L’ON POURRAIT PRESQUE CRAINDRE d’enfoncer des portes ouvertes… N’est-ce pas une évidence pour tout bâtisseur d’Églises locales, que celles-ci sont destinées à terme, voire le plus vite possible, à devenir majeures autonomes1 ?
En effet, qui souhaiterait qu’une Église reste, après de nombreuses années, dépendante d’un soutien extérieur, inapte à apporter un témoignage pertinent à la société qui l’entoure, et seule préoccupée par son propre épanouissement, si ce n’est par sa survie ?
L’apparent consensus chez les bâtisseurs évangéliques autour de l’objectif de la majorité-autonomie des Églises locales s’avère un trompe-l’oeil lorsque l’on dépasse la simple prise en compte des intentions généralement très louables. Une analyse des stratégies missionnaires, plus ou moins élaborées, et surtout l’examen du contenu des concepts de majorité-autonomie font apparaître des différences non négligeables entre les différentes dénominations et missions évangéliques.
Il est très probable que les méthodes d’implantation et d’édification découlant (consciemment ou non) en grande partie des conceptions de la majorité-autonomie exercent une influence significative sur le rythme de croissance du nombre d’Églises à moyen et long terme2. En effet, l’importance accordée à la majorité-autonomie et l’interprétation que l’on donne de cette notion ont un impact considérable sur l’ordre des priorités des Églises existantes et le profil des Églises futures. Les structures qui en procèdent, quoique d’importance secondaire, favorisent ou alourdissent tout processus, en principe naturel, « biotique »3 de multiplication.
En prenant librement appui sur la métaphore paulinienne de l’Église-plante, J.-W. Clark, collaborateur du célèbre Roland Allen, comparait une Église majeure-autonome à un arbre vivant, capable de produire naturellement la semence pour sa reproduction. Une Église non-majeure ressemblerait plutôt, toujours selon lui, à un sapin de Noël, paré de toutes sortes de guirlandes pimpantes, mais éphémère et voué à la stérilité4.
1. LA DÉFINITION DE LA MAJORITÉ-AUTONOMIE EN MISSIOLOGIE
EN MISSIOLOGIE, l’on définit volontiers la majorité-autonomie des jeunes Églises par la triade : « Autogestion, autonomie des ressources, autopropagation. » Il s’agit de la fameuse formule de la triple autonomie5 inventée, il y a 150 ans, par d’éminents missiologues anglo-saxons6. À cette époque, donc au milieu du « grand siècle missionnaire », le travail des missions protestantes connaissait en Afrique et en Asie un remarquable essor. Mais les sociétés missionnaires occidentales éprouvaient des difficultés financières et personnelles à suivre ce rythme d’extension soutenu. Alors l’on découvrit, empiriquement, l’apport possible des chrétiens autochtones, appelés naguère « indigènes » l’on commença à promouvoir leur participation au travail missionnaire, afin de soulager les occidentaux.
Pour le directeur de mission et éminent missiologue que fut Rufus Anderson, principal auteur de cette définition programmatique7, bâtir des Églises majeures-autonomes ne devait pas seulement constituer une réponse pragmatique aux problèmes rencontrés par les organisations missionnaires, mais il s’agissait bien de l’essence même du travail d’évangélisation. Ces principes étaient pour lui un retour aux sources apostoliques sine qua non. Selon lui, les Églises doivent au plus vite devenir majeures-autonomes et contribuer, d’une façon ou d’une autre, à l’implantation d’Églises-filles. En tant que congrégationaliste, il considérait que cette exigence devait s’appliquer à chaque Église locale.
À juste titre, la formule de la triple-autonomie a fortement et durablement marqué le débat missiologique sur la question8. Mais dans la pratique missionnaire, la mise en oeuvre de la majorité-autonomie n’est trop souvent demeurée qu’un voeux pieux9.
Nous estimons que la formule de la triple-autonomie peut constituer actuellement une aide précieuse pour fixer des orientations concrètes et des buts précis dans l’implantation et l’édification d’Églises en France. Mais elle est trop succincte10 et dépend trop des situations particulières pour donner une définition suffisante11 de la majorité-autonomie plénière. Nous tenterons donc, en partant de la formule, d’en préciser sommairement le contenu et les enjeux.
Autogestion
Devenir autonome n’est pas qu’une problématique administrative voire financière, elle est bien plus qu’une simple question de structures. « Bâtir des Églises majeures signifie annoncer l’Evangile de telle manière que les chrétiens ne s’attachent à aucune personne sur terre, à aucune institution, à vrai dire à aucune doctrine particulière, mais qu’ils soient mis en relation avec Dieu lui-même ? »12 Quoique, humainement parlant, cela semble paradoxal, dépendre de Dieu et lui être soumis est le fondement essentiel et persistant pour devenir autonome13. C’est la seule garantie pour éviter toute fausse dépendance des hommes. La vraie vie jaillit d’une relation avec Dieu, ce qui permet à l’Église de s’épanouir même sur une terre aride et dans un contexte difficile ou hostile.
La jeune Église doit apprendre à assumer ses nouveaux choix en appliquant les exigences spirituelles et éthiques du royaume tout en vivant dans ce monde. L’Église, telle une plante, doit grandir au milieu de son cadre culturel naturel, son terroir (elle n’est pas une plante exotique destinée à rester en serre!) afin de devenir résistante et de développer la capacité d’apporter un témoignage compréhensible et pertinent14. L’esprit de persévérance, la capacité de s’adapter aux nouveaux enjeux et par conséquent le rayonnement, caractérisent une Église majeure-autonome et augmentent sa crédibilité aux yeux de la société.
C’est au pasteur fondateur qu’incombe le rôle de promouvoir la majorité-autonomie, par son enseignement et sa pratique. Il peut dénaturer sa vocation, s’il surévalue sa propre importance et s’il sous-évalue celle du Saint-Esprit. Un comportement tutélaire et toute surprotection de la part du pasteur-fondateur risquent de maintenir l’Église dans une simili-autonomie, laquelle faiblesse peut lui être fatale lors du départ du fondateur. C’est lui qui doit entraîner l’Église vers la majorité-autonomie, d’autant plus que « sa position tend à étouffer l’autonomie15 ». Son attitude ne doit être empreinte ni d’un esprit de supériorité « ministérielle », ni d’un regard condescendant en matière spirituelle, si l’Église doit acquérir la majorité-autonomie16.
Au point où nous sommes parvenus, une précision s’avère sans doute utile : autogestion ne signifie ni indépendantisme ni isolationnisme. La différence entre une Église qui est positivement majeure-autonome en ce sens qu’elle assume ses responsabilités « d’adulte » et une Église pour laquelle autonomie rime simplement avec une défense jalouse de sa « souveraineté » est de taille. Cette dernière attitude est navrante et met en évidence une immaturité qui est un handicap sévère pour l’accomplissement de la tâche confiée aux Églises. A l’exemple des Églises néo-testamentaires17, une Église locale réellement majeure-autonome n’hésite pas à reconnaître humblement qu’elle ne peut pas répondre seule à tous les besoins, mais que les autres Églises lui sont complémentaires. Elle sait partager ses richesses, charismes et ministères, en entrant dans une interdépendance fructueuse avec d’autres Églises évangéliques de son entourage.
Autonomie des ressources
L’un des critères de l’autonomie des ressources est, sans aucun doute, l’autonomie financière, même si ce domaine ne mérite pas selon nous la place emblématique que d’aucuns lui attribuent. Mais une Église qui ne peut subvenir à ses besoins ne peut être considérée comme majeure-autonome. Plus d’une Église se retrouve sur ce plan-là en difficulté, non tant par un manque de générosité de la part de ses membres, que par des dépenses exagérées, parfois aberrantes. Il est regrettable qu’une jeune Église reste dépendante ou qu’elle consacre tous ses moyens à son propre fonctionnement. Ceci tend à prouver qu’il existe un problème quant à ses priorités. Pour éviter toute dépendance financière, le choix des infrastructures nécessaires pour l’Église18 devrait être déterminé par la seule capacité (et motivation !) de celle-ci et ce dès l’origine.
Cependant, l’autonomie des ressources est plus que l’autonomie matérielle : elle concerne tous les besoins personnels et spirituels que l’on rencontre dans une Église locale. Pour éviter toute dépendance inutile, il est important de ne pas « imposer » à la jeune Église une structure inadaptée et trop lourde. Une Église qui veut atteindre l’autonomie des ressources doit appliquer le principe biblique du « sacerdoce universel » de façon conséquente. La pauvreté de certaines Églises en ce qui concerne les ressources humaines n’existe peut-être pas vraiment, elle serait plutôt le résultat d’une sous-estimation et d’une sous-exploitation des dons en présence. Une Église majeure a appris à discerner, développer et employer tous les dons que Dieu a accordés aux membres du corps. Cette dernière notion repose sur l’idée d’une mise en commun, d’un service réciproque et complémentaire des membres réunis par le Christ19. John L Nevius a magistralement mis en évidence le lien de cause à effet qui existe entre une implication large de tous (ce qui présuppose pour lui une instruction biblique systématique !) et l’acquisition de l’autonomie des ressources spirituelles, humaines et matérielles20.
Nous suggérons que l’une des premières étapes sur le chemin vers l’autonomie des ressources est la mise en place d’une équipe de responsables spirituels bénévoles. Pour de petites Églises21, il est souvent impossible de soutenir financièrement un pasteur à plein temps, sans parler des évangélistes, des enseignants et des pionniers. Dans beaucoup de cas, une petite Église n’a pas besoin de la présence permanente d’un ouvrier « diplômé » à plein temps, et l’on peut faire appel à des responsables spirituels bénévoles ayant reçu, pourquoi pas sur place, une formation sérieuse pour s’occuper du travail pastoral local courant22. Cela permet de libérer des ouvriers à temps plein pour des ministères plus spécifiques, pouvant profiter à plusieurs (petites) Églises, par exemple d’un groupement régional, simultanément. Nous pensons ici à des rôles qui ne peuvent normalement pas être remplis par les responsables bénévoles. Quelques indications, non exhaustives : la formation et l’accompagnement de responsables spirituels d’un groupe d’Églises d’une même zone géographique, l’enseignement dans plusieurs Églises associées, le travail pionnier en tant qu’envoyé d’une Église-mère voire de deux ou trois Églises-mères plus modestes, etc., c’est-à-dire des tâches qui privilégient la multiplication.
Autopropagation
L’autopropagation23 doit être considérée comme normale par chaque Église locale, cependant, force est de constater qu’elle est généralement l’aspect le plus négligé. Pourtant, elle est probablement le signe le plus distinctif de la véritable majorité-autonomie. Il ne faut pas la considérer comme une simple option. La multiplication est un principe biblique fondamental de croissance24. Il faut réfuter l’idée réductrice selon laquelle une Église serait majeure-autonome à partir du moment où elle a, comme le disait Watchmann Nee, non sans cynisme, « un pasteur, un bâtiment et un programme ! » Une Église qui ne se reproduit pas ne peut être considérée comme majeure-autonome. Une vue restreinte, de mauvaises habitudes voire une certaine inertie, peuvent amener des Églises à ne pas se sentir concernées par l’impératif de multiplication et à « confier » l’implantation de nouvelles Églises à d’autres, en France souvent aux pasteurs-fondateurs étrangers. Nous observons à ce sujet un défaut tellement banalisé qu’il pourrait prétendre à l’évidence : l’on trouve « normal » que les étrangers fondent les Églises nouvelles et que les autochtones s’occupent du fonctionnement ultérieur. Cette séparation des responsabilités, certes plutôt involontaire, est un frein psychologique considérable pour la multiplication. Il faut changer ce quasi-paradigme. Il est plus judicieux de former avec les collaborateurs français et étrangers des équipes mixtes et de confier les tâches en fonction des charismes et non au regard de l’origine et du soutien financier y afférant.
Si la génération actuelle doit être atteinte par l’Evangile, il ne suffit pas d’implanter quelques Églises nouvelles venant s’additionner à celles qui existent. Il est vivement souhaitable que toutes les Églises existantes atteignent la pleine majorité-autonomie et la capacité de s’auto-reproduire. Ajoutons que l’expérience semble prouver qu’il ne suffit pas d’adhérer au critère de l’autoreproduction en théorie seulement25. Pour employer un anthropomorphisme : il faut que les Églises existantes deviennent « adultes » et qu’elles « engendrent » des Églises-filles. La forme de la « procréation » (envoi de pionniers, essaimage, création d’annexes, division en cellules de quartier etc.) est secondaire et doit être adaptée à la capacité de l’Église et à la situation géographique de l’implantation.
La majorité-autonomie devrait constituer, dès la genèse d’une implantation, un objectif clair. Elle devrait déterminer toutes les décisions, tant personnelles que structurelles et matérielles, à prendre pendant la période de constitution et de consolidation. La préoccupation de l’autoreproduction ne doit pas être réservée pour la fin, mais devrait être visée très tôt en tant que but à atteindre. Ce n’est que de cette façon que l’exigence de la majorité-autonomie authentique devient un facteur dynamisant, évitant de surcroît d’ériger pendant toute la durée de l’implantation des obstacles qui s’avèrent finalement insurmontables.
Il faudrait être naïf pour penser que le Nouveau Testament fournit l’image de structures ecclésiales et de stratégies missionnaires ayant un caractère universel, intemporel et strictement normatif. Mais l’exemple de plusieurs jeunes Églises apostoliques, participant très tôt à la multiplication des Églises par l’intermédiaire de leurs « délégués », membres de l’équipe de l’apôtre Paul, est significatif et mériterait d’être davantage pratiqué aujourd’hui en France26.
2. L’ÉVOLUTION DES ÉGLISES ÉVANGÉLIQUES EN FRANCE
LES CHIFFRES SONT PARFOIS ÉLOQUENTS. L’analyse du facteur numérique27 Lpeut contribuer à développer une vision plus juste de la problématique de la majorité-autonomie en France. Le taux de progression du nombre d’Églises évangéliques en dit long sur leur majorité – ou non-majorité. À ceux qui considèrent les statistiques dans le domaine religieux comme quasi blasphématoire, nous sommes tentés de répondre par la boutade de Gabriel Le Bras : « On compte bien les boeufs, pourquoi pas les catholiques28 ! »… Et pourquoi pas les Églises évangéliques ?
Des 36 551 villes et villages de France métropolitaine, environ 35 000 communes, dont 340 villes de plus de 10 000 habitants, sont encore privées d’Église évangélique. En l’an 2000, en France métropolitaine, le total des Églises29 évangéliques30, toutes tendances et dénominations confondues, s’élève à 1768 Églises31. Il n’y a donc qu’une Église évangélique pour environ 33 000 habitants. En comparaison avec les Antilles françaises, par exemple, où il y a une Église pour 6 500 habitants, ce taux est très faible.
De plus, en Métropole, un nombre non négligeable d’Églises recensées se compose de groupes de petite taille. La répartition de ces Églises est du point de vue géographique très hétérogène. Afin d’obtenir une vue d’ensemble pertinente, nous avons examiné le taux de pénétration de chaque département. Nous suggérons d’appliquer comme base de calcul le taux « d’une Église pour 10 000 habitants », considérant qu’à partir de ce seuil, nos contemporains auront une chance réelle d’être confrontés à une Église32. En effet, ce taux semble raisonnable et peut être considéré comme objectif intermédiaire, en espérant une augmentation de la densité par la suite, car l’Evangile ne peut être en principe connu par les hommes qu’à la condition qu’il soit partout localement « incarné ». Il semble difficile pour une Église de pénétrer avec l’Evangile un groupe humain plus vaste que 10 000 habitants, limite au-delà de laquelle elle risque de ne pas être « visible ».
La carte des taux de pénétration permet de constater, sans surprise, une plus grande concentration d’Églises dans les Antilles françaises, les bastions huguenots traditionnels et en Alsace. Les grandes disparités persistantes, en dépit de nombreuses entreprises remarquables, font apparaître comme indispensable l’implantation stratégique d’un grand nombre de nouvelles Églises. Le seul travail « spontané », à proximité des concentrations d’Églises, n’est pas suffisant.
La position ultra minoritaire des Églises évangéliques pose la question de leur évolution numérique avec d’autant plus d’acuité. En 1970, on enregistrait 769 Églises en Métropole. En l’an 2000, en usant des mêmes critères, on en compte, comme indiqué précédemment, 176833. Il est réjouissant de constater que, depuis 1970, mille nouvelles Églises évangéliques ont été fondées34.
Mais cette progression, visualisée par le diagramme n°1, ne correspond en fait qu’à une augmentation annuelle moyenne de 34 Églises35. Il s’agit d’un taux très modeste en songeant à la présence d’environ 2 300 ouvriers évangéliques à plein temps en France. Depuis de nombreuses années, la croissance est à peine linéaire. La courbe de croissance n’est pas exponentielle, ce qui prouve que le nombre d’Églises augmente essentiellement par addition, suite à un travail missionnaire « extrinsèque », et non pas par un processus biblique, intrinsèque, de multiplication des Églises existantes. En partant du principe qu’il incombe aux Églises de se multiplier par autoreproduction et en considérant que le nombre d’Églises a plus que doublé et qu’elles n’implantent néanmoins pas davantage d’Églises nouvelles par an qu’en 1970, le bilan est encore plus accablant : en fait, la courbe de croissance ne fait que baisser36.
Le diagramme n°2 présente, pour comparer le « réel » avec le « souhaitable » (et possible !), une projection sur trente ans de la croissance au rythme actuel et l’hypothèse d’une croissance exponentielle, fruit de la multiplication.
Sans vouloir incommoder le lecteur frappé de phobie des chiffres, nous estimons qu’un petit calcul permet d’expliciter un enjeu de taille : au rythme de croissance actuel il faudrait attendre 122 ans, en se basant sur un nombre d’habitants constant, avant d’atteindre l’objectif inter médiaire « d’une Église pour 10 000 habitants » Si par contre, chaque Église existante, dans une période de dix ans en fondait une nouvelle, qu’ensuite, chaque Église, la « mère » et la « fille », renouvelait à nouveau en dix ans l’opération, et ainsi de suite, il en serait tout autrement. À ce rythme d’autoreproduction, il serait possible d’atteindre l’objectif mentionné en seize ans, sans parler des progrès rapides ultérieurs.
3. LA NÉCESSITÉ D’UNE VISION RENOUVELÉE
NOTRE GÉNÉRATION NE POURRA CONNAÎTRE L’ÉVANGILE qu’à condition que plusieurs milliers d’Églises soient fondées. Le nombre d’églises évangéliques en France est si intime que certaines personnes ignorent jusqu’à leur existence, et, triste paroxysme, l’augmentation du nombre d’Églises est très insatisfaisante. Pourtant il n’y a pas là d’inéluctabilité. Plus que jamais, il faut diagnostiquer le mal et s’engager ensuite dans la bonne direction. N’est-ce pas dans la fréquente omission de l’autoreproduction qu’il faut rechercher le principal facteur causal de cette pathologie évangélique française ? Les efforts d’implantation courageux entrepris hier et aujourd’hui par des témoins de l’Evangile français ou étrangers ne suffisent pas à compenser le faible taux d’autoreproduction des Églises existantes. La situation actuelle ainsi que le rythme des nouvelles créations d’Églises ne s’amélioreront qu’à condition que l’accroissement ne dépende pas si amplement du travail effectué par les seuls pasteurs-fondateurs, de surcroît fréquemment d’origine étrangère. Les Églises existantes avec leurs collaborateurs devraient entrer plus résolument dans le processus d’une pleine majorité-autonomie incluant l’autoreproduction de leur Église.
Nous pensons que le but suprême de la mission en France est l’évangélisation du pays en édifiant des Églises locales capables de s’autoreproduire37. En s’appuyant sur des Églises locales qui se multiplient, la France pourrait être évangélisée38 en relativement peu de temps.
Le manque d’autoreproduction des Églises pourrait signifier que beaucoup de fondateurs d’Églises ne prêtaient pas assez d’attention, jadis, à la nécessité d’amener les Églises vers la pleine majorité-autonomie. L’objectif de la majorité-autonomie devrait aujourd’hui se généraliser et influencer davantage les comportements. Ce n’est pas seulement le pragmatique choix du réel face à un malaise, la recherche de l’efficacité, le chemin le plus logique quant aux exigences stratégiques : il est surtout l’expression d’un progrès spirituel que l’on recherche avec zèle pour la gloire de Dieu et le bien d’autrui, et il apporte à l’Église qui transmet la semence de vie aux autres, en retour, une richesse incomparable.
4. HUIT PROPOSITIONS CONCRÈTES FAVORISANT L’ÉDIFICATION D’ÉGLISES MAJEURES-AUTONOMES
1. Il est nécessaire de sensibiliser davantage tous les collaborateurs et toutes les Églises existantes à l’importance, pour toute Église locale, d’acquérir une complète majorité-autonomie comme expression d’un développement spirituel normal. la pleine majorité-autonomie ne doit pas être perçue comme un idéal théorique seulement, mais comme un leitmotiv opératoire.
2. L’urgence de l’implantation en France de plusieurs milliers d’Églises nouvelles doit être reconnue, non seulement par les pasteurs-fondateurs français et étrangers, mais surtout par toutes les Églises existantes, comme objectif d’évangélisation numéro un qui peut être atteint, à condition que l’autoreproduction ne demeure pas l’exception mais devienne la règle.
3. Il est souhaitable qu’un enseignement approfondi sur la thématique de la majorité-autonomie des Églises soit dispensé dans les écoles bibliques et facultés de théologie et que les futurs pasteurs, missionnaires, évangélistes et autres collaborateurs soient amenés à connaitre les possibilités et exigences liées à l’objectif de la multiplication des Églises.
4. Les jeunes Églises doivent apprendre très tôt à subordonner tous leurs choix structurels, matériels et personnels au but supérieur de l’acquisition de la vraie majorité-autonomie incluant la capacité d’autoreproduction.
5. Chaque Église doit devenir « adulte » et donner vie à des « filles » La forme de la « procréation » (essaimage, envoi de pionniers, création d’annexes ou de cellules) est secondaire et doit être adaptée à la capacité de l’Église et au lieu de l’implantation
6. Étant donné qu’il semble y avoir proportionnellement trop de collaborateurs à plein-temps occupés par des tâches de maintien des Églises existantes au détriment des besoins de création d’Églises nouvelles, il faut rééquilibrer les priorités et libérer dès que possible plusieurs centaines de collaborateurs, totalement ou partiellement, pour le développement, avec le soutien de leur Église, du processus de création d’Églises-filles.
7. Des « partages » de collaborateurs à plein-temps entre plusieurs (petites) Églises d’une zone géographique doivent donc être envisagés en vue d’optimiser et de rationaliser les efforts. De nouvelles expressions des ministères pastoraux tenant mieux compte des charismes des collaborateurs et dépassant le rôle pastoral « classique », doivent être propagées.
8. Il faut abandonner tout indépendantisme et tout égocentrisme fussent-ils dénominationnels et favoriser, si possible, des synergies régionales39 pour atteindre l’objectif prioritaire de l’évangélisation de la France par des Églises qui se multiplient.
Daniel Liechti est père de trois enfants adultes et habite Amiens. Il est responsable pour la France de la Mission de l’Union des Assemblées Missionnaires. Il coordonne actuellement (en 2000) dans le département de la Somme (80), le travail d’une équipe missionnaire composée de Français et de Suisses. Titulaire d’une maitrise en missiologie, il est responsable régional et and moteur de la Commission d’implantation d’Églises Nouvelles de la FEF, qui organise tous les ans la Rencontre évangélique pour les missions et oeuvres pionnières (RÉMOP).
NOTES
1 la belle appellation ‘Église majeure » suggère habituellement des qualités de solidité et de maturité spirituelles. Le terme connexe « autonome » souligne probablement davantage la non-dépendance des hommes et l’acceptation de la responsabilité surtout matérielle. Cependant, le terme « autonome » est, d’un point de vue biblique, impropre, car une Église ne doit jamais être indépendantiste mais entretenir des liens fraternels et surtout s’appuyer sur le seul fondement : Jésus-Christ, elle est donc, en utilisant un éventuel néologisme, « christonome ». Afin de refléter le mieux possible ces réalités, nous l’appellerons ici « majeure-autonome ».
2 Les statistiques semblent le prouver : cf. Chapitres 2 et 5 de notre Die Selbständigkeit der jungen evangelikalen Ge-meinden in Frankreich als missionarische Herausforderung (Stuttgart-Korntal : Freie Hochschule für Mission, 1997). Nous préférons cependant rester circonspects, sachant que l’attitude humaine et spirituelle de la personne occupée a l’édification d’une Église compte souvent autant que la stratégie employée, sans parler de tous les facteurs qui échappent ou contrôle et au savoir humain.
3 « Une Église en bonne santé se reproduira tôt ou tard. » Christian A. Schwarz, Le développement de l’Église : Une approche originale et réaliste (Paris, Éditions Empreinte du Temps Présent, 1996), p. 124.
4 Cité dans la thèse de Peter Beyerhous, Die Selbständigkeit der jungen Kirchen als missionarisches Problem, 3. Aufl. (Wuppertal-Barmen : Verlog der Rheini-schen Missions-Gesellschaft, 1967), p. 62. Cet ouvrage reste, a notre connaissance, jusqu’à aujourd’hui le plus complet sur la question de l’autonomie des jeunes Églises.
5 Une autre traduction, selon nous trop réductrice, de « self-governing, self-supporting, self-propagating » est proposée : « Autonomie administrative, financière et missionnaire. » David J. Bosch, Dynamique de la mission chrétienne : Histoire et avenir des modèles missionnaires (Lomé, Paris et Genève : Haho, Karthala et Labor et Fides, 1995), p. 449.
6 Rufus Anderson, 1796-1880, de nationalité américaine, congrégationaliste, secrétaire de la plus grande société missionnaire protestante de son époque, la American Board of Commissioners for Foreign Missions et Henry Venn, 1796-1873, Anglais, anglican, directeur de l’importante société missionnaire anglaise, la Church Missionary Society.
7 cf. Rufus Anderson, Foreign Missions : Their Relations and Claims (New York: Charles Scribner, 1869): Thomas Schirmacher, Die Zeït für die Bekehrung ist reif : Rufus Anderson und die Selbständigkeit der Kirche als Ziel der Mission, édition afem, missions scripts (Bonn : Verlag für Kultur und Wissenschaft, 1993).
8 cf. Roland Allen, Missionary Methods: St. Paul’s or Ours (1912); John L Nevius (voir note suivante), Melvin L Hodges, The Indigenous Church : A Complete Handbook On How To Grow Young Churches (Springfield Missouri : Gospel Publishing House, 1976) ; concernant Hodges, voir aussi : Ruth A. Tucker, Aux extrémités de la terre : Une histoire biographique des missions chrétiennes (Miami : Editions Vida, 1989), p. 648. Le missiologue George W. Peters a démontré qu’un prolongement probable de certains principes de Rufus Anderson conduisait jusqu’au « Mouvement pour la croissance de l’Église » de Donald Mc Gavran et Peter C. Wagner.
9 Une remarquable exception est la mise en pratique à grande échelle qui s’est effectuée à partir de 1890 en Corée, comme suite aux enseignements dispensés par le missionnaire presbytérien Dr John Livingstone Nevius. La « méthode Nevius » prolonge et approfondit l’idée de la triple-autonomie et érige des principes qui ont vraisemblablement contribué ou développement étonnant et à la vigueur des Églises de Corée. cf. John L Nevius, Die Gründung und Entwicklung missionarischer Gemeinden, édition afem, mission classics (Bonn : Verlag für Kultur und Wissenschaft, 1993).
10 Elle décrit davantage le « fruit » que « L’arbre », mais il faut rappeler Matt 7:16.
11 En Chine communiste, par exemple, la formule a été abusivement utilisée pour justifier des attitudes nationalistes et l’hostilité a l’égard des missionnaires étrangers. Le « Mouvement Patriotique des Trois Autonomies » (MPTA) qui avait été mis sur pied par le gouvernement communiste en vue de regrouper toutes les Églises protestantes, si besoin par la force, ne véhiculait dès l’origine que la caricature des principes d’Anderson.
12 F.-M. Zahn, « Selbständige Kirchen, das Ziel evangelischer Missionsarbeit » in Allgemeine Missions-Zeitschrift 17 Bd. (1890) 289-318, p. 292.
13 cf. l’exemple impressionnant des Thessaloniciens, 1 Thess 1:6-10.
14 Le thème de l’autogestion, favorisant l’établissement d’Églises d’identité culturelle autochtone, élément indispensable pour un développement normal, est, en France, très important. En fait, la proportion de pasteurs fondateurs d’origine étrangère est considérable, alors que le contexte culturel n’est pas très favorable en la matière. Comme l’apport des missionnaires étrangers reste indispensable, il est recommandé qu’ils soignent particulièrement leur préparation linguistique et culturelle personnelle pour éviter d’être un obstacle à cette exigence. Il serait souhaitable qu’ils travaillent plusieurs années ou sein d’une équipe française avant de prendre la responsabilité d’une implantation nouvelle. Nous pensons que les sociétés missionnaires étrangères et les missionnaires eux-mêmes devraient intégrer dès le début des structures protestantes évangéliques françaises reconnues pour être plus crédibles aux yeux de la société, des autorités et des chrétiens français. L’arrière plan religieux et culturel français fait apparaitre toute singularité inutile, tout « exotisme évangélique » non pas comme intéressant, mais plutôt comme repoussant et générateur de méfiance. cf Roy Bakke, André Pownall et Glenn Smith, Espoir pour la ville : Dieu dans la cité, coll. Sentier (Québec : Editions la Clairière, 1994), p. 103; cf. Johan Lukasse, Mission possible ! Implantation d’églises dans une Europe post-chrétienne (Bruxelles et Saint-Légier : Editions Le Bon Livre et Emmaüs, 1993), p. 121.
16 cf. l’exemple de Paul : il se conduit comme une mère et un père (1 Thess 2:5-12), cependant il considère les chrétiens comme collaborateurs (2 Cor 6:1), il fait la différence entre la volonté de Dieu et son opinion (1 Cor 7:25) ! Il n’exerce pas la discipline à la place de l’Église (1 Cor 5 et 6), il dit ce qu’il ferait a la place des Corinthiens mais il leur laisse le choix (1 Cor 8:13ss), et selon 2 Cor 1:24 : « Notre rôle n’est pas de dominer sur votre foi, mais de collaborer ensemble à votre joie…» etc.
17 Quelques exemples de partage, collaboration et interdépendance : la conférence de Jérusalem (Ac 15), la collecte en faveur des pauvres de Jérusalem (1 Cor 16), l’échange des lettres de Paul (Col 4:16), le service itinérant de plusieurs collaborateurs de Paul, etc.
18 Le cas des outils d’évangélisation nécessaires pour le démarrage est un peu différent, el nécessite évidemment souvent un premier apport extérieur.
19 Au sujet du principe biblique allèlous, voir le beau livre d’Alfred Kuen, Les uns les autres (Saint-Légier : Éditions Emmaüs, 1995).
21 Il est légitime de déplorer que de nombreuses Églises évangéliques en France soient et souvent restent de taille modeste. Cependant, même en oeuvrant à leur croissance, il est selon nous indispensable de prendre acte de cette réalité présente et d’adopter des structures qui en tiennent compte.
22 Il ne s’agit pas, ici, de débattre du contenu et de l’importance du ministère pastoral à plein-temps dans l’Église locale. Nos propositions visent simplement à indiquer des voies qui permettraient dans la situation actuelle en France, un rééquilibrage entre les ministères qui privilégient le « maintien » de l’existant et les approches plus « offensives » qui favoriseraient l’implantation d’Églises nouvelles.
23 Par auto-propagation nous n’entendons pas seulement les efforts d’évangélisation d’une Église locale en vue de sa propre croissance, mais une contribution concrète à l’implantation d’Églises nouvelles. C’est en ce sens que nous utilisons les termes « multiplication », « autoreproduction » et création « d’Églises-filles ».
24 Quelques exemples suffiront : multiplication des croyants (Ac 2:47), des diacres (Ac 6:1-6), des anciens (Tite 1:5-9), des enseignants (2 Tm 2:1-6) et de l’Église (Ac 9:31).
25 Le document Stratégie de France-Mission apporte une précision judicieuse, fruit d’une grande expérience : « La majorité de l’Église sera une réalité pour elle-même, lorsqu’elle aura donné, par multiplication, naissance à une autre Église…) »
27 La Bible est probablement moins pudique que nous, lorsqu’il s’agit de chiffres sur la croissance : 120 croyants (Ac 1:15); 3 000 baptisés (Ac 2:41-42): 5000 membres (Ac 4:4); un nombre croissant (Ac 5:14); le nombre s’accroissait beaucoup (Ac 1:1-7), augmentation chaque jour (Ac 16:5); des milliers (Ac 21:20).
28 Gabriel Le Bras peut être considéré comme le fondateur de la sociologie du catholicisme en France. Il était le premier, dans les années 50, a faire des statistiques sur la pratique religieuse des français. Cilé par Jean Baubérot, Le Protestantisme doit-il mourir ? (Paris : Editions du Seuil, 1988), p. 9.
29 Afin d’éviter les cumuls, par exemple de petites cellules d’étude biblique de quartier faisant cependant partie d’une même Église locale, sont considérées comme Églises uniquement les groupes qui se réunissent pour le culte ou moins trois dimanches (ou samedis) par mois, que ce soit dans un local public ou dans un lieu privé accessible au public.
30 En raison de la problématique circonscrite qui nous préoccupe ici, nous ne tenons pas compte dans les statistiques présentées des autres composantes du protestantisme, mais il ne s’agit là nullement d’un jugement de valeur.
31 Sont comptées dans ce chiffre toutes les Églises répertoriées dans l’Annuaire Evangélique 2000/2001 (Dozulé : Editions Barnabas, 03/2000) et dans l’Annuaire des Assemblées de Dieu de France 2000 (Grézieu-la-Varenne : Editions Viens et Vois, 01/2000). L’Annuaire Evangélique n’énumère pas seulement les Églises membres de la Fédération Evangélique de France, mais en principe toutes les tendances évangéliques, sauf, depuis 1979 et à leur demande, les Assemblées de Dieu, qui ont leur propre annuaire (cependant quelques Assemblées de Dieu ont souhaité figurer dans l’Annuaire Evangélique). Pour corroborer ces données nous avons également consulté l’Annuaire de la France Protestante 2000 (Paris: Fédération Protestante de France, 12/1999). Inévitablement ces annuaires présentent quelques records de recensement et autres lacunes mineures, mais nous considérons que ces éléments ne modifient pas le fond de notre démonstration.
32 On peut comparer cette formule avec des propositions selon nous insuffisantes ou ou contraire trop ambitieuses et donc probablement peu motivantes : France-Mission propose généralement le taux d’une Église pour 20 000 hab.; Jim Montgomery envisage, dans un autre contexte social et culturel une Église pour une population de 400 hab à 1000 hab. Explosion 2000 – Projet DAWN (Lillebonne Editions Foi et Victoire. 1994), p.12
33 Ce chiffre ne tient pas compte des Églises des DOM et TOM, où la situation est quelque peu différente, généralement bien plus privilégiée. Pour les seules Antilles françaises, nous avons compté 124 Églises évangéliques.
34 La question se pose s’il est du point de vue méthodique justifiable de ne s’intéresser ici qu’a l’augmentation du nombre d’Églises, sans aborder en même temps la question du taux de croissance de leurs membres, de crainte que l’un se fasse au détriment de l’autre. Il serait sans doute plus complet d’aborder les deux types de croissance simultanément, néanmoins deux considérations nous font penser qu’ils peuvent être examinés séparément : l’implantation d’Églises nouvelles ne crée pas, à partir d’un nombre global de chrétiens, des sous-ensembles (Églises) de plus en plus petits au fur et à mesure que le nombre d’Églises augmente, car le nombre total de chrétiens n’est pas statique. Au contraire, l’expérience semble montrer que les créations nouvelles font également croître le nombre global des membres (sauf peut-être à très court terme). Il n’y a donc pas de « concurrence » entre les deux croissances, au contraire, il y a synergie. cf Par ex Jim Montgomery op. cit.). D’autre part, il existe en France au vu du taux de pénétration des Églises très inégal, un consensus autour de la nécessité d’implantations nouvelles, surtout dans les régions défavorisées, et nul ne semble penser que le nombre d’Églises évangéliques actuel est satisfaisant, qu’il suffirait d’une croissance numérique des membres. Donc, à partir du moment où l’augmentation du nombre d’Églises est, au moins en théorie, l’objectif de tous, elle peut logiquement être analysée de manière distincte.
35 Il s’agit du nombre d’Églises supplémentaires, donc des créations, moins les Églises disparues; sont également incluses les « nouvelles » Églises nées de divisions dues aux conflits, etc.
Il existe cependant des différences considérables entre des dénominations ayant une théologie et une ecclésiologie similaires, même en de nombreux aspects secondaires. Nous pensons que les divergences de vision concernant l’urgence d’implanter des Églises nouvelles et le profil de celles-ci (quelle place pour l’auto-reproduction ?) expliquent en grande partie ce phénomène. D’autres facteurs, comme par exemple la capacité des unions d’Églises d’accueillir des Églises locales jusqu’alors indépendantes, sont évidemment également à considérer. Voici des chiffres retraçant l’évolution du nombre d’Églises locales d’un échantillon de dénominations (ces statistiques ont été élaborées selon les critères indiqués dans les notes 29 et 31 et concernent la Métropole) :
37 France-Mission a depuis de nombreuses années la belle devise : « Bâtir des Églises qui se multiplient »
38 cf. l’article très utile de Neal Blough « Évangéliser la France : Une expression à clarifier » in Perspectives Missionnaires 33 (1997), p. 40-52.
39 Il n’est pas fait allusion ici aux régions administratives, mais à des ensembles géographiques qui permettent une collaboration et des échanges soutenus, et par conséquent, une meilleure utilisation des ressources humaines et matérielles.