupe d’or remplie d’abominations et des impuretés de sa prostitution » (17.2,4 ; 18.3). Perversions sexuelles et sensualité débridée, pornographie, homosexualité banalisée et légalisée, prostitution, etc.
* Violence cruelle et persécutions :
« Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus (…) Et l’on a trouvé chez elle le sang des prophètes, des saints, et de tous ceux qui ont été égorgés sur la terre » (17.6 ; 18.24). Escalade de la violence, montée des totalitarismes et des intégrismes, génocides, mise à mort des enfants dans le sein de leur mère, torture, terrorisme, persécution de l’Eglise de Jésus-Christ, etc.
*Raz de marée des « sciences » occultes :
« Elle est devenue une habitation de démons, un repère de tout esprit impur, un repère pour tout oiseau impur et odieux (…) Toutes les nations ont été séduites par tes enchantements » (18.2, 23). Astrologie, spiritisme, magie. sorcellerie, satanisme, drogue, etc.
* Matérialisme impudent et orgueilleux :
« Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses et de perles (…) Les marchands de la terre se sont enrichis par la puissance de son luxe (…) Autant elle s’est glorifiée et plongée dans le luxe… » (17.4 ; 18.3, 7, 9, 15, 19). Orgueil lié aux possessions matérielles, course à l’argent, accumulation de richesses, gaspillage et pollution, société de consommation et de loisirs, luxe effréné, etc.
* Commerce international et trafics de toutes sortes :
« Les marchands de la terre se sont enrichis (…) Personne n’achète plus leur cargaison, cargaison d’or, d’argent, (…) de corps er d’âmes d’hommes » (18.3, 11-19 ; remarquez que, dans l’énumération de la trentaine de produits suscitant des échanges commerciaux, l’or figure en tête et les hommes en queue de liste). Mercantilisme, spéculations boursières, maffias, marchandages, trafics en tous genres : or noir, stupéfiants, armes, faux billets, caisses noires, etc., mais aussi esclavage, proxénétisme, « traite des blanches », exploitation des enfants, prises d’otages, de boucliers humains, euthanasie, manipulations génétiques, trafics de foetus et d’embryons, etc. « Un trafic honteux, aux aspects multiples, objet de spéculations sans frein, au grand jour aussi bien que dans l’ombre du marché noir et des maisons closes, source de richesses immorales » (D. Vemet)2. Les positions respectives de l’or et des corps et d’âmes d’hommes soulignent de manières choquante le contraste criant entre le luxe provoquant, les fortunes colossales, le standing démentiel, les dépenses folles des nantis, et la misère sans nom des pauvres, objets de trafics honteux, contraints de se vendre corps et âme pour tenter de survivre dans leurs bidonvilles et autres taudis…
Jugement divin et chute soudaine.
Tel est le sombre et sinistre tableau d’une civilisation fragilisée à l’extrême par la gangrène envahissante et virulente de l’iniquité. Parce qu’elle devient de plus en plus orgueilleuse, diabolique, violente et corrompue, son jugement par Dieu et sa chute soudaine sont annoncés en termes percutants : « Elle est tombée, elle est tombée. Babylone la grande : (…) Car ses péchés se sont accumulés jusqu’au ciel, er Dieu s’est souvenu de ses iniquités. (…) A cause de cela, en un même jour, ses fléaux arriveront, la mort, le deuil et la famine, et elle sera consumée par le feu. Car il est puissant, le Seigneur Dieu qui l’a jugée » (18.2,5,8). Le Juge suprême parfaitement saint et juste intervient parce que le sommet d’une nouvelle tour de Babel, gigantesque et immonde, a fini par atteindre le ciel de Sa demeure : la tour infernale des péchés accumulés par l’humanité tout entière. Parmi les fléaux qui la frappent, il faut aussi noter le chômage à l’échelle mondiale avec son cortège de misères de toutes sortes : « Les marchands de la terre pleurent et sont dans le deuil à cause d’elle, parce que personne n’achète plus leur cargaison (…) En une seule heure, tant de richesses ont été détruites ! (…) Et l’on n’entendra plus chez toi les sons des joueurs de harpe (…) On ne trouvera plus chez toi aucun artisan d’un méfier quelconque, on n’entendra plus chez toi le bruit de la meule, la lumière de la lampe ne brillera plus chez foi et la voix de l’époux et de l’épouse ne sera plus entendue chez toi » (18.11, 16, 22-23). « De telles prophéties sont confirmées aujourd’hui par des économistes, des sociologues et des politiciens, aussi bien que par les réflexions de l’homme de la rue. Les crises monétaires, l’inflation, le pourrissement de la politique internationale, l’angoisse qui étreint les nations, ne sont que les préludes de la chute de notre civilisation » (P. Gadina).
Témoins de Dieu dans la grande Babylone
Dans cette grande Babylone mondiale de notre temps, angoissante et menaçante pour quiconque l’analyse avec lucidité et réalisme, Dieu place aussi ses témoins, son « équipe » de croyants, l’Eglise de Jésus-Christ.
* Ce sont des hommes et des femmes « de race royale », des princes et princesses appartenant à la noblesse du ciel,
fils et filles de celui que Nebucadnetsar appela un jour « le Dieu des dieux et le Seigneur des rois » (Daniel 3.47). « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal… » (1 Pierre 2.9). Ils n’ont pas de « sang bleu dans les veines », mais le sang précieux de Jésus-Christ, versé sur la croix pour eux, a totalement purifié leur conscience des oeuvres qui mènent à la mort éternelle afin qu’ils servent le Dieu vivant (Hébreux 9.14). Ils ont même obtenu, par pure grâce, le titre d’ambassadeurs pour Christ dans cette cité mondiale appelée Babylone la grande ! (2 Corinthiens 5.20).
* Ce sont des exilés, des déracinés, des déportés…
La cité à laquelle ils appartiennent et s’identifient constamment n’est pas Babylone la grande mais « la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste » (Hébreux 12.22 : lire aussi Galates 4.26 et Apocalypse 21.9 à 27). Il s’agit de « la Jérusalem mystique… construite de pierres vivantes, société purifiée, communauté universelle, régénérée par le sang de son Seigneur, et que l’Apocalypse appelle l’épouse de Jésus-Christ, la femme de l’Agneau » (P. Gadina). Ils n’ont pas ici-bas de demeure permanente, étant citoyens du Royaume des cieux, d’où ils attendent ardemment la venue du Seigneur Jésus-Christ (Hébreux 13.14 ; Philippiens 3.20). Ils vivent dans ce monde comme en séjour à l’étranger, en hôtes de passage, en résidents temporaires (1 Pierre 2:11). Leur statut particulier ne les empêche pas d’être concrètement présents et actifs dans cette grande Babylone qui fait terriblement pression sur eux et tente constamment de les séduire pour les absorber, les « babyloniser », les naturaliser…
* Leur « carte d’identité de chrétiens délivre le même message libérateur que celles de Daniel et de ses compagnons :
Comme Daniel, dont le nom signifie « Dieu est mon juge », ces ambassadeurs annoncent à qui veut l’entendre « qu’il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement » (Hébreux 9.27). Point d’échappatoire possible dans une quelconque réincarnation ! Point de repêchage possible par un quelconque purgatoire ! L’Evangile affirme clairement que Dieu jugera par Jésus-Christ les (actions) secrètes des hommes (Romains 2.16). Toute l’humanité coupable sera condamnée à subir un châtiment éternel loin de la présence de Dieu et de son amour.
– Comme Hanania, dont le nom signifie « Yahva a fait grâce ». ces princes et princesses proclament avec joie et reconnaissance que Dieu, dans son infinie miséricorde, offre à tous les hommes, sans exception, le seul moyen d’échapper à cette terrible condamnation. Il gracie quiconque reconnaît personnellement sa culpabilité et confesse ouvertement que Jésus-Christ, son Fils unique et bien-aimé, a volontairement été châtié à sa place en mourant sur la croix. Comme Jean Baptiste l’annonçait au bord du Jourdain, lui seul est « L’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29). Ce sacrifice de substitution du Fils de Dieu en faveur de l’humanité coupable me rappelle l’histoire de cet homme qui, lors d’un voyage en Norvège, entra dans un village et se dirigea vers l’église pour la visiter. Il fut tout étonné de découvrir un agneau sculpté, fixé au sommet du clocher. Les villageois lui expliquèrent que, pendant la construction de cette église, un ouvrier avait basculé dans le vide depuis l’échafaudage sur lequel il travaillait. Les autres ouvriers descendirent en hâte, angoissés à la pensée de découvrir le corps sans vie de leur collègue de travail. A leur grande surprise, il était vivant et à peine blessé. Par bonheur, il était tombé au milieu d’un troupeau de moutons qui passait à cet endroit au même moment. Sa chute avait été providentiellement amortie par un agneau qui gisait écrasé, sur la chaussée. Un agneau in nocent était mort à sa place. L’agneau sculpté au sommet du clocher était pour tous le rappel constant de cet événement extraordinaire et bouleversant3.
– Comme Mischaël dont le nom signifie « Qui est comme Dieu », ces fils et ces filles du Souverain suprême affirment que non seulement le pécheur qui vient sincèrement plaider coupable à la croix est aussitôt gracié, pardonné, déclaré juste, réconcilié avec Dieu, mais que, dans le même instant, il naît miraculeusement à une vie nouvelle. Etant uni à Jésus-Christ, il est maintenant une nouvelle créature. Il devient participant à la nature divine (2 Pierre 1.4). Parce que l’Esprit de Dieu qui vient de le régénérer le prend en main, demeure et travaille dans sa vie, l’image de Dieu, jusqu’alors défigurée, ternie, avilie par le péché redevient de plus en plus nette et belle en lui. Le caractère de son Sauveur et Seigneur devient progressivement le sien (2 Corinthiens 5.17 ; 3.18). Lorsqu’un amour véritable, venant du ciel, préside à ses relations avec ses frères dans la foi, ce Dieu que personne n’a jamais vu devient visible pour tous. Alors, à ce monde qui ne connait pas Dieu, le déforme, l’ignore ou le méprise, est offerte une possibilité parmi d’autres de toucher du doigt quelques traits saillants de Sa merveilleuse beauté ! (1 Jean 4.12).
– Comme Azaria dont le nom signifie « Yavhé a secouru ». ces exilés et résidents temporaires témoignent de la fidélité parfaite de Dieu envers eux, en tout temps, et spécialement aux heures de grand combat. La vie chrétienne est un parcours semé d’obstacles et d’embûches en tous genres. Des épreuves de toutes sortes jalonnent son itinéraire. Le soutien permanent du Seigneur dans leurs difficultés est une réalité glorieuse. Son secours leur est assuré. « Dieu lui-même a dit : Je ne te délaisserai point et je ne t’abandonnerai point. C’est donc avec assurance que nous pouvons dire : Le Seigneur est mon aide, je ne craindrai rien : Que peut me faire un homme ? » (Hébreux 13.5-6).
Le rouleau compresseur à l’oeuvre
Le décor est planté.
L’histoire et la géographie, les écrivains profanes et les prophètes bibliques, l’archéologie et l’actualité se sont relayés et complétés pour esquisser sous nos yeux les contours de la grande Babylone d’hier et d’aujourd’hui. Le nouveau cadre de vie de Daniel et de ses compagnons ne nous est plus inconnu ! Nous avons même pu respirer quelque peu « l’atmosphère » hautement polluée qui va faire pression sur eux et chercher à s’insinuer en eux pour les contaminer ! Le moment est venu de les retrouver là où nous les avons laissés, dans les murs de la prestigieuse capitale de l’empire chaldéen.
* Le chef des eunuques leur imposa des noms… (Daniel 1.7).
A peine sont-ils installés à demeure que déjà le système babylonien se met en branle pour les modeler à sa guise, les absorber, les « babyloniser ». Ce gigantesque « rouleau compresseur » entreprend aussitôt de les dépersonnaliser par un matraquage idéologique, religieux, moral, philosophique, occulte, sensuel…
Ils sont livrés aux caprices et au bon vouloir du conducteur en chef de ce « rouleau compresseur », un dictateur cruel qui fait trembler le monde.
– On commence par s’attaquer à leur identité : sans discussion possible, ils perdent leurs noms dans lesquels figurent « El » ou « Yah », rappel constant du choix spirituel de leurs parents et de leur attachement à l’Eternel, à Yavhé, le Dieu d’Israël. Certains des noms babyloniens qui leur sont imposés font référence aux divinités du pays, donc aussi à ces idoles que leur Dieu réprouve. Les voici d’emblée naturalisés de force, sans longues démarches administratives. On pourrait se borner à penser que ce changement de nom répond à de simples raisons de commodité. Il n’en est pas moins vrai que leurs nouveaux « papiers d’identité indiquent clairement que désormais ils sont sous l’autorité du roi de Babylone. Il est aussi possible d’y entrevoir une première tentative de modifier la destinée, la personnalité et le comportement religieux de ces quatre jeunes gens. Cette réforme inaugurale apparemment inoffensive, qui touche à leur citoyenneté, ressemble pourtant à s’y méprendre à certaines méthodes subtiles de lavage de cerveau !
Ils sont inscrits d’office à « l’université » de Babylone, pour un cycle de trois ans, contraints de se plonger dans l’étude de la littérature babylonienne où, comme cela a déjà été souligné, certaines matières « brûlantes » telles que l’astrologie, la magie, la sorcellerie et les charmes, « sciences occultes » depuis longtemps bannies d’Israël, ont un coefficient particulièrement fort. Il leur faut entrer dans un système de pensée totalement différent du leur, dans lequel la conception de l’univers, de l’homme, de la spiritualité, de la hiérarchie des valeurs contredit absolument tout ce qu’ils ont appris et vécu jusqu’au jour de leur départ forcé de Jérusalem.
– La perspective d’un poste de haute responsabilité à la cour royale peut aussi les flatter et attiser leurs ambitions juvéniles. Souvenons-nous que ce sont des adolescents, ayant encore si peu d’expérience de la vie, donc particulièrement fragiles et influençables. Ne sont-ils pas à l’âge où l’on se projette dans un avenir hypothétique et où, généralement, mille et une questions existentielles plus ou moins angoissantes se bousculent dans la tête ? Sans doute sont-ils assoiffés de sécurité, à la recherche de leur identité propre, encore en quête de modèles humains auxquels ils puissent se référer. Ils apparaissent d’autant plus vulnérables qu’ils viennent d’être brutalement arrachés à leur nid familial et qu’ils traversent certainement la première tempête majeure de leurs jeunes existences. Et quelle tempête ! Ils ont eu le malheur de se trouver, bien malgré eux, sur la trajectoire d’un violent cyclone qui les a projetés à plus de mille kilomètres de leur patrie. Dans la nouvelle situation peu confortable qu’ils connaissent, la possibilité qui leur est donnée de se hisser à un rang aussi honorable, peut contribuer à les rendre plus souples et malléables, plus enclins à se compromettre, mieux disposés à collaborer avec le système en place…
De toute évidence, ils sont dans une position extrêmement délicate et périlleuse au plus haut point. Les pressions qui s’exercent sur eux sont à la fois énormes et insidieuses. Des tentations de toutes sortes se bousculent à la porte de leur coeur ! Dans un tel contexte, hérissé de difficultés de toutes sortes, comment vont-ils réagir et se comporter ?
« Les témoins d’un tel Dieu dans le monde ne sont pas des « petits saints immobiles dans une niche. Ils sont jetés en pleine bagarre, en butte aux plus violentes attaques, soupçonnés, calomniés, martyrisés, mais aussi gardés, délivrés, justifiés. Leur témoignage impressionne les rois et les hommes les plus cruels, comme les plus impies. Leur intercession réaliste peut sauver une nations en faisant mouvoir le bras de Dieu » (R. Pache)4.
Maurice DECKER
NOTES
1) René Pache, Le Retour de Jésus-Christ, p.179, Emmaüs 2e édition, 1958.
2) Daniel Vemet. L’homme face à l’avenir, p.139, CLC 1983.
3) Illustration tirée d’une méditation parue dans Notre Pain Quotidien, Radio Bible Class, Quebec.
4) René Pache. Le prophète Daniel, p. 93, Emmaüs et Ligue pour la Lecture de la Bible.