Par Andrée Dufour

Rien ne peut davantage illuminer une vie que de se savoir pardonné par le Dieu vivant et vrai. Le Créateur désirait que l’homme fasse sa joie. Mais à cause du péché, en Eden, ce dernier a rompu sa magnifique relation avec le Tout-Puissant.

Dieu est amour. Il ne pouvait se cantonner dans la solitude. Après des siècles de tentatives douloureuses pour redonner aux humains l’occasion de revenir à lui, c’est lui, le Créateur du monde, qui est descendu chez les hommes en Jésus-Christ. « L’idée fixe » du Seigneur Dieu a constamment été de faire alliance avec les hommes.

Qui de nous pourra comprendre quel sacrifice ce fut pour le Fils d’obéir au Père, ni pour le Père de livrer son Fils à un monde déchu, imprégné de péché ? Nul de nous n’imaginera jamais l’harmonie douce, parfaite et lumineuse régnant entre le Père et le Fils. Jésus déclarait : « Moi et le Père nous sommes un » (Jean 10:30) ou bien : « Je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean 8:29).

Quitter le royaume du plus pur amour et de la plus pure gloire, a dû être un au revoir indescriptible. Dans l’évangile de Jean, le Fils nous donne quelques aperçus de sa situation dans les cieux : Et maintenant, Ô Père, revêts-moi de gloire en ta présence, rends-moi cette gloire que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde » (Jean 17:5, Parole Vivante).

Le Père et le fils étaient présents à la création du monde. L’Écriture dit : « Aux origines, avant que rien n’existât, le Fils, expression de Dieu était là. Il était face à face avec Dieu, étant lui-même Dieu. De toute éternité, donc, il était là, face à face avec Dieu » (Jean 1:1-2, PV).

Pour le Père céleste, offrant son fils unique et bien-aimé, la venue du Christ sur la terre constitua le plus grand sacrifice concevable. Il s’agissait de l’amour sans limites de Dieu, qui voulait à tout prix sauver le monde. Si nous considérons également le sacrifice du Fils, nous ne pouvons que l’adorer de toutes les fibres de notre être. Il quitta l’incomparable présence de son Père, ainsi que la gloire des cieux, pour devenir « l’Homme de douleur ».

Voilà ce que savent Dieu le Père et Dieu le Fils, au moment de la séparation.

Nous passerons sous silence les trois années du ministère de Jésus sur la terre. Sa compassion, ses enseignements, ses miracles, toutes les preuves de sa divinité, et bien d’autres choses encore… Je sais que la valeur de sa vie me garantit la valeur de sa mort. Si Jésus-Christ avait péché juste une seule fois, nous serions désespérément perdus.

J’aimerais essayer de me tenir humblement près de Jésus à Gethsémané, et peut-être, comprendre un peu la beauté du don de sa vie.

Nous avons tous péché, et le salaire du péché c’est la mort. Toute faute consciente demande une réparation ou une punition. La violence et la criminalité actuellement répandues sur la terre n’ont-elles pas en partie comme origine l’absence de châtiments ? Comment Dieu avait-il prévu de régler ce problème ? Comment punir les hommes du mal qu’ils ne cessent de commettre ?

De toute éternité, une victime innocente, sans tâche était préparée pour votre salut et le mien. Le Seigneur Jésus, le Bien-aimé du Père, dans sa belle, entière et magnifique soumission, s’offre lui-même au châtiment de Dieu. Mais ce n’est pas sans une terrible lutte.

À Gethsémané, ce n’était pas la mort sur la Croix qui accablait si profondément Jésus, il savait qu’il était venu pour mourir, mais la crainte que le côté humain de sa personnalité ne puisse tenir ferme jusqu’au bout. Certes, en notre Seigneur, la volonté humaine réelle du Fils est distincte de celle du Père, mais elle lui est toujours soumise. En tant que Fils de Dieu, Satan n’avait aucune prise sur lui. De plus, Jésus n’avait-il pas toujours vécu dans une communion unique avec son Père ? De là, son angoisse mortelle.

Permettons-nous d’imaginer ceci : est-ce que sa pressante supplication aurait pu signifier : « Je veux bien passer par la mort, mais n’est-il pas possible que rien n’interrompe ma communion avec toi ? Père, faudra-t-il vraiment accepter cette rupture? » Le Seigneur aimait le pécheur que je suis et son amour du pécheur surpasse l’horreur du péché, dont il allait devenir l’image vivante. Gethsémané, c’est l’agonie de son être sans tache à la perspective  d’être fait péché. Avant et pendant son parcours terrestre, il avait toujours eu pleinement conscience de ce qui l’attendait. Il a parlé maintes fois à ses  disciples qui ne comprenaient pas.

À Gethsémané, l’amour du Messie pour les perdus que nous sommes se révèle d’une grandeur infinie : « Sur la Croix, Christ a été dépouillé de tout, brisé, anéanti; il est venu pour faire intégralement la volonté du Père. »

Jusqu’au dernier instant, le Seigneur Jésus a démontré son amour. Tandis :

– Que son squelette « gémissait », à cause des lois de la pesanteur appliquées à un corps suspendu dans la position verticale;

– Que son dos lacéré et ensanglanté par les coups de fouet ordonnés par Pilate, était en contact avec le bois rugueux de la Croix;

– Que les clous déchiraient et brûlaient le point nerveux le plus sensible de ses mains et de ses pieds;

– Que sa respiration bruyante et douloureuse constituait une agonie lancinante;

– Que la soif le dévorait;

– Que sous sa tête endolorie d’épines, son visage symbolisait toute la tragédie du péché du monde;

– Que l’ignominie attachée à cette mort, hors des murs de Jérusalem, comme un criminel; oui, tandis qu’il subissait une torture infernale :

L’amour ne l’a jamais abandonné !

À la Croix, un rayon lumineux a éclairé l’horrible supplice, lorsque l’un des condamnés s’est tourné vers lui, dans un esprit d’humiliation, demandant le pardon du Père céleste.

La Bible dit qu’il y a de la joie au ciel, pour un seul pécheur qui vient à Christ. Donc, tandis que Jésus accomplissait, environné d’une haine sans pareille, la mission de son Père, déjà, les anges du ciel ont eu l’occasion de chanter leur allégresse pour un pécheur repentant.

À Gethsémané, Jésus est l’objet d’un immense conflit contre les puissances sataniques, c’est pourquoi son combat est tellement terrifiant. Le Christ est au coeur du dernier assaut colossal de l’ennemi, et il en ressent l’intensité.

Satan souhaite sa mort, il l’a maintes fois prouvé, mais surtout, il ne veut pas que ce soit sur la Croix, pas en sacrifice sur l’autel par amour pour un monde perdu. Il s’opposait de toutes ses forces au fait que Jésus devienne solidaire de l’humanité.

Si Jésus meurt sur la Croix, Satan sait que sa défaite sera irrémédiable. Les myriades d’hommes qui se seront cachés en Jésus seront éternellement sauvés. Satan va voir le fils de l’homme entrer dans la mort pour lui soustraire son pouvoir sur la mort.

Quand, après sa déchirante supplication, Jésus se relève dans le jardin de Gethsémané, les puissances accusatrices n’ont plus qu’à se taire. Un volontaire humble et cependant glorieux est prêt à payer la dette des coupables.

Jésus vient de dire à son Père : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux », et cette phrase est le point culminant de Gethsémané. Excepté Dieu, nul ne le sait, mais c’est le moment de son triomphe. En cet instant, la victoire de la Croix est gagnée d’avance.

À travers les siècles, « cette Croix sera une folie pour ceux qui périssent, mais pour ceux qui sont sauvés, elle restera à jamais une puissance de Dieu » (1 Cor. 1:18).

Dictionnaire biblique. Éditions Emmaüs, nouvelle édition revue 1970.