« Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. » (Romains 12)
Il était extrêmement rare, il y a une cinquantaine d’années, de rencontrer dans nos églises une maman célibataire. Lorsqu’une personne dans cette situation venait à Christ et se joignait à une assemblée évangélique, elle était plutôt un cas isolé. Le monde profane (et parfois non profane) de cette époque, la désignait sous l’appellation peu honorable de « fille mère ».
Actuellement, les mères célibataires ou divorcées, commencent à former une partie non négligeable de nos communautés. Cette situation découle du processus normal de la décadence d’une société.
Si une jeune femme se repent, donne son coeur à Christ, soit après une séparation à l’amiable – puisque l’on décide de vivre ensemble « à l’essai » – soit après un divorce. facilement conclu – puisque « le mariage n’est plus honoré de tous », la règle de l’amour chrétien implique qu’une telle personne soit accueillie dans l’Eglise, dans la mesure ou son désir de suivre le Seigneur est réel.
Ces dernières années, on a même vu des pères célibataires, auxquels le législateur a confié la garde des enfants pendant le week-end.
La famille en général et la famille chrétienne en particulier, jusque vers les années 60. étaient des points de repère sécurisants. Généralement, les enfants respectaient les parents, et les parents se sentaient responsables vis-à-vis de leurs enfants. Mais maintenant, en 1998, qu’en est-il ?
C’est ici que je souhaiterais insérer le témoignage de ma vie :
Après trois ans et demi de mariage, je me suis retrouvée seule, avec deux enfants de quatorze mois et deux ans et demi. J’aimerais expliquer la nature des combats qui furent les miens, pour au moins deux raisons :
– Donner toute la gloire à mon Sauveur et Seigneur, le Christ-Jésus.
– Encourager les jeunes femmes de nos assemblées qui se débattent avec ce problème.
Nous sommes fréquemment témoins de la joie de ces dernières, dans le fait d’avoir trouvé une famille spirituelle, au sein de l’Eglise. Elles s’intéressent à la Parole de Dieu pendant un temps, et puis, parce qu’elles sont jeunes, que l’attrait des choses d’ici-bas devient irrépressible, nous ne les voyons plus. Un homme a croisé leur chemin…
Comment marcher avec Christ fidèlement, jour après jour, jusqu’au terme d’une vie ? Cela est-il possible ?
Avant de répondre à cette question, j’aimerais faire deux remarques :
1°) En raison de l’échec de mon mariage, je pourrais avoir nourri une opinion peu élogieuse de l’autre sexe. Je voudrais que mes frères sachent qu’il n’en est pas ainsi. Mon coeur est net de toute amertume envers les hommes : ces derniers m’ont parfois assistée de leurs conseils et de leur intercession, aux heures les plus sombres de ma solitude.
2°) La Bible est très précise au sujet du mariage. Elle dit en parlant des époux : « Ils ne sont plus deux, ils font un. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni« (Mat. 19:6 – Bible du Semeur).
Mari et femme étaient prévus pour rester ensemble, jusqu’au bout de leur parcours terrestre. Néanmoins, si un homme et une femme non convertis se tournent vers le Christ après un divorce, s’ils ont été pardonnés de leurs péchés après une expérience conjugale malheureuse, un remariage devient possible.
Le sujet que je désire aborder est celui-ci : après avoir été mariée, comment accepter le célibat forcé, provoqué par une rupture, en restant intègre envers Dieu et sa Parole.
Il est à supposer qu’une jeune fille, « n’ayant point connu d’homme », a généralement moins de luttes dans ce domaine qu’une femme qui a été mariée, dont la vie sexuelle a été brusquement coupée.
Je me suis trouvée en présence de plusieurs « cas » au cours de ces dernières années :
Une personne qui, après une longue attente et un service missionnaire à l’étranger, a terminé sa vie par un mariage heureux.
Une personne qui avait reçu un appel pour s’occuper des orphelins. Elle a accompli fidèlement sa tâche jusqu’à la cinquantaine. Puis, la solitude lui pesant trop. elle a souhaité se marier à tout prix, que le futur conjoint soit chrétien ou non. Or, il ne l’était pas. Ce mariage a fait d’elle une « femme battue ». Je l’ai perdue de vue, mais j’espère que dans sa détresse, elle est revenue au Dieu qui pardonne.
Des jeunes filles qui auraient aimé avoir un compagnon de route et à qui cela a été refusé. Leur célibat a souvent été une souffrance. Selon Luc 9:23. elles ont porté leur croix, mais ce renoncement n’a pas été sans larmes.
-Enfin, il y a celles qui vivent leur célibat sereinement, par conviction. Elles l’assument jusque dans leur blanche vieillesse.
Nous trouvons dans la Bible, un exemple émouvant de célibat fidèle mais temporaire : c’est celui de l’époux de Marie. En toutes circonstances, il a discrètement obéi aux ordres de Dieu. Il a protégé et soutenu Marie, avant, pendant et après la naissance du bébé. Il a pris soin de la mère et de l’enfant, les soustrayant à la folie meurtrière du roi Hérode. Il aimait Marie, c’était la jeune fille de son choix, mais il a vécu près d’elle en célibataire jusqu’à ce que les jours de purification de la jeune femme soient accomplis, c’est-à-dire au moins quarante jours après la naissance de Jésus.
Je n’ai pris aucun cours de psychologie, et je ne pense pas être très brillante dans ce domaine, c’est pourquoi j’ai classé les créatures que nous sommes en deux catégories. Sans doute est-ce une classification simpliste, mais j’espère que chacun s’y retrouvera.
1°) Les femmes dont l’esprit n’est pas préoccupé à l’excès par les questions sexuelles. Tout en étant d’excellentes épouses, la coupure d’une séparation leur est plus cruelle sur le plan affectif que sur les autres plans.
2°) Les femmes pour lesquelles la coupure d’une séparation prend la forme d’une tragédie. L’aspect sexuel de leur vie occupait une place très importante dans leur mariage. Cela ne les empêchait pas d’être autant maternelles et d’excellentes épouses que les premières.
Je me situais dans la deuxième catégorie.
Il m’a fallu retourner provisoirement, avec mes enfants, vivre chez mes parents et envisager très vite de travailler.
A dix-huit ans, j’avais accepté le Christ comme mon Sauveur personnel. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Quand il a été question de divorce, j’ai souffert, parce que je me demandais si mon mariage avait été dans la volonté de Dieu ou non.
Quarante-sept ans plus tard, je n’ai toujours pas la réponse. Mais, pour être claire avec le Seigneur, je lui ai demandé pardon et j’ai cessé de me culpabiliser à ce sujet.
Ce qui m’a aidée dans les premières années, ce fut le soutien, parfois discret mais efficace de croyants sincères.
Au début, le chagrin m’empêchait de prier et je devenais très faible spirituellement. Mais une amie insista en ces termes : « Si vous ne pouvez pas prier, au moins, lisez votre Bible ». Je l’ai fait.
Ma Bible, même lorsque j’étais au niveau le plus bas, est restée ma boussole et ma plus sûre compagne.
Pendant ces accès de faiblesse spirituelle, je ressemblais à une personne qui se noie, et que l’on sauve de la noyade au moyen d’un canot de sauvetage.
Ce canot de sauvetage, c’était la prière de frères et de soeurs qui connaissaient mon épreuve.
Je suis reconnaissante pour cette petite partie du « Corps de Christ » dont je ne connais pas tous les intervenants, qui a prie pour moi. J’espère que dans l’Eternité nous nous reconnaîtrons et nous réjouirons ensemble.
Au plus fort de mes tourments, alors qu’il était impératif de clouer encore et encore la vieille nature à la Croix, une promesse de la Bible me soutenait d’une manière remarquable. Elle a constamment jeté sa lumière sur les heures les plus sombres de mon désarroi. Il s’agissait du verset:
« Car aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine, et Dieu qui est fidèle ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces, mais avec la tentation, il préparera aussi le moyen d’en sortir afin que vous puissiez la supporter ». (1 Corinthiens 10:13)
Je m’y cramponnais désespérément, me répétant au plus fort de la mêlée : « Il y a une porte de sortie pour toi… Le Seigneur en a préparé une… » Et c’était vrai ! Jusqu’au point d’envoyer en Afrique, dans des délais très brefs, l’homme qui essayait de me courtiser…
Ce que j’ai mal fait
Dans cette épreuve, il y a au moins deux erreurs dont je suis consciente (sans doute plus…):
1°) Lorsque je rencontrais des jeunes couples chrétiens, il m’arrivait de les envier : « Pourquoi sont-ils heureux et pas moi ? » me disais-je. S’apitoyer sur soi, se comparer aux autres, est la pire des choses. On s’inflige des souffrances inutiles, et le Seigneur n’est pas glorifié. Mon seul point de repère devait rester l’enseignement de Jésus. Heureusement, le Saint-Esprit m’y ramenait sans cesse.
2°) Ma deuxième faute fut de cultiver des fantasmes attrayants. Satan connaissait mon point faible et il ne se gênait pas pour me plonger dans des rêveries illicites. A cette période, une amie dans une situation identique à la mienne appela les choses par leur nom. Elle me dit : « C’est dans le lit qu’une femme sait qu’elle est vraiment seule »
Comment le Seigneur a-t-il opéré une délivrance dans mes pensées ?
Un croyant devait assister à l’inhumation de sa belle-mère, une dame âgée. Je lui demandai:
– Avait-elle fait la paix avec le Seigneur ?
– Oui, me répondit-il, cela ne fait aucun doute, mais il y a une victoire qu’elle n’a jamais remportée : elle ne se sentait pas vieillir, elle se voyait toujours jeune et elle rêvait à des jeunes gens.
En vérité, je n’avais pas à la juger, mais je pris peur. Je ne voulais pas me retrouver dans la situation ridicule de rêver à des jeunes gens quand j’aurais quatre-vingts ans. Et je suppliai alors mon Père céleste de me délivrer.
Cet incident fut le déclic de la victoire… Celui qui se déguise en « ange de lumière » revint souvent à l’attaque, mais le Christ m’aida, chaque fois, à la repousser aussitôt.
En Matthieu 5:28, Jésus a dit : « Si quelqu’un jette sur une femme un regard chargé de désir, il a déjà commis l’adultère, dans son coeur, avec elle » (Bible du Semeur). Donc, le Seigneur savait bien que le péché prend racine dans le domaine caché de la pensée.
Il n’y a pas deux solutions dans le problème de la frustration, il n’y en a qu’une seule : le combat de la prière. Nos pensées, nos paroles et nos actes ont besoin d’être sans cesse purifiés. La bataille se perd ou se gagne dans le domaine invisible de la volonté. Il faut livrer sa volonté au Seigneur la lui abandonner. Chaque fois qu’une rêverie me venait à l’esprit, je disais : « Non, mon Père, je ne veux pas que cela recommence. Je crie à toi. Aide-moi ! »
Quand il le fallait, le mieux était de se relever la nuit et de prier. Rester dans le lit ne suffisait pas pour « ce combat-là ». Je devais prier à genoux. Parfois je ne pouvais que répéter le nom de Jésus. Je trouvais un réel réconfort dans son nom. Ou bien, de nouveau, je redisais : « Tu l’as promis, rien au-delà de nos forces ! Seigneur, tu l’as promis ! » Sur la base de cette promesse, il me secourait.
Aujourd’hui, je peux rappeler ces souvenirs, avec un coeur paisible. Mieux vaut la souffrance que le péché.
Un croyant aux cheveux blancs, qui me regardait vivre et auquel je n’avais rien confié, me dit un jour : « Votre situation ressemble à un lent martyre ». Ces quelques mots m’ont fortement encouragée.
Donc, le remède consiste, avec l’aide du Saint-Esprit, à maintenir la victoire dans les pensées, et à fuir le péché.
Dans certains cas, il n’y a de salut que dans la fuite. Rappelons-nous Joseph fuyant la femme de Potiphar (Gen. 39).
Ce combat m’a maintenue dans l’humilité et a souvent brisé le légalisme qui m’habitait si facilement.
Permettez-moi de proposer quelques suggestions utiles qui peuvent aider à éviter des naufrages.
- Avoir une amie de prière, discrète et sûre, est très important. Mais il faut, en retour, être son amie de prière, même si elle vous appelle au milieu de la nuit parce qu’une profonde détresse lui déchire le coeur. Dès que l’on nous lance un « SOS Prière », ce n’est pas 48h plus tard qu’il faut répondre, c’est dans l’immédiat.
- Une collègue de travail, devenue veuve du jour au lendemain, me conseilla ceci: « Prenez tout de suite l’habitude de dormir dans un lit pour une personne, cela rendra les choses plus faciles pour vous. Certes, ce n’est qu’un petit truc facultatif, mais j’ai adopté ce système. Dans un grand lit, la place vide rappelle l’absent, incite à la mélancolie, ou stimule l’imagination.
- Choisir le plus souvent possible la compagnie des croyants, surtout en vacances. Certains jeunes croyants, « lâchés dans la nature » pendant cette période, courent à la catastrophe. J’ai vu défiler dans ma vie un bon nombre de « fiancés » glanés en vacances. J’ai beau interroger ma mémoire, je ne me souviens d’aucun cas de réussite dans la vie de ces couples.
- Pour nous, les dames, il est bon de veiller à la manière de nous revêtir, elle reflète souvent l’état de notre coeur. Nous pouvons rester élégantes, soignées, faisant honneur au Père céleste, sans y adjoindre la petite note « sexy » qui attire les regards masculins. Malheureusement, des robes épousant la forme du corps se sont insidieusement introduites dans nos communautés, au cours des ans.
Il y a une vingtaine d’années, quand un orateur « de marque » était attendu dans une église, on apercevait parfois dans l’auditoire une jeune fille tirant vainement sur une jupe trop courte pour essayer de l’allonger. Elle se sentait gênée. J’en ai vu, empruntant une écharpe, pour cacher ce qui se voyait au-dessus du genou. Actuellement. « on ne tire plus sur rien », les jupes courtes ou les robes moulantes se sont multipliées.
On m’a conseillé de ne pas trop aborder ce sujet, parce que je risquais de chasser la jeunesse de nos églises. Que mes jeunes soeurs me pardonnent, mais, par amour pour le Christ, je ne peux pas me taire.
Un serviteur âgé m’a murmuré à l’oreille, avec tristesse : « Certaines jeunes filles de nos églises sont habillées comme les prostituées des années 40 »
Permettez-moi de paraphraser une portion de verset : Comment le jeune homme conservera-t-il pur son sentier ? En détournant ses regards des jeunes filles trop court vêtues de son église. (Pas facile pour lui de se concentrer sur le message du pasteur).
J’aime tout de même signaler que ce n’est pas la règle générale. Il reste un bon nombre de jeunes filles agréables à regarder, dont il faut apprécier la tenue classique, simple, voire élégante.
N’allez-vous pas penser : « Madame, vous dépeignez un genre de vie trop difficile. Soyez plus tolérante ». Ce mot, tel qu’on le définit généralement de nos jours, parfois proche du laxisme, ne se trouve pas dans la Bible. En revanche, le mot miséricorde y abonde. Jésus a dit : « Aime ton prochain comme toi-même », il n’a pas dit: « Exerce la tolérance envers ton prochain comme envers toi-même ».
Depuis plusieurs années, j’ai demande au Seigneur un amour joyeux pour les personnes du troisième âge. Il me l’a accordé. Je suis moi-même entrée dans cette étape de mon voyage terrestre. Les circonstances de la vie, ou l’ingratitude des enfants, font que de vieux parents se retrouvent souvent très solitaires. Il arrive qu’un homme et une femme âgés apprécient de passer quelques heures ensemble. Je ne vois aucun mal à cela, les journées sont longues lorsque l’on est seul. Mais que dire lorsqu’ils ne se contentent plus d’une petite promenade sentimentale et… gériatrique, mais décident de cohabiter ! Donc, jusqu’à la fin, les pièges de l’ennemi sont une réalité. En 1 Corinthiens 10:12 il est écrit : « C’est pourquoi, si quelqu’un se croit debout, qu’il prenne garde de ne pas tomber. »(Bible du Semeur)
Je voudrais laisser une place aux joies qui ont illuminé mon parcours quotidien.
Après ces longues années de solitude, je me considère comme célibataire. Je peux dire ceci : « La privation de vie sexuelle, sous le regard du Seigneur, a construit quelque chose en moi. Elle a produit un enracinement spirituel, une recherche plus profonde de la « pensée de Christ » (1 Cor. 2:6). Si un péché, au cours de la journée, m’éloigne de lui, je reviens avec force à la Croix.
Lorsque j’avais la trentaine, une église a commencé dans notre maison. Cela a duré sept ans et demi. Avais-je le temps de m’ennuyer ? Certes non ! Le Seigneur m’avait donné beaucoup de choses à faire : assumer la vie avec les enfants, le travail à l’extérieur, l’église dans la maison et, quand il le fallait, des visites à effectuer auprès des personnes qui commençaient à s’intéresser à l’Evangile. Malgré « le combat », ou peut-être à cause de lui, parce que dans ma faiblesse je ne comptais que sur Jésus seul, ce fut une période heureuse. Je la recommencerais volontiers, mais il y a un temps pour tout.
C’est aussi vers cette période que le don d’écrire s’est manifesté en moi. Auparavant, je ne savais pas que le Seigneur m’utiliserait par ce moyen. Je n’ai que peu d’échos du résultat de ces écrits, mais ce n’est pas important. L’important, c’est de rester dépendant du Saint-Esprit, uni à Christ et d’avancer par la foi, avec un coeur reconnaissant.
Quelle joie de savoir que la tentation n’est jamais le péché !
Quelle joie de savoir que dans ma faiblesse, sa puissance s’est manifestée jour après jour, et que « sa grâce me suffit« !
Andrée Dufour