Madame Andrée Dufour, n’est plus. À 76 ans, elle nous a quittée, rappelée par Son Père Céleste. Née en 1924 dans le Calvados, elle eut une vie douloureuse mais riche en « oeuvres bonnes » et dévouée au service du Seigneur.

D’ORIGINE CATHOLIQUE, elle fut invitée par un étudiant a une réunion de l’Armée du Salut où elle se convertit à Jésus-Christ ainsi que sa mère. Elle se maria avec un médecin qui devait partir en mission en Afrique, ce qui comblait son désir de servir le Seigneur. Malheureusement, son mari l’abandonna après la naissance de leur deuxième fille et elle dut se débrouiller seule pour élever ses deux enfants Cependant elle avait auprès d’elle ses parents et en particulier sa mère Madeleine, une femme de caractère, garde-barrière à Villeneuve-le-Roi. Ensemble, elles fréquentèrent le poste de l’armée du salut de la Bastille à Paris.

En juin 1956, deux missionnaires de la TEAM, Arthur et Rodney Johnston, en France depuis 1952 pour évangéliser les jeunes furent arrêtés par le passage à niveau de Villeneuve-le-Roi. Ils rentraient en famille a Orsay après un pique-nique. Ils furent surpris de voir une pancarte sur la guérite de la garde-barrière avec cette inscription à la craie : Réunion Évangélique ce soir sous la fente, Intrigués, ils demandèrent des renseignements à Madame Madeleine Dufour et revinrent assister aux réunions. À la fin de cette campagne d’évangélisation, les deux frères missionnaires se renseignèrent sur les projets de travail de suite. Madame M. Dufour priait depuis 7 ans pour la création d’une église à Orly-Villeneuve-le-Roi, mais rien n’avait été prévu après cette compagne. Les deux pasteurs proposèrent donc au petit groupe sur place des études bibliques. Cette proposition fut accueillie avec joie, le pavillon proche du passage à niveau fut ouvert pour des rencontres le samedi soir, et c’est ainsi que fut fondée l’église d’Orly dans une maison. Petit à petit le groupe initial grandit.

Un culte, puis une école du dimanche furent organisés. Je me souviens – jeune missionnaire de retour du Viêt-nam – avoir été invité avec ma famille dans ce pavillon pour donner un témoignage en 1963.

Entre temps, un terrain avait été trouvé et un temple fut construit. Il fut inauguré en décembre 1964.

Au cours de ces années, les dames Dufour hébergèrent le jeune pasteur de l’église de Vitry ainsi qu’un grand nombre de jeunes dames missionnaires venues apprendre le français.

À notre arrivée à Orly en 1977 nous avons pu faire connaissance avec Andrée et sa maman, piliers de l’église. Andrée fut diaconesse puis trésorière jusqu’à notre départ en 1992.

Pendant toutes ces années, Andrée fut employée de la Société « Lyonnaise des Eaux », mais en parallèle, elle avait une grande activité littéraire : poésies, romans pour la jeunesse, saynètes, biographies (T. Badoual, ancien bagnard devenu chrétien et évangéliste), pièces de théâtres pour les fêtes chrétiennes parues en particulier dans Info-FEF

Après le décès de sa maman en 1993, Andrée a ressenti à nouveau l’appel missionnaire. A 69 ans, après avoir vendu sa maison, elle partit donc pour le Tchad comme bénévole au service de la mission TEAM et de l’église tchadienne. Malheureusement au bout de 6 mois son état de santé nécessita son rapatriement. Nous fûmes heureux de l’accueillir dans notre maison de Draveil durant presque deux ans. Elle entra dans notre famille. C’était une femme de prière intercédant beaucoup pour l’évangélisation de notre pays, la mission et Israël. Après s’être installée dans un studio, elle se rattacha à l’église de Vigneux, plus proche de son domicile. Elle s’était installée dans un foyer pour personnes âgées mais a continué à participer activement aux activités de la Commission Info-FEF, du Club Chrétien de Paris Sud, et a conçu avec Anne Ferret une comédie musicale sur la vie de Jésus intitulée « Oh! Si seulement… » pour l’évangélisation.

La fin de la vie d’Andrée a été assombrie par des ennuis de santé. Atteinte d’arthrose, elle avait de plus en plus de peine à marcher et à conduire sa 4L, symbole de son indépendance. Opérée d’une prothèse à la hanche, elle a souffert beaucoup plus qu’elle avait prévu et appréhendait une deuxième opération. Entre temps, elle avait terminé sa participation à l’ouvrage collectif Oser l’espérance paru à l’occasion du rassemblement « Femmes 2000 » et à des traductions en collaboration avec nous.

« Rassasiée de jours » selon Genèse 25:2 elle demandait au Seigneur de la reprendre, tout en attendant chaque jour l’enlèvement de l’Église. Son Sauveur l’a exhaussée puisqu’elle est décédée subitement le 23 février 2001 assise sur son balcon. Un service de reconnaissance a été organisé à sa mémoire dans le temple d’Orly. Autour de sa famille plus de 200 amis chrétiens et non chrétiens se sont réunis pour remercier Dieu du témoignage fidèle et courageux d’Andrée Dufour au sein d’une vie difficile et pour les dons littéraires qu’elle a partagés avec beaucoup. Elle goûte enfin le repos, et nous nous avons perdu une chère amie et une soeur bien-aimée en Christ.

Daniel et Pemmy BORDREUIL