Environ l’an 30 après Jésus-Christ…
Ils étaient des milliers qui savaient que ce Jésus de Nazareth était mort. Bien mort, d’ailleurs. N’avait-on pas brisé les jambes des deux mécréants crucifiés avec lui pour hâter leur mort et non pas celles du Nazaréen puisque celui-ci avait déjà trépassé ?
Pourtant, un bruit avait couru que Jésus de Galilée allait « ressusciter », revenir à la vie…
Inquiétude du Maréchal Satan
Troublé par ce bruit, le maréchal des forces des ténèbres… Satan, l’Adversaire, le Tentateur, le Serpent ancien, le Malin, le Diable, convoqua trois généraux parmi ses plus fidèles serviteurs, princes du royaume noir. Jusqu’alors, jamais ils n’avaient manqué à leur devoir (1). Leurs noms : Général La Tombe, Général Décomposition et Général d’Enfer.
« Général La Tombe, expliqua le maréchal, nous pour rions avoir un problème avec le corps de ce Jésus de Nazareth. Une rumeur a couru qu’il pourrait revenir à la vie. Une fois donc que son corps est chez vous, faites en sorte que jamais plus il ne parte ».
« Je m’en occuperai, Maréchal, répondit aussitôt La Tombe. Avec la pierre roulée et la garde du temple, il n’y a pas de risque. Je conseillerai aussi aux autorités de mettre des sceaux. Vous pouvez compter sur moi ».
« Général Décomposition, continua le Maréchal Satan, dès que son corps est chez La Tombe, vous commencerez votre oeuvre de corruption, sans perdre un moment, et surtout avant que des personnes comme ces femmes de mauvaise vie qui le suivaient aient le temps d’embaumer le cadavre ».
Le Général répondit avec son sourire malicieux : « Ma tâche sera facile, Maréchal. Avec toutes les plaies et contusions déjà enflées et à moitié desséchées, mon oeuvre corruptrice silencieuse démarrera aussitôt. D’ailleurs les mouches, fidèles servantes minuscules du Colonel Béelzébul, les ont déjà infectées en partie ».(2)
« C’est bien, Général, répliqua Satan. Je compte sur vous.
Général d’Enfer, poursuivit-il en se tournant vers le troisième grand chef de son royaume, quand l’âme de Jésus descendra dans le séjour des morts, vous ne la lâcherez plus. C’est entendu ? »
« Jusqu’ici, Maréchal, aucune âme ne s’est échappée définitivement de mon royaume, affirma d’Enfer ».
« Faites gaffe, Général, répliqua Satan, souvenez-vous de la fille de Jaïrus, le fils de la veuve du Naïn, et de Lazare. Si tout n’est pas perdu pour ces « ressuscités » – car nous les aurons tôt ou tard – on a tout de même eu très peur. Votre forteresse ne s’est pas montrée aussi sûre que nous le croyions ».
« C’est vrai, admit d’Enfer, mais rien n’est perdu. Nous les enfermerons bientôt de nouveau, et… pour de bon ».
« Je sais, je sais… », marmonna le Maréchal ; puis, plus fort « faites gaffe quand même ».
Les trois officiers s’en allèrent vaquer à cette occupation particulière avec une joie sinistre, confiants dans leur force, sûrs de leur stratégie…
Trois jours plus tard…
Alors que les trois généraux se croyaient maîtres de la situation – et du même coup, du corps de Jésus – très tôt le premier jour de la semaine, un ange puissant descendit du ciel, tel un éclair. Il rompit les sceaux, roula la pierre et s’assit dessus. Voilà !
A l’intérieur du tombeau, alors que Pourriture, la fille du Général Décomposition, essayait en vain de corrompre le corps de Jésus, d’un seul coup, une voix tonitruante du ciel se fit entendre :
« Dieu ne permettra pas que le corps saint de son Fils voie la corruption « . (3)
Dès que cette parole divine retentit, Pourriture, découverte, s’arrêta net et s’enfuit. Un regard furtif jeté derrière elle lui permit de voir le fils de Dieu se lever majestueusement, « ressuscité par la gloire du Père » (4). Triomphant, le Christ sortit dans le jardin d’un pas sûr.
Chez d’Enfer
Alors que Décomposition et Pourriture travaillaient en vain sur le corps de Jésus, l’esprit du Seigneur, remis entre les mains du Père, descendit dans le séjour des morts, chez… le Général d’Enfer lui-même. Pourtant, Jésus n’y entra pas en tant que captif, vaincu, mais… en vainqueur. Ne s’était-il pas « démissionné » de son corps ? (5)
Dès l’apparition du Fils de Dieu à la porte de l’enfer, le général et tous ceux et celles qui avaient sur la terre servi le Maréchal Satan – tels Caïn, Nimrod, Esaü, le Pharaon, Saül, Achab et Jézabel, Athalie, Haman – tremblèrent de tous leurs membres, tandis que les serviteurs et servantes du Dieu vivant – tels Abel, Noé, Abraham, Sara, Isaac, Rébecca, Jacob, Joseph, Moïse et tous les autres prophètes et fidèles qui ont vécu après Moïse – se levèrent aussitôt pour acclamer leur Messie en la personne de Jésus-Christ.
Alors le Christ, par un très grand cri de victoire, annonça que ceux qui lui appartenaient étaient enfin délivrés et libres. Et les portes du séjour des morts n’ont pas pu empêcher les fidèles de suivre le Vainqueur. C’est ainsi que le Seigneur ressuscité « a rendu captive la captivité » (6), la transportant et la conduisant dans les hauteurs, jusque dans le paradis céleste, dans l’attente d’être introduit, un jour, lors du retour du Seigneur dans sa gloire, dans le ciel même.
Désolation et misère
A la vue des âmes qui lui échappaient définitivement, le Maréchal Satan fut terrifié. Furieux, il ragea contre ses serviteurs, les traitant de perfides, d’incapables, de misérables, de poltrons, de lâches. Cependant, il savait pertinemment bien que ses généraux n’auraient rien pu faire pour empêcher la délivrance des captifs.
C’est alors que toutes les puissances infernales, ahuries, impuissantes, paralysées, dépassées, gémirent en se rendant compte de leur erreur magistrale. C’est par leur « arme préférée », la mort même, que le fils de Dieu a écrasé « celui qui détenait le pouvoir de la mort »(7). Jamais ils n’auraient dû essayer de le tuer. Désarmé, Satan savait que l’heure de sa condamnation finale avait sonné.
P. Wheeler
NOTES
(1) Deux personnes leur avaient pourtant déjà échappé : Enoch et Elie.
(2) Berbub, ou Béelzébul est appelé le seigneur des mouches dans plusieurs versions de nos Bibles.
(5) La prière de Jésus: « Père, entre les mains je remets mon esprit » est une démission volontaire. La mort n’a jamais vaincu !