L’histoire de David Hamilton a été publiée dans « Evangelicals Now » en février 1994. Avec la permission de ce journal, nous avons traduit, adapté et raccourci ce témoignage pour pouvoir le faire paraître dans INFO-FEF.

IRLANDE
Depuis 25 ans

Depuis 25 ans, les médias d’Europe ont très souvent abreuvé leurs télespectateurs de scènes de violence en provenance d’Irlande du Nord. Fréquemment, nous avons pu voir sur le petit écran les cadavres de protestants ou de catholiques, gisant au sol et baignant dans leur propre sang.

Depuis décembre 1994, la « Déclaration de Downing Street »1 donne lieu d’espérer des discussions porteuses de paix, autour d’une table de conférence. D’ailleurs, cette possibilité se trouve grandement renforcée depuis que le 31 août 1994, Gerry Adams, le sinistre leader de Sinn Fein et donc responsable de I’IRA, a proclamé « une complète cessation de toute opération militaire » de la part de l’IRA.2

Sans doute bien des chrétiens évangéliques voient dans cette tentative de pourparlers un commencement de réponse à leurs prières afin qu’une solution permanente soit trouvée pour apaiser les grands troubles de ces dernières décennies dans l’ile Emeraude. Cependant, depuis plus de 20 ans, le monde, et parfois certains chrétiens évangéliques aussi, ont soupiré : « Mais pourquoi Dieu n’intervient-il pas ? »

IRLANDE
Terre de trouble

L’Irlande a toujours connu, à travers les âges, une histoire turbulente. Après l’évangélisation des Celtes par Patrick, au Ve siècle de l’ère chrétienne, les Vikings ravagèrent le pays. Ensuite, l’offre de l’Irlande au roi Henry II d’Angleterre, par le pape Adrien IV – le seul pape anglais qui se soit assis sur le trône pontifical – provoqua de nouvelles luttes. En 1649, Cromwell laissa sa mauvaise empreinte dans l’île3. Au début de ce siècle de nouveaux soulèvements d’indépendance secouèrent le pays. C’est seulement en 1949 que le sud de l’Irlande s’érigea en république, totalement indépendante de la Grande Bretagne.

Depuis une trentaine d’années, certains Irlandais du sud se battent pour l’union politique de toute l’Irlande. Cependant les Nordistes, en grande majorité Protestants, résistent, en ne voulant pas d’union avec le Sud qui est catholique. On pourrait donc croire qu’il s’agit d’une guerre de religion. Et le monde, généralement de s’en indigner.

IRLANDE
Inquiétude des chrétiens

Avec la majorité des gens, les évangéliques peuvent aussi rester perplexes, d’autant plus que des personnages énigmatiques, comme le pasteur lan Paisley, annoncent l’Evangile de la grâce, tout en agissant parfois, il nous semble, selon l’esprit de l’Ancien Testament.

L’essentiel est de saisir la vérité éternelle selon laquelle Dieu reste souverain en toutes choses. « Notre Dieu est au ciel et Il fait tout ce qu’il veut » (Ps. 115:3). Si Dieu semble actuellement ne pas vouloir intervenir et permet aux hommes d’agir à leur guise, Il poursuit néanmoins sa volonté qui s’accomplit toujours. Parfois Il opère de véritables miracles, sauvant et transformant des hommes ennemis en frères chrétiens par « le pouvoir qu’ll a de s’assujettir toutes choses ». Certes, de telles nouvelles ne sont jamais annoncées à la télé, mais notre Dieu laisse parfois ses enfants jeter un coup d’oeil dans « les coulisses » où ils peuvent voir et admirer ses voies insondables et la puissance de son oeuvre. C’est ce que nous allons faire maintenant…

HAMILTON,
le terroriste

A l’âge de 17 ans, David Hamilton, d’Irlande du Nord et d’origine protestante, se joignit à un groupe terroriste paramilitaire. En 1973, il fut arrêté une première fois, puis de nouveau en 1974. Libéré de prison, Hamilton récidiva, changea de groupe, devenant membre de la Force Volontaire d’Ulster (la UVF d’Irlande du Nord), jurant sur la Bible qu’il était prêt à mourir pour sa cause. Puis il fut de nouveau arrêté.

« Prévenu, raconte-t-il, j’ai dû attendre un an avant d’être jugé. Au moment du jugement, j’ai appris que mes crimes « méritaient » un total de 44 ans de prison ferme !

Un traité, jeté par la fenêtre, parle.

« Quatorze mois plus tard, alors que je buvais un thé dans ma cellule, je trouvai un traité laissé sur mon lit. Je le jetai aussitôt par la fenêtre, car j’avais eu assez de religion dans mon enfance. Je continuais à boire mon thé, quand, soudain, une pensée terrible me passa parla tête : Et si je devenais chrétien…
« Je croyais d’abord que quelqu’un avait mis de la drogue dans ma tasse, mais l’idée de me convertir à Dieu commença désormais à me hanter… et à me poursuivre ! Jetant un coup d’oeil sur la Bible Gédéon posée sur un rayonnage, je me voyais trop mauvais pour être un chrétien.

Une Bible Gédéon

« Néanmoins, je pris la Bible sur l’étagère. Ce livre, je l’avais déjà apprécié. N’avait-elle pas fourni bien des pages fines pour rouler mes cigarettes ? Sur une page, présentant des versets clés de la Bible, je notais Jean 3:16, mais le « monde » que Dieu aimait, selon ce verset, n’était pour moi que les gens bons et droits. La Bible retrouva sa place sur le rayon.
« Je réfléchissais pourtant aux années déjà perdues en prison (5 ans), et également aux quatre fois où j’avais échappé à la mort alors que l’on tirait sur moi. Je compris que c’était Dieu qui m’avait sauvé la vie. Une fois, une bombe que j’étais en train de poser explosa. Le souffle violent me projeta à travers la fenêtre. Mes cheveux étaient pleins de morceaux de verre mais je me retrouvais dehors, par terre, sans la moindre égratignure.
« Finalement, le 20 janvier 1980, à genoux, j’ai demandé au Seigneur Jésus de me sauver ! C’est alors que Dieu me transforma, si bien que le jour même je suis allé voir des co-détenus de l’IRA pour partager la nouvelle avec eux.
« J’avais pourtant encore 5 ans de prison à faire. Ces longues années m’ont permis de continuer à parler de Dieu et d’expliquer l’Evangile aux autres détenus. Peu à peu, des gars sont venus à Jésus-Christ, pas un ou deux, mais 20, 30… Pendant ces années, plus de cent détenus se sont convertis, dont plusieurs anciens terroristes de l’IRA.

Etudes bibliques entre terroristes

« Un jour, un homme politique vint visiter la prison. Il entra dans la pièce où nous tenions notre étude biblique. Nous étions tous couverts de tatouages. L’un des gars avait fait inscrire sur lui : « Pour Dieu et l’Ulster – UDF » Son voisin portait « IRA – pour Dieu et l’Irlande ». Le politicien les interrogea: « Comment se fait-il que vous deux soyez assis côte à côte ? » Le gardien de prison m’a avoué par la suite que le politicien lui avait confié : « Les meilleurs cerveaux en Angleterre, essaient de trouver la solution au problème de l’Irlande du Nord. Aujourd’hui je l’ai trouvée. Personne ne me croira. Personne ne croira que ces terroristes étudient la Bible ensemble en prison. Je suis malheureusement le seul à l’avoir vu »4.

Pierre WHEELER


NOTES

1 « Downing Street », la résidence du premier ministre britannique lors des séjours à Londres. Il habite au N’10.

2 L’IRA n’est pas la seule organisation qui a voulu annexer l’Irlande du Nord. Il y a aussi l’INLA (Irish National Liberation Army) et peut-être d’autres groupes terroristes encore. Les pourparlers peuvent également dépendre de leur attitude.

3 Oliver Cromwell a été beaucoup calomnié au sujet de la guerre en Irlande et du siège de Drogheda. Dans le magazine Time du 21/02/1994, p.9, nous étions indignés de trouver le siège de Drogheda place dans la liste de huit sièges, renommés principalement à cause des atrocités commises qui ont, au cours de l’histoire, précédé celui de Sarajevo. Il nous semble que le journaliste connaît mal son histoire.
a) Neuf ans avant la guerre les Irlandais avaient massacre de très nombreux Protestants en Irlande. Une source, à notre disposition, parle de 40 000 tués.
b) Le principe de Cromwell était de sommer chaque ville de se rendre, avec menace d’exécution, si elle ne le faisait pas. Cette façon de procéder s’inspirait de Deutéronome 20:10-15.
c) La plupart des villes se sont rendues.
d) Les villes de Drogheda (la première qui fut attaquée) et de Wrexford n’ont pas accepté de se rendre. Si le massacre de 4 à 5000 hommes, gens d’armes, dans deux villes nous choque encore, malgré toute l’encre qui a coulé à ce sujet, il n’y a pas de rapport écrit sur l’époque, qui parle de massacre de civils.
e) Néanmoins, Cromwell lui-même voyait cette guerre et la défaite des Irlandais comme « le juste jugement de Dieu sur ces misérables qui avaient auparavant tant souillé leurs mains de sang innocent ». Il poursuit encore : « C’est ainsi que l’effusion de sang sera limitée à l’avenir, ce qui constitue une raison satisfaisante pour une telle action, autrement il n’y aurait que remords et regret qui en résulteraient ».

4 Après avoir purgé sa peine, David Hamilton a travaillé comme évangéliste dans le milieu carcéral avec la Mission « Prison Fellowship ». En 1988, il s’est engagé avec Teen Challenge, Mission fondée par David Wilkerson, l’auteur de « La croix et le poignard. Actuellement, dans le cadre de cette Mission, il voyage partout en Europe.